28 mars 2024

La vérité sur la santé aux Etats-Unis

Lu sur l’IREF :

 

 

La vérité sur la santé aux Etats-Unis


Sur 45 millions de non-assurés, 9.7 millions ne sont pas citoyens américains, 17.6 millions ont des revenus supérieurs à 50.000 dollars par an et 14 millions sont inscrits dans des programmes comme Medicaid ou autres système de couverture locaux. Il reste environ 5 millions d’Américains sans couverture santé, c’est moins que les 6 millions de Français couverts par la CMU. Rappel de quelques données par Nicolas LECAUSSIN, directeur du développement de l’IREF.


Le 9 septembre prochain, le président Obama tiendra un discours très important devant le Congrès. Il espère ainsi faire passer sa réforme du système de santé que la gauche française attend avec tellement d’impatience. Or, les Américains n’en veulent pas : la popularité du président Obama est en chute libre et les sondages montrent que les Américains ne souhaitent pas une étatisation de leur système d’assurance maladie.
Mais en quoi consiste vraiment ce système, véritable épouvantail brandi régulièrement par les ennemis du marché et du libéralisme ?
Paradoxalement, dans ce pays où le système d’assurance-maladie serait si mauvais, les dépenses de santé aux Etats-Unis sont plus importantes qu’en France : 15,8 % du PIB contre 11,4 %. Quand nous dépensons 100 euros pour notre santé, les Américains en dépensent 180. Mais peut-on s’arrêter à cette comparaison globale ? La redistribution de cet argent emprunte des voies très diverses, et n’a pas grand-chose à voir avec les dépenses sociales en France. Ce sont des dépenses qui sont sous la responsabilité des Etats, beaucoup plus que du gouvernement central, et il n’y a pas l’équivalent de notre Sécurité Sociale, centralisée et monopoliste.

Un cadre qui gagne 10 000 dollars par mois n’est pas couvert

Pour expliquer le système d’assurance santé aux Etats-Unis, prenons deux exemples concrets. Une Américaine célibataire avec deux enfants mineurs à charge et qui entre dans la catégorie des pauvres (le seuil de pauvreté est établi à 1.200 dollars par mois) est couverte automatiquement par une assurance publique fédérale. Maintenant si elle franchit le seuil, elle entre dans la catégorie des personnes démunies qui ne bénéficient plus de cette assurance automatique, mais seulement d’un accès gratuit à l’hôpital public. Elle peut aussi prendre une assurance privée si son employeur ne lui en offre pas une, ce qui est souvent le cas. Outre l’hôpital public, notre Américaine peut faire appel aux dispensaires appartenant aux Eglises ou aux fondations privées présentes sur tout le territoire américain. Elle ne se retrouvera jamais sans accès aux soins. Les pauvres ne meurent pas sous les ponts de New York.
Le deuxième exemple est celui d’un Américain célibataire et sans enfant, âgé de 32 ans et habitant New York. Il gagne environ 10 000 dollars par mois et son employeur ne lui offre pas d’assurance sociale. Lui-même se considère en bonne santé et n’a aucune envie de s’en payer une. Il préfère attendre encore quelques années, lorsque les risques seront plus grands ; pour le moment, il gagne suffisamment bien sa vie pour payer de temps en temps quelques dépenses chez le dentiste ou des visites chez son généraliste. Ce jeune Américain entre bien dans la catégorie des 45 millions de non-assurés.

Environ 5 millions d’Américains n’ont pas d’assurnce santé

En réalité, le chiffre de ceux qui sont effectivement exclus du système ne dépasse pas les 5 millions. C’est moins que les 6 millions de Français dépourvus de toute couverture sociale que Martine Aubry aurait trouvés en 2000 en instaurant la CMU. Sur 45 millions de non-assurés, 9.7 millions ne sont pas citoyens américains, 17.6 millions ont des revenus supérieurs à 50.000 dollars par an et 14 millions sont inscrits dans des programmes comme Medicaid ou autres système de couverture locaux.
Il faut aussi tenir compte du fait que les 45 millions non assurés ne sont pas constamment les mêmes ; ils entrent et sortent de cette situation en fonction de leur âge et de leur revenu. Seulement 20 % des non-assurés se trouvent au chômage. La plupart de ces personnes restent sans assurance un laps de temps très court : 44,1 % pendant moins de 4 mois et 20 % entre 5 et 8 mois. Cette durée courte s’explique par des périodes de chômage lorsque l’employé perd le bénéfice de l’assurance payée par l’employeur ou bien par la période qui s’écoule entre l’embauche dans une nouvelle entreprise et la prise en compte de l’assuré par la nouvelle couverture sociale fournie par l’employeur.
Voilà pour les non-assurés. Et pour ceux qui sont couverts ?
Les Américains âgés de moins de 65 ans et sous le seuil de pauvreté sont couverts d’office par une assurance médicale intitulée Medicaid (les personnes de plus de 65 ans entrent dans le système Medicare) qui est dispensée conjointement par le gouvernement et par les Etats. Environ 50 millions de personnes en profitent. Concernant ceux qui possèdent une assurance privée, environ 65 % des travailleurs américains sont couverts par une assurance fournie et payée par leur employeur. Depuis décembre 2003, le gouvernement fédéral a mis en place un système d’assurance intitulé HSA (Health Savings Accounts) qui s’apparente plus à un crédit d’impôt qu’à une assurance classique. N’importe quel Américain peut y souscrire et verser sur un compte une somme qui peut varier de 40 à 300 dollars et obtient en échange des déductions d’impôts et une couverture sociale qui rembourse en fonction des sommes versées.
Le système de santé américain tel qu’il existe aujourd’hui est en réalité bureaucratisé et extrêmement coûteux. Il faut en effet le réformer, mais en le rendant encore plus responsable et en donnant des possibilités de choix aux individus. Mais dire qu’il ne donne pas à des dizaines de millions d’Américains la possibilité de se soigner est une contre-vérité.

Nicolas Lecaussin

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