Il n'y a jamais eu de révolution "algérienne", plurielle, démocratique, mais un coup d'Etat arabo-islamiste soutenu par la politique arabe de De Gaulle en 1962 alors que le FLN était militairement vaincu. Ensuite des généraux d'opérette qui n'ont pas fait leurs preuves sur le terrain se sont emparés du pouvoir avides de glorioles puis de richesses volées au peuple. Cela n'a jamais été aussi évident depuis que la Tunisie et l'Egypte viennent d'amorcer leur révolution démocratique.
Tant que le mythe de la révolution "algérienne" perdure alors qu'il a appauvri ce pays en tuant sa diversité, vantée en France, exclue en "Algérie", il n'y aura pas d'évolution possible, et les opposants resteront divisés. La Kabylie n'a pas bougé par exemple. Il faut que ce peuple ouvre les yeux et s'aperçoive qu'il a été dupé, que depuis 1954-62 une clique de fascistes nationaux-islamistes,au vernis castriste dans les années 70, puis aujourd'hui post-maoïstes c'est-à-dire ultra-affairiste, tient le pouvoir avec la complicité de la France; tout comme celle-ci avait soutenu l'Allemagne de l'Est, voire avait refusé que le Mur tombe en 1989. Sauf que la junte s'auréole de ce mythe tandis que le chef du RCD, Saïd Saadi, a eu le tort de s'en réclamer, de placer la contestation naissante sous cette bannière.
La junte militaire en Algérie a aussi fait le même chantage que Ben Ali et Moubarak : ou elle ou l'islamisme qu'elle a écrasé dans le sang dans les années 90 alors qu'il était sa créature qui avait dépassé son maître. Elle incarne l'islam réaliste à l'opposé de l'islam authentique c'est-à-dire idéaliste de l'islam radical. Or, c'est ce réalisme de surcroit affairiste et totalitaire (il ne supporte aucune manifestation de rue) qui est en crise car malgré ses efforts d'équipements (qui n'a jamais été le critère unique en matière de développement: les dictatures sont toujours bien équipées) il devient un frein au développement réel permettant la prospérité du peuple.
Au lieu de cela ce dernier est infantilisé, marginalisé, réduit à servir de matériaux pour une junte sûre d'elle et dominatrice qui sait par ailleurs qu'elle peut compter sur la France pour la soutenir.
Il faut donc arracher le visage d'ange de cette fausse révolution qui devient de plus en plus le portrait de Dorian Gray : visqueux et haineux. Mais pour ce faire il faudra aussi critiiquer très vertement ses soutiens à gauche et à droite en France qui l'aide à se perpétuer.