30 mars 2023

Campagne électorale: une farce française

– Mais vous portez-là une splendide chemisette des îles! Quelles couleurs ! Flamboyantes !!!

-La France est devenue une île…

– Ah ?

– Vous ne saviez pas ?…

-Euh non…

-Écoutez bien, le raisonnement est serré, un syllogisme de la plus belle espèce, je dirais même, le plus gros silure de la catégorie : La Guyane est une île, la Guyane est la France, donc la France est une île.

-Raisonnement imparable…

-Et ce n'est pas tout cher Bouvard ! Nous n'allons pas tarder à rentrer dans l'Alliance Bolivarienne…

-Ah ça cher Pécuchet ! Vous m'en direz tant ! En même temps cela s'explique !

-Ah ?

– D'après mes calculs la Guyane ne se trouve pas loin des pays ayant adhéré à cette Alliance..

-Exact…

-Donc que la France y adhère me semble tout à fait logique… Déjà géographiquement parlant…

-En effet, cher Pécuchet, mais il y a plus, nous allons adhérer ce faisant à la culture bolivarienne…

-Vous m'étonnez…

-Pourquoi donc ?…

– J'avais entendu qu'il n'y avait pas de culture française…

-Oui, c'est exact, et donc ?

-S'il n'y a pas de culture française il n'y a pas de culture bolivarienne…

-C'est là où vous vous trompez mon cher, mon très cher Bouvard, c'est précisément pourquoi nous y adhérons…

-Ah ?…

-Eh oui… N'ayant pas de culture, il nous en faut bien une, on peut pas se balader tout nu…

-Surtout au vu de la taille des moustiques dans les îles…

-Donc la culture bolivarienne va nous apporter tout ce qu'il faut…

-J'imagine que l'on va devoir changer de tailleur…

-Il paraît qu'on offre des costumes…

-Non ?!!!

– Si si…

-Le Maréchal ?…

-Quel Maréchal ?

-Le maréchal Sissi voyons !

– La Princesse Sissi est devenue Maréchal ?…

– Encore un coup de la théorie du Genre j'en ai peur…

-Mais revenons à votre culture bolivarienne cela m'intrigue…

-Dites-moi…

-Tout d'abord, je vous avoue que je suis soulagé d'avoir de nouveau une culture…

-Vous savez bien que la nôtre était devenue impossible, trop étroite, cela craquait de partout, et puis vous savez bien…

-Quoi ? Je sais quoi ?…

– Vous savez bien que notre culture a permis, a fomenté, à fait carrément des crimes contre l'Humanité…

-Ah oui ?

– Vous ne saviez pas ?…

-Non, pas vraiment, j'en suis resté à Rome ; mais bon c'est fini, maintenant que l'on va être plongé dans la culture bolivarienne…

-Le seul hic cher Pécuchet c'est que l'on y est déjà dans celle-ci…

– Non ?… Et pourquoi cela serait un hic ? Tant mieux si nous y sommes déjà en plus ! Nous sommes forts nous les Français non ! On y est déjà dites-vous et en plus sans s'en apercevoir, c'est ça ?…

– A peu près, on a un des modèles sociaux les plus chers au monde, eh bien ce n'est pas assez, pourquoi ne pas aller à 80, 90% de dépenses publiques…

-Cela veut dire quoi ?

-Nationaliser les boulangeries par exemple… Trouvez-vous normal que la boulangerie de votre rue gagne énormément d'argent alors que celle qui est dans ma rue est en quasi faillite…

-Euh… c'est que ma boulangerie produit du super bon pain tandis que la vôtre…

-Eh bien quoi la mienne comme vous dites ?

-Son pain…

-Son pain, son pain ! Mais justement, le boulanger a des problèmes, des soucis, sa femme, ses gosses, l'État va l'aider…

-En nationalisant ma boulangerie ?…

-Vous ne comprenez pas, je vais vous expliquer le principe suprême de la culture bolivarienne : on réunit tout l'argent gagné par toutes les boulangeries de la France…

-C'est facile, puisque c'est une île…

-Et puis on répartit cet argent entre toutes les boulangeries, moins une taxe pour la solidarité…

-Épatant ce système…

-Je dirais même plus, épatant…

-Mais ne croyez-vous pas que dans ces conditions les bonnes boulangeries vont faire du moins bon pain ou alors en moins grande quantité puisque quoiqu'elles fassent elles gagneront la même chose à l'arrivée ?…

-Non ce n'est pas possible ! La culture bolivarienne est une morale, les bonnes boulangeries qui dénatureraient leurs produits seraient sanctionnées.

-Normal…

-Oui…

-Et comment ?…

-En produisant gratuitement du pain…distribué aux plus nécessiteux…

-Très juste…

-Oui…

-Mais s'il y a de moins en moins de bonnes boulangeries, et si en définitive, peu importe que l'on travaille ou pas puisqu'il y aura toujours une répartition égale, n'y aura-t-il pas de plus en plus de nécessiteux ?

– Non, oui, peu importe, le problème n'est pas dans la production mais la redistribution…

-Ah ?

-Oui…

-Vivement que l'on adhère à cette culture bolivarienne !

– Eh bien dès dimanche 23 avril 2017…

– Vivement dimanche alors !

 

17 avril 2017

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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