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Essai de psycho-analyse des principes de la Fatwa

Parler, c’est différer l’usage de la violence. Parler c’est, de proche en proche, retarder le meurtre, et, en maintenant le dialogue indéfiniment, repousser à jamais l’usage de la violence. Discuter, c’est échanger, partager, de sorte qu’à travers le dialogue, l’Autre devient porteur d’un peu de soi-même, ce qui diffère encore l’usage de la violence.

L’islam a le sentiment d’avoir raté plusieurs siècles, d’être déconnecté de l’Occident qui le nourrit, voilà peut-être pourquoi il n’a rien à dire à l’Occident, et pourquoi il arrive si vite à l’usage de la violence.

Il est difficile de tuer quelqu’un à qui l’on a quelque chose à dire. Voilà aussi pourquoi l’usage systématique de la violence est révélateur d’une absence de message.

Il y a également une autre perspective, complémentaire celle là. J’ai toujours trouvé pathétique ces scénarii de films où, lorsque le vengeur rencontre le criminel, il s’abstient surtout de le tuer tout de suite, mais commence par lui dire tout ce qu’il a à lui dire. Pas parce qu’il tient à le convaincre. Mais parce qu’en le tuant, c’est un peu de lui-même qu’il veut tuer : cette vengeance qui le taraude, qui le torture, cette partie de lui-même qui l’empêche de vivre, il doit la lui confier pour, en le tuant, la tuer. Il y a, me semble-t-il, dans tout meurtre, le meurtre d’un peu de soi-même. Caïn a tué en Abel son propre constat d’échec qui le poursuivait. Et l’Islam tue, en « les mécréants » qu’il condamne, son propre échec.

Il me semble cependant qu’en ce qui concerne la Fatwa et son mode de fonctionnement islamique, on peut aller plus loin, parce qu’il y a là quelque chose de spécifique. En effet, le rituel de l’exécution des « mécréants » condamnés par les fatwas islamiques est encore différent. Les propos énoncés avant la mise à mort ne s’adressent pas au condamné. Ils sont à la fois une affirmation, une sentence, et une proclamation de foi. En somme, ils ne s’adressent à personne. Le bourreau parle mais semble ne s’adresser à personne. Un peu comme si, dans la perspective même du meurtre, la victime était étrangère au règlement de comptes qui s’apprête à s’opérer.

Concernant l’Islam, je crois qu’il ne faut pas perdre de vue le fait que cette religion s’est propagée par la force, et continue d’encourager sa propagation par la violence. Le problème psychologique que soulève un tel mode de propagation est que, n’ayant jamais obtenu l’assentiment préalable de ses adeptes, et interdisant à ses adeptes de renoncer à leur religion, l’Islam ne peut pas non plus l’obtenir a postériori : en somme, aucun musulman ne peut jamais se dire librement musulman. Il y a donc, en chaque musulman, et surtout en tout musulman fervent, un mécréant révolté qui hurle derrière le baillonnement qui lui est imposé – que ce soit par autrui ou par sa situation – .

A travers cette proclamation de la fatwa, et la sentence impitoyable qu’elle exprime, l’Islam décide, en tuant ce qu’il appelle des «mécréants », de tuer en chaque musulman l’homme libre qui bout, l’humaniste qui demande le dialogue, l’homme qui voudrait être homme, vivant. Voilà pourquoi, me semble-t-il, il n’y a dans ces confrontations – celle de l’islam avec l’occident, et celle de l’islamiste avec sa victime – ni discours ni dialogue, mais proclamation et violence.