21 mars 2023

Une fatwa peut en cacher une autre

Le guide religieux de la communauté chiite au Liban, l’ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah, a émis un décret religieux proclamant "l’interdiction, au nom de l’islam, de toute normalisation des relations avec l’ennemi sioniste, de quelque façon que ce soit".
 
La fatwa a été émise le 13/09/2009 ; une vérité toute crue, que le problème israélo-arabe, est en réalité un problème de religion pour le guide  de la  communauté chiite au Liban. Pour lui dans le Coran, il n’est pas question qu’il y ait un état juif, pas plus d’ailleurs, d’un état chrétien, ni païen d’ailleurs. Justement, cela m’interpelle et je me demande : pourquoi maintenant  précisément l’ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah, a émis ce décret religieux pour rappeler que la  normalisation des relations «  avec l’ennemi sioniste  » est interdire en Islam ?
 
Tout d’abord et avant de réponde à cette question, il faut bien rappeler quelques réalités historiques que Hussein Fadlallah et ses consorts semblent vouloir  oublié dans sa misérable  fatwa.
 
Les juifs ont le droit de  revendiquer leurs droits, légitimes d’ailleurs sur cette terre, celle de leurs ancêtres. Si cette terre est réellement sainte, elle l’a été primordialement pour les juifs depuis la promesse faite à notre ancêtre Abraham par le Créateur et cela date cinq mille ans. Toutes les contestations nées ultérieurement sont ambiguës et fausses. Les Douze Tribus d’Israël (même le Coran  y parle) ont formé la première monarchie constitutionnelle en Israël approximativement 1000 ans avant J.C. Le deuxième roi d’Israël, David, a été le premier à faire de Jérusalem la capitale nationale. Bien qu’Israël ait été ultérieurement divisée en deux royaumes distincts, l’indépendance juive sous la monarchie a duré plus de 400 ans. Pour mémoire l’Islam n’existait pas encore à cette période.
 
La Palestine n’a jamais été un pays exclusivement musulman. Il y a eu, dans l’histoire, 3 états juifs sur ces terres mais aucun état arabe ou musulman .En fait, la Palestine n’est  jamais mentionnée explicitement dans le Coran, où elle est plutôt désignée comme "la terre sainte" (al Arad – al – Muqaddash). La citation du Coran est: "Entre, mon peuple, dans la terre sainte qu’Allah t’a attribuée. Ne lui tourne pas ton dos, afin que tu ne sois pas renvoyé comme un perdant" (sourate 5, verset 21).
 
Il faut que les arabes comprennent qu’ISRAEL n’est pas une colonie comme fut l’Algérie, Maroc, Tunisie… Israël est la terre  du peuple juif et la seule qu’il y’en a  sur cette planète.
 
Le Coran atteste lui-même que la terre d’Israël appartient aux Hébreux. Un certain nombre de versets du Coran parlent explicitement du retour d’Israël sur sa terre: «Et au peuple de ceux qui avaient été abaissés, (il s’agit des enfants d’Israël sortant d’Égypte), nous donnâmes en héritage les contrées orientales et occidentales de la terre que nous avions bénies.»  Coran, sourate VII, v. 133. Les commentateurs du Coran précisent qu’il s’agit de l’Est et de l’Ouest du Jourdain. Dans une autre sourate du Coran, Moïse s’adresse aux enfants d’Israël et leur dit : «Ô, mon peuple, entrez dans la Terre sainte que Dieu vous avait destinée…». Le Coran, sourate V, v.24. Le texte arabe est plus fort, il dit : «Que Dieu vous avait écrite». Or, dans la tradition bédouine, dans l’Islam, les contrats sont toujours oraux.
 
Les versets du Coran l’ont maintes fois rappelé. La légitimité de l’Etat Juif est incontestable On a souvent tendance à l’oublier. Les religions monothéistes sont claires et nettes à ce sujet. Quant aux diatribes de certains dirigeants religieux qui ont été fulminés contre Israël, je pense qu’elles sont plutôt destinées à la consommation intérieure.
 
Ici j’arrive à la question que je me suis posé dés le début : pourquoi maintenant  précisément l’ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah, a émis ce décret religieux pour prétendre que la  normalisation des relations avec «  l’ennemi sioniste  » est interdite  en Islam ?
 
La réponse est claire ; en observant le contexte et la date de l’émission de cette fatwa (le dimanche 13 septembre), on s’aperçoit ces derniers jours un regain des tensions entre les chefs religieux chiites et sunnites, pas seulement au Liban, mais au delà du Liban.
 
Les radicaux chiites et sunnites n’ont fait qu’intensifier leurs attaques, les uns sur les sites Internet des autres. Ce qui s’est passé c’est que depuis le début du mois de ramadan, une série télévisée , produite par l’Iran,  a enflammée les Sunnites contre les  Chiites au Moyen-orient. Cette série télévisée diffusée sur El Mannar TV (chaîne du Hezbollah) a fait une représentation des  prophètes.
 
Le chef des tribunaux islamiques de l’Autorité palestinienne, le Sheikh Taysir al Tamimi, s’en est vivement pris à la chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar, pour la diffusion d’une série télévisée sur le patriarche Joseph, qui porte, selon lui, une grave atteinte à la religion musulmane.
 
Faisant référence à Joseph, Jacob et l’ange Gabriel dont les personnages apparaissent dans cette série, Tamimi a affirmé que l’islam interdit strictement toute représentation de prophètes ou d’anges, et appelé conséquemment à boycotter ce programme télévisé.
 
Le chef des tribunaux islamiques a encore déclaré que "Dieu a choisi ses prophètes et les a entouré d’une protection destinée à empêcher le Satan de leur porter atteinte, à eux et à toute l’humanité", que la sainteté de ces personnages exige que nous les respections, et que leur représentation, ne pouvant matérialiser leur essence idéale, amoindrit la grandeur de leur statut.
 
Le Sheikh palestinien Taysir al Tamimi a exhorté les téléspectateurs (quasi majorité  des musulmans sunnites dans les territoires) à boycotté Al Manar TV. L’escalade est aussi  assurée par le cheikh Youssef Al Qaradhawi, chef de l’Union internationale des savants musulmans, qui a déclaré dans les médias arabes, dénonçant les chiites en général, et l’Iran en particulier, que les chiites sont des hérétiques hors de la rédemption.
 
C’est ce conflit qui en fin de compte, est prédominant sur tous les autres conflits plus sensible même que le conflit politique israélo-palestinien.
 
L’objectif avoué donc de la fatwa sans surprise  de l’ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah, qui prétend que la  normalisation des relations «  avec l’ennemi sioniste  » est interdire en Islam, vise tout simplement  à détourner l’attention des arabes sunnites  de la colère  provoquée par  la série télévisée diffusée sur El Mannar TV et concentre par là même l’attention des sunnites  sur la question de la normalisation des relations avec Israël.
 
Le guide religieux de la communauté chiite au Liban est intervenu – parait t-il – sous les ordres du Hezbollah pour absorber la colère des musulmans sunnites sur cette série télévisée qui a porté une grave atteinte proprement dit au dogme sunnite qui prohibait toute  représentation  matérielle des  prophètes.
 
Cette bonne vieille méthode, visant à détourner les esprits par la question palestinienne, a hélas de forte raison de réussir son coup (encore une fois) car la haine d’Israël est mobilisatrice des foules surtout dans un climat arabo-musulman caractérisé par l’hypocrisie générale et l’hystérie collective.
 
Une fatwa peut donc en cacher une autre. La fatwa du guide religieux de la communauté chiite au Liban, l’ayatollah Mohammad Hussein Fadlallah, qui a émis un décret religieux proclamant "l’interdiction, au nom de l’islam, de toute normalisation des relations avec l’ennemi sioniste " a visé camouflé la fatwa du chef des tribunaux islamiques, le  Sheikh palestinien Taysir al Tamimi qui a boycotté la chaîne du Hezbollah considérant la matérialisation comme une offense à l’islam.
 
 
Cette manipulation  médiatique et religieuse de l’ayatollah Hussein Fadlallah tombait on ne peut mieux dans un contexte où l’impérialisme perse lance une offensive sans précédent en s’appuyant sur le conflit israélo-palestinien pour galvaniser ses troupes et détourner l’attention de sa mainmise sur le Proche Orient  et surtout sur Gaza et le Liban.
 
La cause palestinienne a toujours été utilisée comme alibi. L’Iran s’en sert aujourd’hui tout comme Saddam Hussein en son temps avait utilisé la caution palestinienne pour envahir le Koweït. Aucun leader palestinien influent ne s’était alors cru mandaté pour dénoncer l’absence de lien entre sa cause nationale et l’invasion d’un pays frère.
 
 La paix véritable ne pourra éclore avec les  israéliens que lorsqu’Israël sera reconnu par les musulmans sunnites  comme le peuple dont le Coran lui-même leur dit qu’il est le peuple de l’Alliance : «Ô fils d’Israël, rappelez-vous le bienfait dont je vous ai comblé, tenez fidèlement le pacte [envers] moi, je tiendrai fidèlement mon pacte [envers] vous…» Coran, sourate II, verset 38. Les sunnites de la région comprendront  alors que les fils d’Israël sont leurs seuls vrais alliés dans la région  face aux multiplies  tentatives de sédition chiites implantées dans les pays arabes.
Si les arabes sunnites veulent vraiment vaincre l’hégémonie perse et l’étoile d’araignée chiite qui menace l’unité du dogme sunnite, ils n’ont qu’à laisser les Israéliens juifs vivent en paix à leurs cotes. Il y avait pourtant un moyen simple et peu coûteux : s’abstenir d’écouter les appels qui empêchent la reprise des relations avec le monde juif. C’était vrai du temps du frénétique Adolf Hitler et de son parti nazi, c’est encore vrai pour l’islam fanatique  télécommandée par l’Iran.
Aujourd’hui, à notre grand regret, nous sommes les témoins de forces extrémistes qui menacent la stabilité du Proche-Orient. La majorité du monde arabe partage intimement les préoccupations d’Israël surtout que les pro-iraniens abusent de la question palestinienne pour envahir la région (1). Les arabes sunnites ne peuvent trouver aucune raison à  ne pas s’unir avec Israël pour contrarier la menace  chiite qui implique des dangers considérables pour tous les peuples de la région du Golfe. Cette inquiétude est bien fondée, en particulier en ce qui concerne l’identité et la diversité de la région.
 
En conséquence, les gens manouvrants pour la disparition de l’Etat d’Israël (sous couverts religieux ou idéologiques)  sont des génocidaires en puissance.  Ils appellent non seulement à la solution finale contre Israël mais contre les valeurs universelles de liberté et de démocratie qui nous sont les plus chères.
 
Ftouh Souhail, Tunis
 
 
 
(1) Depuis  la révolution islamique de  l’Ayatollah Khomeiny, L’Iran, promut  la notion de « wilayat al faqih » ou « gouvernement des sages », qui donne au clergé tout pouvoir pour gouverner l’état.  Ce pays  multiplie les tentatives de sédition à travers des  organisations politiques chiites implantées dans les pays arabes.
 

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