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“Le Monde” journal officiel de Big Brother

Un article sur les feux de brousse en Australie [2] partagé sur la page facebook [3] de l’association des climatos-réalistes a été censuré.

La photo illustrant l’article a été grisée. Les visiteurs sont prévenus qu’ après vérification par des médias de vérification indépendants, l’information a été déclarée “partiellement fausse“.

Le bouton découvrez pourquoi amène sur un écran indiquant que le média indépendant n’est autre que le Journal Le Monde.

Que disait l’article de l’association des climato-réalistes

Cet article s’intitulait « Incendies d’Australie, les causes réelles de la catastrophe ». Par ce titre nous suggérions des causes multifactorielles et nous inscrivions en faux contre la théorie selon laquelle ces incendies auraient pour cause unique le réchauffement climatique.

Nous y exposions cinq arguments et une conclusion résumés ci-dessous :

1. La première raison expliquant l’importance de l’extension des feux et leur vitesse de propagation est qu’ils se nourrissent du « bush » qui couvre 800 000 km2 du territoire australien. Un phénomène aggravé par les forêts d’eucalyptus, une espèce envahissante, qui se répand sur tout le territoire. Plante pyrophyte, l’eucalyptus a besoin du feu pour se reproduire, se renouveler et pour que l’espèce perdure.

2. Comme l’indique le BOM [4] (bureau de météorologie australien), les 40 dernières années ont été plus humides que les 70 années qui les ont précédé.

3. La sécheresse des deux dernières années est due à une conjonction de deux phénomènes météorologiques passés sous silence par les décodeurs du Monde: une inversion du dipôle de l’océan indien, et un réchauffement stratosphérique soudain (SSW) au-dessus de l’Antarctique.

4. Les risques d’une catastrophe due à une mauvaise gestion des forêts avaient été annoncés par de nombreux scientifiques.

5. La population de l’Australie a quintuplé au cours des 100 dernières années, passant de 5 à 25 millions et avec elle l’augmentation du nombre d’incendies, les zones les plus urbanisées s’étendant de plus en plus vers les régions sauvages.

La conclusion de notre article était prudente et mesurée :

Même si l’on admet l’évaluation du bureau météorologique australien (BOM [5]) selon laquelle la température moyenne en Australie a augmenté de 1°C depuis le début de l’ère industrielle, l’attribution des incendies au seul réchauffement climatique est abusive. De nombreux autres facteurs ont concouru à cette catastrophe, notamment  des phénomènes météorologiques naturels périodiques de forte intensité, une gestion des forêts déficiente et enfin les négligences et malveillances d’une population en forte augmentation.

Les arguments utilisés par les décodeurs du Monde pour disqualifier notre publication

On comprend que les décodeurs ne puissent faire l’exégèse de tous les articles qu’ils évaluent. Ils se contentent donc de renvoyer à un article de référence écrit par eux-mêmes, en l’occurrence un papier du 9 janvier intitulé : Les incendies en Australie sont-ils dûs (sic) à un défaut d’entretien des forêts ?

En sous titre de l’article, ce jugement sans appel :

« Contrairement à ce que certains prétendent, ces feux sont favorisés par le réchauffement du climat, bien plus que par un prétendu manque de “feux de contrôle”. »

L’argumentation des décodeurs du Monde s’articule atour des trois assertions suivantes :

  • Les critiques adressées aux écologistes proviennent de milieux conservateurs climato-sceptiques ;
  • Les feux de contrôle ne sont plus efficaces face à la météo extrême ;
  • Le lien entre ces feux de brousse et le changement climatique ne fait guère de doute.

Reprenons les un par un :

1. Les critiques adressées aux écologistes proviennent de milieux conservateurs climato-sceptiques

Le décodeur du Monde fait allusion aux critiques exprimées par certains conservateurs australiens, comme le député Barnaby Joyce, ou Alan Jones (ex-sélectionneur de l’équipe de rugby devenu polémiste et animateur radio, et en France par le Dr Laurent Alexandre. Nous nous étions abstenus dans notre article de faire état de ces déclarations préférant nous appuyer sur les avis des nombreux scientifiques qui se sont exprimés sur cette  question mais que les décodeurs du Monde ont ignoré.

Citons :

David Packham [6] spécialiste des feux de brousse ancien scientifique du CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation) qui dès 2015 le avait déclaré :

« Les niveaux de combustibles forestiers ont empiré au cours des 30 dernières années en raison d’une “idéologie verte erronée”, d’intérêts acquis, d’un échec politique et d’une mauvaise gestion, créant une menace massive de feux de brousse. »

Ramesh Thakur [7], ancien assistant du Secrétaire général des Nations-Unies et professeur émérite à la Crawford School of Public Policy d’Australie, qui  a clairement mis en cause les gouvernements de certains états du pays les accusant « d’avoir donné une excessive attention aux énergies renouvelables, au détriment des pratiques d’aménagement des forêts ».

Christine Finlay [8] une chercheuse du Queensland, qui n’a cessé de mettre en garde ses compatriotes contre l’abandon des pratiques traditionnelles des aborigènes.

Rod Keenan [9], qui occupe la chaire de Sciences de la forêt et de l’écosystème à l’université de Melbourne et qui appelait  dans un entretien donné au journal The Conversation [9] à la mise en place urgente « d’une politique nationale des feux de brousse »

Alexander Held [10], expert senior de l’Institut européen de la forêt :

« Dans les années 1970, l’Australie était efficace pour contrôler les feux, mais depuis les années 1990, la population et certains organismes environnementalistes se sont fait une idée selon laquelle le feu serait nécessairement mauvais pour la nature…Depuis, les permis de feu qui permettraient des techniques de prévention sont difficiles à obtenir. En Australie, il faut imaginer l’avenir non pas sans le feu, mais avec le feu. Les populations aborigènes le savaient ».

2. Les feux de contrôle ne sont plus efficaces face à la météo extrême

Le journaliste décodeur affirme :

« Les recherches scientifiques montrent que leur efficacité est proche d’être nulle lorsque les conditions climatiques deviennent extrêmes. »

A l’appui de cette assertion il cite une étude  publiée en 2012 dans la revue Journal of Environmental Management [11] intitulée « Efficacité du traitement du combustible dans l’atténuation des pertes de propriétés lors des incendies de forêt ».  L’étude a analysé les effets relatifs de l’âge du combustible sur les destructions de bâtiments (feux de toiture contre feux confinés aux étages inférieurs des bâtiment) et a déterminé que la probabilité de feux de toiture était plus élevée dans les zones récemment exploitées que dans les zones exploitées des décennies auparavant.

Une base scientifique bien fragile pour affirmer que les feux de contrôle sont inopérants !

Pour être complet, citons un article intitulé « Pourquoi les brûlages dirigés n’arrêtent pas les incendies de forêt » publié le 22 janvier 2020 dans le quotidien  Sydney Morning [12] [12]Herald [12] par un botaniste et un biologiste moléculaire de l’Université Curtin en Australie. Cette prise de position a suscité une vive réplique des scientifiques de l’EFI (European Forest Institute) sous la forme d’un article [13] intitulé « Comment et pourquoi le brûlage dirigé atténue les pertes provoquées par les feux de brousse ».

3. Le lien entre ces feux de brousse d’une intensité hors norme et le changement climatique ne fait guère de doute

Le journaliste décodeur s’appuie sur un rapport du BOM (Bureau of Meteorology) et du CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation) sur l’état du climat en 2018 [14].

Ce rapport fait état d’un réchauffement de 1°C depuis le début de l’ère industrielle qui nous n’avons pas contesté. Mais la question du lien entre la sécheresse et les incendies est complexe.

La carte suivante issue du rapport du CSIRO (insérée dans l’article des décodeurs) montre une situation contrastée :

Précipitations hivernales (avril – octobre) de 1999 à 2018, en comparaison de la moyenne des précipitations depuis 1900. Décile Source BOM/ CSIRO

Depuis la fin des années 90 il ya eu selon ce rapport une baisse d’environ 11% des précipitations d’avril à octobre dans le sud-est de l’Australie et une augmentation des précipitations dans le nord de l’Australie.

Ce que confirme le graphique ci-dessous extrait du site du BOM : globalement, les 40 dernières années ont été plus humides que les 70 années qui les ont précédées.

Anomalie de précipitations (en mm) de 1900 à 2019 en Australie (Source BOM)

Même constatation pour la Nouvelle-Galles du Sud : les dernières années y ont été très sèches, mais globalement le dernier demi-siècle a été beaucoup plus humide que la première moitié du 20e siècle.

Anomalie de précipitations (en mm) de 1900 à 2019 en Nouvelle-Galles du Sud (Source BOM)

Or le risque d’incendie de forêt augmente lorsqu’il y a plus de précipitations pendant la saison de croissance des plantes précédant la saison des incendies : plus de précipitations produisent davantage de carburant pour les feux.

L’extrême sécheresse des années 2018 et 2019 s’explique aussi par deux  événements météorologiques que les décodeurs de l’info ne mentionnent pas :

  • une inversion du dipôle de l’océan indien IOD devenu fortement positif depuis plusieurs mois (le plus puissant jamais enregistré depuis 1999) qui assèche le nord de l’Australie comme l’explique Pascal Terray [15], chercheur au laboratoire Locean (IRD, CNRS).
  • un réchauffement stratosphérique soudain (SSW) au-dessus de l’Antarctique qui a provoqué des températures en octobre-décembre supérieures à la moyenne et des précipitations inférieures à la moyenne dans de grandes parties de la Nouvelle-Galles du Sud et du sud du Queensland (lire ici les explications du BOM [16]) ; l’influence de ce phénomène a également reconnue par le journal The Times [17] dans un article du 12 novembre 2019 intitulé : « Australian bushfires have an icy origin ».

Qu’un media fût-il de référence, s’arroge le monopole de l’indépendance est en soi choquant. Cela l’est d’autant plus que le-dit média est lui-même clairement positionné en faveur d’une théorie, et que si Le Canard enchaîné [18] dit vrai, il serait rémunéré pour son activité de juge et partie.

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