Ils ne peuvent en effet supporter l'idée que leur si bel islam ayant paraît-il civilisé une Europe barbare, professé sur un ton docte à longueur d'ondes et d'imprimés, puisse être semblable à celui qui s'empare de l'esprit de ceux qui s'en parent avant d'assassiner ; aussi s'empressent-ils de les qualifier du terme de "déséquilibre" qui n'a pourtant rien de "psychiatrique" : tout ceci ayant été dilué voire même disparu (parallèlement à la notion de "crime") dans les confins de l'anti-psychiatrie et de l'approche chimique.
David Hume en son temps avait pourtant prévenu dans Les essais esthétiques qu'il est possible de faire un contre sens dans l'interprétation des discours "généraux" :
" (…) Les admirateurs et les adeptes du Coran insistent sur les principes moraux excellents qui [s'y] entremêlent (…) Suivons sa narration, et nous aurons tôt fait de découvrir qu'il accorde ses louanges à des cas de trahison, d'inhumanité, de cruauté, de vengeance et de bigoterie tels qu'ils sont entièrement incompatibles avec la société civilisée. Aucune règle constante de droit ne semble être suivie là, et toute action est blâmée ou louée, en tant seulement qu'elle est bénéfique ou pernicieuse aux vrais croyants. (…)" (Deuxième partie, Art et psychologie (1742) 1974, Paris, éditions Vrin, p.81, de la norme du goût, tromperie du discours général, second paragraphe).
Mais qui sont les "vrais" croyants ? Un dilemme qui trouve sa réponse ces temps-ci à coups d'acide et d'attaques aux couteaux, à la voiture bélier, aux interdictions latentes faites aux femmes de sortir seules, surtout habillées légèrement…
Cette contorsion dans la réalité des mots agit d'autant mieux aujourd'hui qu'elle est formatée par la normalisation hygiéniste voyant d'abord en chaque être humain un corps en souffrance potentielle (dont le principe de précaution serait devenue l'unique boussole bien qu'elle soit aussi à géométrie variable…) ; ce qui réduit rêves et délires (au sens grec de s'élever par et dans l'Absolu) à des "frustrations" ; de même que ce désir de se sentir appartenir à plus grand, plus ancestral que soi telle que la culture de sa Nation au sens d'être pétri et bercé par ses contes et légendes ses espoirs aussi de pouvoir grandir en elle (comme l'explique Liah Greenfeld).
Toute cette trame qui tresse la chair humaine a été "dé(cons)truite" comme étant autant de "préjugés" (comme si l'on devait tout redéfinir à chaque instant) et remplacée pour ce faire par une guimauve pseudo-scientifique de plus en plus débitée par I.A (intelligence artificielle) ou son équivalent provisoire la culture désormais comme une sorte de collection Arlequin puissance mille où l'on raconte donc l'islam comme un gentil conte des Mille et une Nuit épris de paix et d'amour, ce qui agit aussi comme "opium" ou cette nostalgie diffuse du monde ancien, rude mais raffiné, supposé résistant de fait à la standartisation des désirs (critiquée mais adulée en "privé") tout un ensemble qui fait pression sur les adeptes, les plus sensibles (ce qui ne veut pas dire les plus fragiles) de cette "religion" ouvertement anti-moderne (ne serait-ce que la liberté et l'égalité) et dont la particularité ces temps-ci semble bien être la seule tout de même à servir de légitimation aux assassins.
Car il est bien curieux, et les partisans du refus absolu de tout "fait divers" (minoritaire par définition selon eux) devraient s'en étonner, que la grande majorité des "déséquilibrés" s'étant transformés en assassins l'ont légitimé par l'islam et non par un autre discours religieux… Il n'y a pas de crédits pour répondre à cette question, désolé, débloquez quelques millions et sur la base d'une enquête exhaustive étalée sur plusieurs siècles vous verrez bien que les "quelques" tués d'aujourd'hui pèsent peu face aux hécatombes passées…
Certes, mais ne peut-on pas se préoccuper d'aujourd'hui plutôt en observant que cette violence au quotidien n'arrive pas dans tous les pays, plutôt parmi ceux qui développent une pratique réduisant le désir d'imposer sa vision à un déséquilibre alors qu'il s'agit d'une pulsion "normale" au sens où tout être humain veut voir s'afficher ce qu'il croit au sein des comportements environnants, et lorsque ces derniers n'y correspondent pas la tentation est grande de les éliminer, mentalement ou en s'éloignant en majorité.
Mais certains n'ont pas cette "tolérance" (mot ambigu comme les maisons du même nom) ce que ne comprennent pas les puissants du moment avides de (se) rassurer en affichant avec empressement un tout autre réel sur le réel vécu ; n'est-ce pas là le plus grand "déséquilibre" qui soit ou comment supprimer effacer nier ce qui ne correspond pas au réel admis et par là assumer à terme sa propre disparition, voire la désirer, ultime souhait tant son vertige est définitif en ouvrant ainsi au contraire indépassable?…
Ce n'est donc même plus du suicide qui nécessite de se débrouiller pour y arriver, mais le fait de demander à consommer sa propre mise à mort, un suicide assisté, comme dans Soleil Vert, sans qu'il soit bien sûr remboursé par la Sécurité Sociale, la bio-éthique est ainsi sauve.