29 mars 2024

Paroles de grands chercheurs sur le réchauffement climatique

Il est coutumier de lire dans la presse ou d'entendre répéter dans les médias que les quelques "rares" chercheurs (NDLR : Ils sont quand même plusieurs milliers répertoriés (voir un exemple, ici, ( liste dans la colonne de gauche) ou encore ici, une pétition auprès du gouvernement canadien) qui contestent que l'effet de serre provoqué par l'homme serait le responsable du réchauffement climatique, sont de simples déviants, incompétents, mal informés voire financés par les lobbies pétroliers comme EXXON Mobil…ou encore des "flat-earthers" (comme disent les américains : ceux qui croient encore que la terre est plate !) et même, des négationnistes comme ceux qui nient l'existence de la Shoah. Mais où en sommes nous arrivés ?

J'ouvre cette rubrique pour équilibrer le débat et vous montrer qu'il n'en est rien et que de grands experts en climatologie ou dans les sciences fondamentales de l'espace ou de la terre, se donnent beaucoup de mal pour faire entendre un tout autre discours que celui qui est propagé par le GIEC, les écologistes, relayé par la grande presse et les politiques en mal de popularité. Jusqu'au Vice-Président du GIEC, lui-même, qui n'est pas d'accord avec la Pensée Unique ! Comme vous allez le voir, les quelques contestataires que je cite ne sont pas débutants. Au contraire, ce sont tous des spécialistes chevronnés. Et ils ne mâchent pas leurs mots pour dire ce qu'ils pensent du GIEC et de ses conclusions …
En voici la liste qui s'allonge, jour après jour :Pierre-Gilles de Gennes, IOP; Andrew Lacis, Petr Chylek, Mike Hulme, Vincent Courtillot, Mojib Latif, Jan Veizer, Rapport JSER, John Theon, Roger Pielke Sr, Frank Tipler, William Happer, Ian Plimer, William R. Cotton, Harrison Schmitt, Cliff Ollier, Roy Spencer, Yury Izrael, Khabibullo Abdoussamatov, Richard Lindzen, Marcel Leroux, Bill Gray, Paul Reiter, Frederick Seitz, Vincent Gray, Antonio Zichichi, Augie Auer, Michael Griffin, Robert Carter, Reid Bryson, Nils-Axel Mörner, Tom V. Segalstad, Madhav L. Khandekar, Al Pekarek, Tim Patterson, Freeman Dyson, Tim Ball, John Coleman, Daniel Botkin, David Douglass, John Christy, Fred Singer, Syun Akasofu, Rosa Compagnucci, Juan Minetti, Eduardo Toni, Oleg Sorokhtin, Jose Joaquim Delgado Domingos, Hendrik Tennekes, Art Douglas; Howard C. Hayden, Don J. Easterbrook, Kunihiko Takeda, Garth Paltrdige, Stan Goldenberg, Arun D. Ahluwalia, Roger W. Cohen… Tous des scientifiques tout à fait qualifiés pour parler du fameux "réchauffement climatique". Et ce ne sont pas les seuls. N'oubliez pas les quelques 9000 et quelques docteurs ès sciences qui ont signés la pétition ici. Et les plus de 400 spécialistes, dont on peut trouver la liste ici et qui se sont exprimés rien qu'en 2007…

Malheureusement et hormis les articles accessibles du regretté Marcel Leroux (voir sa dernière vidéo, tournée peu de temps avant son décès), la plupart de ces articles et de ces déclarations sont rédigés en anglais (comme d'ailleurs la plupart des livres publiés par Leroux). Je vous traduirai les autres aussi fidèlement que possible.

29 Mars 2010 : Pierre-Gilles de Gennes au sujet des relations science-écologie-climat.

 

PGG1

Tout le monde sait que notre brillant et très populaire prix Nobel de Physique 1991, ("le Newton de notre époque" a déclaré le président du Comité Nobel), n'était pas un "climatologue", comme l'on dit maintenant. Mais il était un savant hors pair, dont la culture scientifique était aussi vaste que profonde notamment en physique, en chimie, et en biologie. A vrai dire, elle faisait l'admiration de tous ceux qui l'ont connu.

Ci-contre, Pierre-Gilles de Gennes que ses amis appelaient familièrement PGG, avec deux de ses collègues, entourés de leurs étudiants lors d'un interclasse du Colloque "La semaine Lavoisier" Les Houches (Savoie, Jan. 2001).

Plutôt que de profiter des honneurs, réceptions et multiples invitations de la part des médias que lui apportaient sa notoriété et son rayonnement personnel, Pierre-Gilles de Gennes préféra consacrer une grande partie des deux années qui ont suivi l'attribution du Prix Nobel à "faire passer le message de la science" auprès de la jeunesse qu'il désirait attirer vers la science et les métiers scientifiques. Ainsi, décida-t-il de donner une longue série de conférences suivies de discussions, dans un grand nombre de lycées et de collèges (près de 200) en France comme à l'étranger. Inutile de dire qu'il reçut un accueil inoubliable pour lui comme pour les très nombreux élèves et enseignants qui ont bénéficié de sa visite.

PGG savait parler au public, jeune ou moins jeune. Sa grande simplicité et sa modestie faisaient merveille. Il avait l'art de simplifier, sans les déformer, de nombreuses notions scientifiques réputées délicates, notamment celles qui concernaient la matière molle (c'est une appellation qu'il n'aimait pas. Il la trouvait trop imprécise).

Lors de son retour, il décida de rédiger, avec l'aide J. Badoz (Prof d'Optique à l'ESPCI et Dir. Scientifique de l'ESPCI dont PGG était le Directeur, à l'époque), un livre qui rassemblait, outre les résumés des conférences qu'il avait données, un certain nombre de considérations sur la science de son époque qu'il avait développées avec les élèves lors des discussions qui suivaient ses exposés. Ce livre fut édité sous le nom "Les Objets fragiles" par Pilon en 1994. J'en conseille la lecture à tous ceux qui sont intéressés par la démarche scientifique, foncièrement pragmatique, des chercheurs qui ont développé ce nouveau champ de connaissance que l'on appelle, encore et malgré tout, "la Matière Molle" mais qui, en réalité, regroupe plusieurs domaines de recherche bien distincts.

Pierre-Gilles de Gennes, en temps que théoricien proche de l'expérience, était surtout un homme "papier-crayon" bien qu'il fut attiré par l'expérimentation. Il n'était certes pas un spécialiste des simulations numériques sur ordinateur. Ils les avait pourtant fréquemment pratiquées en tant qu'utilisateur des résultats obtenus par des numériciens spécialistes dans son (ses) domaine(s) de recherche qui étaient aussi nombreux que variés.
De manière générale, il n'était, sauf en de rares exceptions, guère impressionné par les performances des simulations numériques et, connaissant leur fragilité, il s'inquiétait surtout de leur application aux questions environnementales.
Voici ce que PGG a écrit, à ce sujet, dans "Les objets fragiles" (1)

"Les problèmes d'environnement sont souvent gérés par des spécialistes des "simulations", c'est à dire des gens dont la compétence est davantage dans l'ordinateur que dans les données scientifiques. A partir d'un gros ordinateur, on produit des prédictions qui paraissent respectables, même si les données sont insuffisantes. Voilà l'une des grandes plaies de notre époque. Le malheur, c'est que beaucoup de gens croient encore que l'ordinateur dit vrai et prédit l'inévitable (le même type de croyance a existé au XIXème siècle à l'égard du texte imprimé). Le simulateur informaticien est crédible puisque sa machine possède une puissance et une rapidité de calcul dont aucun cerveau humain ne serait capable. Le pouvoir ronflant des chiffres plus le pouvoir de l'image : de quoi entretenir dans l'opinion une mentalité magique pré-rationnelle."

Ce texte se passe de commentaire, sauf à rappeler qu'on croirait lire du Marcel Leroux ou du Claude Allègre(3), ou, encore, des textes rédigés par de nombreux scientifiques qui ont constaté, à de multiples reprises que les simulations numériques produisent, dans tous le cas, de beaux graphiques mais en font tout autant quand la science sous-jacente est incomprise ou incomplète. A titre personnel, j'ignorais que le même type de croyance (dans les ordinateurs) avait existé au XIXème siècle à l'égard du texte imprimé. Mais n'en est-il pas de même de la "télé" et de la presse de nos jours ? Quand on sait que certains élèves répondent à leur prof de collège (par exemple) : "Vous vous trompez monsieur. Ce n'est pas ce qu'ils ont dit à la télé !". (authentique).

Pierre-Gilles de Gennes qui n'était absolument pas opposé à l'écologie "rationnelle" s'inquiétait cependant des dérives que l'on percevait déjà nettement en 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. C'est ainsi qu'il signa avec 71 autres prix Nobel et de nombreux autres scientifiques l'"Appel de Heidelberg" qui fut publié lors du Sommet, au grand dam de beaucoup des participants. Vous trouverez, par exemple, ici le texte complet de l'appel d'Heidelberg et la liste des signataires.
Cet appel, très court, composé d'une dizaine de phrase, s'adresse aux dirigeants de la planète à l'aube du XXIème siècle. Voici cinq phrases tirées du texte cosigné par de Gennes qui me semblent révélatrices. En anglais d'abord, puis une traduction en français :

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"We want to make our full contribution to the preservation of our common heritage, the Earth"
"Nous voulons apporter notre totale contribution à la préservation de notre héritage commun, la Terre."

"We are, however, worried at the dawn of the twenty-first century, at the emergence of an irrational ideology which is opposed to scientific and industrial progress and impedes economic and social development."
"Cependant, à l'aube du vingt et unième siècle
, nous nous inquiétons de l'émergence d'une idéologie irrationnelle qui est opposée au progrès industriel et scientifique et qui entrave le développement économique et social."

We contend that a Natural State, sometimes idealized by movements with a tendency to look toward the past, does not exist and has probably never existed since man's first appearance in the biosphere, insofar as humanity had always progressed by increasingly harnessing Nature to its needs and not the reverse. We fully subscribe to the objectives of a scientific ecology for a universe whose resources must be taken stock of, monitored and preserved.
" Nous affirmons qu'un Etat Naturel, parfois idéalisé par des organisations qui ont tendance à regarder vers le passé, n'existe pas et n'a probablement jamais existé depuis la première apparition de l'homme dans la biosphère,
dans la mesure où l'humanité a toujours progressé par une exploitation croissante de la Nature selon ses besoins et non pas l'inverse. Nous souscrivons totalement aux objectifs de l'écologie scientifique pour un univers dont les ressources doivent être conservées, surveillées et préservées."

We do, however, forewarn the authorities in charge of our planet's destiny against decisions which are supported by
pseudoscientific arguments or false and nonrelevant data.
"Cependant, nous mettons en garde les autorités en charge de la destiné de notre planète contre des décisions qui reposent sur des arguments pseudoscientifiques ou sur des données fausses et inappropriées."

The greatest evils which stalk our Earth are ignorance and oppression, and not Science, Technology, and Industry, whose
instruments, when adequately managed, are indispensable tools of a future shaped by Humanity, by itself and for itself,
overcoming major problems like overpopulation, starvation and worldwide diseases.
"Les plus grands maux qui accablent notre Terre sont l’ignorance et l’oppression, et non la Science, la Technologie et l’Industrie dont les instruments, lorsqu’ils sont adéquatement gérés, sont les outils indispensables à un futur façonné par l’Humanité, par elle-même et pour elle-même, lui permettant ainsi de surmonter les problèmes majeurs tels que la surpopulation, la famine et les maladies répandues dans le monde entier" 
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A la différence de la plupart des autres pays, cette déclaration provoqua, en France, une véritable tempête de protestations, d'une rare virulence. (Quoique, de nos jours, on en a vu d'autres…). On en retrouve facilement les traces qui persistent sur la toile. Des contre-appels furent même rédigés et signés par des protestataires.
Pierre-Gilles de Gennes ne bougea pas d'un pouce et resta sur ses positions, jusqu'à la fin.
De fait, cet appel d'Heidelberg reflétait assez précisément ses positions sur le sujet comme en témoigne Laurence Plévert qui a consacré un grand nombre d'heures à interviewer et à enregistrer PGG, peu de temps avant son décès. Elle en a tiré un livre édité chez Belin (2) dans lequel elle déclare à la page 262 que "l'Appel d'Heidelberg est parfaitement conforme à son point de vue" .
Quelques lignes en amont, Laurence Plévert note que " Sans nier ni minimiser la dégradation de l'environnement, il (NDR : Pierre-Gilles de Gennes) dénonce ce qu'il appelle "la religion de l'écologisme" fondée sur le culte de la nature et la "croyance naïve" que tout ce qui est naturel est bon.".

Soit dit en passant, ces propos font écho aux déclarations de l'ancienne Directrice puis Présidente du CNRS, Catherine Bréchignac, qui écrivait dans son récent opuscule (4) : "Les défenseurs de cette nouvelle icône qu'est "Dame Nature" oublient que s'ils avaient vécu au Moyen Âge, leur espérance de vie n'aurait pas dépassé la trentaine d'années…..On l'aura compris, le rejet d'une certaine idolâtrie de la nature rejoint, pour moi, le goût et le souci d'une écologie authentique."

Laurence Plévert précise aussi que la position de PGG sur le nucléaire était très claire : "Il faudra vivre avec l'énergie nucléaire, il n'y a pas à se poser de questions là-dessus" disait-il. Et c'est à ce titre qu'il a signé une tribune avec ses collègues nobélisés Georges Charpak (un défenseur déterminé de l'énergie nucléaire) et J-M Lehn, dans le Figaro en 2006…Laquelle prônait aussi que c'était pour lutter contre le réchauffement climatique. Pourtant, comme nous allons le voir ci-dessous, les positions de Pierre-Gilles de Gennes sur les modélisations du réchauffement climatique étaient, pour le moins, réservées.

En tant que scientifique, Pierre-Gilles de Gennes prêchait pour un scepticisme vigilant, autrement dit pour une analyse critique de la littérature scientifique passée et présente, quels qu'en soient les auteurs et ceci aussi bien auprès des étudiants que de ses collègues. Il était d'ailleurs un referee extrêmement incisif et beaucoup de ceux dont les articles sont passés entre ses mains ont dû être surpris en lisant ses commentaires aussi brefs que pertinents.

Il appliquait d'ailleurs ses mêmes principes à ses propres travaux et avait horreur qu'on le prenne pour un "totem" (c'était le mot qu'il utilisait), c'est à dire pour une sorte de divinité infaillible, alors qu'il reconnaissait volontiers qu'il s'était lui-même parfois fourvoyé. C'est à ce titre et pour bien montrer que l'infaillibilité -même celle d'un prix Nobel- est un mythe, qu'il s'amusait, quelques années avant son décès, à donner des conférences entièrement consacrées au démontage des erreurs qu'il avait lui-même commises au cours de sa carrière.
On aimerait retrouver, au moins, quelques traces de cette humilité typiquement scientifique dans les propos des chercheurs et des journalistes qui s'expriment actuellement dans les médias…

Concernant plus spécifiquement le climat et la climatologie, Claude Allègre fait mention (3) (pages 136-137)d'une déclaration de de Gennes dont je ne connais ni l'origine, ni la date. Pierre-Gilles de Gennes, comme je l'ai signalé plus haut, n'était pas convaincu par les modélisations et en particulier par celles sur le climat. Voici la fin du texte rapporté par Allègre, dans son livre : ".. En réalité, les modèles utilisés en 1994 pour prédire le climat futur ne sont même pas capables de restituer correctement le climat actuel. Les simulateurs les corrigent en ajustant le taux des échanges atmosphère/océan. Ces manipulations donnent une apparence de sérieux aux résultats. Mais elles peuvent, en fait, affaiblir toute la prédiction comme le montre une étude récente du MIT (Massachusetts Institute of Technology) (NDR : Je pense, sans en être certain, qu'il fait allusion à un ou à des articles de Lindzen sur l'effet iris publiés à partir de 2001). Comme le dit un commentateur de la grande revue Science : Dans la modélisation du climat presque tout le monde triche (un peu)".

La revue française bien connue, Pour la Science, a dédié un numéro spécial à Pierre-Gilles de Gennes, dans sa série " Les Génies de la Science". Il s'y retrouve à côté des Fermat, Charcot, Mendel, D'Alembert, Niels Bohr, Pasteur etc… A noter que le numéro 40 consacré à PGG est le tout dernier de cette série qui s'achève donc avec lui. Ceux qui l'ont bien connu ne doutent pas un instant qu'il a bien mérité sa place dans cette prestigieuse énumération.
Pierre-Gilles de Gennes est décédé dans la matinée du 18 Mai 2007.
La photo ci-contre a été prise dans son bureau, à l'ESPCI, en 2003. Un discret au revoir de la main…

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(1) "Les objets fragiles" P-G de Gennes et J. Badoz, Plon, 1994
(2) "Pierre-Gilles de Gennes" Laurence Plévert, Bélin-Pour la Science, 2009
(3) "L'imposture climatique ou la fausse écologie", Claude Allègre, Plon, 2010
(4) "N'ayons pas peur de la Science- Raison et déraison." Catherine Bréchignac, CNRS Editions, 2009.

 

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