On peut certes immédiatement rétorquer que ces sources ne prétendent pas placer la guerre en Irak comme cause première de l’émergence en général de la menace islamiste mais comme “huile jetée sur le feu”.
Seulement cette objection ne tient pas parce qu’elle veut fait croire que l’extension de la terreur islamiste serait le produit d’une erreur, d’un dysfonctionnement en quelque sorte, à savoir la guerre en Irak, et que sans cela cette menace serait seulement latente ; voire même inexistante ajoutent certains, si et seulement si l’on répond à son insatisfaction s’agissant de la place de l’islam dans la société et de l’avenir du peuple palestinien.
Sauf que pour l’islam politique “la place de l’islam” doit être première et qu’Israël doit être rayé de la carte. Ce sont les motivations mêmes de l’islam politique. Sans elles, il disparaît. Dans ces conditions tout ce qui peut surgir et se stabiliser comme terrain d’affrontement est pain béni pour ce genre de stratégie politique qui n’est pas réactive à des manques sociaux divers mais à des projets de reconquête et d’espoir messianique. Répondre qu’il ne faut pas lui en donner le prétexte c’est entrer dans le cercle vicieux qui montre qu’en Irak, aujourd’hui, des attaques répétées sont fomentées contre des civils alors que dans le même temps l’islam religieux n’a jamais été aussi prospère au détriment même des autres religions, et que de tels attentats empêchent les forces de la Coalition de s’en aller… Ce qui est pour le moins paradoxal.
Par ailleurs, l’Irak n’était pas une terre dominée par les islamistes comme en Afghanistan, or, comment se fait-il que le premier cas enflamme plus que le second ?
Parce qu’il y a eu les prisons de Guatanamo et d’Abou Greib peut-on répondre, certes ; sauf que l’on peut rétorquer à notre tour que ces deux évènements ont enflammé la conscience islamique bien moins à cause de l’emprisonnement en tant que tel, voire même des sévices qui ont pu exister dans la seconde prison (parce que ce genre d’ignominies pullulaient au temps de Saddam et n’oublions pas que les services secrets algériens ont tué des dizaines de milliers d’islamistes en prison…), mais bien parce qu’ils frustraient l’espoir islamique de retrouver la gloire d’antan alors qu’ils trônaient là au lieu de cela en prisonniers dans des combinaisons orange, combinaison que les partisans d’Al Keida firent ensuite porter aux otages qu’ils assassinèrent pour précisément conjurer ce retour à la réalité, le fait que l’islam politique puisse être défait et ne plus jamais connaître la gloire d’antan sinon dans des spasmes aléatoires, ceux que procure l’acte même d’assassiner, la giclée de sang faisant office de flash, le média qui répercute jouant le rôle du réel, et l’islam de drogue dure permettant de supporter l’ensemble.
Dans ces conditions, la seule issue c’est de tuer, tuer encore plus, et espérer faire la une.