Nombreux sont les lecteurs qui m'ont alerté récemment au sujet du déchaînement politico-médiatique catastrophiste qui se développe de nos jours en francophonie (mais pas nécessairement ailleurs), à propos du climat. Beaucoup prévoient que la préparation de la réunion COP21 de l'ONU qui doit se tenir à Paris en fin 2015 est l'occasion de lancer une campagne orchestrée destinée à persuader nos compatriotes (réticents) que "la fin du monde est pour bientôt" si nous ne faisons pas ce que certains voudraient que nous fassions.
Il est vrai que les occasions n'ont pas manqué, récemment, d'en rajouter une couche, telles la publication du dernier Rapport de Synthèse du GIEC (qui n'est rien d'autre qu'une approximation a-scientifique du Résumé pour les Décideurs de l'AR5 qui n'était lui-même qu'une caricature du rapport scientifique complet AR5, comme beaucoup d'autres scientifiques l'ont dit avant moi ainsi que je l'ai relaté dans les billets précédents), telles les réunions répétées des responsables du GIEC ou des politiques lors de divers sommets, toujours planétaires, etc.
Tout cela peut sembler très inquiétant et cela l'est surtout pour les quidams qui ne se plongent jamais dans les courbes, les données et les graphiques publiés par les instituts dédiés ou dans les revues scientifiques, comme la plupart de nos contemporains.
Mais, au fait, y a-t-il vraiment des raisons objectives de s'inquiéter au sujet du climat de la planète ? Et si oui, à quel sujet ?
C'est ce que nous allons voir dans ce billet, à partir des mesures objectives et en nous appuyant, parfois, sur le dernier Rapport Scientifique Complet du GIEC, l'AR5, qu'aucun de nos décideurs inquiets, ou de nos communiquants alarmistes, ne semble avoir lu avant de forger leur opinion… et celle des autres.
Nous allons donc passer en revue les évolutions, jusqu'à présent et successivement, des glaces des pôles, de la température du globe, de la hausse du niveau des mers, des événements météorologiques, dits "extrêmes" à la lumière des indicateurs officiels et des articles scientifiques parus récemment.
Et nous verrons s'il y a lieu de s'inquiéter comme "on" nous assure qu'il convient de le faire…
1) La glace des pôles :
1.A) Pôle Nord : L'océan arctique.
Il s'agit de l'évolution de l'extension de la surface de la mer arctique qui contient au moins 15% de glace, ce qui est le critère généralement retenu et notamment par le GIEC d'après l'Institut Danois DMI.
La variation de l'extension de la surface glacée relative à l'année 2014 est représentée par le gros trait noir.
Comme on peut l'observer, lors du minimum d'extension, observé vers le 10 septembre, c'est à dire au moment du maximum de la fonte, l'extension de la surface glacée de l'arctique de cette année est supérieure à celle des années 2010, 2011, 2012, 2013, et aussi 2007 et 2008 qui ne figurent pas sur ce graphique.
D'autre part, le graphique de l'organisme japonais IARC-JAXA montre qu'actuellement, l'extension de la glace arctique est assez proche de l'extension moyenne des années 2000.
L'évolution positive de l'englacement de l'océan arctique durant ces dernières années est également clairement visible sur le graphique suivant qui provient de Cryosphere (Université de l'Illinois, Urbana-Champaign, Polar Research Group). (Pour tout ce qui est en trait noir).
J'ai superposé à ce graphique deux interpolations-extrapolations possibles (L'une de couleur rouge, l'autre de couleur bleue.) afin d'illustrer les deux points de vue qui s'affrontent quant au futur proche de l'évolution de la glace arctique.
La courbe en rouge représente le point de vue pessimiste tel qu'on peut le lire sous la plume de chercheurs engagés avec le GIEC, tel Marc Serreze du NSIDC qui parle de "spirale mortelle", ou encore, d'Al Gore qui, lui, avait carrément prédit la disparition de la glace arctique en déclarant, lors de la cérémonie de la remise de son prix Nobel de la Paix (conjointement avec le GIEC), en 2007 que : "La calotte glaciaire est en chute libre. Elle pourrait avoir disparu, en été, dans près de 7 ans".
Comme on le voit, c'était faux.
La courbe en bleu illustre le point de vue des chercheurs qui, se rapportant aux oscillations des indices des températures océaniques (et plus précisément de l'AMO), pensent que la mer glacée arctique pourrait s'épaissir et résister de mieux en mieux à la fonte de l'été dans les années qui viennent (tels, par exemple Judith Curry).
De fait, personne ne connaît avec certitude la réponse à cette question, même si les observations actuelles vont plutôt dans le sens de la courbe en bleu.
"Time will tell" comme disent les américains des USA, c'est à dire, "l'avenir nous le dira"… Cependant, il existe un autre indicateur qui va dans le sens des optimistes. Il s'agit de l'observation de l'évolution du volume de la glace arctique et non plus seulement de son extension.
Voyons ce qu'il en est.
Evolution récente du volume de la glace arctique :
Le graphe ci-contre (établi d'après les bases de données de PIOMAS (Polar Science Center)) indique l'évolution du volume de la glace arctique au cours des mois de Septembre successifs qui sont les mois durant lesquels l'extension de l'arctique atteint le minimum d'extension.
Comme on le voit, le volume de la glace arctique en septembre a diminué jusqu'en 2012 puis est reparti à la hausse durant les deux dernières années. Le volume de la glace arctique durant le mois de Septembre 2014 est un peu inférieur à celui observé en 2008 mais il est supérieur à celui de tous les autres mois de Septembre depuis 2007 (inclus).
A noter que, bien que l'extension minimale de la glace arctique soit, en 2014 assez proche de celle observée en 2013, son volume et donc, son épaisseur, a sensiblement augmenté en 2014 ce qui laisse présager une meilleure résistance lors de la prochaine fonte, en été 2015.
Bien entendu, ceci va à l'encontre de la fameuse prédiction de la "spiral death", la "spirale mortelle" pronostiquée par les tenants du GIEC qui extrapolaient le graphe indiquant la décroissance de la surface glacée arctique comme cela est indiqué par le trait rouge que j'ai reporté sur le graphe ci-dessus.
Enfin, et c'est d'une grande importance dans cette discussion, on sait que les anomalies de température en Arctique dans les années 1920-1930 étaient assez semblables à ce qu'elles sont aujourd'hui, ce dont on ne peut certes pas rendre responsables les émissions anthropiques de CO2. Voici ce qui est écrit dans le dernier rapport (c'est à dire dans le rapport scientifique complet et non pas dans le Résumé pour les Politiques (SPM), ni dans le récent "rapport de synthèse") du GIEC, l'AR5 (publié en 2013) (cité par Judith Curry) :
“Les anomalies de la température en Arctique dans les années 1930 étaient apparemment aussi importantes que celles des années 1990 et des années 2000. Il y a encore de nombreuses discussions au sujet des causes profondes qui sont à l'origine des anomalies de température dans l'Arctique dans les années 1920 et dans les années 1930." – GIEC AR5 Chapitre 10 |
J'ai évoqué plusieurs fois cette question dans cette page (Chylek, Tsonis etc.).
A ce sujet, Richard Lindzen, souvent cité dans ce site, aime présenter la diapositive ci-contre, lors de ses conférences traitant de la glace arctique :
Le texte date de …1922. Il est issu du "US Weather Bureau", l'organisme officiel de la météorologie de l'époque. En voici une traduction :
"L'Océan Arctique se réchauffe, les icebergs se font de plus en plus rares et dans certains endroits les phoques trouvent l'eau trop chaude. Tous les rapports pointent vers un changement radical des conditions climatiques et jusqu'à des températures inconnues jusqu'à présent dans la zone arctique. Des expéditions nous rapportent que pratiquement aucune glace n'a été vue au dessus d'une latitude de 81 degrés 29 minutes. D'énormes masse de glace ont été remplacées par des moraines de terre et des pierres tandis qu'en de nombreux endroits, des glaciers bien connus ont entièrement disparu." |
On croirait lire la presse actuelle…Dès lors, d'aucuns pourraient penser qu'il serait sans doute utile, sinon indispensable, de trouver une explication rationnelle pour la fonte intense de l'Arctique survenue dans les années 1920 et les années 1930, attestée par le GIEC dans son dernier rapport, ainsi que le regel qui s'en est ensuivi, avant d'incriminer les activités humaines pour la période actuelle.
Assez bizarrement, ce n'est pas l'option qui a été choisie par la communauté des climatologues, bien que le GIEC avoue clairement sa perplexité au sujet du réchauffement arctique des années 1920-1940.
Examinons, à présent, ce qu'il en est de la banquise à l'autre bout du monde : la banquise antarctique.
1.B) La banquise antarctique :
Source : Cryosphere (Université de l'Illinois)
L'évolution de la surface (extent) de la banquise antarctique est représentée en jaune.
Comme on le voit, la banquise antarctique a battu, cette année encore, le record absolu d'extension depuis le début des mesures répertoriées.
A noter que cette extension a été nettement au dessus de la moyenne durant la quasi totalité de l'année, même pendant l'été austral.
Ce record d'extension reflète une tendance générale qui se poursuit au moins depuis les années 1990, ainsi qu'on peut le voir sur le graphique des données mensuelles ci-contre, tiré de la même source (Cryosphere de l'Université de l'Illinois).
La progression de l'englacement de la banquise antarctique peut réserver des surprises aux "touristes des pôles" comme ceux (des journalistes, des scientifiques, des touristes et une politique) qui s'étaient joyeusement embarqués en fin Novembre 2013 à bord de l'Akademik Chokalski et qui se sont retrouvés piégés à Noël, loin du continent, dans la banquise antarctique en plein été austral (photo ci-contre). Il a fallu mobiliser, à plusieurs reprises, de gros moyens pour les sortir de ce mauvais pas.
De même, il est évident que la progression de la superficie de la banquise antarctique et le dégel tardif posent aussi de sérieux problèmes pour le ravitaillement des bases antarctiques par voie maritime ne serait-ce qu'en raccourcissant sérieusement la période d'accès au continent.
1.C) La surface des glaces des mers polaires : Glace arctique + banquise antarctique (Cryosphere)
Comme on peut le voir, au cours des deux dernières années, c'est à dire en 2013 et 2014, l'extension des surfaces glacées du globe a rejoint ou est repassée au dessus de la "normale", c'est à dire au dessus de la moyenne des années 1979-2008.
Ainsi et au vu de l'évolution actuelle des observations, il n'y a aucune raison objective de prêcher l'alarmisme en ce qui concerne l'extension des glaces des deux mers polaires. Bien au contraire.
2) La température moyenne de la surface du globe :
Voici les représentations des données mensuelles données par deux organismes représentatifs des mesures thermométriques (ici le GISS de la NASA) et des mesures satellitaires (ici, le RSS-MSU), depuis 1997 jusqu'au mois d'octobre de cette année.
Comme chacun le sait, il s'agit ici d'une représentation de ce que d'aucuns nomment "le plateau" des températures qui se prolonge depuis au moins 17 ans et d'autres qui supposent que les températures vont remonter, "le hiatus".
Les bases de données utilisées ici sont les bases "officielles" de ces deux organismes telles que je les ai référencées dans les billets précédents. Les ordonnées ont été translatées verticalement pour les aligner sur la même période de référence (ici 1981-2010) afin de pouvoir les comparer entre elles comme je l'ai expliqué ici.
Comme on le voit et comme on s'y attend étant donné le très faible incrément temporel par rapport à l'année dernière, au vu des graphes des températures mensuelles et compte tenu des fluctuations, il ne se passe rien de particulier en 2014 par rapport à 2013 ni par rapport aux années précédentes du millenium.
Nous avons pourtant tous entendu et lu dans les médias que "les mois d'août ou(et) de Septembre était les plus chauds depuis le début des relevés" ainsi que d'autres affirmations du même genre, pratiquement jamais sourcées. Si c'est exact, cela ne l'est que pour les instituts qui utilisent les mesures thermométriques qui dérivent d'ailleurs, toutes, d'une seule base de données appelée le GHCN (Global Historical Climatology Network) (voir ci-dessous). Les données satellitaires indépendantes entre elles, que ce soient celles de l'UAH (Université de l'Alabama, Hunstville) ou celles de l'organisme RSS-MSU qui n'utilisent pas les mêmes satellites, concourent pour indiquer que les températures du globe des mois d'Août, Septembre etc. ne figurent pas en haut du classement des températures. Autrement dit, nous avons affaire à trois systèmes de mesures réellement indépendants, deux satellitaires et une thermométrique.
Ceci mérite quelques explications.
2.A) Divergences entre les différentes institutions
On peut observer une divergence croissante, au cours du temps, entre les données thermométriques (GISS-NASA, NOAA) et les mesures satellitaires (ici le RSS-MSU).
Voici, ci-contre, un zoom sur les divergences observées entre les mesures thermométriques et les mesures satellitaires dans les années 2013 et 2014.
On peut s'étonner de cette divergence sachant qu'elle atteint parfois les 0,3°C (ce qui représente près de la moitié du réchauffement observé au XXe siècle) si on se souvient que les organismes responsables de ces mesures estiment que les incertitudes sont de l'ordre de 0,05°C (soit 5 centièmes de degrés pour la surface du globe (!)).
Les divergences observées étant largement supérieures aux incertitudes cumulées, on peut se dire que soit l'une des deux mesures est fausse, soit les deux.
Mais qu'en est-il de la base des données thermométriques ?
2.B) La base GHCN des données des mesures thermométriques :
Le site de la National Oceanic and Atmospheric Administration, la NOAA donne une représentation des anomalies de température pour le mois de Septembre 2014, (ici, seulement les terres émergées) réparties sur le globe et illustrées selon le code des couleurs indiqué en dessous de la figure, selon les données thermométriques tabulées par le GHCN comme indiqué.
1) La taille des petits carrés donne une indication sur les méthodes d'homogénéisation adoptées par le GHCN et ses utilisateurs. Ainsi observe-t-on que ces carrés dans lesquels la température est supposée varier de la même manière, sont d'une taille approximativement égale à la moitié de la France ce qui présuppose que les anomalies de température affecteraient, de la même manière, des portions distantes de quelques 500 km.
2) Comme cela est indiqué, en petits caractères, à droite et en bas de ce document, les parties en grisé représentent les "données manquantes" dans l'établissement de la base de données du globe.
Si, dans le cas présent, on n'est guère surpris de constater que le continent antarctique ne comporte que quelques rares thermomètres, on s'étonne de la très faible couverture thermométrique de l'Afrique, de l'Amérique du Sud, de l'Alaska, du Groenland, de la Sibérie etc. bref, d'une portion très importante de la surface des continents de la planète.
Dans ces conditions, on peut s'étonner, une fois encore, que les organismes qui se basent sur cette base de données, affirment que leurs évaluations pour la température moyenne de la surface du globe, pris dans sa totalité, sont obtenues avec une incertitude de 5 centièmes de degré.
A titre d'information, il apparaît que le mois de Septembre 2014 n'est, en réalité, que le neuvième mois de septembre le plus chaud pour l'UAH (ci-dessous satellite version 5.5, et le huitième pour la version 5.6), le onzième ou douzième pour le RSS-MSU (satellite) (voir les graphiques ci-dessous) mais il est le premier pour la NOAA (ou la NASA qui utilisent la même base GHCN). Autrement dit, deux mesures indépendantes entre elles sur trois, contredisent la troisième et ce, bien au delà des marges d'erreur proclamées.
Voici deux graphiques (tracés ici avec WFT) qui donnent les températures pour tous les mois de Septembre depuis 1979 pour le RSS-MSU et pour l'UAH (ici version 5.5 utilisée par WFT). Les points bleus indiquent les températures des mois de Septembre précédents qui ont été supérieures à celle du mois de Septembre 2014. A noter que les bases de données UAH et RSS n'utilisent pas la même période référence comme expliqué précédemment. Ceci ne correspond qu'à une translation des ordonnées (de 0,1°C) sans changer ni l'amplitude ni le classement des données de température. A noter, cependant, que tous ces classements sont à prendre avec des pincettes au vu des incertitudes qui entachent les mesures de température.
En bref, il n'y a toujours pas de quoi s'alarmer à ce sujet. Au contraire, le "plateau" est plutôt rassurant.
Mais, qu'en est-il de la situation pour ce qui concerne la hausse moyenne du niveau des océans du globe ? Il s'agit d'un autre observable important, souvent mentionné dans les médias, comme particulièrement inquiétant.
3) La hausse du niveau des océans à l'échelle du globe
Le graphe (en bleu) a été tracé à partir des données de l'Université du Colorado par le Prof Humlum. Ce dernier a effectué une analyse polynomiale d'ordre deux de la série des données fournies par cette université. Les résultats de son analyse sont représentés sur son graphe par une courbe en trait pointillés bleus et un petit cartouche de même couleur.
Anomalie globale du niveau moyen des océans en mm de 1993 à Mars 2014.
Comme on peut l'observer le "best fit" polynomial quadratique obtenu par Humlum a un indice de confiance de 93%. Il comporte un faible terme quadratique négatif (cartouche du graphique) ce qui m'a incité à chercher à le mettre en évidence en superposant une droite (en point-tirets rouge) sur son tracé (superposition de de 1993 à 2003) en pointillés bleus.
Comme on le voit, le terme quadratique négatif représente une diminution tout à fait perceptible de la vitesse de hausse des océans ce qui est en accord avec un certain nombre d'observations indépendantes publiées récemment.
Ceci qui est en accord avec plusieurs publications et contraire aux affirmations alarmistes généralement répandues selon lesquelles la hausse du niveau des océans s'accélérerait.
Il n'en est rien. Au contraire, la hausse ralentit depuis quelques années, ce qui est d'ailleurs cohérent avec la stagnation de la température globale de la planète.
Comme on le constate, les observations concernant aussi bien l'évolution de la température moyenne du globe que le regel des banquises arctique et antarctique et le ralentissement de la hausse du niveau des mers, incitent plutôt à l'optimisme qu'au pessimisme.
Mais voyons maintenant, ce qui concerne un sujet d'inquiétude récemment devenu réellement invasif : les événements climatiques (météorologiques) extrêmes. Deviennent-ils plus fréquents ou plus violents comme on l'entend dire fréquemment ?
4) Les événements climatiques extrêmes :
4.A) Les cyclones/ouragans/typhons
Evolution de l'indice ACE (Energie cyclonique accumulée) des Cyclones/ouragans/typhons à l'échelle du globe.
Comme je l'ai déjà mentionné auparavant l'indice ACE constitue une évaluation compacte de l'intensité et de la fréquence de l'activité cyclonique. Il existe d'autres indices légèrement différents qui conduisent sensiblement aux mêmes résultats.
Contrairement aux déclarations apocalyptiques que l'on peut lire à ce sujet dans les médias, ni la fréquence, ni la violence des ouragans/cyclones/typhons n'ont augmenté durant les dernières décennies.
Une explication scientifique pour cette (nouvelle) divergence entre les modèles et les observations vient d'ailleurs d'être exposée par James Kossin dans le Bulletin of the American Meteorological Society (Validating Atmospheric Reanalysis Data Using Tropical Cyclones as Thermometers by James P. Kossin, published in Bulletin of the American Meteorological Society DOI:/10.1175/BAMS-D-14-00180.1).
En bref, il s'agirait d'une migration vers les pôles de ces instabilités atmosphériques qui sont donc ainsi apaisées par les températures plus froides, ce que les modèles ne prenaient pas en compte. (Voir l'analyse de cet article).
Ainsi n'y a t-il aucune raison objective d'anticiper une augmentation de la fréquence et de la violence des ouragans/cyclones/typhons pour les années à venir et les prochaines décennies.
4.B) Les tornades (aux USA).
Comme chacun sait, les tornades sont des événements météorologiques extrêmes relativement localisés qui peuvent être d'une extrême violence (avec des vents de près de 400km/h). On les rencontre principalement aux Etats-Unis, le long d'une ligne que l'on appelle la "tornado alley", "l'allée des tornades" où les habitants se sont aménagé tout un système de protections et d'abris qui leur permettent de sauver leurs vies, à défaut des constructions.
L'évolution de l'intensité et de la fréquence des tornades états-uniennes a fréquemment été citée comme étant un bon indicateur de la "dégradation climatique", étant entendu que le "réchauffement climatique" "devrait" conduire à une intensification de ces phénomènes aussi extrêmes que dangereux.
Ce n'est pas du tout ce que nous disent les mesures. De fait, celles-ci nous disent, à peu de chose près, le contraire.
Voici, ci-contre, un graphique dressé par le NOAA américaine qui montre le développement du nombre des tornades observées au cours de l'année et ceci depuis l'année 2005 jusqu'en 2014 (998 tornades observées au moment de l'établissement du graphique).
Comme on le voit, par exemple, les années 2013 et 2014 figurent toutes deux parmi les années les moins affectées par les tornades pour cette période et on n'observe pas de croissance de la fréquence de ces phénomènes à mesure que le temps passe.
Les tornades que l'on subit aux USA, bénéficient d'un système de classement qui les rangent, suivant leur potentiel de destruction, dans plusieurs catégories nommées F3 (les plus violentes), F2 etc. par ordre décroissant de puissance destructrice.
Voici l'évolution du nombre des tornades US de catégorie F3+ (les plus destructrices) selon la NOAA, en fonction des années écoulées, en partant de 1954 jusqu'en 2012. Nous avons vu ci-dessus que les saisons des tornades en 2013 et 2014 ont été particulièrement calmes.
Comme on le voit, le nombre des tornades les plus violentes n'a pas augmenté au cours des dernières décennies. Il aurait plutôt tendance à diminuer.
On pourrait examiner la suite des graphiques qui analysent l'évolution temporelle des tornades de violence moindre (les F1, F2 etc.). Je ne les ai pas reportés ici pour ne pas allonger exagérément ce billet. Il suffit de savoir qu'aucun de ces graphiques ne montre une augmentation du nombre de ces tornades au cours des décennies écoulées.
Il faut donc en conclure qu'il n'y a pas, non plus, lieu de s'inquiéter à ce sujet : Les tornades sont de phénomènes naturels dont la violence et la fréquence ont plutôt tendance à décroître depuis les années 60.
4.C) L'enneigement de la planète.
On ne peut certainement pas affirmer que les chutes de neige, ou leur absence, puissent être considérées comme des "événements climatiques extrêmes". Néanmoins et compte tenu des conséquences économiques délétères que pourrait entraîner l'affaiblissement ou la disparition de l'enneigement, certains semblent les considérer comme tels.
Ainsi, voici ce qu'écrivait le journaliste spécialisé du journal anglais The Independent (Le 20 Mars 2000), sous le titre "Il apparaît que les chutes de neige ne sont plus qu'une chose des temps passés". Comme on le voit ci-contre, sur un graphique donnant la superficie enneigée du globe en hiver depuis 1967, publié par le Rutgers University Snow Lab, l'hiver 1999-2000 avait été particulièrement pauvre en neige, à l'échelle du globe comme au Royaume Uni.
"Cependant, le réchauffement jusqu'à présent se manifeste plus durant les hivers qui sont moins froids plutôt que durant les étés beaucoup plus chauds. Selon le Dr. David Viner qui est un chercheur confirmé de l'Unité de Recherche sur le Climat (CRU) de l'Université d'East Anglia [NdT : le QG du célèbre Climategate], dans quelques années les chutes de neige en hiver deviendront "un événement rare et excitant" "En définitive, les enfants ne sauront plus ce qu'est la neige" dit-il". |
Il apparaît que les années suivantes, peut-être à l'exception de l'année 2007, ont connu des enneigements hivernaux particulièrement abondants. Les enfants d'aujourd'hui savent toujours ce qu'est la neige et le Dr. David Viner du CRU de l'UEA est encore fréquemment cité pour cette prédiction aussi alarmiste qu'aventureuse.
Pour rester dans l'actualité, voici, ci-contre, l'évolution de la surface enneigée du globe de l'hémisphère Nord pour chaque mois d'octobre depuis 1968 (à l'exception de l'année 1969 pour lesquelles il n'existe pas de données (ND)). Il s'agit de "l'anomalie" c'est à dire de la variation de la superficie enneigée (en millions de km carrés) du globe constatée par rapport à une moyenne choisie à l'avance.
Comme on le voit immédiatement, le mois d'Octobre 2014, c'est à dire le mois dernier qui est pourtant réputé "chaud" par les instituts utilisant les mesures thermométriques, a connu un enneigement particulièrement abondant.
De fait, ce mois d'Octobre 2014 se situe en troisième position, pour l'étendue de l'enneigement, depuis 1968, derrière les mois d'octobre 1977 et 2003.
Donc, là encore, pas de raison de s'inquiéter de l'évolution de l'enneigement hivernal et automnal de la planète, même s'il est vrai que l'enneigement printanier tend à diminuer à l'échelle du globe, ce qui reflète probablement la (faible) hausse des températures que nous avons connues depuis les années 80.
Addendum du 23/11/2014 : Anomalies de neige pour le mois d'Octobre 2014.
Le site qui fournit les graphiques précédents (Rutgers University) donne également les anomalies de la couverture neigeuse dans l'hémisphère Nord, par rapport à la moyenne de la couverture des années 1981 à 2010 et ceci, mois après mois.
Voici donc ci-contre, l'image correspondante qui au vu de la prépondérance des zones en bleu, voire en bleu foncé, par rapport aux zones en orange/rouge, montre que le mois d'Octobre de cette année a connu une forte augmentation des chutes de neige par rapport à la moyenne 1981-2010.
L'échelle des couleurs en bas de ce graphique indique les différences en pourcentage par rapport à la moyenne pour la période considérée, visible par les satellites.
4.D) Les sécheresses à l'échelle mondiale
C'est un sujet très important qui conditionne l'existence de milliards d'êtres vivants sur la planète, via l'accès à l'eau et à la nourriture. Beaucoup affirment, sans preuve, que les sécheresses augmentent globalement du fait du "réchauffement climatique anthropique".
Il existe pourtant un grand nombre d'articles scientifiques rassurants à ce sujet dont plusieurs montrent, au contraire, que nous assistons à un "reverdissement" de la planète dû, sans doute, à la proportion croissante de CO2 dans notre atmosphère. J'avais évoqué cette question dans un billet précédent.
Au sujet de l'évolution des sécheresses, la revue Nature vient précisément de faire paraître un article révélateur à ce sujet. Il ne va pas dans le sens de l'alarmisme. Au contraire.
Voici le graphe principal extrait de cet article publié dans Nature (accès libre). Il est intitulé : "Global integrated drought monitoring and prediction system" soit "Système de suivi intégral des sécheresses à l'échelle du globe et de prédiction."
Ci-contre le graphique qui donne la fraction du globe affectée par les sécheresses depuis le mois de Juin 1982 jusqu'au mois de Juillet 2012.
Le code des couleurs utilisé est indiqué dans la légende de la Figure 5 ci-dessus : "Fraction des continents du globe en situation D0 (anormalement sec), D1 (modéré), D2 (sévère), D3 (extrême) et D4 (exceptionnel) (Les données sont les Indices Standardisés des Précipitations tirés de MERRA-Land)."
Comme on le voit, qu'il s'agisse des zones "anormalement sèches", "sécheresses modérées", "extrêmes" ou "exceptionnelles", il n'y a pas de variation significative de la fraction du globe affectée, au moins, au cours des trois dernières décennies.
Ceci est cohérent avec ce que l'on trouve dans le dernier rapport (scientifique) du GIEC au sujet des fortes sécheresses :
Variation de la composante du système climatique |
Potentiellement |
Irréversibilité si le forçage est renversé |
Probabilité envisagée dans le changement au XXIe siècle des scénarios considérés |
Sécheresses de longues durées |
Oui |
Réversible de quelques années à des décennies |
Faible confiance dans les projections des variations de la fréquence et la durée des méga-sécheresses. |
Autrement dit, les scientifiques du GIEC ne se prononcent pas. Ils n'ont tout simplement pas assez de données pour juger d'une quelconque tendance. Et le graphe précédent, récemment publié, donc après la rédaction du rapport AR5 du GIEC, ne va certainement pas donner du grain à moudre aux alarmistes des sécheresses.
4.E) Que nous disait le dernier rapport scientifique du GIEC (AR5 -2013) au sujet des événements extrêmes ?
Voici, de manière plus générale, au sujet des événements climatiques extrêmes, des extraits du dernier rapport scientifique du GIEC (l'AR5) publié en 2013. (source) (déjà cité ici).
Au sujet des ouragans et cyclones tropicaux : “Les bases de données existantes ne montrent aucune tendance significative dans la fréquence des cyclones tropicaux durant le siècle dernier….Aucune tendance robuste dans le nombre des cyclones tropicaux, des ouragans et des ouragans les plus forts, n'a été identifiée lors des 100 dernières années dans le bassin Nord Atlantique." Au sujet des inondations : "En résumé, le manque de preuve persiste en ce qui concerne le signe et la grandeur et/ou la fréquence des inondations à l'échelle globale, ce qui se traduit par un indice de confiance faible." Au sujet des tempêtes, orages, grêle etc. "En résumé, il y a une faible confiance dans les tendances observées pour les phénomènes météorologiques violents à petite échelle tels que les grêles, les orages, à cause de l'inhomogénéité des données et de l'inadaptation des systèmes de suivi." Concernant les sécheresses et les affirmations du rapport précédent AR4 : "Au vu des études mises à jour, les conclusions de l'AR4 (Le rapport 2007 du GIEC) concernant une augmentation des sécheresses depuis les années 1970, ont été probablement surestimées". Concernant les cyclones extra-tropicaux : "En résumé, la confiance est faible dans des changements à grande échelle de l'intensité des cyclones extra-tropicaux extrêmes depuis 1900." |
Assez curieusement, il semble que les médias et les décideurs savent ce que les chercheurs qui contribuent au rapports du GIEC ne savent pas. Malheureusement, le personnel politique au sens large tout comme la "grande presse" et les autres médias ne semblent pas s'être donné la peine de lire, en profondeur, le contenu du dernier rapport scientifique complet du GIEC (qui date de l'année dernière), dont quelques conclusions sont rapportées ci-dessus.
Il est sans doute utile de rappeler ce qu'a déclaré récemment l'éminent climatologue, Lennart Bengtsson (fréquemment cité dans les billets précédents), à ce sujet :
"Ce qui est encore plus inquiétant c'est la tendance qui consiste à donner au public l'impression que les événements météorologiques deviennent plus extrêmes et que ceci est déjà en cours. A l'exception d'une possible augmentation des précipitations et d'une possible intensification des ouragans tropicaux qui n'ont pas encore été observés, il n'y a aucune indication de l'augmentation d'événements météorologiques extrêmes dans les simulations des modèles et encore moins dans les observations actuelles." |
5) Conclusions :
En partant des données officielles, nous avons successivement passé en revue l'état actuel des observations qui concernent :
– l'évolution des mers glacées au pôle Sud et au pôle Nord,
– l'évolution de la température moyenne à la surface du globe,
– la hausse du niveau des mers,
– l'évolution des tempêtes extrêmes comme les tornades aux USA, les typhons et les ouragans à l'échelle du globe,
– les questions d'enneigement, des tempêtes diverses et des sécheresses,
ainsi que les conclusions du contenu du dernier rapport scientifique AR5 (2013) du GIEC au sujet des événements climatique extrêmes.
Ces observations sont indubitablement rassurantes. Nous ne voyons strictement rien dans tout cela qui justifie le déchaînement médiatico-politique catastrophiste (francophone) auquel nous assistons en ce moment. Au contraire, toutes ces évolutions climatiques restent dans le cadre des évolutions naturelles observées dans le passé et pour un certain nombre d'entre elles, personne n'est encore capable de se prononcer.
Ainsi, rien n'est observé dans la situations actuelle qui puisse susciter l'inquiétude. Il est possible, cependant, que certains justifient leur anxiété en se référant aux prévisions/scénarios des modélisations informatiques du climat.
L'inquiétude serait-elle alors justifiée par les modèles des prévisions/scénarios du GIEC ?
On pourrait le comprendre si les modèles numériques du climat avaient systématiquement démontré leur pertinence lors de leur confrontation avec les observations objectives. Ce n'est pas le cas.
Voici trois exemples parmi d'autres dont certains ont déjà été mentionnés dans les billets précédents, au cours des mois et des années passées.
- Modélisation de la température moyenne de la surface du globe.
Je rappelle ici le graphe qui figure dans le rapport AR5 (complet) (Chapitre 9, page 162, Box 9.2 Fig. 1a) du Rapport scientifique complet du GIEC AR5. Ce graphe confronte le résultat des mesures de températures thermométriques HadCRUT4 avec les prévisions/scénarios du GIEC.Comme on peut le voir immédiatement, les plupart des modèles du GIEC (ici les CMIP5) avaient prévu une hausse de la température moyenne du globe de 0,2°C (ou plus) par décennie).
Les mesures du HadRUT4 montrent que la hausse, durant la période considérée ("le plateau") n'a été que de 0,04°C par décennie, c'est à dire 4 fois plus petite. Encore que, compte tenu de la précision réelle des mesures, cette hausse de température doit être statistiquement peu ou non significative.
Autrement dit, les modèles ont été incapables de prédire l'existence du plateau de température qui a d'ailleurs toujours cours en ce moment. Les modèles surestiment manifestement le réchauffement de la planète, d'un facteur au moins égal à 5 pour ce millénaire.. - Modélisation de l'évolution de l'extension de la banquise antarctique
Comme nous l'avons vu, l'extension de la banquise antarctique augmente d'année en année et ceci depuis au moins les années 90. Elle a battu son record d'extension (depuis 1979, le début des mesures satellitaires) cette année comme elle l'avait déjà battu l'année dernière.
Que nous disent les scénarios climatiques à ce sujet ?Voici, ci-contre, la Figure chap 12, page 1088, Figure 28d du rapport scientifique (complet) AR5 (2013) du GIEC (Groupe de travail I). (h/t Skyfall)
Comme on le voit, tous les modèles du GIEC (toutes les couleurs y compris le noir, sauf le vert) prévoient globalement une diminution de l'extension maximale de la banquise antarctique au mois de septembre.
Ceci est contraire aux observations (ici, en vert) qui, comme nous l'avons vu, montrent une augmentation constante de cette extension.
Il est vrai que les marges d'erreurs énormes qui affectent ces modélisations, ici représentées par les zones ombrées, permettent au GIEC d'affirmer que celles-ci sont "cohérentes" avec les observations. Il faudra peut-être attendre encore quelques années pour que ces modèles soient (enfin) déclarés inopérants par le GIEC, c'est à dire que la courbe expérimentale sorte des zones ombrées, si cela est possible. - Modélisation de la température de la moyenne troposphère tropicale.
De manière un peu ironique, un de mes collègues (le physicien Howard Hayden) s'est amusé à superposer les affirmations successives des différents rapports du GIEC quant à leurs certitudes, sur un graphique de Roy Spencer et John Christy qui mettait en évidence les divergences modèles/observations pour la température prévue par les modèles et la température mesurée dans la moyenne troposphère tropicale. Il s'agit, comme chacun le sait, d'un point critique pour tester la validité des modèles climatiques. Voici ce graphique (en partie francisé) :
Les carrés/cercles bleus représentent les résultats des mesures in situ obtenues par une multitude de ballons sondes et de nombreux satellites.
Les courbes "bruitées" en trait fin représentent les résultats des calculs des 73 modèles en cours. Le gros trait noir représente la moyenne des résultats de ces modèles (si tant est que la "moyenne de modèles" ait une quelconque signification statistique).
La divergence croissante entre les prévisions/scénarios des modèles avec les observations est évidente. Là encore, les modèles surestiment – et de beaucoup – le réchauffement de la moyenne troposphère tropicale.
Les étiquettes rectangulaires indiquent les degrés de confiance revendiqués dans les rapports successifs du GIEC.
Comme on le voit, la "confiance" du GIEC dans ses prévisions/prédictions/scénarios s'accroît au fur et à mesure que les modèles s'écartent des observations.
Je rappelle les dates de la parution des rapports successifs du GIEC, indiqués sur le graphique par les flèches rouges.
FAR 1990, SAR 1995, TAR 2001,AR4 2007, AR5 2013.
Tant que les modélisations informatiques n'auront pas résolu leurs (graves) problèmes de divergence avec les observations, il est sans doute pour le moins prématuré d'anticiper l'avenir de la planète dans l'état actuel de nos connaissances et de mettre en place des mesures contraignantes qui peuvent s'avérer lourdes de conséquences.
Ainsi, dans l'état actuel des choses, nous ne voyons rien, ni dans les observations objectives ni dans les modèles manifestement pris en défaut qui puisse affecter le bien-être futur de nos enfants et de nos petits enfants (fréquemment invoqué dans les médias et jusques et y compris dans les déclarations politiques les plus officielles). Il est probable que, dans quelques années, nos descendants – du moins ceux qui auront échappé au pessimisme généralisé – s'interrogeront (ou s'amuseront), au sujet de l'étrange psychose collective qui s'est emparée d'une proportion notable des dirigeants et des communicants de notre planète en ce début du XXIe siècle.
Time will tell.
Stay Tuned !
(addendum 24/11/2014) : Un lecteur m'a suggéré d'ajouter des boutons pour les fans de Facebook. Les voici :