« Défendre notre patrimoine démocratique et laïque, » tel a été le thème de la manifestation organisée avec le soutien de plusieurs organisations place Iéna à Paris le 19 septembre dernier. Un lieu loin d'être neutre, comme le soulignait Pierre Cassen de Riposte Laïque qui rappelait que des manifestations avaient eu lieu à cet endroit même, à deux pas de l'Ambassade d'Iran, « il y a 31 ans contre la dictature du Shah. Les manifestants qui avaient sans doute les meilleurs intentions…mais qui n'appréhendaient pas les conséquences qu'il y aurait et ne savaient pas qu'à la place de la dictature du Shah il y aurait la dictature des ayatollahs, mot que l'on ne connaissait pas alors. » Et que, de fait, ces manifestants militaient pour « une république islamique où on pend les homosexuels, ou les femmes jugées comme adultères sont condamnées à la lapidation. » Une République islamique où le voile obligatoire remplacerait les vêtements occidentaux des femmes.
L'établissement de cette République islamique aura été un moment charnière car « s'il n'y avait pas eu la victoire des Islamistes en Iran nous ne serions pas confrontés à l'islamisation que l'on voit aujourd'hui. » Pierre Cassen donnait des chiffres éloquants : « en 1985 il y avait 4 mosquées en France, il y en a plus de 2.000 aujourd'hui, sans que l'on contrôle ce qui y est enseigné ou est enseigné dans les écoles coraniques. »
Il ajoutait que « en quelques jours deux événements ont montré que ce rassemblement avait sa raison d'être. » Et citait un reportage de John Paul Lepers diffusé sur France 4 et dans lequel on voit un responsable de la mosquée de Roubaix se déclarer pour la lapidation et avertissant que « le jour où en France il y aura une majorité de musulmans il y aura la charia. » http://www.telleestmatele.com/article-video-qui-a-peur-de-l-islam-un-road-doc-de-john-paul-lepers-57331081.html
Le second événement a été la prestation d'un « fanatique islamiste qui en plein centre de Limoges qui lançait publiquement des appels au Jihad, accusait les Juifs du 11 septembre, nommait Christine Tasin [ présidente de République Laïque qui a reçu des menaces de mort et contre qui une fatwa a été lancée ], appelait à brûler le Code civil » entre autres imprécations.
Pour Pierre Cassen, il est clair que nous sommes confrontés à « une stratégie de conquête. »
Éviter tout retour en arrière
Anne Zelanski, Présidente de la Ligue du Droit des Femmes, soulignait qu'elle avait été l'une des rares à dénoncer la menace islamiste dès 1989. Plus tard, elle s'était rendue en Iran pour y soutenir des féministes iraniennes. Aujourd'hui elle déplore que « des partis politiques comme le NPA, les Verts, le PCF ou même le PS tendent la main à ces fascistes verts » et enjoint à « lutter contre tout retour en arrière. »
Un retour à l'obscurantisme
Évoquant les menaces qu'elle a reçues, Christine Tasin soulignait pour sa part qu'elles étaient faites « au nom du Coran et de la Charia, » une « Charia dite immuable » et s'interrogeait : « les musulmans veulent-ils donc des lois spécifiques ? » Ceux qui le veulent prônent un « retour à l'obscurantisme….ont une haine de la liberté et du progrès » que ne peuvent accepter, dit-elle, « les héritiers de Voltaire…attachés à la liberté d'expression, à la République, à la démocratie. »
« Les vidéos épouvantables qu'ils lancent montrent qu'ils ont peur et que nous avons raison, » ajoutait-elle, dénonçant « un pouvoir tentaculaire et une prise de pouvoir sur le politique. » Son cri de ralliement aura été la lecture de l'Appel du 18 juin.
Le témoignage fort d'une jeune femme née en Turquie
Témoignage émouvant que celui d'Ayten, née en Turquie, venue avec sa famille en France à l'âge de huit ans. Elle détaillait « le partage de l'espace turc entre communautés….l'une de musulmans alévis, l'autre de musulmans sunnites, » ce qui a engendré des « violences communautaires qui, grâce à la poigne de fer laïque du fondateur de la Turquie, Atatürk, ont quasiment cessé. » Grâce aussi à « une méfiante autocensure » réciproque des deux communautés. Mais elle évoquait « les 35 intellectuels et artistes alévis qui ont été brûlés le 2 juillet 1993 à Sivas, par des intégristes islamistes. Leur tort ? Justement de vouloir défendre la laïcité et de contribuer au développement de la démocratie en Turquie et d'être alévis. »
Et la jeune femme évoquait ses parents qui « bien que croyants étaient fort peu portés sur les pratiques religieuses, ce qui ne les a pas empêchés de mieux considérer leurs fils que leurs filles ; puis, lorsque nous les filles, nous eûmes atteint l'âge de la puberté, ils nous interdirent d'aller à la piscine… de dire bonjour aux garçons….les tâches ménagères étaient pour nous sous le regard tranquille des frères confortablement installés. »
Elle appelait à « poursuivre la lutte pour Shakineh et en faveur de l'émancipation des jeunes filles musulmanes, » ajoutant « que cette lutte passe par la critique de tout ces versets machistes contenus dans le Coran. » « Je ne veux pas que le pays de mon fils, la France, se communautarise, » dit-elle également, « et pour éviter cela, luttons pour maintenir la laïcité à la française qui doit contenir les différentes religions à la maison. » Elle terminait en remerciant « l'école laïque » et « l'internat où elle trouva la liberté. »
Pascal Hilout http://www.ripostelaique.com/_pascal-hilout_.html : « les interdits islamiques sont à tout jamais contraire à la Liberté. »
C'est à un réquisitoire en règle contre « la loi islamique » que s'est livré Pascal Hilout, né Mohamed. Qui rappelait avoir été « le premier avec Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes à manifester » en ce même lieu « pour la libération de Sakineh...c'est grâce à Sakineh, grâce à l'amour de son fils, chauffeur de bus, que le monde entier se mobilise aujourd'hui pour aider les Iraniens à dénoncer la dictature islamique qui les étouffe, qui les tue. »
Il évoquait « la loi islamique …qui commence par étouffer la voix des femmes, » ajoutant que « ce n'est pas par hasard que Delacroix a choisi une femme pour symboliser la Liberté qui guide le peuple et ce n'est pas un hasard si Christine Tasin est aujourd'hui visée par une sentence islamique, une fatwa l'accusant de blasphème pour la condamner à mort. » Et il affirmait que « les interdits islamiques sont à tout jamais contraires à la Liberté…Prescriptions d'un code social liberticide, sexiste, séparatiste, elles sont bien peu respectueuses des êtres….avec les notions de halal et de haram, c'est-à-dire de licite et d'illicite au regard des prescriptions islamiques. » Ce thème des interdits omniprésents était repris aussi par Christine Tasin.
Pascal Hilout citait deux de ces prescriptions : « il est interdit aux musulmanes d'épouser des non-circoncis…. » une injonction qui débouche sur « une filière d'immigration. » La seconde créant « des ghettos culinaires, » avec pour conséquence que « les musulmans sont amenés à faire semblant de vivre ensemble avec les autres. »
Une loi islamique à qui « la lâcheté de nos dirigeants depuis trente ans a permis de s'imposer à une partie de la société. » Mais qui, affirmait Pascal Hilout, « ne régentera pas la vie dans les territoires perdus de la République, » ajoutant « chère citoyenne musulmane, vous ne serez ni pute ni soumise à la loi islamique. » Une loi, enfin, « qui se cache derrière un culte qui tuera notre culture. Disons tout simplement non ! »
Construire des réseaux
Pierre Cassen préconisait pour l'avenir des regroupements autour de banquets républicains ou réunions et l'établissement de réseaux.
« Les Français doivent se regrouper, s'organiser en créant des associations loi 1901, » préconisait, quant à lui, Jean-Pierre Pagès-Schweitzer, président de l'Observatoire de l'Islamisation.
Présence de la Ligue de Défense Juive
Parmi les quelque 200 personnes présentes on remarquait un groupe de la Ligue de Défense Juive, un peu à l'écart. S'ils arboraient un drapeau français et des pancartes fustigeant « l'Iran, Dieudonné, la haine et le mensonge, » ils portaient également un drapeau israélien. Si la plupart des participants étaient en plein accord avec les inscriptions sur ces pancartes, certains, à l'instar de Pierre Cassen, faisaient remarquer que dans ce type de réunion, seule la présence du drapeau français était de mise.
Ce groupe est resté pendant toute la durée de la manifestation, se tenant toutefois légèrement à l'écart.
Mais on ne peut dire, comme le fait Jean-Pierre Pagès-Schweitzer sur son site, que la Ligue de Défense juive aurait « saboté la manifestation. » http://cafephilodedroite.blogspot.com/2010/09/la-ligue-de-defense-juive-est-venue.html
Celle-ci s'est déroulée dans un calme et une dignité parfaits et s'est terminée avec la Marseillaise.
En revanche, des militants islamistes aux intentions qui n'avaient, semble-t-il, rien de pacifique, ont été tenus à l'écart grâce aux forces de police présentes sur place.
Hélène Keller-Lind