19 mars 2024

Raffarin, Devedjian: Sarko a-t-il raison de s’énerver ?

st-trop-paques-20040050.jpgIl paraît pourtant bien disproportionné (selon la formule consacrée) de traiter Raffarin "d'irresponsable" à propos non pas d'une recommandation sur une sortie de l'Euro, mais d'une critique de…l'augmentation de la taxe sur les tickets d'entrée des parcs de loisirs! désormais écartée d'ailleurs…

Habituellement, l'emploi du mot "irresponsable" ne peut être employé que lorsque la gravité de l'action faite ou envisagée l'exige. Ce qui n'est tout de même pas le cas. A moins de considérer que la situation financière de l'Etat est si grave qu'il faille repérer jusqu'à la moindre miette… Surtout lorsque la racine principale des difficultés financières, à savoir le poids grandissant de la dette, n'est pas compensée par la croissance qu'il ne suffit pas d'attendre comme Godot. Alors que des bibliothèques entières montrent qu'une recomposition subtile de la protection sociale permettrait à la fois d'agir sur la relance en réinjectant du pouvoir d'achat via le payement du salaire complet et à la fois influerait sur l'offre en faisant baisser le prix des produits et services du fait de la baisse du coût de cette protection sociale ; tout en construisant de vastes plateformes assurantielles concurrentielles qui permettrait d'en proposer aux Etats émergents.

Les propos de Devedjian sur le manque de "grand projet" vont-ils dans ce sens ? Nul ne le sait. Hormis le fait que dire seulement "il vaut mieux voter Sarko que pour les socialos", c'est un peu court en effet.Il n'a donc pas tort le-laissé-pour-compte-Devedjian, sauf que le "grand projet" (The Big Society de Cameron ?) cela aurait signifié, dès 2007, de "rompre", réellement, avec la culture de l'Etat Nounou en faisant confiance aux individus, du plus modeste au plus riche.

Parce qu'il n'est pas dit en effet que l'innovation, y compris en matière de coûts sociaux, ne soit pas au rendez-vous si elle est encouragée ; tandis que les grandes fortunes pourraient démultiplier les initiatives de solidarité via un système de fondation renforcé.

Autrement dit, l'étatisme empêche à la fois l'apprentissage de la pêche -au lieu de distribuer du poisson par ailleurs de plus en plus onéreux, et empêche que la générosité naturelle des plus fortunés et chanceux puisse se développer sans intermédiaires dont le coût est en réalité plus important que le service réellement effectué….

Voilà le "grand projet" : insister sur le fait que renforcer la liberté des peuples ce n'est pas ouvrir à nouveau la porte du poulailler au méchant renard capitaliste comme le croitPierre Rosanvallonnostalgique romantique d'une égalité liberticide, c'est permettre une meilleure résilience, celle de la réelle délégation de pouvoir. Elle reste encore précisément la force des plus grandes entreprises puisque le dynamisme au lieu d'être concentré sur un seul foyer central est disséminé c'est-à-dire irrigue l'ensemble du corps plutôt que réduire celui-ci à sa tête : Paris, Bruxelles, New York.

Tout cela est évident, il existe je l'ai dit des bibliothèques entières qui l'expliquent, à souhait. Leurs auteurs, à profusion, sont à disposition, bardés de diplômes. Et pourtant rien ne se fait. Voilà ce qui pourra intriguer les générations montantes. Comment se fait-il alors que tout le monde sait que 2+2=4, la plupart des élites se soient échinées à asséner que 2+2=5, tout en menaçant quiconque disant le contraire. Par exemple en le traitant de vain polémiqueur (mon cas) ?

Comment se fait-il que la sacralisation de l'Etat en France reste si forte encore que démontrer la possibilité de faire du service public en restituant du pouvoir aux individus (choix individuel de la protection sociale, chèque éducation, solidarité de fonds communs animés par des fondations afin de compenser les écarts) reste lettre morte ? Tandis que la liberté reste montrée du doigt (ou le moralisme de papa en réalité) sauf s'il s'agit du discours sans fin (cela ne mange pas de pain), du sexe à profusion et du droit de s'exprimer (on n'est pas couché) dans les salons où l'on cause (du peuple) officiellement et où l'on s'encanaille officieusement ?

Certes, l'Etat français, issu de la monarchie de l'Ile de France a fait la France en agrégeant, dominant, autour d'elle tout le reste. Puis l'achat de charges, d'offices, la création de Versailles, la folie des grandeurs, la Galerie des Glaces, les palais de l'Empire, ont vite tourné la tête aux demi-mondains envieux de la politique politicienne. Mettez un pied dans un de ses palais, dix personnes s'empressent et vous emportent sur un petit nuage en dessous duquel bien entendu le réel disparaît au profit des cris et des chuchotements de la Cour, sous le ricanement des courtisans en vogue ou déchus. Et vogue la galère. La Com a remplacé le fond, banal. Même chez les socialistes, le programme a coulé corps et âmes, malgré les "50 chercheurs et citoyens" voulant "changer de civilisation" alors qu'ils sont à la peine pour changer de discours, toujours le même depuis des siècles : la cause du mal être c'est l'être qui (se) veut du bien. Au lieu de laisser faire l'Etat au nom du Peuple. Rien de nouveau sous le soleil (vert)…

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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