28 mars 2024

Mali, droits des enfants : les intérêts supérieurs de l’Humanité ?

La citoyenneté ne se définit pas par la sexualité mais par des droits politiques. Tout le monde, jusqu'à là, est d'accord. Certes, selon que l'on situe l'origine du droit dans la nature ou dans la société ou encore dans les deux, il peut y avoir non seulement des nuances mais de franches oppositions ; sauf que jusqu'à preuve du contraire, l'enfant est un citoyen en puissance qui a le droit d'avoir des ouvertures de droits politiques le plus fidèlement possible à son épanouissement à la fois humain et citoyen, or, il n'y a aucune raison de le priver, volontairement, du droit d'avoir un père et une mère, ce qui sera le cas avec cette loi dit "pour tous", sauf pour l'enfant, ce qui est une privation, et donc une régression contrairement à ce que prétendent ceux-là mêmes qui avançaient naguère que le communisme était un "progrès historique" et qui prétendent aujourd'hui que ce précepte concerne également "l'islam"…

Voilà en tout cas le point précis où les partisans du MPT pèche par omission et surtout idéologie, idéalisme des constructeurs de châteaux de cartes dont se moquait Marx et surtout Kant (les belles âmes sans mains de peur que la réalité les rattrape) : ce monde imaginaire (qui a sa réalité de nuisance) s'appuie sur des prémisses fausses comme donc l'identification de l'orientation sexuelle et la citoyenneté, ou encore le fait que l'enfant n'aurait pas besoin d'avoir une altérité papa/maman à partir du moment où la culture, celle de "l'amour" supposé construit par les doubles jouant le rôle de "parents", se suppléerait en quelque sorte à cette nature qui faisait soulever une carriole à cette mère lorsqu'elle vit son fils coincer dessous relate Victor Hugo dans la peau de Jean Valjean dans Les Misérables ; mais il est vrai que "l'instinct maternel" a été déclaré inexistant par la philosophe Elisabeth Badinter à la suite de Simone de Beauvoir qui avait affirmé que l'on ne "nait pas femme mais on le devient"  ; vieux débat certes que cette dialectique nature/culture, niée par les uns, sublimée par les autres, et aujourd'hui revisitée par la PMA et la GPA, ces deux matrices postmodernes de la fabrication de l'humain devenu une marchandise comme les autres.

En effet, soit l'on considère que le "patrimoine héréditaire" à savoir ce "biologique" méprisé quelque peu par les idéalistes du transgenre et autre "mariage pour tous" est négligeable et dans ce cas peu importe le fait d'importer dans son corps le patrimoine d'autrui, du moins une moitié, et peu importe que cela soit ce même autrui qui enfante, puisque l'enfant n'est plus qu'un produit que l'on fabrique pour satisfaire ce désir narcissique petit bourgeois de posséder aussi comme le voisin, imposant ainsi une "envie" ; soit, au contraire, l'on ne réduit pas le biologique à du "matériel" en considérant qu'au fond si la science n'est pas encore capable de construire une cellule vivante (sans clonage s'entend) c'est sans doute bien parce que le Bios qui matrice le Soi, n'est pas réductible au Moi, ni au Je, encore moins au Nous, autrement dit, il existe quelque chose d'irréductible qui se transmet aussi par les gènes, qui fait dire au coin du feu que l'on a le "caractère" de son père, ou le "tempérament" de sa mère, termes qui on le sait ont été effacés par la sociologie léniniste des années 20 via le lyssenkisme, puis par freudo-marxiste des années 60…passant d'un extrême à l'autre : du sang bleu, racé, au sang sans autre signification qu'un "care" minimaliste.

Pourtant, dans la psychologie expérimentale (Fraisse), motivationnelle( Nuttin), différentielle (Reuchlin), il a été démontré depuis des lustres (mais seule l'élite savante le sait et…le tait, du moins ne le dit guère sinon dans de gros livres ésotériques, j'en parle dans certains de mes livres) que le caractère ou disposition singulière du potentiel des capacités à, et le tempérament ou disposition singulière de la sensibilité, ne sont pas des données historico-sociales importées, mais des données bio-psychiques émergeant certes culturellement au sens où comme l'avait démontré Elias il n'y a pas l'individu d'un côté et la société de l'autre, mais c'est une interaction, tout comme le langage à la fois élément naturel et en même temps synthétisé par la pratique culturelle historiquement située par exemple dans cette attitude (qui va faire date en créant un modèle de référence, un saint, une idole, une star aujourd'hui, jusqu'à sa caricature, le "people"), ou encore incarnée dans ce langage (tel les patois naguère, aujourd'hui les jargons).

Ainsi la Culture exprime le Bios, ou le fond qui remonte à la surface et donne cette forme disait également Hugo. Mais tout ceci, cette complexe matrice (universalis) n'existe pas pour les idéologues issus de la "table rase" que serait l'individu ; alors que Locke parlait de "page blanche" ce qui n'est pas la même chose au sens où l'on n'est pas programmé à la façon animale, l'on peut être en tant qu'humain maître de son destin, du moins si l'on peut vaincre les contraintes, ce qui n'est pas donné, d'où le rôle de la solidarité humaine…et de la liberté.

Voilà en tout cas le canevas du débat, et que certains aimeraient bien édulcorer au profit d'intérêts validés uniquement par la volonté de puissance, qu'ils prétendent combattre, alors qu'ils en font un principe, celui du "rapport de forces" qui serait la seule vérité : sauf, que dans ce cas, au nom de quoi, combattre les "terroristes", par exemple au Mali ?…

En effet, s'il n'existe que du rapport de forces, si la vérité des choses n'est qu'une construction aménageant la domination de quelques-uns, alors il n'y a aucune légitimité de prétendre que l'islam desdits "terroristes" serait "dévié", faux, ou alors  serait le paravent des "narco-trafiquants" (alors que lesdits terroristes doivent bien avoir du "cash" pour acheter des armes, se nourrir etc…). Autrement dit, dira le postmoderne "conséquent" au nom de quoi prétendre que "l'enfermement" sous camisole chimique de supposés "déviants" serait moins pis qu'une coupure de mains de voleurs ? Les royaumes musulmans qui autrefois la pratiquaient amplement n'en restaient pas moins musulmans aux yeux des royaumes chrétiens qui eux aussi se revendiquaient tels, malgré le bûcher et l'écartèlement en public. Peut-on alors dire que leur version de la Sharia date ? Non pour ceux qui disent que les droits humains sont des "valeurs occidentales" imposées par un "rapport de forces"; oui, pour ceux qui disent que ces droits incarnent juridiquement des intérêts supérieurs de l'Humanité basés sur la liberté l'égalité la solidarité, et que, si l'on ne peut pas parler "en leur nom" comme le firent les idéologies pavées de bons sentiments des 18, 19, et 20ème siècles, l'on peut néanmoins prétendre qu'il existe des études probantes prouvant que ces droits correspondent aux exigences de la morphologie humaine en matière d'épanouissement et d'affinement qui ne se réduit cependant pas " au souci de soi" car il considère que ce "self love" dont parlait Adam Smith passe aussi par le souci d'autrui d'où la nécessité de mettre au point des solutions qui réparent plus qu'elles ne retranchent comme le fait la lame qui sans âme coupe la main pécheresse.

Il faut donc repenser l'humain, le soi, sans cependant réduire le nous, le moi, le je, qui l'incarnent aussi en ce sens qu'il ne suffit pas de voir en cet étranger l'humain, il faut aussi y voir le droit, et en ce sens tout humain, parce qu'il serait là ne peut prétendre à avoir la même chose sans contrepartie, sans intégration… Mais tout cela est effacé, réduit, au fait par exemple que cet autre compenserait démographiquement un manque d'enfants (et l'on y revient) comme si l'autre n'était que des bras un ventre un Soi et non pas aussi un moi un je désirant que son nous se déploie. Sauf qu'il ne peut le faire sans compromis, négociation, dépassement vers quelque chose de plus enrichissant : dirait-on que le postcolonialisme ayant brassé des centaines d'ethnies ait produit une humanité appauvrie ? Bien sûr que non ! et même un Obama en est issu, aussi cette idée stipulant que l'histoire humaine issue du colonialisme serait seulement une histoire de la domination et de l'appauvrissement est identique à la romance stipulant que seule la distance doit être de mise entre façons de vivre, c'est-à-dire le communautarisme…

Mais cela produit une autre situation : le narcissisme petit bourgeois qui paradoxalement enfante peu, en pratique, mais exige de pouvoir en avoir en théorie (4% d'homosexuels dans la population, combien en veulent vraiment ?…) veut suppléer cet hara kiri démographique par une importation massive made in ailleurs (sans parler du "refus" du "troisième enfant" asséné par l'autre propagande, l'écologiste, qui, soit dit en passant, annonce, sans rire, que dans quelques années la Normandie aura le climat de la Méditerranée…) et la boucle est bouclée ou comment organiser sa suppression (de dominant white) en préférant son petit souci de soi assisté et sans enfants (ou unique et sa propriété), tout en le masquant par l'exigence d'une PMA et d'une GPA ou le Meilleur des Mondes, tout en exigeant d'ouvrir les portes aux indigents du monde entier (produits par l'étatisme généralisé) à qui l'on permettrait par ailleurs de transformer le monde à leur image, ce qui est naturel, même si cette nature là ne correspond cependant plus (comme au Mali ces temps-ci) aux résultats désormais universaux d'une culture sachant qu'il ne suffit pas de plaquer sur le réel humain des droits supposés divins ; il faut aussi qu'ils correspondent à cette dualité inscrite au coeur des mythes les plus profonds jusqu'à en faire un choeur : la créature humaine s'émancipe des mains de son créateur, tout en apprenant qu'il ne suffit pas de s'en "libérer" il s'agit aussi de s'affiner, de s'élever vers quelque chose d'autre que la seule répétition du Même, y compris sacré…

Autant de problèmes que la classe politique et intellectuelle est semble-t-il incapable de saisir…malgré sa volonté parfois sincère d' "éradiquer" le mal déclaré tel, mais sans le nommer précisément alors que cette désignation permettrait au moins d'en étudier les ramifications.

Concrètement cela veut dire que concernant ce qui se passe au Mali (et ailleurs) il faut cesser de parler de terrorisme et de banditisme : il s'agit d'une lutte entre les fondamentaux des droits humains qui se déclinent cependant singulièrement dans le génie de chaque peuple et de ses individus d'une part, et une façon sectaire d'interpréter le monde, qui se nomme l'islam, et qui refuse en plus de voir évoluer son discours et sa pratique puisqu'il les sacralise, d'autre part.

De ce fait (in fine) l'idée que ce ne serait pas l'islam qui est en jeu au Mali et ailleurs est, au contraire, une idée fausse, dangereuse même, car elle absout les musulmans de faire une autocritique nécessaire, et de ce fait permet dans ce cas qu'apparaisse seulement une lutte Islam/Occident, puisque seul celui-ci s'y oppose, de fait, ce qui nourrit le jeu des islam/istes et de leurs soutiens gauchistes et nationaux-étatistes (alliance rouge-verte-brune). Or, l'Islam, comme toute parole, doit pouvoir être critiqué, c'est là le socle de la liberté humaine, celle-là même qui a désobéit à Dieu lorsqu'elle a mordu dans le Fruit Défendu : or, Dieu, n'a pas tué Adam ni Ève, il les a chassé, ils auraient été tué, lapidé, au Mali, et le fait de dire qu'ils auraient été tués, écartelés au Moyen Âge chrétien ne change rien à l'affaire puisque d'une part "nous" en sommes plus là et que d'autre part les musulmans ne peuvent pas attendre des siècles pour que cela arrive aussi dans leur sphère alors que la planète est interconnectée depuis des lustres et que les influences et les interactions sont le propre des sociétés ouvertes les seules à même d'enrichir l'Humanité, ce qui ne veut pas dire qu'il faille les dissoudre dans un magma indifférencié comme le veulent les postmodernes,ces apprentis sorciers du matérialisme sans substance…

 

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Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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