Certes, BHL écrit, "pourquoi je défends Israël", et Finkielkraut fait de même sur un plateau TV, il n'en reste pas moins qu'ils défendent tous deux le projet dit "Jcall" qui, loin d'amener à la paix, ne fait qu'encourager les extrémistes de tous bords, la plupart islamistes ou nationaux-arabistes, à profiter de cette fausse opportunité pour avancer leurs pions comme le souligne le groupe Raison garder. A savoir éviter de remettre en cause leur revendication centrale, (Jérusalem venant en second) le retour des dits "réfugiés" au coeur même d'Israël et non pas dans un futur Etat palestinien. Bill Clinton l'a même écrit dans ses Mémoires: citons-en quelques passages puisqu’il en fut le témoin direct, et ce de façon plus équilibrée qu’un de ses conseillers Robert Malley dont les propos à l’époque avaient rejeté l’échec des négociations en priorité sur les israéliens :
December 23 [2000] was a fateful day for the Middle East peace process. After the two sides had been negotiating again for several days at Boling Air Force Base, my team and I became convinced that unless we narrowed the range of debate, in effect forcing the big compromises up front, there would never be an agreement. Arafat was afraid of being criticized by other Arab leaders; Barak was losing ground to Sharon at home. So I brought the Palestinian and Israeli teams into the Cabinet Room and read them my « parameters » for proceeding. These were developed after extensive private talks with the parties separately since Camp David. If they accepted the parameters within four days, we would go forward. If not, we were through.
I read them slowly so that both sides could take careful notes. On territory, I recommanded 94 to 96 percent of the West Bank for the Palestinians with a land swap from Israel of 1 to 3 percent, and an understanding that the land kept by Israel would include 80 percent of the settlers in blocs. On security, I said Israeli forces should withdraw over a three-year period while an international force would be gradually introduced, with the undestanding that a small Israeli presence in the Jordan Valley could remain for another three years under the auythority of the international forces. (…).
On Jerusalem , I recommended that the Arab neighborhoods be in Palestine and the Jewish neighborhoods in Israel, and that the Palestinians should have sovereignty over the Temple Mount/Haram and the Isrealis sovereignty over the Western Wall and the « holy space » of which it is a part, with no excavation around the wall or under the Mount, at least without mutual consent.
On refugees, I said that the new state of Palestine should be the homeland for refugees displaced in the 1948 war and afterward, without ruling out the possibility that Israel would accept some of the refugees according to its own laws and sovereign decisions, giving priority to the refugees populations in Lebanon. I recommanded an international effort to compensate refugees and assist them in finding houses in the new state of Palestine, in the land-swap areas to be transferred to Palestine, in their current host countries, in other willing nations, or in Israel. Both parties should agree that this solution would satisfy UN Security Council Resolution 194. (…).
I said these parameters were non negotiable and were the best I could do, and I wanted the parties to negociate a final status aggreelent within them. (…). On the twenty-seventh, Barak’s cabinet endorsed the parameters with reservations were within the parameters, and therefore subject to negociations anyway.
It was historic : an Israeli government had said that to get peace, there would be a Palestinina state in roughly 97 percent of the West Bank, counting the swap, and all of Gaza, where Israek also had settlements. The ball was in Arafat’s court. (…).
I still didn’t believe Arabe would make such a colossal mistake. (…).
(…) On New Year’s Day, I invited him to the White House the next day. (…) When Arafat came to see me, he asked a lot of questions about my proposal. He wanted Israel to have the Wailing Wall, because of its religious signifiance, but asserted that the remaining fifty feet of the Western Wall should go the palestinians. I told him he was wrong (…). The Old City has four quarters : Jewish, Muslim, Christian, and Armenian. It was assumed that Palestine would get the Muslim and Christian quarters, with Israel getting the other two. Arafat argued that he should have a few blocks of the Armenian quarter because of the Christian churches there. I couldn’t believe he was talking to me about this.
Arafat was also trying to wiggle out of giving up the right of retourn. He knew he had to but was afraid of the criticism he would get. I reminded him that Israel had promised to take some of the refugees from Lebanon whose families in what was now northern Israel for hundreds of years, but that no Israeli leader would ever let in so many Palestinians that the Jewish character of the state could be threatened in a few decades by the higher Palestinian birthrate. (…). Arafat had acknowledged that by signing the 1993 peace agreement with its implicit two-state solution. (…). Arafat’s rejection of my proposal after Barak accepted it was an error of historic proportions. (…).
On le voit, près de neuf ans après, la situation est au même point. Et pourtant, l’on ne peut guère taxer Bill Clinton d'être un "ultra" alors qu’il a juste tenté de faire son possible pour atteindre une solution sinon logique du moins rationnelle au sens d’articuler des revendications mesurables à des considérations culturelles et historiques. Il n’est donc guère sérieux de considérer qu’un tel échec soit à mettre uniquement sur le compte de la partie israélienne. Pourtant, au lieu d'aller voir Bill Clinton, nos globe trotters de la "philosophie" (ami de la sagesse) veulent en réalité réinventer l'eau chaude persuadés qu'il suffirait de tout céder ("la paix contre les territoires") pour avoir "la" paix ; comme si les principaux ennemis de celles-ci, islamistes et nationaux arabistes, n'avaient pas leur propre "agenda", leur propre "paix", puisqu'ils n'ont rien à faire en réalité de la nouvelle conception universelle liée à la notion de paix basée sur le développement mutuel des valeurs communes ou droits humains, ce serait d'ailleurs les mépriser que de croire le contraire.
Mais rien à faire, BHL et Finkielkraut du haut de leur certitude sans faille restent persuadés que tout le monde raisonne dans le même idiome, ce qui est évidemment faux, mais BHL et Finkielkraut restent eurocentrés, pis, ils sont parisiano-centrés donc persuadés, comme Edgar Morin d'ailleurs, que "les" Palestiniens aspirent à une solution "raisonnée". Cela me l'a été confirmé d'ailleurs par une connaissance, haut placée, surtout dans les cercles académiques : "jamais, me dit-il, jamais les Arabes n'accepteront la réalité israélienne, jamais… ou alors fondu dans une espèce d'Union Européenne". J'en étais resté coi. Quelqu'un que je respectais vivement pour la qualité de ses vues, m'avouait qu'Israël avait été une "erreur" et que l'Histoire allait tôt ou tard rectifier le tir… Je restais pétrifié. Ne voulant même pas argumenter, disant seulement que les Juifs étaient en meilleure position qu'en 1940 pour se défendre… C'est ce que sous-estiment la plupart des critiques et des "amis-qui-vous-veulent-du-bien" : quand vous êtes adossé à des millions de cadavres, rien ne peut plus être pis, surtout si l'on ne panique pas, si l'on a des leaders forts, une société unie et fière où l'équité règne malgré les corruptions diverses (humaines trop humaines).
Aussi est-il plus utile d'observer la situation sans les oiseaux de mauvais augure (même si leur venin peut être utile à petite dose pour s'en vacciner) : que se passe-t-il sur le terrain ?… le camp islamiste accentue sa pression mené par les Turcs et les Iraniens, les flottilles vont arriver comme autrefois les bombes humaines, comme le boycott d'Israël désormais bien en place : produits, films, et même danse ; les nationaux arabistes hésitent, mais tout récemment les Egyptiens viennent de déchoir de leur nationalité les Egyptiens mariés avec des Israéliennes, ce qui est un signe de durcissement d'une bureaucratie en déroute qui refuse de passer la main à l'ancien responsable de l'AIEA, Mohamed Elbaradei, et pourrait dans ce cas, si l'opportunité s'ouvrait, rompre avec Israël et entamer comme la Turquie le long chemin vers la rupture et donc la guerre, profitant ainsi des problèmes extérieurs pour camoufler la faillite à l'intérieur. Il faudrait alors une provocation de plus, des navires "humanitaires" iraniens, ou alors et probablement le refus iranien de voir l'un de ses bateaux arraisonner -afin de vérifier sa cargaison comme le permet désormais la dernière résolution votée pour la première fois par la Chine et la Russie – pour aller à la guerre.
Le Hezbollah est sur-armé, le Hamas aussi puisqu'il ne s'est pas battu la dernière fois en réalité, et l'Iran est en mesure désormais de faire au moins une bombe comme l'a relaté dernièrement l'AIEA d'où les sanctions actuelles. Que va-t-il se passer ?
Nous allons vers la guerre.
Et ce en France même aussi ; puisque les cohortes alter-islamistes accentuent en ce moment même leur recrutement, surtout chez les jeunes, en leur faisant croire qu'il faut agir comme autrefois à l'encontre de l'apartheid en Afrique du Sud, alors que les Arabes israéliens refusent d'être intégrés dans le dit "futur" Etat Palestinien, on se demande bien pourquoi….
Et comme les Talibans font feu de tout bois, qu'en Irak les factions s'entre-déchirent, il suffit désormais d'une étincelle… sans que l'Iran n'ait d'ailleurs à utiliser pour le moment sa bombe… L'accentuation brownienne des effets pervers (crise économico-financière, retards structurels divers, fractures morales et civilisationnelles, effondrement des institutions traditionnelles y compris à gauche) chauffe le chaudron vers sa température volcanique "adéquate" : aussi s'il s'agit d'être prêt, surfer sur de la lave ou sur le dos d'un tigre enragé ne sera pas une mince affaire… (et si celle-ci n'était pas si sérieuse, je dirais, un peu comme Obélix: enfin un peu de mouvement, je commençais à m'ankyloser…). Exagération ? J'aimerais tant me tromper. En même temps, on ne voit pas pourquoi en effet la roue sans pitié de l'Histoire humaine ne se mettrait-elle pas à nouveau en route pour le meilleur comme pour le pire.

Par Lucien S.A Oulahbib –