Drôle de communiqué de ces 24 avocats intitulé «les avocats de la défense dans le procès lié à la mort d’Ilan Halimi…dénoncent l’ingérence du pouvoir politique dans l’autorité judiciaire. » Qui ne connaîtrait pas l’affaire pourrait comprendre avec la formule choisie par ces 24 juristes qu’il serait arrivé à Ilan Halimi un banal accident. Serait-il donc mort en tombant d’une échelle, en se faisant renverser par une voiture, en étant victime d’une crise cardiaque ?
Avec cette formule lapidaire, qui n’a sans doute pas été choisie par hasard par ses 24 auteurs, quelle réécriture d’une épouvantable réalité. Qui est le kidnapping d’un jeune Juif, parce que juif, sa détention dans des conditions épouvantables, les tortures qui lui ont été infligées par certains de leur clients pendant 24 jours, son agonie, sa mise à mort terrifiante et sa mort par meurtre…A en croire la propre mère d’Ilan Halimi.
Même la formule « circonstances terribles » dans le corps de leur texte minimise. On pourrait dire cela aussi d’un accident de la route, d’une chute malencontreuse, d’un incendie accidentel…
Ce communiqué des 24 avocats des accusés dans ce procès http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20090716.OBS4425/affaire_halimi__les_avocats_de_la_defense_protestent.html rejoint ce que l’on pouvait subodorer dans l’interview de l’un d’entre eux réalisé par Europe 1, à titre d’exemple, et rapporté plus bas, c’est-à-dire une totale incompréhension de l’horreur de ces actes et de leurs motivations, avec pour conséquence une banalisation de ceux-ci. Banalisation évidente dans l’intitulé de leur communiqué « la mort d’Ilan Hamili »….banalisation qui pourrait avoir de graves conséquences.
En ce qui concerne ces 24 avocats, ils auraient pour but, disent-ils, de dénoncer : « la seule volonté d’un avocat de Partie civile transformé en accusateur public et d’associations ignorantes du dossier. » L’avocat est désigné. Il s’agit de Maître Francis Szpiner. Avocat de la mère d’Ilan Halimi, qui a elle aussi, comme tous les proches du jeune homme ainsi torturé et assassiné, vécu un terrible calvaire, continue et continuera à le vivre. Mais d’elle et eux ces 24 accusateurs publics ne diront pas un mot…Eclairant.
Quant aux « associations ignorantes du dossier, » justement, c’est bien là une grande partie du problème que dénoncent les responsables de certaines de ces associations cités plus bas. En effet, comme dit plus bas le Président du CRIF, « on a entendu dire tout et son contraire » de ce procès car il s’est tenu à huit clos. Un huit clos réclamé par certains des clients accusés de ces 24 avocats. Clients accusés ayant fait l’objet de verdicts remis en cause par le ministère de la Justice qui a été suivi par le Parquet général. Sommé ici par ces 24 avocats de « retirer son appel. » Et ne serait-ce pas là une ingérence contre une décision du Parquet ?
Quant à « une audience publique, » elle a été réclamée, non seulement par Maître Szpiner mais par une grande partie de ceux qui ont suivi ce procès et tous ceux qui se sont émus des verdicts, personnes privées, parties civiles, associations. Mais elle mettrait en cause, selon ces 24 avocats, « la protection de tous les mineurs. » Or, si certains accusés étaient mineurs lors de l’enlèvement, de la séquestration, des tortures infligées à Ilan Halimi et de sa mise à mort, ils ne le sont plus. Et ils auraient donc pu accepter que l’audience publique soit publique. Ce qui aurait eu le mérite de la clarté, réclamée par tous ceux qui sont soucieux de voir la vérité faite sur ce meurtre exceptionnel. Et aurait donné au procès sa dimension d’exemplarité, réclamée par beaucoup et, entre autres, par Patrick Lozès, Président du CRAN. Il fallait, pour la société toute entière, qu’il y ait un procès à teneur pédagogique. Étonnant que ces 24 avocats ne le comprennent pas et qu’ils accusent dans ce communiqué un confrère, « des associations, » le Garde des Sceaux, et, courageux mais pas téméraires, le «pouvoir politique…à la sortie du Conseil des Ministres » de cette manière.
Si la décision prise est si « équilibrée et exemplaire » comme ils le disent, citant l’Avocat général, qu’ont-ils à redouter d’un appel pour leurs clients concernés? Et qu’auraient-ils à redouter d’une audience publique pour ces mêmes clients qui ne sont pas mineurs aujourd’hui ? Le chef du gang, condamné au maximum de ce que prévoit la loi, ne vient-il d’ailleurs pas lui-même de faire appel ?
Et il ne faut pas surtout pas perdre de vue un point essentiel dans cet meurtre perpétré après 24 jours de séquestration et de tortures, que si un seul des accusés, mineur ou pas, un seul de ceux qui savaient, avait parlé, Ilan Halimi ne serait pas mort. Ni perdre de vue que le fait que deux des accusés courent toujours montre, en effet, que leurs complices craignent plus la loi de la cité que celle de la République, comme le dit, entre autres, le Président du Consistoire de France, cité plus bas. Et cela concerne la société française toute entière. Lors d’une intervention sur les ondes d’Europe 1, Maitre Szpiner dénonçait d’ailleurs cette « culture » de la Cité, préjudiciable à tous, en évoquant le choc qu’il avait ressenti lors de la reconstitution du meurtre de Sohane, brûlée vive http://www.humanite.fr/2006-04-10_Societe_Sentence-exemplaire-dans-l-affaire-Sohane et dont il représentait la famille. Les accusés avaient alors été applaudis…Ce qui est rapporté ici aussi http://209.85.135.132/search?q=cache:7iAX0VaW4oAJ:jss.over-blog.com/40-index.html+Szpiner+Sohane&cd=10&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&client=firefox-a