La police militaire israélienne a mené une enquête pour vérifier les accusations de soldats israéliens ayant fait état de tirs de l’armée israélienne sur des civils palestiniens. Accusations reprises très -trop- largement dans la plupart des médias. Or ces accusations ne tiennent pas : les soldats accusateurs ont admis pendant l’enquête qu’ils n’avaient rapporté, en fait, que des rumeurs…Rumeurs sans fondement nous disent les enquêteurs….
C’est une demie-page que Le Figaro du 21 mars a consacré à ce que le quotidien qualifie carrément de « crimes de guerre. »Plus «soft » Libération parle de « crimes »commis par DES soldats israéliens . Idem pour Le Nouvel Observateur . Le Monde, lui, globalise et met en cause, ni plus ni moins, « le comportement de l’armée israélienne ».
La télévision s’y est mise, bien entendu.
Bref beaucoup d’encre et de place pour faire haro sur le baudet israélien en cette mi-mars 2009 alors que la nouvelle administration américaine bouge sur l’Iran ou l’Afghanistan, que les conflits font rage en Afrique, qu’il y a une situation d’urgence en Asie-Pacifique pour cause de « désordres civils et militaires » et « catastrophes naturelles » dixit l’UNICEF.
Proportionnel ? Le pire est que cette volée d’indignation vertueuse vient…d’une source et de deux cas concrets rapportés par une personne…anonyme !
Au début il y a eu un long article du quotidien israélien de gauche Haaretz qui relatait la réunion de réflexion du 13 février dernier à propos de l’Opération Cast Lead et à laquelle ont participé des « dizaines » de soldats israéliens ayant fait une préparation militaire dans le cadre d’une Académie fondée par Danny Zamir, aujourd’hui officier de réserve.
Un rapport a été publié à la suite de la réunion. On y lit d’emblée ces paroles de Danny Zamir : « cette action a provoqué des destructions massives parmi les civils. Il n’est pas certain qu’il aurait été possible qu’il en soit autrement…. » Déclaration capitale qui replace l’opération dans son contexte de guérilla urbaine, provoquée, on s’en souvient, par les tirs nourris de roquettes lancés depuis des années par le mouvement terroriste du Hamas sur les populations civiles du Sud d’Israël. Hamas qui, pendant l’opération israélienne et de son aveu même, a utilisé très largement et délibérément la population civile de la Bande de Gaza comme boucliers humains.
Dans cet article initial seules quatre prises de paroles anonymes – les prénoms ont été changés ainsi que les détails qui pourraient permettre d’identifier les unités concernées – sont rapportées. Or, si les extraits cités sont lus attentivement il en ressort que, dans un cas longuement exposé par « Ram, » à la fin de l’opération Cast Lead, un ordre aurait été donné de tirer sur une femme âgée, semble-t-il, se dirigeant vers des soldats et dont on ne sait si elle était « suspecte ou pas. »
Dans un second cas « Ram » rapporte qu’un soldat aurait tiré sur une femme et deux enfants se trouvant dans une zone où ils ne devaient pas se trouver après que, de surcroît, un tireur d’élite n’ait pas été prévenu qu’ils avaient été autorisés à sortir d’une maison. La femme n’ayant apparemment pas compris qu’elle ne devait pas se rendre dans cette zone là mais partir dans une autre direction. Il semble donc y avoir eu une double erreur avec un soldat qui semble avoir tiré sur un groupe qui se trouvait là où il n’aurait pas dû être. Erreur tragique, certes, mais on est loin du « crime » ou du « crime de guerre… » Ce « Ram » exprime ensuite son opinion, formée à la suite de discussions qu’il a eues avec « la plupart de ses hommes » : « la vie des Palestiniens, bon, est quelque chose de bien moins important que la vie de nos soldats…. » Crime de guerre ? Perte de moralité ? Ce même « Ram » dit ensuite que le sergent de l’unité a réuni son unité pour prier et qu’un rabbin est venu prier avec des soldats pendant l’opération, ajoutant « qu’ils » leur ont envoyé des « livrets avec des tonnes de Psaumes… » Ce qui, toujours selon lui, aurait envoyé « un message très clair : nous sommes le peuple juif, nous sommes venus sur cette terre grâce à un miracle…. » Il parle ensuite de « combat pour expulser les non-juifs qui entravent la conquête de cette terre sainte. » Son opinion, toujours. Qui n’a rien à voir avec les buts exprimés par les autorités israéliennes ni avec la conduite de l’opération dans les faits.
Un pilote, « Gideon, » pour sa part, répond à des accusations venues de la salle, à propos de tirs ayant tué des policiers du Hamas : « Ils sont armés et appartiennent au Hamas. …en des temps meilleurs pour eux ils attrapent des membres du Fatah et les jettent de toits pour voir ce qui se passe… » Il explique ensuite que, pour sa part, il tire sur des objectifs déterminés par les responsables militaires, soulignant au passage que les civils palestiniens ont été prévenus par tracts de quitter les lieux où devaient avoir lieu des combats. Objectifs abstraits en ce qui le concerne étant donné que ce qu’il voit depuis son cockpit va de Haïfa à la Bande de Gaza en passant par le Sinaï. Il ne dit rien qui puisse remettre en question la légitimité des cibles choisies.
Un sergent dans les parachutistes, « Yossi, » raconte ensuite comment ses hommes et lui ont sympathisé avec une famille restée dans une maison où elle n’était pas censée être et où ils s’étaient installés. Partageant cigarettes, café et discussions sur le bien-fondé de l’opération. Pour s’apercevoir ensuite qu’un des hommes et son fils étaient membres du Hamas. La discussion porte alors sur le fait se savoir si les soldats israéliens qui quittent une maison où ils ont été stationnés devraient….replier les couvertures, remettre les matelas sur les lits, nettoyer les sols et effacer les éventuels graffiti! Le dénommé « Aviv, » toujours le même, raconte alors que ses hommes ont tout jeté par la fenêtre pour faire de la place dans une maison… Crimes de guerre ?
Danny Zamir qualifie alors ce « débat » de « consternant et de déprimant » parle de « une armée avec bien peu de valeurs…. »
Et depuis la mayonnaise a monté et on a parlé de « crimes, » voire de « crimes de guerre…. » Le Chef d’Etat-Major israélien, Gabi Ashkenazi, réaffirmait le 22 mars que « l’armée israélienne est la plus morale au monde, » annonçant des enquêtes pour les cas de violations évoqués. Il parlait d’actes isolés, rappelant par ailleurs les conditions dans lesquelles cette opération s’était déroulée, le Hamas ayant transformé des zones résidentielles en zones de combat.
L’un des commentaires à l’article de Haaretz, paraphrasant Shakespeare disait éloquemment « beaucoup de bruit pour rien. » Au pire quelques cas d’erreurs tragiques dont se sont saisis avec empressement bien des médias français….La question étant dès lors de se demander pourquoi.