29 mars 2024
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Spielberg plaide en faveur du terrorisme palestinien

Si Steven Spielberg avait fait un film sur la désagrégation psychologique d’un assassin par vengeance, c’eût été excellent. Mais il a décidé de donner à cette fiction le nom de “Munich” et de l’enraciner dans un événement historique réel : le massacre, en 1972, par des terroristes palestiniens, de onze athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich. Ce faisant il devait relater correctement l’événement.

La seule part de vérité du récit est dans les quelques minutes qu’a duré le véritable massacre. Le reste est une invention « qui s’inspire d’événements réels », comme le mentionne délicatement Spielberg dans le générique.

Des événements réels ? Balivernes, qui s’inspirent de la conviction de Tony Kushner (co-auteur du scénario), selon qui la création d’Israël fut un désastre historique, moral et politique pour le peuple juif.

Les victimes de Munich escamotées


C’est une règle, en matière de réalisation cinématographique, qu’on ne peut traiter que d’un personnage que l’on connaît. Dans “Munich”, les athlètes sont des figurants non seulement dramatiques mais historiques, des personnages subsidiaires. Spielberg nous en donne scrupuleusement les noms – une “Liste de Spielberg” – et rien de plus : ils n’ont pas d’histoire, pas de contexte, pas de relations, rien. Ils sont là pour mourir.

Les Palestiniens qui ont planifié le massacre et sont traqués par Israël sont dotés – par la concision du talentueux expert cinématographique – de densité, de profondeur, d’histoire. Le premier Palestinien qu’il nous est donné de rencontrer est le poète érudit en train de donner une conférence publique, puis se conduisant aimablement avec son commerçant italien, avant d’être abattu brutalement et de sang-froid par les Juifs.

Vient ensuite l’homme mûr de l’Organisation de Libération de la Palestine, qui adore sa fille de 7 ans et est déchiqueté. Aucun de ces conspirateurs n’est jamais montré en train de comploter l’attentat de Munich ou quelque autre acte de cruauté s’y rapportant.

Mais la brutalité israélienne la plus choquante met en scène la prostituée hollandaise – apolitique, magnifique, pathétique, qui est abattue, nue, bien sûr, par des Israéliens devenus à moitié fous qui règlent des comptes personnels. Le comportement typiquement israélien, je suppose.

Plus flagrante encore que la manipulation par le truchement des personnages est la propagande par le biais des dialogues. La légitimation palestinienne est claire et nette : Les Juifs ont volé notre terre et nous allons tuer tout Israélien qui nous tombera sous la main pour la récupérer.

Ceux qui sont censés plaider en faveur des Israéliens affirment… la même chose. La mère du personnage principal, le sioniste engagé, insensible à la pitié, déclare : Nous avions besoin d’un lieu de refuge. Nous l’avons pris. Puis, elle évoque les membres de sa famille disparus dans l’Holocauste.

Le réalisateur prend prétexte de l’Holocauste


Spielberg fait de l’Holocauste le moteur du Sionisme et sa justification. Ce qui est, bien entendu, la thèse palestinienne. D’ailleurs, c’est la thèse classique des anti-Sionistes, et, plus récemment, celle du Président de l’Iran, qui affirme qu’Israël devrait être effacé de la carte. Et pourquoi pas ? Si l’existence d’Israël n’est rien d’autre que la conséquence du complexe de culpabilité de l’Europe pour l’Holocauste, pourquoi les musulmans devraient-ils supporter un Etat juif en leur sein ?

Il faut un ignare d’Hollywood pour donner consistance à l’argument d’un antisémite iranien radical. Mais l’histoire juive n’a pas commencé avec la Nuit de Cristal. Le premier Congrès sioniste a eu lieu en 1897. Les Juifs ont lutté pour la reconnaissance de leur droit à créer un “Foyer national juif en Palestine”, et l’ont obtenu de la Grande Bretagne, en 1917, et de la Ligue des Nations, en 1922, deux décennies avant l’Holocauste.

L’antique demande d’une patrie


Ceci étant dit, la revendication juive est beaucoup plus ancienne. Israël était l’ancienne patrie des Juifs, l’emplacement des deux premières communautés juives durant un millénaire – longtemps avant les Arabes, longtemps avant l’Holocauste.

Les destructions romaines, en 70 et 135 de notre ère, ont anéanti l’indépendance des Juifs, mais jamais leur aspiration ni leur vœu de retourner dans leur patrie. Leur miraculeux retour, deux mille ans plus tard, fut tragique parce que d’autres s’étaient établis dans le pays et avaient une revendication concurrente légitime. C’est pourquoi, durant trois générations, les Juifs ont proposé de partager la maison. La réponse arabe, à chaque génération, a été le rejet, la guerre et la terreur.

Et Munich. Munich, le massacre, n’a eu qu’un modeste succès : le lancement de la cause palestinienne avec le sang de 11 Juifs. “Munich”, le film, en a fait un succès total, 33 ans plus tard. “Munich” bénéficie maintenant d’une cote élevée dans la production cinématographique et de l’imprimatur de Steven Spielberg, rien de moins, en répandant dans toutes les salles de spectacle du monde le message initial que voulaient faire passer les terroristes.

Cela n’a rien de surprenant, si l’on considère que la thèse de la faillite morale de la cause israélienne – et pas seulement la campagne d’assassinats des planificateurs de l’attentat, mais toute l’entreprise d’Israël même -, qui est celle du film “Munich”, est tellement massive, que le film se termine sur le départ définitif d’Israël du principal assassin du Mossad, marqué au fer rouge par son expérience. Et où le héros se réinstalle-t-il ? Dans le seul véritable foyer de la conscience, de la sensibilité et de l’authenticité juives : Brooklin.

Charles Krauthammer

© The Washington Post

Mis en ligne par M. Macina sur upjf.org

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