The Reader, le film, ce prisme de notre époque (comme on va le voir) est superbement mené, tout en laissant un goût amer ; il se met certes à l’intersection des circonstances et de l’égoïsme : ainsi cette ancienne ouvrière qui, 13 ans après la seconde guerre mondiale, initie un puceau (qui lui lisait en échange des livres, et il le fit jusqu’au suicide de cette femme, redécouverte lors de son procès -qu’il aurait pu d’ailleurs "sauver" en montrant qu’elle ne savait pas lire donc écrire et rédiger des rapports..SS comme l’ont soutenu ses collègues écopant seulement de 4 ans alors qu’elle a pris 20 ans…;) : car elle avait durant la guerre décidé de travailler comme gardienne SS ("plutôt que chez Siemens" dit-elle durant le procès), sans se demander cependant ce qu’elle gardait ; mais, là, justement, on se demande si c’est réellement possible de ne pas savoir ; le film, tout comme le roman paraît-il, ne s’intéresse pas à cela, (est-ce une histoire vraie ? No lo so), cette dite "oeuvre" met seulement en scène les contradictions, vipères versées en vrac, à la façon postmoderne du relativisme esthétisant : les Twins en feu n’est-ce pas là un spectacle fantastique s’exclama Stockhausen, leur musicien.
Cette gardienne fait donc pitié comme si elle symbolisait le peuple allemand victime d’un ordre social d’une culture de puissance etc etc, peuple supposé plus abruti que volontaire, devenu analphabète à force d’obéissance, blablabla, cette fable est devenue dominante dans l’Allemagne post nazie et aujourd’hui vert-rouge dans ses marges et dans son art, voilà aussi le problème…
On peut aller aussi plus loin en observant que l’humanité s’avère être en effet rendue à cette inhumaine gardienne par les auteurs…et le public… alors que le moindre flic, soldat, du moment qu’il est occidental, et, pis, israélien, est de plus en plus déhumanisé, jour après jour, par des médias, des chercheurs, des idiots utiles, (nouveaux abrutis dans ce cas aussi), aux ordres d’une esthétique puriste qui se djihadise de plus en plus sous nos yeux (regardez comment ces chiens se ruent sur l’os de l’Appel concernant Ilan Halimi qui serait "mort" et non pas assassiné) jusqu’à être fasciné pour ceux qui précisément veulent leur perte, et qu’il faut cependant défendre selon les règles de notre Etat de droit. Une fascination perverse qui devient le symbole même de la décadence, de la montée d’un masochisme éperdu près à laisser mourir sa spécificité au profit de celles des autres dites salvatrices car nous serions maudits depuis…Auschwitz avait énoncé le pape du post modernisme, Adorno,alors que Auschwitz s’est passé à l’ère nazie, et non pas européenne en général, ce qui implique de ne pas exclure ce fait spécifique de l’histoire allemande au lieu de le minorer, surtout lorsque l’on sait comme le dit Albert Memmi que : « L’ensemble des victimes des pogroms russes, polonais et allemands, n’excède probablement pas l’ensemble des petits pogroms successifs perpétrés dans les pays arabes »( in Juifs et Arabes, Paris, Gallimard, 1974), ce qui dans ce cas ne met pas uniquement l’antisémitisme sur l’unique dos de l’Occident chrétien et rationaliste. Et ce débat est devant nous.