Cette année le 63e festival de Cannes a rendu hommage au cinéaste iranien emprisonné Jafar Panahi. Jafar Panahi, qui soutient ouvertement l'opposition au président dictateur Mahmoud Ahmadinejad, est détenu à la prison d'Evine dans le nord de la capitale. Mercredi, lors de la cérémonie d'ouverture, le fauteuil qu'aurait dû occuper le cinéaste iranien était resté symboliquement vide sur l'estrade de l'auditorium du palais des festivals.
Les autorités de la République islamique accusent ce cinéaste d’avoir "préparé un film contre le régime portant sur les événements post-électoraux", allusion aux manifestations qui avaient suivi l'élection du président Ahmadinejad en juin 2009.
Jafar Panahi a été arrêté le premier mars 2010. Une partie de sa famille, ait été emmené vers une destination inconnue par des hommes en civil qui ont fait irruption dans sa maison. Jafar Panahi, 49 ans, fait partie de la "nouvelle vague" iranienne, et ses films ont été plusieurs fois primés dans des rencontres internationales cinématographiques (Lion d'or à la Mostra de Venise en 2000, Ours d'argent à Berlin en 2006, primé également à Cannes). La plupart de ses films sont interdits en Iran.
Il avait déjà été arrêté et brièvement détenu l'été 2009 avec sa famille après avoir assisté à une cérémonie à la mémoire de Neda Agha Soltan, jeune manifestante tuée lors des manifestations de protestation contre la réélection du président Ahmadinejad en juin 2009
Le cinéaste iranien emprisonné , Jafar Panahi , a remerciée samedi la France et le festival de Cannes pour leur soutien affiché dans une lettre écrite depuis sa prison de Téhéran et lue sur les marches du palais des festivals à Cannes.
"C'est à l'occasion de la visite des membres de ma famille que j'ai été informé de vos précieux efforts lors de la première journée d'inauguration du 63e festival mondial de Cannes", écrit le réalisateur qui avait été invité à rejoindre le jury de cette édition.
La junte militariste à Téhéran est hostile au cinéma, à la création artistique et à la liberté en général. Dans un communiqué publié le 30 octobre dernier, plusieurs réalisateurs iraniens ont dénoncé les restrictions imposées au cinéma dans leur pays. Un groupe de 46 personnalités du cinéma indépendant iranien en étaient signataires, dont Abbas Kiarostami, Rakhshan Bani-Etemad, Mehdi Fakhmizadeh et Asghar Farahdi.
La plupart des films en salles qui sont diffusés le sont en version censurée. Par ailleurs, plusieurs réalisateurs iraniens ont été maltraités ces derniers mois. L’actrice Fatemeh Motamed-Aria et le documentariste Mojtaba Mirtahmasb ont été plusieurs fois agressés dans rue par les militants du régime.
Tunis