D’un côté donc un certain islam de tous les jours qui s’apparente plus à une coutume, de l’autre quelque chose de politique et qu’il est facile de relativiser en parlant d’intégrismes juif et chrétien alors que ceux-ci sont bien moins virulents, et en tout cas, surtout pour le second, ne remettent pas en cause la mixité des soins et la nécessité de se servir de techniques comme une cérasienne pour atteindre le but naturel de l’accouchement, n’en déplaise à Caroline Fourest qui les mélange allègrement, évitant ainsi de travailler sur la spécificité même du premier.
Une anecdote permettrait de ne pas confondre ces deux niveaux, la pratique au jour le jour et sa manipulation idéologique. Une amie italienne m’a racontée quelque chose d’assez drôle : elle partage son appartement à Paris avec quatre personnes étudiantes, deux autres filles, une américaine et une australienne, et un sénégalais ; ce dernier est très musulman et donc durant le ramadan il se lève avant le lever du soleil pour manger. Un jour il se prépare du riz dans la cuisine commune et, en attendant, se retire dans sa chambre ; à ce moment là, vers les cinq heures du matin, rentre assez éméchée l’une des deux américaines qui en voyant le riz, l’égoutte et se met à le manger, ravie, puis, repue, s’en va dans sa chambre ; l’étudiant sénégalais refait surface, et, s’apercevant que son riz a disparu, se dépêche de préparer du couscous parce que l’heure tourne et que le soleil ne va pas tarder à se pointer ; en attendant il se retourne à nouveau dans sa chambre. Pendant ce temps, et ayant encore une petite faim, la même étudiante américaine s’en va rôder dans la cuisine et trouve le couscous très à son goût mais cette fois l’étudiant sénégalais surgit et…tout se passe bien, dans le meilleur des mondes tolérants possibles. On se croirait dans un épisode inédit de La petite mosquée dans la prairie ou, plutôt, de Friends.
Imaginez maintenant que cet étudiant sénégalais soit semblable à ceux décrits dans l’article du Monde consacré aux hôpitaux ; évidemment il aurait déjà refusé de vivre avec trois femmes ; ensuite le fait que l’une d’entre-elles ait mangé son met aurait sans doute fait des histoires insensées, or, c’est précisément cette intolérance là que l’on nous sommes obligés de tolérer par les bien pensants au pouvoir, et ce sous le prétexte, en fait, de condescendance puisque l’on ne voit pas pourquoi il faudrait admettre des pratiques intolérables, décrites dans l’article du Monde ; pratiques qu’avaient précisément critiquées Robert Redeker… On y a ainsi retenu seulement la partie historique, celle qui précisément décrivait le Mahomet réel et non fantasmé par des psychanalystes et romanciers musulmans confortablement installés en Occident, profitant de ses lois, pour construire un islam innocent que cet étudiant sénégalais vit pourtant pourrait-on rétorquer, ce que l’on ne peut certes guère contester ; sauf qu’il le vit en…Europe…
Il n’est pas sûr que cet étudiant veuille pour autant laisser croire qu’il n’agit ainsi que parce qu’il subit “la pression occidentale”, mais il se peut qu’il la considère comme nécessaire…adepte, peut-être, de la distinction entre société et religion ; or, admettons maintenant que la version intolérante soit considérée comme une version certes plus “verte” de l’islam mais somme toute admise puisqu’il s’agit de tout tolérer, eh bien, dans ce cas, l’islam tolérant de cet étudiant sénégalais se trouvera balayé, rendu inaudible, puisque ne faisant pas de vagues, et donc peu susceptible de servir comme exemple, tandis que les autres pratiques, elles, seront soutenues par les adeptes du Mrap et autres Halde alors qu’en représentent la version la plus fermée !
Ce fut d’ailleurs là le scénario même de la protestation qui s’éleva contre la loi sur le signes “ostensibles” alors que la majorité des musulmans n’était même pas demandeur d’une telle permissivité ! Mais, pour faire plaisir, à quelques sociologues communautaristes qui estiment que le temps de la laïcité est périmé l’on a cru faire preuve de tolérance en s’élevant contre cette loi, alors qu’en réalité on permettait aux tendances les plus fermées de prospérer au détriment des plus ouvertes…car les plus fermées ont des pratiques militantes intimidantes et chassent les plus ouvertes ou les culpabilisent…
Aussi faut-il faire la part des choses et ne pas prendre la critique de la version la plus obtue pour une attaque raciste contre tous les musulmans puisque en agissant ainsi on arme en réalité les plus colonisateurs d’entre-eux à se croire chez eux, c’est-à-dire sur une terre d’islam qui doit donc être régi par lui, or, et il faut le marteler, il n’y a de terre, que celle de ces hommes et femmes, ici et maintenant, et non pas la terre d’une religion, fût-elle celle de la Terre elle-même comme certains le prétendent en militant désormais contre le réchauffement climatique comme autrefois il le faisait pour l’irradiation soviétique, mais ceci est une autre histoire…