29 mars 2024

Nationalisme arabe et islamisme, les deux faces d’une même médaille

Certes le nationalisme arabe et l’islamisme ne sont pas identiques. Mais, contrairement aux apparences, ils ne s’opposent pas sur le fond, la résurgence de la grandeur d’autrefois, mais sur les moyens d’y arriver : la renaissance (Nahda) pour le premier en s’inspirant des efforts de modernisation prônée au début du XIXème siècle par certains intellectuels installés en Europe ; le retour à l’imitation des pieux ancêtres pour le second (al-salaf al-salih) qui donna le salafisme dont les Frères musulmans égyptiens, le wahabisme saoudien, le Hamas palestinien sont les variantes.

L’idée de Califat agitée par exemple sous Saddam Hussein, nationaliste arabe, (et encore actuellement par ses partisans) n’est donc pas seulement une perspective tactique visant à rallier l’islamisme. Elle poursuit la velléité du grand Califat espérée dans les années 1920 à 1940 à la suite de l’effondrement de l’Empire Ottoman , puis enrayée par l’Arabie Saoudite avec la naissance de la Ligue Arabe en 1945 ; elle fut réamorcée à la fin des années 1950 avec les deux tentatives de création d’une République Arabe Unie l’une comprenant l’Égypte, la Syrie, et pratiquement l’Irak si l’alliance des deux premiers n’avait pas périclité entre-temps, la seconde incluant à nouveau l’Égypte, la Syrie, et la Libye, jusqu’en 1977. Ces tentatives (qui devaient également inclure l’Algérie et la Tunisie), échouèrent -(et permirent, surtout après 1967, la montée en puissance du wahabisme saoudien et ses milliards de dollars)- pour deux raisons décisives : d’une part cette union ne s’est pas faite sur des bases démocratiques impliquant une pluralité des centres de décisions et des contre-pouvoirs institutionnels. Bien au contraire, elle a épousé les formes classiques de la constitution d’un Empire impliquant la centralisation du pouvoir, et donc l’hypertélie d’un centre , en l’occurrence ici le Caire, au détriment de la périphérie, ce qui était inconcevable à terme pour la caste militaro-affairiste dominant ces divers pays. La seconde raison tient à la base largement islamique de leurs structures institutionnelles en ce que l’intrication des sphères décisionnelles entre le politique et le religieux, (ce dernier étant pour une part fonctionnarisé avec des mosquées d’Etat, par exemple en Égypte et en Algérie) empêcha l’émergence autonome d’attitudes politiques laïques, idem en matière de culture et de mœurs.

L’un des critères permettant de le vérifier tient par exemple à la manière dont la feu «nouvelle gauche arabe» ayant eu le vent en poupe dans les années 1950-1960 analyse ces régimes du nationalisme arabe. Emmanuel Sivan, dans son livre célèbre, Mythes politiques arabes, le décrit en ces termes, y soulignant deux temps (p.141-142) : « Dans un premier temps, ce courant s’est consacré à la critique des régimes dits «révolutionnaires» ou «progressistes» (nassérisme, partis Baath en Irak et en Syrie). Il attribuait l’absence de réels changements socioéconomiques à l’attachement de ces régimes aux valeurs de l’islam (tout au moins à celles qui se prêtent à la manipulation des masses) et à leur refus d’épouser les valeurs de la modernité, au plan politique comme au plan des libertés individuelles. Dans un deuxième temps, ce mouvement devait aboutir à une réévaluation de la contribution de la pensée arabe au XXème siècle (…). Pour ces auteurs, la pensée traditionnelle était coupable de répandre de vaines croyances selon lesquelles le passé récent serait une période de décadence due exclusivement à l’influence de facteurs extérieurs (…) ».

Or, pour quelqu’un comme Saddam Hussein, lorsqu’il s’avéra que la construction d’une République Arabe unie achoppait en effet sur la nécessité démocratique de son éventuelle construction (à l’instar de l’Union Européenne par exemple), de toute façon antinomique avec cet islam continué et formellement relooké que prônait le nationalisme arabe, l’issue fut plutôt de renouer avec la forme politique ancienne, celle du Califat incarné par son âge d’or (VII-IXème) , qui avait, en plus, -et ce surtout après la défaite de 1967 qui marqua le glas du nationalisme purement politique comme fer de lance du renouveau arabe-, l’avantage d’articuler à elle toutes les tendances islamistes, à l’exception des chiites dont Saddam échoua par ailleurs à vaincre la tendance principale incarnée par l’Iran.

En ce sens, son adhésion de plus en plus visible à l’histoire, conquérante, de l’islam, (et non point uniquement au passé mésopotamien et babylonien), a non seulement précédé la première guerre du Golfe -au lieu d’en être le produit comme il est prétendu ici ou là, mais était déjà perceptible dès la guerre avec l’Iran . Dans ces conditions lorsqu’il envahit le Koweït le 2 août 1990, il fallait moins y voir une annexion de type expansionniste mais une étape stratégique de transition vers la construction du Califat, qui passait ensuite et nécessairement par la prise de la Mecque et de Médine en vue de légitimer son emprise dominante sur «le monde arabe et islamique» par une sacralisation. D’où l’appel apeuré en direction de Bush père du régime wahabiste saoudien qui se serait bien passé de voir des «mécréants» fouler son sol «sacré».

Ne pas comprendre cette stratégie husseinienne (et aujourd’hui benladeniste) visant à renouer avec l’arabo-islamisme classique (puisque la voie démocratique est antinomique avec l’idée même de Califat) afin de s’emparer, toujours dans un premier temps, des lieux saints musulmans avant de reprendre, dans un second temps (et muni des armes nécessaires…) le djihad, ininterrompu, avec l’Occident, explique alors bien pourquoi l’illusion de son «laïcisme» perdure encore parmi les visions en vogue de la vulgate dominante, surtout en France.
Pour y voir encore plus clair sur ce point, notons tout d’abord que l’émergence de l’islamisme, se situe, dans sa grande majorité, au milieu du XIXème siècle. C’est donc un phénomène bien plus récent que l’idée arabiste de Nahda indiquée plus haut. L’islamisme s’appuie certes sur des précurseurs médiévaux, par exemple Ibn Taymiyya, un commentateur coranique syrien du XIVème siècle (qui inspira également au XVIIIème siècle Abdel Wahab, le fondateur saoudien du wahabisme, puis tous les courants islamistes). Néanmoins les principaux courants islamistes contemporains se sont également, voire surtout, nourris d’une lecture tronquée de la littérature historisante européenne depuis le XVIIIème siècle jusqu’au milieu du XXème siècle vantant soit la supériorité rationaliste et scientiste de l’Europe, soit le droit historique à la reconquête, soit encore indiquant seulement l’aspect cupide des incursions de l’Occident en Orient, négligeant son fondement religieux.

Emmanuel Sivan le montre bien en indiquant comment les termes de «croisés» et de «croisades» surgissent seulement lors de la seconde moitié du XIXème siècle à la suite de telles lectures dans l’historiographie arabisante en les définissant comme les causes majeures du déclin (le sionisme en serait l’avatar moderne), alors que les chroniqueurs arabisants de l’époque concernée n’ont ni utilisé ce thème comme élément scandant l’Histoire du Moyen Orient, ni même employé les termes pour en désigner les acteurs occidentaux.

De même Menahem Milson explique clairement de quelle façon un Jamal al-Din Afghani (chiite éduqué à Kabul et en Iran) et un Muhammad ’Abduh (égyptien) ont émergé seulement au milieu du XIXème siècle en appelant à un panislamisme, (au delà donc de la césure sunnite/chiite), prétendant «réformer» l’islam par l’épuration de ses éléments étrangers (lois, pensées), avec la maxime suivante «Il n'y pas de défaut dans l'islam ; la faille se trouve chez les musulmans». Ils se sont appuyés sur Ibn Taymiyya (cité plus haut) pour osciller entre un je t’aime moi non plus l’Occident et son rejet total appelant au retour de l’imitation des «pieux ancêtres» ou salafisme ; tout en s’opposant au soufisme cet «islam populaire» dit Paul Balta , dont l’approche mystique faite de recueillement, d’extase à base de danse et de récitations lancinantes, préférant en un mot l’illumination à la déduction, leur semblait peu à même de forger les outils nécessaires pour la résurrection de l’âge d’or arabe.

En prônant l’unité panislamique comme tactique, Afghani eut plus de succès que ’Abduh qui cherchait plus à lutter contre la modernité industrielle et urbaine par l’imitation d’une conduite pieuse, par exemple en combattant la polygamie. Son disciple direct, Ridha, syrien, s’écarta de lui et chercha plutôt comme Afghani à traduire le salafisme en termes politiques, transformant l’idée de l’imitation en volonté de reproduire les conditions mêmes de la prise de pouvoir par Mahomet (retrait et refus de la société ambiante, recrutement exclusif de guerriers). Par exemple en luttant au début du XXème siècle contre «l’invasion» juive de la Palestine. Parce que les juifs doivent rester soumis comme il est prédit dans le Coran. Qassam (qui donna son nom aux roquettes dont le Hamas abreuve Israël) continua l’interprétation de Ridha en assassinant des juifs et des britanniques choisis au hasard. Un autre disciple de ’Abduh, Abd al-Raziq, prônant par contre une distanciation entre religion et Etat (1925) fut promptement écarté au profit d’un Amin al-Husseini (grand oncle d’Arafat) qui devint célèbre comme Mufti de Jérusalem et nazi convaincu (il fit alliance avec Hitler).

Les Frères Musulmans avec la maxime «l’islam est la solution» et fondés en 1928 par Hassan el-Banna s’inspirèrent de l’interprétation strictement politique du salafisme prôné par Ridha, écartant la lecture pieuse et d’imitation d’un ’Abduh, tout en prônant une rigoureuse chasse du juif, ce «cheval de Troie de l’Occident croisé», aidé en cela par les syriens et les arabes chrétiens, qui étaient les principaux panarabistes au début du XXème siècle, pourchassant les juifs, peuple «déicide», faisant de la surenchère dans l’arabisme pour être accepté par les idéologues nationalistes musulmans et islamistes. Sayyid Qutb, égyptien, prône la même prose, c’est le parfait exemple des frontières poreuses en islamisme et nationalisme panarabe puisqu’il débuta dans les années 40 en nationaliste égyptien avant de finir après un séjour aux USA comme djihadiste zélé posant comme apostat toute loi non islamique.

Cette fixation envers le passé fait-elle pour autant de l’islamisme un adversaire déclaré de la Nahda du nationalisme arabe, c’est-à-dire ce souci d’actualisation qu’avaient nombre d’intellectuels arabisants au début du XIXème siècle et du siècle suivant comme le pense Balta ? Rien n’est moins sûr. Déjà parce que cet islamisme insiste «sur le rôle essentiel des Arabes dans la mise en œuvre d'une réforme islamique» comme l’observe Menahem Milson . Ensuite, le nationalisme arabe, dans sa lecture syrienne ou égyptienne, n’a pas émergé comme rupture idéologique avec le religieux (nous l’avons vu plus haut avec les critiques de la feu nouvelle gauche arabe des années 1950-1960) -à la différence des révolutions jacobine, léniniste et nazie qui, toutes trois, se sont voulues totalement contraires au judéo-christianisme, sur des modes, bien entendu, spécifiques. En Algérie, arabisme et islamisme se sont articulés constamment jusqu’à en donner la preuve historique récemment.

Certes, le Coran fut brûlé en pleine rue lors de la révolution irakienne de 1958 comme le souligne Gilbert Meynier , mais il s’agissait bien moins de signifier une rupture que d’affirmer une supériorité doctrinale, l’arabisme, contre les tentatives -perçues comme poussiéreuses- de reproduire à la lettre l’islam du début. D’ailleurs les Frères musulmans se sont alliés avec le mouvement des Officiers Libres égyptiens qui renversa le roi Farouk en 1952, en particulier lorsque l’un d’entre eux, Gamal Abdel Nasser, démit à son tour son représentant attitré, le général Néguib, et entama une vigoureuse campagne anti-juive puis anti-copte , tout en protégeant les Frères musulmans ; même s’il pouvait également en pendre quelques-uns lorsque ceux-ci voulaient le concurrencer. Sadate prolongea l’islamisation et l’antichristianisme, même s’il signa la paix, il fut d’ailleurs tué pour cela.

En un mot, le nationalisme arabe ou panarabisme, a été bien moins loin, au-delà de ses concessions cosmétiques, qu’un Atatürk ou un Bourguiba puisque son corps de doctrines s’est constamment nourri de cette lecture islamiste de l’Histoire qui pose le passé comme un éternel présent , tout en croisant cette perception avec l’historiographie marxisante et léniniste basant le capitalisme sur l’impérialisme c’est-à-dire l’accumulation primitive ou pillage qu’auraient apporté les Croisades à l’Occident alors qu’elle fut marginale, et rarement la motivation première .

Ainsi, écrit Paul Balta (L’islam, Marabout/Le Monde Éditions) l’égyptien Gamal Abdel Nasser, le leader incontesté du nationalisme arabe des années 50-60, avançait (p.116) « (…) Nous n’avons jamais dit (…) que nous avions renié notre religion. Nous avons déclaré que notre religion était une religion socialiste et que l’islam, au Moyen Age, a réussi la première expérience socialiste dans le monde » , tout en ajoutant que «Muhammad fut l’imam du socialisme » (p.115) . Cette continuité dite «socialiste» doit être alors pensée non pas dans les termes européens du socialisme, mais comme une institutionnalisation englobant le politique, l’économique, la culture, les mœurs, bref, l’islam, tout en admettant quelques retouches formelles, doté d’une supériorité, théologique et politique, définitive. Michel Aflak, fondateur (chrétien) du parti dit « laïc », Baath , ne disait-il pas que «le souffle du Prophète animera toujours le nationalisme arabe » ?

Ce sentiment est donc porté historiquement par un groupe, «les» Arabes, qui s’auto-conçoit, depuis Mahomet, comme une sorte de caste suprême et ultime à laquelle il s’agit d’appartenir, sous peine d’être marginalisé. Par exemple en payant de lourds impôts comme les chrétiens et les juifs (dhimmis jusqu’à l’arrivée des Occidentaux…), et en effectuant toutes les corvées sur les domaines. D’où le désir des peuples dominés de se convertir le plus vite possible, et d’en être les plus prosélytes (tels les Berbères, y compris aujourd’hui, au Maroc et en Algérie, mais cela devient de plus en plus controversé), au grand dam des dirigeants de l’époque (par exemple les Omeyyades) qui tentèrent, tout le long du VIIème siècle , de décourager cette pratique entraînant une nette diminution des rentrées fiscales, et une raréfaction de la main d’œuvre. Ce dernier aspect expliquera d’ailleurs l’essor de l’esclavage dans les pays islamisés, en particulier venu d’Afrique (de douze à dix huit millions sur un millénaire ) lorsque celui venu des pays Slaves vint à se tarir.

Dès le début observe Balta (page 102) , les « Arabes avaient fait la symbiose entre foi et ethnie, islam et arabité. Ils estimaient (et certains estiment encore) avoir la prééminence sur les autres musulmans. (Note 1 : Il est vrai que Bokhari cite ce hadith de Mahomet : «L’abaissement des Arabes est celui de l’islam»)».

Cette fusion entre peuple et religion n’est certes pas l’apanage arabe, mais, à la différence des juifs, il y a volonté d’imposer l’islam comme seule vraie religion, et aussi de considérer qu’il n’est point besoin d’autre chose que l’islam. La question, en corollaire, n’est alors pas de se demander si démocratie et islam, si islam et développement, sont compatibles, mais si l’islam a besoin de leurs définitions singulières pour exister. La réponse est non jugent nationalistes et islamistes au-delà de leur formes spécifiques. Et poussé à l’extrême cette acception permet de comprendre pourquoi il est possible de lire dans les programmes scolaires, actuels, de l’Arabie Saoudite (qui finance, le plus légalement du monde, nombre de structures en France, en Hollande, en Belgique…) non seulement que ce pays, arabe par excellence, « joue aujourd’hui un rôle dirigeant dans le monde musulman » , mais aussi que la «religion de l’islam est la vraie religion et toute autre religion est fausse. La religion de l’islam est noble et l’emporte sur toutes (les autres) religions. Dieu a accompli Sa promesse, car depuis que le soleil de l’islam s’est levé sur la terre, il est très au-dessus des autres religions » , ou encore la «religion de l’islam (…) a remplacé les religions qui l’avaient précédée» , les juifs étant « la méchanceté dans son essence même » .

A lire cette prose, qui ne s’oppose en rien aux propos précédents tenus par un Nasser ou un Aflak, on observe bien que l’islamisme est un nationalisme de fait, porté par une caste dirigeante, celle des « arabes » qui s’est construite, depuis toujours en réalité, sur une base raciste /absolutiste et non pas séculière. Et au XXème siècle elle a pu s’en justifier, -sans avoir besoin de rendre des comptes tant elle s’auréolait (et elle le fait encore sous nos yeux en Palestine et ailleurs) de lutte anti-colonialiste-, en brandissant plutôt l’exemple du nationalisme allemand et sa dérive nationale-socialiste que les nationalismes anglais, américains, français, et leur acculturation, spécifique mais réelle, dans le régime démocratique.

Cette conception théoraciale de l’Histoire, dont on ne voit pas comment elle aurait civilisé l’Occident , explique alors les liens établis avec l’Allemagne nazie dans les années 1930 -symbolisés par l’allégeance du grand oncle d’Arafat, Husseini, (Mufti de Jérusalem) à Hitler, de même que l’admiration de certains écrivains nazis envers l’islam ; sans oublier le soutien d’Abdel Nasser pour l’effort nazi, un Nasser ayant fait traduire Mein Kampf en arabe et déclaré le 1er mai 1964 à un journal allemand : « Durant la Seconde Guerre mondiale, notre sympathie allait aux Allemands » . Il considérait lui aussi que Les Protocoles des sages de Sion, traduit par La Ligue Arabe, était un document fiable. « Ce texte prouve sans le moindre doute que trois cents sionistes, qui se connaissent tous entre eux, décident du sort du continent européen », avait déclaré Nasser en 1958 à un journal indien.

Dans cette optique, le texte constitutif du Front de libération algérien (1955) mettant en avant la notion de «race arabe» est symptomatique : « Article 4 : L’Algérie est arabe de race et musulmane de foi et continuera à l’être. Elle respecte également les autres religions, croyances et races. Elle condamne toutes doctrines racistes et colonialistes. Article 5 : L’Algérie fait partie intégrante du Maghreb arabe, qui fait partie du monde arabe. Ses aspirations au panarabisme et sa collaboration avec les peuples et gouvernements ainsi qu’avec la Ligue arabe sont tout à fait normales » .
Observons que le « respect » dont parle l’article 4 doit s’appréhender dans le cadre musulman, c’est-à-dire comme dhimmitude, autrement dit citoyenneté de seconde zone, inversant ainsi le colonialisme mais ne l’abolissant pas dans son principe.

Cette conception ne doit pas alors être considérée comme un élément conjoncturel qui serait principalement déductible d’une lutte vengeresse contre la France. Mais le fondement même de l’arabo-islamisme. Ce n’est pas plus accidentel que le panturquisme qui se construisit sur le modèle du nationalisme allemand à partir des années 1909 avec le mouvement des «Jeunes Turcs» dont est issu le génocide arménien amorcé entre 1894-1896 sous Abdul-Hamid II pour se parachever en 1915 avec la bénédiction de son allié, l’Allemagne. Le nationalisme arabe et l’islamisme, ou national-islamisme, sont en réalité les deux faces d’une même supériorité qui doit se protéger de l’étranger en le minorant ou en l’extirpant . Ce qui a pour conséquence d’interdire, d’emblée, toute concession, d’ordre spirituel, et d’ordre territorial .

O
ublier cet aspect condamnerait à ne pas comprendre l’origine majeure des échecs simultanés et successifs de la démocratisation au sein des pays dominés par l’institutionnalisation de l’islam puisque celui-ci aurait réponse à tout. Il explique également l’impossibilité, permanente, de trouver une solution au conflit judéo- arabe .
La création, sous nos yeux, d’un national islamisme dont le racisme, patent, reste le seul à ne pas rendre des comptes, du fait de son auréole anticolonialiste et tiers-mondiste, n’est donc ni la conséquence du conflit judéo-arabe comme on le prétend ni des deux dernières guerres en Irak, mais, au contraire, leur cause première.


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17 février 2007


 

 

Lucien SA Oulahbib

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