La Novaya Gazeta, l’un des rares organes de presse crédibles de Russie (et employeur de la regrettée Anna Politkovskaïa), vient d’apporter la confirmation de nos premières analyses sur l’affaire "Artic Sea".
En effet, nous écrivions jeudi que le cargo battant pavillon maltais "Artic Sea", mystérieusement disparu pendant plusieurs semaines au large des côtes européennes, avait été victime d’une opération spéciale montée par une agence de renseignement. Nous citions deux commanditaires possibles : les Américains ou les Israéliens. Les premiers pour leurs capacités logistiques, les seconds pour leur exceptionnel professionnalisme.
Pourtant, il paraissait évident que la seule capitale susceptible de lancer une opération aussi risquée était Jérusalem. Nous avions d’ailleurs à ce propos interrogé notre consultant Michael Ross, ancien des services secrets israéliens ; il n’avait pas écarté l’idée.
Dans son édition de vendredi, la Novaya Gazeta confirme qu’il s’agit du Mossad. Le mobile de cet acte résiderait dans la cargaison du navire. En effet, ses cales ne contenaient pas seulement du bois, comme l’affirme le gouvernement russe, mais également des missiles de croisière X-55 dont le rayon d’action excède 3’000 kilomètres – une information recoupée par la presse danoise et norvégienne, ainsi que par les dires de l’ancien chef d’état-major de l’armée estonienne. Ces missiles étaient destinés à l’Iran.
Selon le quotidien moscovite, le cargo aurait été détourné par un commando des services de renseignement extérieurs hébreux au large des côtes suédoises. Les compte-rendus du gouvernement russe ainsi que les "terrroristes capturés sur la navire" ne seraient en réalité qu’une vaste mascarade montée par le Kremlin pour maquiller l’intervention du Mossad. L’argument est recevable : autant le gouvernement suédois que la Commission Européenne avaient été très sceptiques sur les conclusions préliminaires du gouvernement russe, laissant entendre qu’il s’agissait de désinformation.
L’objectif israélien ? Un mois après la disparition de l’"Artic Sea", le Président Shimon Peres s’est rendu à Moscou. Durant cette entrevue agendée au 18 août – un jour après la relocalisation du navire par la marine russe – Peres s’est employé à convaincre son homologue russe de renoncer à vendre de la technologie militaire à la République islamique d’Iran. La Novaya Gazeta croit savoir que le détournement de l’"Artic Sea" par le Mossad avait pour but de soutenir cette rencontre, et pratiquer à l’égard du Kremlin une nouvelle forme de diplomatie coercitive.
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