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Le mythe de la croissance verte

Dans un article publié par le Financial Times [2] , le journaliste Simon Kuper fustige le mythe de la croissance verte. Il souligne une totale contradiction entre les injonctions du GIEC et le maintien de la croissance économique fût-elle verte. La seule façon cohérente d’atteindre les objectifs de réduction des émissions anthropiques de gaz à effet de serre prescrites par le GIEC serait de stopper immédiatement la croissance, ce à quoi la démocratie ne survivrait pas.


Voici l’histoire du climat que les gens de gauche aiment à se raconter.

Une fois que nous serons débarrassés des politiciens dinosaures comme Donald Trump, nous pourrons affronter le lobby des combustibles fossiles et les sociétés cupides et nous voterons un « new deal vert » qui financera les industries propres à croissance rapide: solaire, éolien, véhicules électriques, vêtements durables. Ce sera gagnant-gagnant : nous verdirons nos sociétés et continuerons à consommer.

Malheureusement, cette croissance verte est un mirage, du moins à échéance des deux prochaines décennies. Notre génération doit donc choisir : la transition écologique ou la croissance, car nous ne pourrons pas avoir les deux en même temps.

Si le GIEC dit vrai, nous devrions d’ici 2030 diviser par deux les émissions mondiales de carbone pour limiter la hausse des températures de la planète à 1,5 ° C. Or non seulement la population mondiale s’accroît mais la richesse globale augmente en même temps ( le revenu mondial par habitant augmente d’environ 2% par an) induisant une augmentation des émissions de CO2 .

Pour réaliser une croissance verte il faudrait émettre beaucoup moins de carbone par unité de PIB. Certes, la quantité de carbone nécessaire pour produire un dollar de PIB diminue d’environ 0,4% par an. Mais selon le groupe de réflexion REN21 [3] (spécialiste des énergies renouvelables pour le XXIe siècle ) l’intensité carbone de l’économie mondiale devrait diminuer au moins 10 fois plus vite. Même si les énergies renouvelables décollent (elles représentent selon REN21 plus de 10% de la consommation totale d’énergie et leur part pourrait atteindre environ 30% en 2050), le GIEC estime que la part cette part devrait être le double de cet objectif. Or l’investissement mondial dans les projets d’énergie propre est tombé à son plus bas niveau en six ans au premier semestre de 2019 (selon Bloomberg New Energy Finance) .

Si les économies européennes ont au cours des dernières décennies pu augmenter leur PIB tout en réduisant leurs émissions, c’est essentiellement parce que ces pays ont délocalisé leurs émissions : une grande partie de leur production est maintenant fabriquée en Asie. le Global Carbon Project a calculé qu’après prise en compte des émissions incorporées dans les produits importés, les émissions de carbone de l’UE sont environ 19% plus élevées que les chiffres officiels. De plus, l’aviation et le transport maritime ne sont pas comptabilisés dans les budgets carbone nationaux.

L’infrastructure que nous utiliserons au cours des prochaines décennies est en grande partie déjà construite et elle n’est pas verte. La plupart des avions et des porte-conteneurs actuels seront encore utilisés d’ici 2040. En 2040 également, la plupart des gens vivront dans les mêmes rues qu’aujourd’hui, conduisant toujours des voitures. Les véhicules électriques ne nous sauveront pas : leurs émissions au cours de leur cycle de vie sont excessivement élevées : extraction du lithium, fabrication des batteries, expédition des voitures, production de l’électricité nécessaire à leur propulsion.

Le plus grand projet d’infrastructure au monde est le Belt and Road [4], en Chine qui est un réseau d’autoroutes, de ports, de cimenteries, de centrales électriques (dont beaucoup fonctionnent au charbon) est tout sauf vert.

La seule façon cohérente d’obéir aux injonctions du GIEC serait la « décroissance », mais pas en 2050, maintenant : ne plus prendre l’avion, s’abstenir de manger de la viande et d’acheter des vêtements, interdire les voitures privées, installer le monde dans une longue dépression économique pour sauver la planète. C’est en gros ce que nous propose de Greta Thunberg .

Mais dans quel monde vivrions nous ? la croissance économique, la démocratie et le CO2 ont toujours été liés. La croissance et la démocratie n’existaient pas ou à peine avant que le charbon n’apparaisse pour permettre l’éclosion de la révolution industrielle. La démocratie survivrait-elle au carbone? Nous ne le saurons jamais car personne ne votera pour détruire son propre mode de vie.

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