30 mars 2023

Intox climatique sur le service public

Lu sur Pensée unique :

Intox : Le deuxième bonnet d’âne ( avec palmes aquatiques) du mois de Juillet revient, sans contestation possible, à france51. funafuti

Cette chaîne TV du service public français, peinte (officiellement) en vert caca d’oie, plutôt destinée aux jeunes, le mérite amplement pour l’ensemble de son oeuvre. Elle avait déjà bénéficié de cette récompense très convoitée, au mois d’août 2008 pour la diffusion d’une l’émission de Morad Aït Habbouche intitulé "Sale temps pour la planète" ainsi que du film du même tonneau de Mark Lynas (UK) passé le dimanche 17 août 2008 sur la même chaîne. Il s’agit donc d’une récidive caractérisée, plutôt mal vue par les temps qui courent.

Outre la fait que cette chaîne, dite d"information" nous assène, depuis sa création, (et parfois plusieurs fois par jour), les présentations vidéos les plus alarmistes (et infondées comme celle qui est primée ici), France 5 nous a infligé le 21 Juillet 2009 un plaidoyer vidéo larmoyant et sentencieux, réalisé en 2007, sur la peur panique qu’éprouveraient des malheureux habitants des îles Tuvalu qui, nous dit-on, auraient commencé à fuir en masse leurs atolls menacés d’engloutissement (selon des "experts"). Tout cela, bien entendu à cause du réchauffement changement climatique (anthropique, cela va de soi).

telerama

Voici, ci-contre, l’annonce de cette rediffusion de la série "Paradis en sursis" de France 5, telle qu’elle est parue sur le magazine Télé-Cable.
Le commentateur de ce magazine qui ne rate jamais une occasion d’en rajouter, nous affirme que "le choix judicieux des interviews révèle avec émotion la détresse d’une nation".

Le ton du narrateur de cette vidéo apocalyptique que vous retrouverez ici (si le coeur vous en dit) ne laisse aucune place à l’espoir. Les phrases sont courtes, hachées, prononcées d’un ton monocorde et définitif et ponctuées de silences pesants riches de sous-entendus dramatiques …
Bref, à l’en croire, c’est la panique chez les habitants de Tuvalu. Tous veulent fuir leur atoll que l’océan a pris d’assaut …Certains sont déjà partis…
Il faut avouer que les 9 îles de Tuvalu nous semblent bien fragiles, perdues au milieu de l’océan Pacifique sud, avec une largeur maximale qui n’excède pas quelques 400 mètres et une altitude qui culmine à quelques dizaines de centimètres…La population de l’îlot capitale, Funafuti (voir la photo ci-dessus) n’excède pas 4000 habitants.

Raison de plus pour en faire, comme les ours de l’arctique, un sujet d’élection pour les journalistes avides de scoops et désireux de créer la panique, tout comme le Professeur Richard Moyle de l’Université d’Auckland, qui avait annoncé l’engloutissement définitif de l’îlot Mortlock, dès le printemps 2001 (admirez la précision !) …à cause du réchauffement climatique, bien entendu.
Les années ont passé. L’îlot Mortlock est toujours fidèle au poste, les habitants aussi et le professeur (de musique)
Richard Moyle a bien gagné sa place au bêtisier.

Forte de ces précédents et n’ayant qu’une confiance modérée dans les affirmations proférées par les médias et tout particulièrement par les chaînes de télévision telles que France 5, Pensee-unique.fr a voulu mener sa propre enquête. Sur des bases scientifiques, bien entendu.

Il n’a pas fallu chercher très longtemps pour trouver dans la littérature scientifique un article sérieux et tout récent qui traite très exactement de la question évoquée dans cette émission de France 5, c’est à dire de l’état d’esprit des habitants de Tuvalu et leur comportement face à ce que les pays riches de l’Ouest appellent volontiers "la crise climatique ". Cette publication est parue, en début 2009, dans une revue renommée créée récemment par l’Université d’East Anglia (Mike Hulme). Cette revue appelée ‘Global Environmental Change", comme son nom l’indique, ne fait pas dans la dentelle en matière d’alarmisme environnemental et de ses dérivés. A titre d’exemple, elle peut s’enorgueillir d’avoir publié, en 2008, l’article des bons docteurs Murtaugh et Schlax (Titulaires du bonnet d’âne de mars 2009) qui préconisent une réduction drastique des naissances pour sauver la planète… au profit des derniers vieillards survivants.

Voici le fac-similé de la moitié de la première page de cet article que je montre ici pour ne pas être accusé, par des malveillants, de détournement de texte :

tuvalu1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici la traduction, aussi fidèle que possible, du résumé (ci-dessus) de cet article de Colette Mortreux et Jon Barnett qui sont tous deux chercheurs au Département de Gestion des Ressources et de Géographie de l’Université de Melbourne en Australie. Le titre de l’article est : "Changement climatique, émigration et adaptation à Funatuti, Tuvalu."

"Cet article montre dans quelle mesure la population de Funafuti -l’île principale de Tuvalu- a l’intention d’émigrer en réponse au changement climatique. Il présente des éléments de preuve collectés à Funafuti qui contredisent la croyance largement répandue (NDT : notamment par France 5) que le changement climatique est, sera, ou devrait être la cause d’une émigration à grande échelle de Tuvalu. Cet article montre que pour la plupart des gens, le réchauffement climatique n’est pas un sujet de préoccupation, et encore moins une raison pour émigrer et que les émigrants potentiels ne citent pas le changement climatique comme une des raisons pour partir. La population de Funafuti souhaite continuer à vivre à Funafuti pour des raisons de style de vie, de culture et d’identité. Les inquiétudes au sujet des impacts du changement climatique ne constituent pas actuellement une motivation déterminante pour émigrer de Funafuti. Elles n’apparaissent pas avoir une influence significative sur ceux qui pensent à émigrer dans le futur. "

Soit, assez précisément, le contraire de ce que nous affirment les "journalistes" de France 5. Lesquels ont, en effet, certainement bien choisi leurs interviews … pour contribuer à répandre "une croyance largement répandue"… mais totalement fausse.

On peut être surpris par la sagesse et le calme des habitants de Funafuti (Tuvalu) qui est assez étonnante compte tenu de la fragilité de leur situation. A mon humble avis, comme on dit sur la toile, ils échappent, fort heureusement, aux émissions de France 5 (ils sont anglophones).
Ils doivent plutôt se tenir au courant des résultats des mesures du niveau de l’océan Pacifique effectuées par les grands organismes qui s’intéressent aux niveaux des mers, tels que l‘Université du Colorado qui publie régulièrement les données sur les océans Pacifique, Atlantique et Indien. Voici un graphique (couvrant la période Déc. 1992 à Mars 2009) montrant le niveau de l’océan pacifique qui entoure Tuvalu, tracé à partir des données de l’UC (
source).. (lien du graphique). pacific

Que nous dit ce graphique ?

Essentiellement, que le niveau de l’océan Pacifique est monté de seulement 3 cm depuis 17 ans et que cette hausse du niveau s’est arrêtée depuis 2004.

On discerne même, sur ce graphique, une petite tendance à la baisse amorcée en 2005 et qui se poursuit jusqu’à nos jours.

Je doute franchement qu’une hausse aussi imperceptible que +3cm en 17 ans et la stagnation du niveau depuis 2004 soit propre à déclencher "la détresse d’une nation" comme nous l’affirme le gratte-papier, visiblement ému, de Télé-Cable et les journalistes de France 5.

 

 

Note : Si vous utilisez les données de la page " les grands indicateurs du climat" vous observerez que la hausse du niveau global (c’est à dire moyennée sur les trois océans) s’est ralentie depuis 2005 mais que l’inflexion n’est pas aussi marquée que celle que l’on observe dans le cas de l’océan Pacifique. Ceci provient du fait que l’océan Indien, lui, a continué à monter pendant cette dernière période peut-être à cause de fortes pluies dans cette région.

Si vous voulez l’avis d’un expert reconnu (Niels Axel Mörner qui a passé sa vie à mesurer le niveau des océans ) sur la (non) montée des eaux autour de Tuvalu et d’autres points névralgiques (pour les médias), allez lire ce billet.

Et encore une fois, merci et félicitations à France 5 pour ce deuxième bonnet d’âne avec palmes (aquatiques). A quand le troisième ?

 

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