Alors que la lecture des chiffres (tests, morts, hospitalisations) concernant cette nouvelle forme de “grippe” (touchant peu les enfants et les personnes jeunes ce qui est l’essentiel) vise de plus en plus à faire peur (cinq colonnes à une de journaux pourtant “sérieux”) malgré leur baisse, drastique, (comparé à avril par exemple en France, à l’exception des tests, au résultat vicié cependant du fait de leur hypersensibilité selon certains spécialistes) et du fait, surtout, qu’un traitement fiable, efficace, a été (est toujours) de fait, écarté, il semble bien que l’origine de cette distorsion, corrélée à beaucoup d’autres, ne serait-ce que la prégnance de plus en plus ample du politiquement correct posant la civilisation occidentale comme ennemi unique du “genre” humain (qu’il s’agirait paradoxalement d’uniformiser au nom de la diversité…) il semble bien que l’acuité de plus en plus dramatique de la situation actuelle ne soit pas seulement lié à un combat entre “civilisation et anarchie” comme le pense Victor Davis Hanson, mais plus amplement encore semble-t-il et de nouveau entre Barbarie et Civilisation.
Un Combat (au sens non léniniste hitlérien mais augustinien) pour tous ceux qui, encore debout, considèrent que nous devons arriver à concilier “progrès” (“confort”) pour l’Humanité (au sens husserlien d’arriver à fonder une “science rigoureuse” à son service) et singularité nationale et individuelle au sens français (de communauté de destin et non pas de sang seulement) ; ce qui explique bien d’ailleurs pourquoi tant de gens du Sud émigrent vers le Nord, même si seulement une minorité y arrive, mais se trouve embrigadée par ceux-là mêmes qui les ont mis dans cette détresse, même indirectement, en soutenant des idéologies anti-humanistes mortifères, cette nouvelle barbarie précisément, qui se diffusent aujourd’hui sous le masque d’une fausse écologie ayant en vue la destruction de nos acquis civilisationnels au profit d’expériences de type Lyssenko et Mengele imposées au nom bien sûr du “meilleur des mondes” .
Mais contrairement à ce qu’avance Huntington (et Zemmour chemine sur ses traces…en compagnie de BHL en réalité malgré leur tumulte apparent, Finkielkraut et Onfray étant, eux, hors jeu malgré les apparences, à la différence de Chantal Delsol dont le questionnement devient de plus en plus fondamental...) la césure centrale aujourd’hui n’est pas le produit d’un choc “des” civilisations mais de leur disparition, implosion, bien vue par Marx, mais ce au profit non pas d’un nouveau stade libérateur et émancipateur, plutôt de son idolâtrie technocratique comme l’a bien pensé Georges Simondon, comme s’il suffisait de se libérer d’entraves (uniquement judéo-chrétiennes pour Nietzsche…) ce qui se caractérise par exemple aujourd’hui dans le fait de traquer le moindre virus, d’écarter la moindre solution peu onéreuse, jusqu’à envisager d’emprisonner les “positifs” d’investir des milliards dans des anticorps artificiels, comme si les acquis en matière de connaissance en symbiose et microbiote n’étaient pas de plus en plus solides nécessitant de freiner ces errements idolâtres actuels de l'”industrie du médicament” s’effectuant au détriment d’une réelle politique de la santé pour reprendre la formule de Jean-Dominique Michel cet épidémiologue qui a été l’un des rares, avec Jean-Jacques Wunenburger, (et Jean-François Lattarico) a bien repérer cette situation de plus en plus délétère.
Doit-on alors, plus généralement et pour en revenir au fond, se contenter de dire comme le fait un Zemmour qu’en fait, et par exemple, la Sharia ne doit certes pas s’installer en Occident tandis qu’ailleurs elle aurait sa place étant le produit légitime de ce “choc” des civilisations, ou, du moins, que ce ne serait pas l’affaire des occidentaux (tel serait d’ailleurs le reproche que lui fait BHL) ?… Et quand Ben Laden s’installe en Afghanistan, que fallait-il faire ? Quand Saddam Hussein en profite (comme le fait aujourd’hui Erdogan en Syrie et en Libye ou l’Iran au Liban et au Yémen ainsi que les djihadistes au Sahel financés par certains saoudiens et qataris) à de nouveau s’affirmer en champion de l’arabisme antisioniste mondial, fallait-il “laisser aller laisser faire” ? Certes Saddam a été manipulé par l’idolâtrie techniciste de la CIA et du Pentagone (guerre avec l’Iran) version “deep State” (comme celle-ci a pu le faire en Iran en Asie du Sud Est en Afrique et en Amérique du Sud confondant lutte d’émancipation et affiliation soviétique ou maoïste). Mais ces errements(encore actuels dans l’anti-trumpisme primaire) ne doivent pas empêcher d’arriver à admettre qu’aujourd’hui les Kurdes et les chiites non khomeynistes s’en portent bien mieux et nous avec, même s’il y a encore bien loin d’une réelle démocratie pluraliste et progressiste en Irak (au sens non techniciste du terme) bref, que la notion de Combat juste n’est pas seulement une discussion pour théologiens, même byzantins.
Néanmoins, et c’est ce que ne voit pas, par contre, BHL, ce qui est à mettre en cause ce n’est pas la “lâcheté occidentale” en général face aux “malheurs du monde” mais le fait que ses élites enferrées, dans l’affairisme du technicisme étatiste, aient failli a créer, à la suite de l’effondrement du mur de Berlin en 1989, un réel internationalisme prenant en compte la nécessité de réformer profondément les institutions mondiales en mettant en avant la lutte contre la corruption ce qui nécessite de tempérer le réalisme par le pragmatisme anticipant les tremblements géo-symboliques à venir ; car ce n’est qu’au sein de structures politiques réellement démocratiques et basées sur l’équilibre, réel, des pouvoirs, indépendant des puissances d’argent et des influences idéologiques, que, par exemple, un problème comme celui des “réfugiés” peut être non seulement pensé mais solutionné.
Entre l’angélisme d’un Occident prôné par BHL qui devrait par culpabilité historique exclusive éponger toute “la misère du monde” (en ce sens BHL ne se dissocie pas foncièrement de l’écologisme punitif actuel) et le nouvel isolationnisme soutenu par Zemmour (suite aux impasses du néo-bonapartisme gaulliste) jouant au nouveau Ponce-Pilate, il y a non pas une “troisième voie” comme le prône Onfray (à la suite de De Gaulle…) s’en prenant au “néo-libéralisme” comme si l’affairisme des Puissants était nouveau en ce “bas monde”, mais la continuité d’une Modernité à remettre sur ses rails via une néo-modernité qui n’opposerait pas la préservation des acquis civilisationnels provenant de toutes les cultures et la nécessité d’ inventer d’autres acquis :
” (…) l’invention serait une renaissance du cycle des images, permettant d’aborder le milieu avec de nouvelles anticipations d’où sortiront des adaptations qui n’avaient pas été possibles avec les anticipations primitives (…)” (Georges Simondon, Imagination et invention, PUF, 2016, p.19).
Le tout étant de considérer que tous les niveaux intellectuels politiques artistiques doivent être aujourd’hui remis à plat, non par force, comme le veut le nouveau cycle des images néo-léninistes refaçonnées dans l’écologisme-hygiéniste sanitaires, mais en redonnant la liberté aux “images” ; par exemple en faisant en sorte qu’un nouveau type d’enseignement, public et privé, fasse surface, indépendant des puissances d’argent et de l’idéologie à l’instar des “charters schools” aux USA et divers Instituts allant dans cette voie.
idem au niveau politique où l’on voit bien que de l’ultra gauche à l’ultra droite la même rengaine hygiéniste techniciste s’est emparée de leurs dirigeants jusqu’à faire corps et même en redemander dans la mise sur pied de mesures strictement anticonstitutionnelles envers une maladie qui, en touchant plutôt des cas spécifiques de pathologies multiples s’avère bien plus être le symptôme de maux “psycho civilisationnels” encore impensés comme l’indique Liah Greenfeld dans Mind, modernity, madness, que la résultante seule du productivisme qui est lui par contre à la base de ce systématisme technocratique aujourd’hui au Pouvoir et prétendant aseptiser le monde en le soumettant désormais à sa “technocrature” manipulant pour ce faire et sans vergogne, au vu et au su de tous, le Droit, la Santé, la Politique, l’Economique, le Financier, dans une fuite en avant frisant en effet la démence celle d’un Néron jouant de la lyre devant un incendie qu’il a, lui-même, déclenché, comme on le voit aujourd’hui (avec le confinement et le masque) le but étant de forcer les populations à accepter d’être formatées par la Matrice en leur nom, à nouveau…
Ce qui n’est plus de l’invention mais de la régression cette “névrose”définie par Pierre Janet comme étant ce refus de grandir, d’inventer des solutions inédites.
C’est cela, cette infantilisation, qu’il faut refuser, absolument.