Le climatisme consiste à exploiter la crainte de la nature pour en tirer du pouvoir, de l'argent et de la considération sociale

La climatologie est une science. Le climatisme, une idéologie. Les climatologues sont des scientifiques. Les climatistes sont des agitateurs sociaux ou politiques qui abusent de la climatologie au service d'idéologues. La climatologie est, et a toujours été, une recherche de la vérité sur la nature. Le climatisme consiste à exploiter la peur de la nature pour en tirer du pouvoir, de l'argent et de la considération sociale.

Naguère, les discussions savantes sur le climat, sinon le temps qu'il fera demain, étaient réservées aux climatologues. Aujourd'hui, le débat public sur le climat dans les médias occidentaux est dominé, voire monopolisé par les climatistes. Tous les jours l'Américain, le Canadien, l'Européen, le Japonais, ou l'Australien typique rencontre le climatisme, mais la climatologie pratiquement jamais. Le climatisme est une idéologie occidentale qui, pour l'essentiel, ne réussit pas à élargir son domaine d'influence au-delà des riches des pays riches.

Le climatisme prétend qu'il faudrait s'attendre à des changements du climat graves voire catastrophiques (mais pas tout de suite). La souche primaire du climatisme est celle que connaît le grand public, à savoir que la terre se réchaufferait rapidement (climatisme C). Ce qui serait affreux. Les êtres humains qui agissent selon leur nature, c'est à dire qui se livrent à des activités humaines, en seraient responsables.

Cependant, le climatisme aurait la solution : une traque impitoyable du carbone dans l'ensemble du monde, par une réglementation universelle et intrusive de l'activité économique ainsi que des choix personnels, de la consommation et la mobilité individuelles, jusqu'à la procréation. La souche secondaire, peu connue du public, est que la terre va bientôt se refroidir de façon spectaculaire (climatisme F). Ce qui est terrible mais tout à fait naturel. Les êtres humains n'y sont pour rien et de toutes façons il en restera bien peu pour s'en soucier, à supposer qu'ils se conforment seulement à certaines règles de survie. Il y a des centaines de sites web qui se consacrent à des déclarations oraculaires et obsessionnelles dans la souche C du climatisme, et quelques dizaines dans la souche F. Le climatisme C est l'"isme" à la mode de la décennie. Cela veut dire peut-être que, dans la prochaine décennie, c'est le climatisme F qui se trouvera adopté par une nouvelle cohorte de célébrités. La mode est frivole, et les célébrités vont et viennent.

L'intersection du climatisme C (et, bientôt, du climatisme F) avec la stratégie d'entreprise, les portefeuilles de placement, l'investissement en capital et les produits et services de consommation — de même, bien sûr, que la sécurité nationale et le Nouvel Ordre Mondial fait l'objet d'un examen incessant dans des dizaines de séminaires, conférences, conclaves et réunions élitistes pour initiés.

Pour matraquer le public, ils se réclament de l'autorité de la science et des mystères de la nomenclature scientifique

Comme C. S. Lewis l'écrivait de l'historicisme et du scientisme qui empoisonnaient sa propre génération, ces "ismes"-là expriment "le suave poison d'un faux infinitif". Son contemporain Ronald Knox, méditant sur les mêmes "ismes", écrivait

"c'est l'avenir du monde et non le monde à venir qui occupait leurs pensées et, dans une espèce de confucianisme inversé, ils s'adonnaient au culte de leurs petits-enfant's".

Pour Lewis et pour Knox, les "ismes" présentent aux gens la tentation de vivre dans l'avenir plutôt que dans le présent qui est notre réalité, parce que l'avenir inspire aussi bien l'espoir que la crainte et que cela, on peut l'exploiter.

Les climatistes se saisissent d'un bout de vérité vérifiable, et ils la gonflent pour lui faire englober un immense domaine de la nature et l'activité humaine. Pour matraquer le public, ils se réclament de l'autorité de la science et des mystères de la nomenclature scientifique. Les climatistes ont toujours raison. Les climatologues reconnaissent d'emblée leurs incertitudes.

Les climatistes invitent par la force tout événement, observation ou tendance, si contradictoires ou manifestement sans pertinence qu'ils soient, à "prouver" leur supériorité : des pingouins aux ours polaires, aux déluges et à la sécheresse, aux déserts qui bougent et aux forêts tropicales, aux glaciers qui avancent et qui reculent, aux calottes glaciaires qui s'épaississent ou deviennent plus minces, aux nuages lumineux nocturnes (nuages d'altitude qui sont faits de glace chimique et qui brillent dans la nuit comme des joyaux), aux éruptions volcaniques et aux typhons, au vent solaire et à la vapeur d'eau, et bien entendu, à de tout petits changements de la part du dioxyde de carbone dans la composition de l'atmosphère. Les climatologues reconnaissent pour leur part qu'il y a beaucoup de choses qu'ils ne peuvent pas faire coller ni expliquer, a fortiori prévoir.

Le temps ne travaille plus pour le climatisme C Il lui faut percer dans les 2 prochaines années, sinon il échouera

Le climatisme C, jusqu'à une période récente, a réussi à capter l'imagination politique de l'Occident et de bureaucrates internationaux payés et flattés par l'Occident, ainsi que l'ensemble des programmes occidentaux en matière d'énergie et d'environnement. Il y a complètement échoué dans le reste du monde, en particulier les pays du Sud.

Dans le débat public sur le climat, les climatologues ont joué le rôle de la majorité silencieuse. On dirait que c'est en train de changer, à mesure que de plus en plus de savants aussi bien en Occident que dans le reste du monde (particulièrement en Russie et en Inde) remettent en cause le climatisme C.

Même si politiquement le climatisme C demeure puissant, il se peut qu'il ait passé son maximum et se trouve aujourd'hui en déclin. Dans les pays du Sud, il est battu en tant qu'idéologie, quoique encore dominant comme slogan toujours bon à prendre. En Occident, ses victoires effectives sont jusqu'à présent mineures même si on en a fait tout le cas possible. Le temps ne travaille plus pour le climatisme C. Il lui faut percer dans les 2 prochaines années, sinon il échouera. Il s'est certainement s'insinué dans plusieurs éléments du "Plan de relance."

Pour ce qui est du climatisme F, étant donné qu'il n'est pas un programme politique, son succès ou échec idéologique est sans conséquence pour la politique mais, comme tout ce qui influence les valeurs et les décisions de millions de personnes, il a certaines implications pour les entrepreneurs et les investisseurs.

Pourquoi le climatisme C domine-t-il le discours public ?

Le climatisme C a un avantage énorme: il a très bien assimilé les leçons des divers "ismes" collectivistes et matérialistes du XX° siècle : le réductionnisme scientiste, le communisme, le fascisme, le socialisme et en fait le racisme lui-même. Ayant assimilé ces leçons, il les applique de façon experte à la situation du début du XXI° siècle, et affiche sa maîtrise de la propagande et de la communication politique de masse.

Si on peut éliminer le raisonnement, l'expérience et la révélation comme moyens de connaissance, alors il ne reste plus que l'autorité

Les programme du climatisme C est simple et efficace :

d'abord exploiter une Grande Peur dans le grand public. Si cette peur-là ne domine pas au départ, alors il faut la fabriquer, puisqu'au XXI° siècle, la civilisation urbaine occidentale se laisse beaucoup plus impressionner par une réalité fabriquée ou synthétique que par la vérité.

Ensuite, proposer de lever cette grande peur en échange d'un immense pouvoir, d'immenses richesses et d'un immense prestige.

Les "ismes" du XX° siècle se sont rendus compte qu'il y avait pour les gens quatre manières de savoir les choses : par le raisonnement, par l'expérience, par la révélation et par l'autorité. Si on peut éliminer le raisonnement, l'expérience et la révélation comme moyens de connaissance, alors il ne reste plus que l'autorité, et cette autorité on peut s'en emparer par l'affirmation, la répétition et l'intimidation.

Sur le climat mondial, le profane est incapable de raisonner . Le temps, les efforts et la formation intellectuelle ne sont tout simplement pas accessibles à 99 % de la population. La raison, comme source de connaissance, s'en trouve éliminée.

Les citadins occidentaux modernes n'ont aucune expérience de la nature comme ensemble diversifié, cyclique et hiérarchique. L'homme ou la femme modernes en Occident n'ont aucune capacité de "lire" la nature et ses nombreux signaux, indicateurs et relations. Les gens ne peuvent pas directement ressentir les signaux que fournit la nature pour savoir si le climat mondial se réchauffe, se refroidit ou s'il oscille doucement et périodiquement. L'expérience est donc éliminée comme source d'information.

Quant à la révélation, elle n'est tout simplement pas accessible à l'esprit matérialiste et réductionniste de l'homme ou de la femme du XXI° siècle en Occident.

Ce qui laisse l'autorité comme seule origine de la connaissance.

Or, l'autorité, pour beaucoup en Occident, réside dans des boîtes noires qui sont des modèles mathématiques opaques, complexes, et qui prétendent fournir des informations sur l'avenir. La culture majoritaire actuelle en Occident attribue à ces modèles le même pouvoir qu'aux idoles de pierre et aux totems taillés des cultures anciennes et de celles qui sont encore vivaces en Asie et en Afrique ; mais chacun sait que les idoles ont des oreilles qui n'entendent pas et des yeux qui ne voient pas, mais n'en exigent pas moins régulièrement de vastes sacrifices de richesses et de sang.

La société occidentale, de même que les sociétés qui singent le raffinement et la sophistique des occidentaux sont peut-être les plus crédules de l'histoire de l'humanité.

Les produits de ces modèles, que l'on trouve partout, la plupart des gens s'en servent presque quotidiennement. Ce sont des modèles quantitatifs sur le temps qu'il fera la semaine prochaine ; sur les marchés des actions, du crédit, des matières premières et du logement ; dans l'économie, la population, la criminalité, la politique, la ville, la maladie, le jeu, l'espace : tout ce qui nous intéresse de près ou de loin.

Les modèles sont la réalité artificielle de notre époque. Ce sont les entrailles de bouc du XXI° siècle. De même que le choix du bon bouc à tuer et l'interprétation des entrailles était le domaine des élus parmi les élus, de l'élite adoubée par elle-même, c'est aussi le cas de ces modèles. Les gens ont l'obsession de connaître l'avenir et ce sont les modèles qui fournissent la porte d'entrée vers le mois qui va suivre, vers l'année prochaine, la prochaine décennie, y compris les trois ou quatre décennies à venir. La société occidentale, de même que les sociétés qui singent le raffinement et la sophistique occidentaux sont peut-être les plus crédules de l'histoire de l'humanité. Beaucoup d'entre nous croiront pratiquement tout ce qu'un personnage leur dira avec assurance s'il agite un modèle mathématique, des données invérifiables, et peut citer dix autres individus comme sources de sa crédibilité. Naturellement, ceux qui font les modèles et ceux qui les gardent sont investis d'une autorité impressionnante. Les climatistes C prétendent détenir les modèles qui présagent de terribles conséquences pour le réchauffement climatique causé par l'activité humaine. La peur du climat, pour nombre de personnes en Occident, est devenue la crainte persistante de notre temps.

En finance et en économie, les modèles quantitatifs ont fait des promesses folles et ils ont massivement déçu. Ces modèles échouent à prévoir et même aider à gérer tactiquement la trajectoire des marchés financiers, des matières premières, du travail, de l'immobilier ou de tout autre aspect important de l'économie réelle.

S'agissait-il d'alerter leurs semblables (ou du moins les habitués de certains sites web) sur l'imminence des retournements et inflexions du marché et sur la manière de s'adapter à un changement de cap et à une volatilité paralysante ? Eh bien une poignée d'analystes, de gestionnaires de fonds, d'investisseurs et d'amateurs talentueux, s'appuyant sur une plus grande expérience, de meilleures informations, un jugement plus sûr et la bénédiction passagère de la chance ont fait un bien meilleur travail que les gardiens des modèles et leurs adorateurs Meilleur ne signifiant pas infaillible, ni même excellent.

La citation du début de ce texte est tirée d'une lettre du pape Grégoire le Grand à Ethelbert, roi des Angles (en juin 601). Grégoire était l'un des hommes les plus talentueux, savants et accomplis du Moyen Age. Si même quelqu'un comme lui pouvait se tromper, alors pourquoi faudrait-il qu'aujourd'hui les investisseurs et toute personne intéressées devraient-ils gober ce que raconte n'importe quelque climatiste, simple gardien auto-proclamé de "la boîte noire"?

L'investisseur ordinaire ferait bien mieux de chercher plus d'une source d'information, compléter prévisions et prédictions par une planification de scénarios, envisager des cas de figure pour sa vie personnelle et pour ses placements, et accepter le fait que le plus souvent, dans la plupart des endroits, le rendement garanti, les paris imperdables, les évolutions sans heurt et les annuités invariables n'existent tout simplement pas pour la plupart des gens. Que dans le monde matériel ce sont la stabilité, le caractère reproductible et la sécurité qui s'écartent de la norme. Trait_html_691a601b.jpg

Ce texte est paru le 6 mai 2009 sur le site web de la société Dar & Company sous le titre : "Climatology Versus Climatism: Investors Should Know The Difference". Traduction de François Guillaumat.