TF1 « reroute »
Par Alain Rubin, le 6 juillet 2014
"Rerouter", c'est l'expression utilisée depuis quelques jours par un ami, pour m'envoyer toute une pluie de scuds et de Qassam «informationnels».
Il "reroute", l'ami.
TF1 de ce dimanche 6 juillet a "rerouté", elle aussi.
Ce midi, elle nous a montré : des soldats israéliens tenant à terre un Arabe palestinien. Un militaire lui donnait des coups de pieds. Du commentaire de TF1, on apprendra : que l'homme tenu au sol et frappé avait été trouvé avec un lance-pierre sur lui. Sûrement que ce n'était qu'un galopin attardé qui faisait encore la chasse aux moineaux, dans les rues de Jérusalem. Mais ces horribles soldats sionistes ne l'ont pas cru, les racistes. Ils ont, ces méchants, ces affreux, ces amoraux qui se disent appartenir à l'armée la plus morale du monde, pensé que le lance-pierre était destiné à les bombarder ? Comme s'il se passait des choses comme cela, dans la réalité de ces derniers jours ? Comme si des Arabes palestiniens envoyaient des pierres à l'armée et à la police israéliennes, ainsi qu'aux automobilistes, aux autobus et aux passants ???
Comme s'il s'était passé, que deux Arabes palestiniens ont été pris pour des Juifs et lynchés…
Malheureusement, n'en déplaise à l'école française de «journalisme», il se trouve effectivement que deux Arabes israéliens ont bien été pris pour des Juifs et lynchés pour cela.
La chasse au faciès, ça s'appelle.
Résultat : une meute de lanceurs de pierres et de blocs de béton s'est jetée sur les deux hommes qui n'ont dû leur salut qu'à la proximité d'un groupe de militaire israéliens. Ces derniers sont intervenus et les ont sortis,- ces deux Arabes qui avaient le malheur de ressembler à des Juifs -, des griffes de fauves à visage humains qui les bourraient de coups de poings, coups de pieds et d'instruments divers et variés.
Je ne « rerouterai » pas ces images honteuses, que TF1 possède mais ne montre pas. Il n'est, en effet, pire sourd et aveugle que celui qui ne veut ni entendre, ni voir, ni comprendre.
Du commentaire du journaliste de TF1, on ne saura pas : si c'était le jeune homosexuel palestinien ou le porteur de lance-pierres que l'on retrouvera avec de la fumée dans les poumons « prouvant qu'il avait bien été tué par le feu ».
Mais précision et exactitude ne sont pas les deux mamelles auxquelles tête une presse française, dont le maître à penser reste l'AFP, suivant encore les sentiers idéologiques tortueux du défunt Marius Schattner dévoyant la réputation de Lev Davidovitch Bronstein (1) pour l'utiliser à des fins politiques permettant de justifier les nouveaux pogroms. Probant tout cela, n'est-ce pas ?
On ne parlera pas, ce dimanche, des témoignages contraires du père et de la mère du jeune homosexuel palestinien assassiné. Pour la mère, ce sont deux « colons » qui ont approché son fils. Pour le père, rabrouant et contredisant son épouse, et faisant une déclaration devant Moshé Nussbaum, de la deuxième chaîne israélienne : ce sont « deux Arabes » qui ont tenté d'enlever son fils.
Les images vidéo montrées ce midi par TF1 ne montreront rien, sinon une voiture blanche.
De son côté, la justice israélienne enquête. Elle soupçonne six nationalistes juifs. Elle le dit. Et si elle le dit, c’est qu’elle investigue et que son enquête l’oriente vers des Juifs qui auraient cédé à l’appel à la vendetta. Si ces soupçons sont fondés, les coupables doivent être châtiés. La Justice d’Israël doit être conforme au principe rappelé dans la lettre ouverte que Marek Edelman adressera aux organisations palestiniennes. (2)
Les « rerouteurs » lui reprochent "sa lenteur", à la justice israélienne.
Question : Ont-ils jamais vu, que la « justice » des pays où les Juifs furent dhimmis, des sous-hommes pendant quatorze siècles, des sans-droit accablés de devoirs, – sans même parler de l'Algérie de 1934 après le pogrom d'Alger -, ait jamais donné satisfaction à un Juif violenté, ou à une famille juive dont un des membres avait été tué par des tenants de la dhimmitude du Juif s'appuyant, pour légitimer le crime, sur le droit de vie et de mort sur le Juif que conféreraient les « dits authentiques » collectés par Al Boukhary et Muslim ?
Où, dites-moi l'ami, où et quand ? L'husseinisme redresse la tête ! Ce midi, sur TF1, quelques minutes, toujours et seulement pour accabler Israël.
Sur les médias français, des bribes d'informations, toutes à charge, toutes sorties d'un dossier d'accusation. Pas une fraction de seconde ne fut et ne sera disponible, pour que le citoyen français sache aussi : que le drapeau hitlérien, le drapeau rouge à croix gammée, flottait librement au vent, – qu'il a été filmé à sept heures ce dimanche 6 juillet 2014 -, sur la localité palestinienne de Bet Omar, au nord de Hébron. Encore un non-évènement, ne valant pas la peine d'être diffusé et « rerouté » ?
Samedi, la veille, un autobus rempli de jeunes enfants et de leurs mères a été attaqué, à Maalé Adoumim, à l'est de Jérusalem : des dizaines d'enfants terrorisés, leurs mères effrayées elles aussi, pour elles-mêmes et surtout pour leurs tout jeunes enfants ; un autre non-évènement, faut-il croire ? Doit-on penser que la déroute morale du stalinisme et de ses avatars (les divers éléments de la «gauche culturelle») fait que, pour TF1 et nos médias « français », idéologisés jusqu'au bout des ongles, dont la ligne éditoriale les transforme en variétés d'Izvestia et/ou de Beobechter, quand des mamans et des petits enfants juifs sont attaqués par des bandits de grands chemins, c'est un non-évènement, parce que ces brigands sont des Arabes palestiniens?
Tandis que quelques dizaines de Juifs criant « mort aux Arabes ! », en voilà de l'information! En voilà de quoi occuper les soirées et les nuits de nos rerouteurs. Pour ce fait occasionnel, cette dizaine est mise en symétrie et en situation d'égalité avec des foules de centaines, de milliers et même de dizaines et des centaines de milliers de fanatiques appelant régulièrement au meurtre et à l'égorgement des Juifs, à Téhéran, au Caire, à Beyrouth, Alger, Khartoum, Gaza, Jérusalem.
On verra et on entendra cela plusieurs fois, à Paris même, certes avec des foules plus modestes en nombre : salafistes et jeunes femmes bourquisées, hijabisées, niquabisées, marchant au coude à coude… avec le PCF, NPA, EELV, scandant, avec une conviction farouche : mort aux Juifs ! Khaybar al Yahoud ! Pour l'AFP et ceux qui s'en contentent, même si cela infecte l'opinion, ces manifestations furent aussi des non-événements, parce qu'en parler, nous expliquèrent-ils, aurait stigmatisé une population… Qui sont les « racistes » ? Qui, sinon ceux qui pensent, en leur for intérieur, que tous les musulmans sont pro-salafistes et que les combattre énergiquement, ainsi que les empiétements quotidiens qu'ils sécrètent, embraserait le pays ; qu'il vaut donc mieux faire : comme le valet de madame la marquise et trouver « que tout va très bien ».
On a même vu, l'an passé, une manifestation salafiste parisienne, sur les Champs-Elysées, qui, avant de transformer le trottoir de la plus belle avenue du monde en mosquée, s'est singularisée en appelant, en arabe, à… « Égorger les Juifs ». La scène a été filmée, diffusée. La Justice possède ces images et le son, ainsi que la traduction. Les slogans répétés d'appel au meurtre des Juifs ont été amplement diffusés sur Internet. Emmenée au poste de police, la petite centaine de manifestants salafistes et de femmes pro-burqua ressortira, sans aucune suite judiciaire, après un simple contrôle d'identité.
C'est sûrement cela que le taubirisme appelle : l'égalité de tous devant la loi et le refus de la stigmatisation ?
Appeler à « égorger les Juifs », n'est-ce pas une faute devant la loi ? Pour le taubirisme, il s’avère, comme on le voit, que ce ne soit pas un délit…
On peut en effet se poser la question. Pour le taubirisme, qui tient la justice entre ses mains partisanes et vindicatives, cela n'en était pas une ; enfin, si c'en était une, elle n'était pas bien grave, la faute ; elle n'était pas suffisamment sérieuse pour que l'on fasse subir à nos braves salafistes et à leurs si gentilles « sœurs » librement niquabisées, librement enfermées, la honte des tribunaux et la lourdeur des sanctions prévues par la loi, pour un appel répété au meurtre contre un groupe humain, « en raison de sa race et/ou de sa religion ». Aucune raison de s'en prendre à ces braves salafistes, recruteurs de djihadistes destinés à s'en aller en Syrie-Irak, massacrer les soldats et les civils syriens, irakiens, arméniens, assyro-chaldéens, refusant de se rallier ou se soumettre au Califat.
Le SOS racisme et le MRAP, eux pourtant si vigilants, dès qu'un moindre bout de propos est tenu et connu, – contre certaines populations -, laissant percer une hostilité pour des motifs de religion ou d'appartenance à une race, n’ont pas exprimé la moindre inquiétude ni indignation devant ces appels au meurtre…
Par contre, parmi les « informations que l'ami m'a « reroutées », l'horreur absolue… Pensez : quelques dizaines de Juifs ont appelé à venger ces trois adolescents enlevés, – kidnappés et presque tout de suite exécutés, dont on n'a quasiment pas parlé dans les médias français -, vengeurs potentiels assortissant leurs propos de « mort aux Arabes ! ». Horreur ! Si les Juifs soupçonnés par la police israélienne sont coupables du meurtre du jeune palestinien, ils doivent être arrêtés, incarcérés et châtiés. Personne en Israël, parmi les Juifs, ne dit et ne dira le contraire, hormis peut-être une infime minorité faisant une lecture inappropriée et aveugle de la «loi du talion».
Mais cela n’empêche et n’empêchera, que ceux qui se sont réjouis des trois enlèvements suivis de trois meurtres, prennent et prendront prétexte d’un dévoiement de réaction pour appeler à de nouveaux enlèvements et à de nouveaux meurtres. Horreur encore, les Juifs sont solidaires d'étudiants de la Yéschivah d'Adin Steinsaltz, située dans le Goush Etzion, un tout petit bout de terre que le plan de partage de 1947 avait attribué à Israël, mais que la Jordanie occupera et annexera.
Revenir y vivre ou, dans leur cas, venir y étudier, a fait d'eux des «colons», donc des Juifs en sursis dont la vie n'est pas légitime et dont l'assassinat n'est un crime, ni pour nos médias, ni pour les rerouteurs de leurs pseudo-informations.
Alain Rubin, le 6 juillet 2014
(1) Après les pogroms et les tueries husseinistes d'août 1929, Léon Trotski dénoncera le revirement du parti communiste de Palestine (majoritairement formé de Juifs non-sionistes), En effet, après que Sméral, l'émissaire Tchèque du Komintern, ait été débarqué par Staline, ce parti reviendra sur sa dénonciation des violences et pogroms qui eurent lieu début août à Jérusalem, Hébron et Safed, les présentant alors comme de légitimes actions anti-impérialistes. Ces tueries, organisées par le Mufti Husseini, – le futur allié du troisième Reich dans la mise en œuvre de la Shoah des deux côtés de la Méditerranée -, firent plus de 130 victimes juives et 160 du côté de pogromistes réprimés par l'armée mandataire britannique. Pour le stalinisme, comme pour ses avatars actuels, peuplant nos médias « français », les violences anti-Juifs étaient légitimes et seront légitimes.
(2) Marek Edelman, dirigeant du parti ouvrier juif et marxiste, le Bund, son représentant au sein de l’organisation juive de combat (OJC) dans le ghetto de Varsovie, rappellera que la question du terrorisme aveugle, comme moyen d’action, fut pratiquement abordée en 1943. De jeunes Juifs de l’OJC préconisèrent alors de faire des sorties, dans la partie de Varsovie habitée par des Allemands et d’en tuer au hasard. Pas loin d’un demi-million de Juifs, hommes, femmes, vieillards, enfants, enfermés entre les murs du grand et du petit ghetto avait déjà péri, affamés dans le ghetto ou gazés à Treblinka. Ces jeunes Juifs voulaient faire payer « l’Allemand », indistinctement. La discussion eut lieu au sein de l’OJC et la conclusion fut que : d’un point de vue juif, le crime, quelle que soit son ampleur, ne justifiait pas de faire couler le sang du fils pour les meurtres du père, ou celui de l’épouse pour les fautes impardonnables de l’époux. La proposition d’aller exécuter n’importe quel Allemand, que l’on pourrait croiser et tuer, fut repoussée. Si les soupçons des enquêteurs israéliens se confirmaient, cela reviendrait à dire que ce n’est pas seulement le sang d’un innocent que ces Juifs auraient fait couler, ils auraient aussi porté un coup aux principes trois fois millénaires que portent le judaïsme et la nation juive, contre vents et marées.
Manifestation à Paris, le 1er juillet 2014, en hommage aux trois adolescents assassinés