29 mars 2024
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L’exigence de la clarté

Au premier rang de celle-ci, que les bonnes consciences de ce pays et autres prescripteurs de la soumission cessent de tergiverser, questionnant non ce qu’il leur reste de conscience, mais bien plutôt l’effet que pourrait leur valoir telle prise position par trop tranchée, trop abrupte, trop claire.

A leur décharge, il faut bien reconnaître que l’on ne se déshabitue pas du jour au lendemain des mauvais génies de la complaisance, que pour s’en dépaître il faut du courage et une volonté d’airain.

Car tout de même, qu’est ce au fond qui a permis cela ? Ce monstre comportemental fabriqué dans une banlieue parisienne, mélange de vénalité et de sadisme paroxystique, et de haine anti-juive ?
Haine dont l’aspect le plus nauséeux se manifesta dans l’acharnement des bourreaux. Cette volonté de faire mal, de se nourrir de la souffrance de l’Autre, avant de l’effacer, en tant que Juif d’abord, en tant qu’humain ensuite, est la marque de fabrique, le modus operandi des grands crimes de l’Histoire. Elle est aussi le symptôme, un de plus, de la dérive de certains groupes, je serais tenté d’écrire de meutes, qui ont basculé de manière à mon sens irréversible, du côté des ténèbres.

Mais encore, qu’est ce qui a permis à cette meute de s’approprier une Vie, de la chosifier, sinon le climat d’ensemble installé depuis des années en France et plus largement en Europe, qui, de la diabolisation d’Israël est parvenu naturellement à la diabolisation du Juif.
A Durban, ces vecteurs du poison distribuaient des tracts mentionnant : un Juif, une balle. Quelle leçon tirer sinon que l’enseignement a été suivi ?

De nombreux signes ont précédé ce passage à l’acte abject, entre autres la large diffusion de la vulgate anti-juive puisant et déclinant les multiples facettes de sa pathologie auprès d’un public prêt à le recevoir : Juif déicide, Juif agent du complot occulte, Juif accapareur des richesses, sans omettre la dernière métamorphose de cette très ancienne maladie humaine, ou au nom d’un anti-racisme dévoyé, le Juif est sommé de se renier, de se déjudaïser, de se soumettre au nouvel ordre européen en abandonnant ses frères et sœurs en Israël.

Pour qu’il y ait un après Ilan digne de sa mémoire – Ilan voulait accomplir son Alyah – la France et l’Europe ne pourront faire l’économie de cette question.

Nous ne pouvons aujourd’hui, alors que cette ligne rouge a été franchie, nous satisfaire d’un consensus. Le consensus résulte d’une négociation, donc d’une contrepartie.
Pour ma part, je récuse d’avance ce passage consensuel qui exigerait que pour gagner en sécurité, les Juifs en France et en Europe devraient épouser les vues géopolitiques de leur continent, et se plier aux choix stratégiques de dirigeants politiques trop impliqués dans un processus d’abandon des valeurs essentielles qui ont fondé nos démocraties laïques, pour être désormais crédibles sur des positions de circonstances.

L’union la plus large possible de la société civile est certes nécessaire, indispensable, mais celle-ci a pour obligation, si elle veut être suivie d’effets positifs, de se nouer et se concrétiser dans la clarté

Mais déjà, sans attendre demain, à l’aune de quelle autre posture, sinon celle de la soumission de nombre de nos concitoyens, assiste-t-on ?

Et que sont donc toutes ces dérobades au réel, qui, de la classe politique dans toute sa composante, au citoyen ordinaire, se refusent à affronter ce qu’en miroir la mort d’Ilan, et d’autres morts, et d’autres drames, renvoient de la société française, sinon les signes d’une société sous influence ?
Une société qui, demain, sera trop fortement tentée par les mirages de la renonciation, les chimères de la bonne conscience, les intérêts privés, pour ne pas y succomber de nouveau ?

En cela, la mobilisation de ces derniers jours ne peut qu’être une étape.

C’est en s’attaquant aux racines du mal, assez profondément enfouies dans l’inconscient collectif de ce pays pour que le remède ne se passe pas sans quelque douleur, que la France, ce corps malade, pourra se retrouver et s’aimer de nouveau.

Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas ici d’expiation.
Il s’agit des conditions nécessaires pour maintenir la paix civile.

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