Tribune de Benoît Rittaud, mathématicien, maître de conférences à l’université Paris-13 et blogueur :


" On pensait avoir atteint les sommets de l’alarmisme climatique bête et méchant. Du côté bête, François Hollande avait lancé à la tribune des Nations-Unies que le «dérèglement» climatique causait des tremblements de terre – un sacré scoop qui devrait épater plus d’un géologue. Du côté méchant, Le Monde s’était illustré en ouvrant ses colonnes à un «historien» selon qui le «dérèglement» climatique fera bientôt émerger un nouvel Hitler dont, en quelque sorte, les climato-sceptiques seront les SS.

Impossible de faire mieux, se disait-on… Et pourtant si car, en fait de propagande climatique, l’imagination de nos élites plus vertes que vertes est sans limites. Dès lundi en effet, Nathalie Kosciusko-Morizet, en une brillante synthèse du bête et du méchant, a affirmé que les climato-sceptiques étaient des «connards». Tout simplement.

La presse mainstream ayant depuis longtemps fait le choix de la soumission intellectuelle à l’alarmisme climatique (et donc le choix collatéral de se faire le relais servile de la communication gouvernementale pour la conférence Paris Climat), il ne fallait pas compter sur l’esprit Charlie d’un éditorialiste pour prendre, fût-ce modestement, la défense de ceux qui osent une pensée non-conforme. La palme de la courtisanerie revient à Philippe Bilger qui, dans Le Figaro, a même réussi l’exploit de s’appuyer sur le mot de l’ancienne ministre pour faire un portrait de celle-ci qu’on classera, au choix, dans le rayon des hagiographies ou des lettres d’amour.

Le buzz autour du propos fin et délicat de Nathalie Kosciusko-Morizet aura eu au moins l’utilité pour elle de faire oublier l’argument (si l’on peut dire) qui étayait son jugement, «argument» qui consistait à ridiculiser l’affirmation qu’un réchauffement climatique serait bon pour le tourisme.

Il est certes plus facile de s’opposer à un propos de café du commerce qu’à tous les éléments scientifiques qui montrent de façon de plus en plus claire que l’alarmisme climatique n’a pas lieu d’être. Car non, il n’y a pas plus de cyclones aujourd’hui que par le passé. Non, la banquise n’est pas à la veille de disparaître. Non, depuis quinze ou vingt ans la Terre ne se réchauffe plus. Non, nous ne sommes pas menacés par le Déluge – ceux qui voudraient mentionner les Maldives sont invités à prévenir d’urgence tous ces idiots d’investisseurs qui, ces dernières années, ont financé la construction d’aéroports internationaux sur plusieurs de ces îles dont le point culminant est de l’ordre d’un mètre.

Un jour, il sera permis de parler de tout cela sans être traité de «connard» ni devoir faire face au complotisme ambiant selon lequel les climato-sceptiques seraient tous stipendiés par l’industrie des énergies fossiles.

Ce jour n’est plus si lointain. Bien sûr, il ne faut pas trop compter sur nos décideurs et faiseurs de (bonne) opinion pour le faire advenir, mais le rempart majeur au terrorisme intellectuel qu’est l’indifférence n’a jamais été si grand à moins de deux mois de la COP21. Mieux : certains, comme par exemple au sein du nouveau Collectif des climato-réalistes, ont décidé d’exprimer à visage découvert leur opposition à la doxa climatique régnante.

Ils sont scientifiques, ingénieurs, chefs d’entreprise, médecins, juristes, agriculteurs ou encore enseignants. Ils sont autant de «connards» avec lesquels il faut désormais compter.

Benoît Rittaud est mathématicien, maître de conférences à l’université Paris-13 et blogueur. Son dernier livre : La Peur exponentielle (PUF, 2015). Il est aussi l'auteur de l'un des feuilletons de l'été 2015 de l'Opinion, Le Référendum maudit."