La mauvaise foi goguenarde, l'ironie hargneuse, la désinformation patente quand on parle d'un ministre ou à un ministre désigné à la vindicte populaire par un certain nombre de médias ou d'hommes politiques, ça aussi cela fait partie de l'identité française qui dévoile alors son plus mauvais jour.
Dans le second cas, http://www.dailymotion.com/video/xbqsel_eric-besson-au-grand-journal-de-can_news un ministre en exercice qui vient de publier un livre « Pour la nation, » dont le contenu devrait nous intéresser tous, n'a guère le loisir d'en dire grand chose car il fait d'emblée l'objet d'attaques goguenardes, sous les rires et quolibets du public, des citations fausses lui sont jetées à la figure par Ali Baddou, l'un des chroniqueurs qui a transformé, par exemple, « certains intellectuels » qui figure dans le texte en « les intellectuels parisiens, » ne semblant pas faire la différence entre l'adjectif indéterminé « certains » et l'article défini pluriel « les, » ce qu'Eric Besson tente pourtant d'expliquer. Ce même Ali Baddou qui qualifiera le livre du ministre qui l'aurait écrit « en catastrophe, » de « scolaire. » Il n'apporterait rien et ne serait qu'une simple « auto-justification » ou une défense du débat lancé par Eric Besson sur l'identité nationale, balayé d'un haussement d'épaule. Un débat pourtant plébiscité par les Français avec plus de 200 débats locaux à ce jour, des participants de tous bords, et le site qui lui est consacré visité 540.000 fois en deux mois. Eric Besson fait d'ailleurs un point fort clair sur celui-ci dans un discours du 4 janvier http://www.immigration.gouv.fr/spip.php?page=discours2&id_rubrique=307&id_article=2049 et dont les chroniqueurs du Grand Journal auraient pu/ dû prendre connaissance pour nourrir le débat du 7 janvier. Dommage aussi qu'ils n'aient sans doute pas lu l'analyse faite par la SOFRES des contributions au débat http://www.debatidentitenationale.fr/IMG/pdf/100104_-_Debat_Identite_Nationale_-_Analyse_TNS_Sofres.pdf
Et ces chroniqueurs d'heure de grande écoute savent-ils qu'Eric Besson organisait le 14 décembre à Paris un séminaire très constructif, de toute évidence soigneusement préparé, intitulé « Les migrations en Méditerranée : construire un espace de prospérité partagée, » qui s'est terminé par des « Recommandations de Paris sur la mobilité des jeunes dans l'espace méditerranéen, » cosignées par les 10 participants de premier plan – dont le ministre de la Main d'œuvre et de la Migration égyptien, le ministre délégué à la communauté marocaine résidant à l'étranger, le ministre de l'Intérieur de Chypre, le vice-ministre de la Grèce récemment nommé, le Directeur pour l'Intégration européenne croate, le ministre de la Justice de Malte ou le ministre suédois pour la Migration et la Politique d'Asile – et deux ministres, un Italien et un Libanais, représentés. Les douze pays concernés, après avoir examiné les réalités des migrations, avec ses points positifs et négatifs, ont conclu à la nécessité d'organiser ces migrations, notamment en créant un Office méditerranéen de la Jeunesse d'ici le 1er janvier 2011, avec un projet-pilote mis en place d'ici le second semestre 2011, pour faciliter les déplacements, études, emploi, acquisition de compétences ou retours d'étudiants et de jeunes professionnels. Le Maroc, le Monténégro et Chypre vont organiser en 2010 trois conférences d'experts successives pour y travailler. L'obtention accélérée de visas, de bourses et de stages est prévue, ou encore le parrainage d'anciens élèves ou de chefs d'entreprise. Un million d'Euros seront débloqués par la France pour y contribuer. http://www.actualitte.com/actualite/15681-office-mediterraneen-jeunesse-mobilite-etudiants.htm
Mais revenons au Grand Journal, décidément si mal informé. Ariane Massenet somme ensuite le ministre de répondre de manière lapidaire à un questionnaire destiné à le tourner en dérision avec un tel empressement qu'elle se prend les pieds dans son propre tapis en parlant de Xavier Lagarde pour évoquer le ministre de l'Economie Christine Lagarde. Sans sourciller toutefois et en continuant à envoyer ses piques à Eric Besson. Qui ne pourra pas dire grand chose finalement car la parole lui est coupée constamment. Elle revient sur ce qu'il a confié à des ministres et qui a été mis sur la place publique, à savoir que ses enfants lui auraient demandé de démissionner. Ce qu'il confirme sans vouloir s'y appesantir. On conçoit que le sujet soit douloureux…
Ses enfants, en effet, on les comprend. Car Eric Besson est en butte à des attaques frontales virulentes à l'emporte-pièce s'appuyant, quand elle se donnent la peine de le faire, sur des approximations, voire des erreurs grossières, des amalgames honteux quand ce ne sont pas des mensonges par omission.
Ainsi récemment dans le JT de 20 h de France2 le présentateur rappelait que 9 Afghans avaient été expulsés de France – à la mi-décembre et ces jeunes gens n'avaient ni demandé ni obtenu de droit d'asile-, ajoutant que le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait désavoué ces expulsions étant donné qu'il avait fait venir, lui, des Afghans dont un premier groupe venait d'arriver en France. Jeunes gens suivis par les caméras de France2 montrant leur installation et leur visite de Paris sur bateau mouche….Affirmation pourtant totalement erronée et également invraisemblable. Comment, en effet, de jeunes Afghans venus se perfectionner en français à un niveau universitaire auraient-ils pu être choisis, invités et reçus aussi rapidement dans le seul but d'infliger un camouflet à un autre ministre ? De plus, comme Eric Besson l'a dit lui-même, déclaration largement passée sous silence, c'est son ministère qui délivre les visas et les visas de ces étudiants ont donc été accordés par ses propres services justement dans une politique d'échanges régulés…
Et, évidemment, il y a eu, entre autres accusations, cette première page racoleuse de Marianne, vilipendant le ministre. Les chroniqueurs de Michel Denisot s'en sont d'ailleurs donné à cœur joie en ironisant avec la finesse que l'on imagine sur le fait que le ministre ait choisi ce prénom pour deux de ses filles…temps perdu, ce qui évitera d'avoir le temps de parler du contenu du livre.
Pourquoi un tel déchainement ?
Il est clair que nombre de journalistes d'opinion de gauche n'ont pas accepté qu'Eric Besson, l'un des dirigeants du P.S., rejoigne le gouvernement de Nicolas Sarkozy puis en devienne ministre. Pas plus qu'ils n'acceptent ce débat pourtant républicain, puisqu'il donne la parole à qui veut la prendre, sur l'identité nationale, même si des voix de droite viennent se joindre aux voix socialistes en l'occurrence. Le Grand Journal ne se privait d'ailleurs pas d'afficher de méga photos bulles de Jean-Pierre Raffarin ou Dominique de Villepin critiquant ce débat lors du passage d'Eric Besson sur son plateau. Il aurait pu afficher celle de Jean-Christophe Cambadélis ou Jean-Paul Huchon qui ont comparé Eric Besson à des collaborateurs vichistes, rien que ça, http://www.liberation-champagne.fr/index.php/cms/13/article/403232/Proces_en_petainisme_contre_Eric_Besson eux qui, pourtant, ont été des fidèles d'un Président de la République ancien ministre de Vichy, décoré de la Francisque et ami de Bousquet….Eric Besson a d'ailleurs porté plainte contre cet amalgame éhonté…http://iledere.parti-socialiste.fr/2009/12/19/eric-besson-porte-plainte-contre-jean-christophe-cambadelis/
D'aucuns reprochent même au ministre des déclarations qu'il n'a pas faites, l'accusant de ne pas faire des valeurs de la république ou de la langue française une composante de notre identité….Or il est très clair sur ce qui fonde notre identité nationale ainsi que sur certaines contradictions lorsqu'il écrit
« Les débats révèlent un large consensus sur les éléments constitutifs de l’identité nationale (l’histoire, la langue, la culture, la volonté de vivre ensemble) et sur un certain nombre de valeurs (liberté, égalité, fraternité, mais aussi laïcité, respect, tolérance, solidarité etc.). L’école, depuis la disparition du service national, est considérée comme un vecteur majeur de transmission des valeurs et des symboles de l’identité nationale. Le respect des symboles de la République revient également très fréquemment dans les débats, en particulier le respect du drapeau et l’hymne national. Enfin, certains participants soulignent l’écart qui se creuse entre les principes républicains qui sont réaffirmés, et la réalité de leur vie quotidienne, dans laquelle ils subissent des discriminations pour l’accès à l’emploi ou au logement. » Pétainiste ce discours ?
Une composante de l'identité française
Contrairement à ce qui se dit, ce débat http://www.debatidentitenationale.fr/ n'est pas devenu « un déversoir raciste » nous dit Eric Besson en analysant la réalité et non les fantasmes des contributions, travail de la SOFRES à l'appui. Et le fait que ce sont moins de 25 % des personnes qui s'expriment sur le site du débat d'une manière ou d'une autre sur immigration ou Islam semble légitime puisque, d'une part, la France a été et est un pays d'immigration et que l'Islam est devenu au cours des dernières décennies la deuxième religion de France. Une évolution récente et de taille qui ne peut que susciter un certain nombre d'interrogations.
Et aux voix de ces critiques s'ajoute, sans surprise, celle de ouma.com, bien entendu…http://oumma.com/Identite-nationale-la-politique-de ou http://oumma.com/Nicolas-Sarkozy-Eric-Besson-Andre
Sans le savoir les personnages cités plus haut participent de l'identité française, qu'ils le veuillent ou non, en présentant une facette hilare, moqueuse jusqu'à l'excès, la mauvaise foi, la désinformation, se plait à accuser, vilipender à tort plus qu'à raison, se livrer à des comparaisons qui ne sont certes pas raison…
Mais c'est là le côté sombre d'une identité qui reste pour l'heure positive et exemplaire car républicaine au plein sens du terme.
Hélène Keller-Lind
update
Ce soir, jeudi 14 janvier, Eric Besson sera sur le plateau d’Arlette Chabot dans “Avous de juger”
A voir pour se faire sa propre opinion