Paroles de grands chercheurs sur le réchauffement climatique (mis à jour le 03/12/09)
Lire le rapport interdit de l'agence américaine
Il est coutumier de lire dans la presse ou d'entendre répéter dans les médias que les quelques "rares" chercheurs (NDLR : Ils sont quand même plusieurs milliers répertoriés (voir un exemple, ici, ( liste dans la colonne de gauche) ou encore ici, une pétition auprès du gouvernement canadien) qui contestent que l'effet de serre provoqué par l'homme serait le responsable du réchauffement climatique, sont de simples déviants, incompétents, mal informés voire financés par les lobbies pétroliers comme EXXON Mobil…ou encore des "flat-earthers" (comme disent les américains : ceux qui croient encore que la terre est plate !) et même, des négationnistes comme ceux qui nient l'existence de la Shoah. Mais où en sommes nous arrivés ?
J'ouvre cette rubrique pour équilibrer le débat et vous montrer qu'il n'en est rien et que de grands experts en climatologie ou dans les sciences fondamentales de l'espace ou de la terre, se donnent beaucoup de mal pour faire entendre un tout autre discours que celui qui est propagé par le GIEC, les écologistes, relayé par la grande presse et les politiques en mal de popularité. Jusqu'au Vice-Président du GIEC, lui-même, qui n'est pas d'accord avec la Pensée Unique ! Comme vous allez le voir, les quelques contestataires que je cite ne sont pas débutants. Au contraire, ce sont tous des spécialistes chevronnés. Et ils ne mâchent pas leurs mots pour dire ce qu'ils pensent du GIEC et de ses conclusions …
En voici la liste qui s'allonge, jour après jour : Mike Hulme, Vincent Courtillot, Mojib Latif, Jan Veizer, Rapport JSER, John Theon, Roger Pielke Sr, Frank Tipler, William Happer, Ian Plimer, William R. Cotton, Harrison Schmitt, Cliff Ollier, Roy Spencer, Yury Izrael, Khabibullo Abdoussamatov, Richard Lindzen, Marcel Leroux, Bill Gray, Paul Reiter, Frederick Seitz, Vincent Gray, Antonio Zichichi, Augie Auer, Michael Griffin, Robert Carter, Reid Bryson, Nils-Axel Mörner, Tom V. Segalstad, Madhav L. Khandekar, Al Pekarek, Tim Patterson, Freeman Dyson, Tim Ball, John Coleman, Daniel Botkin, David Douglass, John Christy, Fred Singer, Syun Akasofu, Rosa Compagnucci, Juan Minetti, Eduardo Toni, Oleg Sorokhtin, Jose Joaquim Delgado Domingos, Hendrik Tennekes, Art Douglas; Howard C. Hayden, Don J. Easterbrook, Kunihiko Takeda, Garth Paltrdige, Stan Goldenberg, Arun D. Ahluwalia, Roger W. Cohen… Tous des scientifiques tout à fait qualifiés pour parler du fameux "réchauffement climatique". Et ce ne sont pas les seuls. N'oubliez pas les quelques 9000 et quelques docteurs ès sciences qui ont signés la pétition ici. Et les plus de 400 spécialistes, dont on peut trouver la liste ici et qui se sont exprimés rien qu'en 2007…
Malheureusement et hormis les articles accessibles du regretté Marcel Leroux (voir sa dernière vidéo, tournée peu de temps avant son décès), la plupart de ces articles et de ces déclarations sont rédigés en anglais (comme d'ailleurs la plupart des livres publiés par Leroux). Je vous traduirai les autres aussi fidèlement que possible.
3 Déc. 2009 : L'opinion du Mike Hulme sur l'affaire du hacking des documents du CRU.
Mike Hulme est très loin d'être un "sceptique du climat". Pourtant, nous l'avions déjà cité dans cette page parce qu'il avait fait un certain nombre de déclarations publiques qui allaient dans le bon sens. Elles stigmatisaient sévèrement les discours apocalyptiques qu'on lit, voit, ou entend dans les médias et qui n'ont strictement rien à voir avec la science.
Je rappelle que Mike Hulme a été (2000-2007) le Directeur-Fondateur du Centre de Recherche Tyndall du Royaume Uni. Il est maintenant Professeur de "changement climatique" à l'Université d'East Anglia, celle-là même où a éclaté l'affaire des documents rendus publics du CRU-EAU (Climate Research Unit East Anglia University) que j'ai relatée ici. A noter, en passant, que son successeur à la direction du Tyndall, tient des propos si alarmistes -à la "James Lovelock"- qu'en comparaison, ceux d'Al Gore font figure d'aimables plaisanteries.
Le texte original de Mike Hulme a été repris par de nombreux organes de la presse anglophone. Le voici, tel que publié par A. Revkin du New York Times :
" The key lesson to be learned is that not only must scientific knowledge about climate change be publicly owned — the I.P.C.C. does a fairly good job of this according to its own terms — but the very practices of scientific enquiry must also be publicly owned, in the sense of being open and trusted. From outside, and even to the neutral, the attitudes revealed in the emails do not look good. To those with bigger axes to grind it is just what they wanted to find.
This will blow its course soon in the conventional media without making too much difference to Copenhagen — after all, COP15 is about raw politics, not about the politics of science. But in the Internet worlds of deliberation and in the ‘mood’ of public debate about the trustworthiness of climate science, the reverberations of this episode will live on long beyond COP15. Climate scientists will have to work harder to earn the warranted trust of the public – and maybe that is no bad thing.
But this episode might signify something more in the unfolding story of climate change. This event might signal a crack that allows for processes of re-structuring scientific knowledge about climate change. It is possible that some areas of climate science has become sclerotic. It is possible that climate science has become too partisan, too centralized. The tribalism that some of the leaked emails display is something more usually associated with social organization within primitive cultures; it is not attractive when we find it at work inside science.
It is also possible that the institutional innovation that has been the I.P.C.C. has run its course. Yes, there will be an AR5 but for what purpose? The I.P.C.C. itself, through its structural tendency to politicize climate change science, has perhaps helped to foster a more authoritarian and exclusive form of knowledge production – just at a time when a globalizing and wired cosmopolitan culture is demanding of science something much more open and inclusive"
Une traduction en français : (les caractères engraissés sont de l'auteur du site)
"La leçon essentielle qui doit être retenue est que ce n'est pas seulement la connaissance scientifique sur le changement climatique qui doit être donnée au public -le GIEC fait un assez bon travail dans ce domaine, selon ses propres déclarations – mais les pratiques même de la recherche scientifique doivent, elles aussi, revenir au public, en ce sens qu'elles doivent être ouvertes et dignes de confiance. Vues de l'extérieur, et même d'une position neutre, les attitudes révélées dans les emails (NDT : du CRU) ne font pas bonne figure. Pour ceux qui ont de gros intérêts à servir, c'est exactement ce qu'il voulaient trouver.
Ceci va bientôt faire son chemin dans les médias conventionnels sans faire trop de différence à Copenhague – après tout, COP15 (NDT : la conférence de Copenhague de déc. 2009) concerne la politique seule et non la politique de la science. Mais dans les discussions de la blogosphère et dans "l'humeur" du débat public au sujet de la crédibilité de la science du climat, les répercussions de cet épisode perdureront bien après le COP15. Les climatologues devront faire de plus gros efforts pour gagner la confiance assurée du public – et ce n'est peut-être pas une mauvaise chose.
Mais cet épisode pourrait aussi avoir une autre signification dans le déroulement de l'histoire du changement climatique. Cet événement pourrait être le signal d'une fracture qui permet d'amorcer une restructuration de la connaissance scientifique sur le changement climatique. Il est possible que certains domaines de la climatologie se soient sclérosés. Il est possible que la climatologie soit devenue trop partisane, trop centralisée. L'aspect tribal de quelques uns des emails résultant de la fuite, montre quelque chose qui est plus habituellement associé avec une organisation sociale au sein de cultures primitives. Il n'est pas plaisant de découvrir que ces pratiques ont cours au sein même de la science.
Il est également possible que l'innovation institutionnelle qu'a représenté la création du GIEC, ait fait son temps. Certes, il y aura un AR5 (NDT ; rapport qui fera suite au quatrième rapport du GIEC de 2007 : l'AR4) mais avec quel objectif ? Le GIEC lui-même avec sa tendance structurelle à politiser la science du climat, a peut-être aidé à encourager une forme de production de la connaissance plus autoritaire et plus exclusive – au moment précis où la globalisation et la structure de la culture en réseau cosmopolite demande que la science soit une chose plus ouverte et plus largement partagée."
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En lisant ce texte subtil, auquel la majorité des scientifiques honnêtes que je connais devraient adhérer, on reconnaît immédiatement les caractéristiques du langage typiquement "British" de l'auteur : Beaucoup de conditionnels entrecoupés de "il est possible", "peut-être" etc. Ce sens de la litote ou de l'euphémisme que les anglais appellent "understatement" fait partie de la culture anglaise. Cependant, et bien que Mike Hulme fasse allusion aux pratiques douteuses de personnels de SA propre université, son constat est extrêmement critique . Nous allons l'analyser brièvement en utilisant notre vocabulaire de "latins", souvent considéré comme excessif (voire arrogant !) par les anglais.
Une brève analyse de la déclaration de Mike Hulme :
- Mike Hulme énonce ce qui devrait être une évidence, mais qui semble avoir été oublié : La science, ( ses résultats, ses méthodes et ses doutes), est une affaire strictement publique (publicly owned signifie nationalisé). Il est intéressant de rappeler que, sur ce point, Mike Hulme rejoint assez exactement la déclaration préliminaire du (ou des) hackers du CRU qui expliquaient ainsi leur démarche :" Nous pensons que, dans la situation actuelle, la science du climat est trop importante pour demeurer dissimulée. C'est pourquoi nous mettons dans le domaine public… ".
Or, nous avons assisté, depuis quelques années, et notamment depuis la création du
GIEC à un dévoiement évident de ce grand principe. Le GIEC, organisme essentiellement politique, énonce "la bonne parole" lors de la publication du bref SPM (résumé par les décideurs que tout le monde lit) accompagné d'un énorme dossier scientifique (que personne ne lit) qui doit se conformer strictement aux déclarations du SPM comme cela est précisé dans les statuts de l'organisme. Consensus oblige . Au point qu'en 2007, le rapport SPM fut publié plusieurs mois avant le rapport scientifique ce qui est, pour le moins, contraire au bon sens.
Ce rapport SPM éliminait systématiquement toutes les incertitudes qui taraudaient les chercheurs (voir le email de Keith Briffa du CRU, il est très clair à ce sujet), ainsi que tous les articles carrément sceptiques (pourtant peer-reviewés) qui contredisaient les affirmations qui satisfaisaient le bureau du GIEC.
Cette démarche est très exactement aux antipodes de celle que rappelle opportunément Mike Hulme. Il s'agit, au contraire, d'une sorte de privatisation, d'une confiscation de la science climatique par le GIEC.Cette même idée est d'ailleurs réaffirmée dans la conclusion de Hulme : " Le GIEC, lui-même, avec sa tendance structurelle à politiser la science du climat, a peut-être aidé à encourager une forme de production de la connaissance plus autoritaire et plus exclusive – au moment précis où la globalisation et la structure de la culture en réseau cosmopolite demande que la science soit une chose plus ouverte et plus largement partagée." Hulme fait remarquer, à juste titre, que ce type de comportement est incompatible avec une société dans laquelle l'information diffuse à grande vitesse, grâce notamment à Internet, et qui ne peut se contenter d'une science "dite d'en haut", même (et surtout) si la source est un organisme politique de l'ONU.
- Je rapprocherai deux phrases du texte de Hume : " Vues de l'extérieur, et même d'une position neutre, les attitudes révélées dans les emails (NDT : du CRU) ne font pas bonne figure" et celle-ci : " L'aspect tribal de quelques uns des emails résultant de la fuite, montre quelque chose qui est plus habituellement associé avec une organisation sociale au sein de cultures primitives; Il n'est pas plaisant de découvrir que ces pratiques ont cours au sein même de la science. "
En bon français( donc de caractère Latin), l'aspect "tribal" (n'oublions pas que Hulme est un parfait "British" pour lequel, ce qualificatif est loin d'être un compliment) aurait été rendu chez nous, les latins, par un des substantifs plus colorés tels que "clique, bande organisée, gang, cabale, coterie, camarilla voire, à l'extrême, maffia"…De même "une organisation sociale au sein de cultures primitives" est très péjoratif pour un anglais de bonne souche qui reste persuadé que l'angleterre a tout fait pour libérer les peuples colonisés de ces "cultures primitives".
Ce jugement est particulièrement caustique pour les chercheurs du CRU. Mike Hulme est visiblement très choqué de voir que "ces pratiques [NDT : tribales] ont cours, au sein même de la science". Soit dit en passant, moi aussi, et sans doute, beaucoup d'autres même si cela n'émeut pas la presse francophone… - Enfin, une autre phrase du texte de Hulme me paraît particulièrement intéressante : "Cet événement pourrait être le signal d'une fracture qui permet d'amorcer une restructuration de la connaissance scientifique sur le changement climatique." A rapprocher, selon moi, de celle-ci : " Il est également possible que l'innovation institutionnelle qu'a représenté la création du GIEC, ait fait son temps." Laquelle est suivie par une critique étayée des graves inconvénients que présente "l' innovation institutionnelle" du GIEC que beaucoup de chercheurs avaient déjà perçus, mais qui ne semblaient pas interpeller les politiques.
En bref, et à mots couverts, Milke Hulme considère aussi que cette affaire du hacking des courriers du CRU, est le révélateur d'une fracture qui pourrait (devrait ?) donner l'occasion de restructurer la science climatique (pour en faire une science compétitive comme les autres, sans doute)
et sonner ainsi la fin du GIEC "qui a fait son temps". De nombreux scientifiques le suggèrent, désormais…Encore faudrait-il que les politiques l'entendent.
Ainsi, voici, venant d'un climatologue éminent et patenté "non sceptique", une déclaration intelligente et informée sur l'affaire du hacking du CRU, le "ClimateGate" comme l'a baptisé la presse anglophone. Avouez qu'elle marque un contraste saisissant avec la totalité des analyses ultra-superficielles de nos médias francophones qui ont tenté, maladroitement et honteusement, de cacher sous le tapis, une histoire qui risque d'avoir des conséquences importantes pour nous tous.
"Ce n'est qu'une affaire de traduction du mot "trick"", une tempête dans un verre d'eau, nous disait-on chez nous.
Circulez ! il n'y a rien à voir ! Dormez en paix !
Outre-Manche et Outre-Atlantique
On ne voit pas du tout les choses comme ça : Aux USA, les médias se sont déchaînés, le Sénat US en débat, des enquêtes ont été lancées. Les humoristes s'en sont emparés, les chanteurs aussi…Sur la toile, Climategate dépasse de très loin Climate change etc…
L''illustration ci-contre (libre de droits si vous le citez) nous vient du dessinateur-historien René Le Honzec qui nous fait le plaisir de collaborer avec Pensee-Unique.fr
A suivre :
Phil Jones, directeur du CRU, a été suspendu et remplacé. Provisoirement ?
Une enquête est lancée par son Université d'East Anglia ainsi que sur Michael Mann par l'Université de Pennsylvanie.
Pour revoir les emails du CRU et une analyse détaillée de cette affaire.