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Ivan Rioufol : Chronique d’une année de crises

Ce recueil des chroniques d’Ivan Rioufol, publiées en 2008 dans son bloc-notes du Figaro, souligne parfaitement les dérives, l’aveuglement, la pensée « moutonnière » dont se fait écho un journalisme de « copié-collé, » de l’année 2008. Année qu’il qualifie « d’année des bulles. Le champagne en moins. » Ce qui donne le ton.

 Même pour ceux qui ont lu chaque semaine le bloc-notes d’Ivan Rioufol, ce recueil est précieux car l’auteur, qui se définit comme « un historien de l’instant, » animé par « la curiosité, » le refus de « la facilité, » la « motivation de bien faire son travail, » y dénonce le refus de voir les réalités, les travers, les fautes même, des acteurs de la vie politique, associative, syndicaliste, médiatique, au fil des événements vécus en France. Un rappel nécessaire des inepties dont on nous abreuve au quotidien. Une analyse imparable et salutaire de « la fragilité de la démocratie, » des « faiblesses de diagnostic, » de « l’écueil de la naïveté, » de la nécessité de « repenser l’immigration, » de « l’auuto-destruction du PS, »des dangers du multiculturalisme, couplé à une déculturation. Ou encore du détournement de ce qu’est réellement Barack Obama vu par le prisme déformant d’une obamania de rigueur.

On y découvre à quel point l’épouse du Président de la République abonde dans une vision allant à l’encontre des principes posés par son époux lorsqu’il était candidat à la présidence. Officialisant ainsi «  les bons sentiments. » Entre autres rappels de taille.

De plus, comme le souligne Francine Girond, Fondatrice des Editions de Passy, qui publie là un second recueil d’Ivan Rioufol et a également publié le Blognadel 2009 dans sa collection L’Observatoire, s’ajoutent à «la pertinence et le courage, des qualité littéraires » indéniables. Et un humour décapant.

Lors du déjeuner de presse organisé pour le lancement du livre on a eu, justement, un exemple parlant de mauvais journalisme dénoncé par Ivan Rioufol. C’était à propos de la remise en cause du « droit du sol. » Ivan Rioufol se prononçait pour « un droit de la volonté, » autrement dit « un acte d’engagement, » et non « une nationalité imposée. » Un journaliste présent s’en insurgeait dans son coin ayant compris à tort – ou choisi de comprendre- que son confrère se prononçait pour un « droit du sang. » Ivan Rioufol poursuivait d’ailleurs en précisant que cet acte d’engagement donnerait « une forme d’intégration plus solide. » Dans son ouvrage il rappelle, à ce propos, que « des Français se vivent comme étrangers à la nation. » Rendant hommage à des personnalités telles que Malek Boutih ou Fadela Amara, qui « défendent la seule méritocratie républicaine et la fierté d’être français. »

Il y a dans cet ouvrage quelques lueurs d’espoir aussi. Là où il y a matière à le faire. Cette année encore, Ivan Rioufol poursuivra son observation attentive de la société française à l’heure « d’une crise qui, si elle n’avait pas de répercussions sociales dramatiques, pourrait être une aubaine. » Ce qui « sera passionnant, » note-t-il.

 

Ivan Rioufol, Chronique d’une année de crises, Les Editions de Passy, Collection L’observatoire, 189 pages, 20 €

 

Hélène Keller-Lind