22 mars 2023

«Gang des barbares»: leurs avocats procureurs

 Maître Francis Szpiner, un lobby, des associations aux visées idéologiques, s’associant au « pouvoir politique, » participeraient à des dérives de la justice remettant en cause un procès « exemplaire, » ce qui présenterait un grand danger pour la société française et le sort des « jeunes. » Ce sont les accusations portées lors d’une conférence de presse qui débuta pour eux dans une ambiance très débonnaire, convoquée par les 24 avocats de membres condamnés du «gang des barbares.» Présents  pour la plupart, ils sont allés plus loin dans leurs accusations que dans le texte cosigné et lu pour l’occasion. Ils avaient en renfort un membre du Syndicat de la Magistrature.


Maître Szpiner est en un mot de plus en plus dans le collimateur abject qui fabrique du bouc émissaire :
 
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2009/07/27/01011-20090727FILWWW00394-fofana-enquete-sur-me-szpiner.php

La plupart des avocats de membres du « gang des barbares » contre qui le Parquet a lancé une procédure d’appel à la demande du ministre de la Justice participant à la conférence de presse donnée le 22 juillet à la Maison du Barreau à Paris sont jeunes. Peut-être est-ce là la raison de l’ambiance débonnaire qui y régnait au départ. Et c’est à Maître Didier Seban – un des rares avocats présents désignés nommément -, plaisanté sur son nœud de cravate, qu’a échu la lecture d’un texte dénonçant « l’ingérence du pouvoir politique dans l’autorité judiciaire » et demandant « l’annulation de la procédure d’appel décidée par le Parquet concernant les accusés ayant écopé d’une peine égale ou inférieure aux réquisitions de l’Avocat général. » Une demande qui, aux dires mêmes des avocats présents, n’a guère de chance d’aboutir.
Quel était donc le but véritable de cette affaire ? Donner, sans doute, la plus large audience possible aux diverses accusations portées dans le texte et amplifiées lors de la conférence de presse par des intervenants dont il n’aura pas été aisé d’avoir les noms.

Un procès «  lié à la mort d’Ilan Halimi »… « exemplaire » qui protège des mineurs

Dans l’ambiance festive et frondeuse le sort d’Ilan Halimi a été évoqué deux fois en ces termes lors de la lecture du texte des 24 avocats : « procès lié à la mort d’Ilan Halimi, » dans « des circonstances terribles. » La mort ? Comment ? Un carambolage sur la route ? Une chute mortelle ? Circonstances ? Lesquelles ?
Clairement, ni la personne d’Ilan Halimi, ni son sort, ni les actes de torture et de barbarie perpétrés à son encontre, ni son épouvantable mise à mort, n’avaient leur place en cette enceinte.
Mais il est vrai que ce sont les avocats de la défense qui prenaient la parole. Commis d’office, pour la plupart, était-il rappelé. Et qui prennent leur rôle particulièrement à cœur, semble-t-il. Mais leurs déclarations ce jour-là montrent qu’ils ne se sont guère bornés à défendre leurs clients, mais à sonner la charge.
Quant au procès, l’Avocat Général l’a qualifié d’exemplaire, rappellent ces avocats reprenant ce qualificatif à leur compte, « les peines ont été particularisées, » comme il se doit. « Tout le monde en est d’accord » selon eux. Sauf les empêcheurs de tourner en rond et de rendre la justice sereinement. Car, disent-ils, « s’il y a une nouvelle cour d’assises sur ordre, quelle sera la marge de manœuvre de la défense, pourra-t-elle exercer ses droits ? » Ils s’interrogent et s’inquiètent : « des jalons ne sont-ils pas posés ? On peut craindre que le prochain procès se fasse sous des pressions politiques et des exigences de peines disproportionnées… »

Mauvais coup à l’indépendance des magistrats, du siège, du peuple de France

Il est vrai que la place de la victime semble au mieux  fantomatique dans la procédure d’appel de la  cour d’assises. Serge Portelli, du Syndicat de la Magistrature, magistrat venu prêter main forte à ces avocats, déplorait, en effet, « la montée en puissance des parties civiles [ représentant les victimes, ndlr. ] depuis des années….la victime joue un rôle qui ne doit pas être le sien… » ce qui, à ses yeux est « une dérive terrible qui rejoint un ensemble de dérives… » La législation actuelle prévoit, en effet, que les parties civiles dans une cour d’assises, ne puissent faire appel des verdicts. Or, si cette « dérive » existe depuis des années, pourquoi attendre cet appel concernant des membres du « gang des barbares » pour la dénoncer à grand renfort de manchettes ?
De plus, « la défense est indignée par la mainmise du pouvoir politique sur les décisions de justice, exprimée par l’ordre de faire appel donné par le Garde de Sceaux à la sortie du Conseil des ministres. Cette ingérence du gouvernement est la porte ouverte à un contrôle des décisions rendues par les jurys populaires, »  nous dit le texte signé. Une avocate invoque, elle, non sans grandiloquence, « le peuple de France, » un autre rappelant que l’Avocat général « est l’émanation du peuple de France. » Qui aurait été ainsi bafoué.
Dans l’affaire de ce meurtre, accompagné de tortures et d’actes de barbarie, faut-il le rappeler, toujours selon Serge Portelli, « le Parquet général n’avait pas l’intention de faire appel, ni le Procureur général de Paris. Des instructions ont été données par le Garde des Sceaux…allant à l’encontre de l’intime conviction des magistrats….mais on n’est plus à ça près…c’est une atteinte à l’indépendance des magistrats. »
Qu’en est-il donc de la procédure d’appel dans cette cour ? Le chef de gang a fait appel, lui. Oui, mais, en tant que condamné, il en a le droit et s’il l’a fait « c’est pour être cohérent » avec la procédure initiée par le Garde des Sceaux. Car seuls les condamnés peuvent faire appel en cour d’assises, pas les parties civiles, apprend-t-on. En revanche Parquet et Garde des Sceaux le peuvent également. C’est ce qui a été fait. Dès lors, qu’est-ce qui justifie donc qu’il y ait une telle unanimité et un tel vacarme fait par des avocats de la défense qui se font ici pourfendeurs et procureurs ?
A moins qu’il n’y ait dans leur belle unanimité une « visée politique…. »

Une nébuleuse associations-lobby-Maître Szpiner-pouvoir politique

Dans le texte Maître Szpiner est clairement dénoncé comme fauteur de troubles puisqu’il aurait prévenu que « quelque soit le verdict il obtiendrait du garde des Sceaux un appel. » Le ministre  aurait cédé à sa « seule pression….et (celles) d’associations ignorantes du dossier. » Il se serait également « targué…du fait qu’il ferait changer la loi pour imposer une audience publique, mettant ainsi en cause la protection de tous les mineurs. »
D’ignorantes du dossier sur papier, les associations mentionnées seront accusées de vive voix de « visées politiques…. » lors de la conférence de presse. Visées non précisée – regardez dans le dictionnaire dira l’un de ces avocats se réfugiant dans l’ascenseur à l’issue de la conférence de presse – dont ils accusent, pèle-mêle et sans vouloir donner la moindre précision, en dépit de demandes répétées,  « de soi-disant représentants de de la communauté, même pas la communauté…, » – laquelle ? celle de Patrick Lozès, président du CRAN, qui, entre autres, a dénoncé les conditions du procès, le CRIF, le FSJU, l’UEJF, les Fils et Filles des Déportés Juifs de France… ?- qui auraient exercé « un chantage, »« tel ou tel groupe de pression, » « un groupe ayant fait du lobbying…» Cocktail – Molotov ? – posant « un danger énorme… » « bouleversant l’équilibre de la procédure pénale, » « choquants au plus haut point… » etc.
Qui, à part Maître Szpiner, est désigné ici ? Qui s’opposerait au « peuple de France » ? Qui voudrait mettre en danger « jeunes » et justice ? Et pourquoi ? Et pourquoi des accusations voilées ?

Huis clos ou publicité restreinte, « jeunes » et projet de loi

L’avocate d’une mineure au moment des faits – ils ne sont que deux dans ce cas – défend bec et ongles le principe du huis clos qui est, en fait, une « publicité restreinte. » Justifications entendues : « la plupart [ des  accusés ] ont moins de vingt ans….ils devront se réinsérer dans la société une fois leur peine purgée. Il faut protéger la vie de ces mineurs. » Une autre avocate renchérit : « la période est extrêmement compliquée pour les jeunes…il y aurait d’un côté les bons jeunes et d’un autre côté les jeunes délinquants. Je lance un appel aux journalistes…les jeunes, quels qu’ils soient, sont en danger… »
C’est compte tenu de cette « publicité restreinte, » on le sait, qu’on a dit « tout et n’importe quoi » sur ce procès, comme le relevait Richard Prasquier à l’occasion de la manifestation hommage à Ilan Halimi du 13 juillet dernier. L’un des avocats signataires notait d’ailleurs que de ce procès on n’avait entendu que « des ragots. » Et pour cause…personne ne pouvant vérifier ce qui en filtrait.
Un projet de loi, visant à changer les conditions de cette « publicité restreinte, » déposé par François Baroin et Jack Lang, «  un attelage » provoquant l’ironie de ces avocats, est évoqué et condamné car il « mettrait la France au banc des autres pays d’Europe. » Et « toute loi de circonstance est mauvaise. » Ce projet a été « déposé sur le bureau de l’intégralité des parlementaires dès le 8 juillet » reproche-t-on. Pourtant il n’y a guère eu précipitation comme cela semble être dit ici. Début juin le député maire Jérôme Chartier soutenait déjà cette proposition de loi qui entendait « prévoir que la publicité des débats…soit désormais portée à l’appréciation de la Cour et non laissée à la seule volonté de l’un des accusés.» Il justifie ainsi son soutien : « En effet, si le jury se doit de juger avec l’esprit de justice, sa décision quelle qu’elle soit, sera source d’exemple pour l’ensemble des citoyens résidents sur notre territoire.
Pour pouvoir jouer ce rôle, le déroulement du procès doit pouvoir être porté à la connaissance de l’opinion publique notamment par l’intermédiaire des médias. La décision de tenir un procès à huis clos vient donc s’opposer à cet aspect là de la fonction du procès. »

Crapuleux, pas antisémite…


Là encore Maître Szpiner est accusé. Il aurait dit en audience que ce procès était celui de l’antisémitisme – circonstance aggravante au même titre que tout racisme- . Ce qui n’est pas le cas affirment vigoureusement ces avocats. « Seuls deux accusés » en auraient été reconnus coupables. Le chef du gang et un « geôlier » – drôle de vocable en l’occurrence, pourtant utilisé par tous…-  mineur à l’époque et qui a donc bénéficié au premier chef de cette « publicité restreinte, » devant lui assurer « une réinsertion » sans histoire. Ce  « geôlier » antisémite serait-il l’un de ceux – mais combien au juste- qui se sont acharnés sur Ilan Halimi, menotté, semble-t-il ? Quelle a été sa peine « exemplaire » ? Mystère du huis clos…
Il s’est agi « de faits crapuleux pour les autres, » déclare un avocat. Pourtant une avocate reconnaîtra, après la conférence de presse qu’après deux tentatives de kidnapping infructueuses, l’une d’un musulman, l’autre d’un non-juif, « ils n’ont choisi que des juifs… » Si le motif n’était « que » crapuleux, force est de constater que ces « jeunes …dont la plupart avaient moins de vingt ans » souscrivaient au cliché notoirement antisémite de Juif = argent…
Maître Benson Jackson, l’un des signataires et présents, avocat d’un des « geôliers, » Fabrice P., affirmera dans la foulée de la conférence de presse que son client, arrivé en 2004 des Antilles ne connaissait pas la réputation du chef du gang. Mais qu’il avait accepté de sa part une proposition de travail sans savoir de quoi il s’agissait. Et qu’il avait voulu renoncer après s’être rendu dans le local où était enfermé Ilan Halimi. Et qui aurait sans doute déjà été passablement maltraité, on peut le supposer. Ilan Halimi qu’il « garda » pourtant dix jours « sans lui infliger ni torture ni acte de barbarie » – mais auxquels on peut supposer qu’il ait assisté parfois – Il aurait donc accompli ce « travail, » selon son avocat, car le chef de gang l’aurait menacé, aurait menacé sa famille s’il renonçait. Il aurait eu peur. Même raison invoquée pour expliquer qu’il ait gardé le silence par la suite. Pourtant, comment expliquer que ni lui, ni aucun autre parmi les « jeunes » impliqués, sans doute plein de ressources, si tant est qu’ils aient réprouvé la manière dont ont, semble-t-il, très vite tourné les choses, n’aient trouvé moyen de prévenir les autorités de manière anonyme….

 

Une réflexion sur « «Gang des barbares»: leurs avocats procureurs »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


%d blogueurs aiment cette page :