23 janvier 2025

L’appel des 100 intellectuels contre le «séparatisme islamiste»

Nous sommes des citoyens d'opinions différentes et très souvent opposées qui se sont trouvés d'accord pour exprimer, en dehors de toute actualité, leur inquiétude face à la montée de l'islamisme. Ce ne sont pas nos affinités qui nous réunissent, mais le sentiment qu'un danger menace la liberté en général et pas seulement la liberté de penser. Ce qui nous réunit aujourd'hui est plus fondamental que ce qui ne manquera pas de nous séparer demain.

 







Le nouveau totalitarisme islamiste cherche à gagner du terrain par tous les moyens et à passer pour une victime de l'intolérance. On a pu observer cette stratégie lorsque le syndicat d'enseignants SUD Éducation 93 proposait il y a quelques semaines un stage de formation comportant des ateliers de réflexion sur le «racisme d'État» interdits aux «Blanc.he.s». Certains animateurs étaient membres ou sympathisants du Collectif contre l'islamophobie en France et du Parti des indigènes de la République. Les exemples de ce genre se sont multipliés dernièrement. Nous avons ainsi appris que la meilleure façon de combattre le racisme serait de séparer les «races». Si cette idée nous heurte, c'est que nous sommes républicains.





Nous entendons aussi dire que, puisque les religions sont bafouées en France par une laïcité «instrumentalisée», il faut donner à celle qui est minoritaire, c'est-à-dire à l'islam, une place spéciale pour qu'elle cesse d'être humiliée. La même idée se poursuit: il paraît qu'en se couvrant d'un voile les femmes se protégeraient des hommes et que se mettre à part leur permettrait de s'affranchir.





Le point commun de ces proclamations est de penser que la seule façon de défendre les «dominés» (ce n'est pas notre vocabulaire mais celui de SUD Éducation 93), serait de les mettre à l'écart des autres et de leur accorder des privilèges.





Il n'y a pas longtemps, l'apartheid régnait en Afrique du Sud. Reposant sur la ségrégation des Noirs, il voulait se disculper en créant des bantoustans où une autonomie factice leur était concédée. Un tel système a heureusement disparu.





Et voici qu'aujourd'hui, c'est un apartheid d'un nouveau genre qui est proposé à la France, une ségrégation à l'envers grâce à laquelle les «dominés» préserveraient leur dignité en se mettant à l'abri des «dominants».





Mais alors, cela veut dire qu'une femme qui ôte le voile et sort dans la rue deviendrait une proie normale? Cela veut dire qu'une «race» qui côtoie les autres serait humiliée? Cela veut dire qu'une religion qui accepte de n'être qu'une parmi d'autres perdrait la face?





Et les Français musulmans, ou de culture musulmane sans être croyants, qui aiment la démocratie et veulent vivre avec tout le monde, l'islamisme a-t-il prévu de les mettre à part, eux aussi? Et les femmes qui refusent d'être enfermées, qui décidera pour elles? Et les autres, ceux qui ne méritent apparemment pas d'être protégés: sous clé dans le camp des «dominants»?





Tout cela va à l'encontre de ce qui a été fait en France pour garantir la paix civile. Depuis longtemps, l'unité du pays a été fondée sur l'indifférence à l'égard des particularismes pouvant être cause de conflit. Ce qu'on appelle l'universalisme républicain ne consiste pas à nier les sexes, les races ou les religions, mais à définir l'espace civique indépendamment d'eux pour que personne n'en soit exclu. Et comment ne pas voir que la laïcité protège aussi les religions minoritaires? La mettre en péril nous expose au retour des guerres de religion.





À quoi peut donc servir ce ségrégationnisme nouvelle manière? Doit-il seulement permettre aux soi-disant «dominés» de sauvegarder leur pureté en vivant entre eux? N'a-t-il pas surtout pour but d'affirmer la sécession avec la communauté nationale, ses lois et ses mœurs? N'est-il pas l'expression de la haine la plus caractérisée à l'égard de notre pays et de la démocratie?





Que chacun vive dans la loi de sa communauté ou de sa caste et dans le mépris de celle des autres, que chacun ne soit jugé que par les siens, cela est contraire à l'esprit de la République. Celle-ci a été fondée sur le refus de droits privés s'appliquant à des catégories spécifiques et exclusives, sur l'abolition des privilèges. Les mêmes lois pour chacun de nous, voilà ce que nous garantit au contraire la République. C'est ce qu'on appelle tout simplement la Justice.

 

 

 






Le nouveau séparatisme avance masqué. Il veut paraître bénin, mais il est en réalité l'arme de la conquête politique et culturelle de l'islamisme. L'islamisme veut être à part car il rejette les autres, y compris les musulmans qui ne partagent pas ses vues. L'islamisme déteste la souveraineté démocratique car elle lui refuse toute légitimité. L'islamisme se sent humilié lorsqu'il ne domine pas.





Il n'est pas question d'accepter cela. Nous voulons vivre dans un monde complet où les deux sexes se regardent sans se sentir insultés par la présence de l'autre. Nous voulons vivre dans un monde complet où les femmes ne sont pas jugées inférieures par nature. Nous voulons vivre dans un monde complet où les gens peuvent se côtoyer sans se craindre. Nous voulons vivre dans un monde complet où aucune religion ne fait la loi.





Les signataires





Waleed al-Husseini, écrivain


Arnaud d'Aunay, peintre


Pierre Avril, universitaire


Vida Azimi, juriste


Isabelle Barbéris, universitaire


Kenza Belliard, formatrice


Georges Bensoussan, historien


Corinne Berron, auteur


Alain Besançon, historien


Fatiha Boudjahlat, essayiste


Michel Bouleau, juriste


Rémi Brague, philosophe


Philippe Braunstein, historien


Stéphane Breton, cinéaste, ethnologue


Claire Brière-Blanchet, reporter, essayiste


Marie-Laure Brossier, élue municipale


Pascal Bruckner, écrivain


Eylem Can, scénariste


Sylvie Catellin, sémiologue


Gérard Chaliand, écrivain


Patrice Champion, ancien conseiller ministériel


Brice Couturier, journaliste


Éric Delbecque, essayiste


Chantal Delsol, philosophe


Vincent Descombes, philosophe


David Duquesne, infirmier libéral


Luc Ferry, philosophe, ancien ministre


Alain Finkielkraut, philosophe, écrivain


Patrice Franceschi, écrivain


Renée Fregosi, philosophe


Christian Frère, professeur


Claudine Gamba-Gontard, professeur


Jacques Gilbert, historien des idées


Gilles-William Goldnadel, avocat


Monique Gosselin-Noat, universitaire


Gabriel Gras, biologiste


Gaël Gratet, professeur


Patrice Gueniffey, historien


Alain Guéry, historien


Éric Guichard, philosophe


Claude Habib, écrivain, professeur


Nathalie Heinich, sociologue


Clarisse Herrenschmidt, linguiste


Philippe d'Iribarne, sociologue


Roland Jaccard, essayiste


Jacques Jedwab, psychanalyste


Catherine Kintzler, philosophe


Bernard Kouchner, médecin, humanitaire, ancien ministre


Bernard de La Villardière, journaliste


Françoise Laborde, journaliste


Alexandra Laignel-Lavastine, essayiste


Dominique Lanza, psychologue clinicienne


Philippe de Lara, philosophe


Josepha Laroche, universitaire


Alain Laurent, essayiste, éditeur


Michel Le Bris, écrivain


Jean-Pierre Le Goff, philosophe


Damien Le Guay, philosophe


Anne-Marie Le Pourhiet, juriste


Barbara Lefebvre, enseignante


Patrick Leroux-Hugon, physicien


Élisabeth Lévy, journaliste


Laurent Loty, historien des idées


Mohamed Louizi, ingénieur, essayiste


Jérôme Maucourant, économiste


Jean-Michel Meurice, peintre, réalisateur


Juliette Minces, sociologue


Marc Nacht, psychanalyste, écrivain


Morgan Navarro, dessinateur


Pierre Nora, historien, éditeur


Robert Pépin, traducteur


Céline Pina, essayiste


Yann Queffélec, écrivain


Jean Queyrat, réalisateur


Philippe Raynaud, professeur de sciences politiques


Robert Redeker, écrivain


Pierre Rigoulot, historien


Ivan Rioufol, journaliste


Philippe San Marco, auteur, essayiste


Boualem Sansal, écrivain


Jean-Marie Schaeffer, philosophe


Martine Segalen, ethnologue


André Senik, enseignant


Patrick Sommier, homme de théâtre


Antoine Spire, vice-président de la Licra


Wiktor Stoczkowski, anthropologue


Véronique Tacquin, professeure, écrivain


Pierre-André Taguieff, politologue


Maxime Tandonnet, auteur


Sylvain Tesson, écrivain


Paul Thibaud, essayiste


Bruno Tinel, économiste


Michèle Tribalat, démographe


Caroline Valentin, essayiste


David Vallat, auteur


Éric Vanzieleghem, documentaliste


Jeannine Verdès-Leroux, historienne


Emmanuel de Waresquiel, historien


Ibn Warraq, écrivain


Yves-Charles Zarka, philosophe


Fawzia Zouari, écrivaine

 

 

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