Que, en filigrane, et dans les étages inférieurs, le nationalisme social de la famille Le Pen tire dans la même direction que le social nationalisme de mitterrandiens nostalgiques ne peut qu’étonner les naïfs : l’extrême droite, même paganiste, a toujours été pro arabiste et pro-islamique, et le socialisme post pétainiste mitterandien aussi (mais celui-ci restait fidèle en alliance, ce qui n’a pas été le cas du rad-soc Chirac) ; c’est d’ailleurs ce qui ne laisse pas d’étonner lorsque cela gesticule dans la même direction sous nos yeux encore agacés par un chiraquisme grandiloquent qui, heureusement, semble sortir aussi vite de l’Histoire qu’il n’y était entré par on ne sait quel accident ; idem pour un Roland Dumas, vieux beau croquemitaine qui doit sans doute encore plaire dans les salons de second rang (il paraît d’ailleurs que Jospin y aurait entre aperçu Royal récemment)
Quant au fond de l’affaire, il semble bien que Sarkozy donne plutôt des gages aux sunnites libanais et saoudiens, hanté par la prédominance shiite, au lieu d’être le va-t-en guerre si décrié. En effet, loin d’être dans l’alignement atlantiste, la position sarkoziste vise à renforcer un jeu propre proposant au camp arabiste un autre son de cloche que le démocratisme d’un Bush en difficulté.
Sauf qu’il n’est pas dit qu’un tel calcul soit aussi judicieux qu’il n’en a l’air : déjà, et on le voit en Algérie, le soutien inconditionnel aux dictatures sunnites corrompus n’est pas la preuve absolue d’une politique anti-islamiste victorieuse, bien au contraire ; par ailleurs, empêcher le régime totalitaire iranien d’avoir accès au nucléaire sans qu’il puisse renforcer la fibre patriotique mériterait un expert en haute voltige que les actuelles figures de style aux arabesques bien élémentaires ont quelques peines à ressembler.
Surtout lorsque le fond idéologique du khomenysme reste épargné, parce qu’il est le même, en réalité, que celui du national-arabisme pour lequel la France fait encore des yeux doux : un islam se prétendant au dessus de tout (über alles) ; elle croit ainsi améliorer sa position dans la région sur fond de déclin américain, alors que les données sur le terrain se transforment de plus en plus en indiquant une situation inverse au fur et à mesure que l’Irak émerge, à son rythme, d’un chaos saddamiste auquel l’Etat français a eu sa part, pour quelques marchés publics de plus.
Aussi croire que l’actuel durcissement français contre l’Iran viserait à tout simplement empêcher un régime totalitaire d’avoir l’arme suprême serait, me semble-t-il, présomptueux.