20 Septembre 2009 : La dernière livraison des 19 et 20 septembre du journal Libération nous propose une page de couverture affublée d’un grand titre " Réchauffement Climat d’Urgence" suivi d’un article de de 3 pages subtilement intitulé "Ainsi fond, fond, fond…" dont les textes alarmistes proclament que "L’arctique fond plus vite que prévu", que "Le changement climatique s’opère plus vite que prévu" etc.
Nous avons l’habitude… N’est-ce pas ? Mais est-ce bien vrai ?
Manque de chance pour l’auteur, les indicateurs officiels du climat nous disent exactement le contraire : depuis deux années consécutives, la surface glacée de la mer arctique a augmenté de près de 25%. L’antarctique, lui, non seulement ne fond pas mais se trouve bien au dessus de la moyenne. Cette année, il est encore très proche du record d’extension historique et a augmenté depuis l’année dernière.
Ce sont de bonnes nouvelles mais visiblement, le journaliste n’a que faire des courbes et des mesures. Le bonnet d’âne du mois de Septembre, fourré en poil d’ours blanc (dont la population se porte très bien, merci) lui revient donc de droit.
Comme à l’habitude, nous comparons ces affirmations ultra-alarmistes aux observations officielles, ici données par les satellites. Voici ce qui est affirmé:
" La banquise fond plus vite que prévu".
En cette mi-septembre qui marque le minimum de l’englacement de la mer Arctique, nous étions nombreux à nous étonner du relatif silence des médias alarmistes de la presse mondiale quant à la fonte des glaces polaires (le "canari dans la mine" du réchauffement climatique, disent-ils) et il vrai que la discrétion serait de mise..
Pourquoi ? Tout simplement parce que la mer arctique n’a pas fait ce que beaucoup attendaient d’elle : De fait, elle s’est renforcée par rapport à l’année précédente qui elle-même, marquait déjà une fonte moindre que celle qui la précédait.. au grand dam des tenants des modèles du GIEC et des alarmistes de toute obédience, bien sûr.
Tous les lecteurs assidus connaissent la page "indicateurs" de ce site qui rassemblent les données officielles actualisables sur les grands observables du climat (Souvenez vous qu’il faut cliquer sur les graphes pour les mettre à jour). C’est un page indispensable pour ceux qui veulent suivre sérieusement l’évolution du climat et s’affranchir des multiples bobards proférés par les journalistes et leurs émules, assez nombreux sur le WEB.
Entre autre, on y trouve le graphe suivant qui concerne l’évolution de la surface glacée de la mer arctique suivie, jour après jour, depuis plusieurs années consécutives, par les satellites japonais, dont le sérieux et la fiabilité sont incontestables. On peut aussi utiliser les données du NSIDC US, rapporté sur la page "indicateurs", mais les nombreux déboires de détecteurs, subis récemment par cet organisme, incitent à la prudence…
En ordonnées, la surface de la glace présente en mer arctique en millions de km2.
Les données de l’année 2009 sont en rouge.
Celles des années précédentes sont en :
jaune : 2007
orange : 2008.
Ce graphe officiel montre que la courbe en rouge de cette année a amorcé sa remontée et se trouve proche de recouper celle de 2005, ce qui signifie que l’englacement a très probablement repris au pôle nord depuis déjà quelques jours, comme il le fait chaque année à cette même époque.
Voici un agrandissement de la zone du minimum réalisé le 15/09 par un lecteur du site Whattsupwiththat (prix du meilleur blog scientifique anglophone de l’année 2008 ).
L’année 2009 est toujours en rouge, mais 2007 est en bleu clair et 2008 en vert. A noter, qu’au jour d’aujourd’hui, la courbe rouge a rejoint la courbe jaune de l’année 2005.
Comme on le voit du premier coup d’oeil, l’englacement de cette année, pendant la période où il est le plus faible (d’où la promenade en arctique de Ban Ki Moon, organisée tout récemment), est bien supérieur à ce qu’il était l’année dernière et, à fortiori, à ce qu’il était en 2007 qui semble avoir marqué un minimum historique. De fait, l’englacement de 2009 a rejoint ces jours-ci celui de l’année 2005.
Le gain en glace de la mer arctique est très loin d’être négligeable puisqu’il s’agit d’environ un million de km2, c’est à dire d’une augmentation d’un quart (24% exactement) de la surface par rapport à 2007. C’est plutôt voyant… et relativise les deux belles photos satellites issues de ce site, affichées par le journaliste de Libération qui a pris bien soin de comparer 2009 avec l’année (froide) 1980 qui achevait une époque où on craignait le retour d’un petit âge glaciaire sur notre belle planète.
A l’instar de Libé, nous utilisons la base de données des images satellites. Mais nous donnons les images qui montrent l’évolution récente de la glace arctique. Elles sont beaucoup mieux adaptées pour juger de la (non)pertinence d’un’ "état d’urgence", proclamé par Libération :
On voit immédiatement que la banquise a effectivement beaucoup augmenté depuis 2007, comme elle l’avait déjà fait en 2008. Le code des couleurs indique également que la compacité de la glace est aussi bien supérieure en 2009 à ce qu’elle était en 2007. Autrement dit, il y a beaucoup plus de glace au pôle Nord cette année qu’il y a deux ans et aussi que l’année dernière.
Dans ces conditions, et sachant que les modèles du GIEC ont tous prévu une fonte accélérée et continue des glaces de la mer arctique, un observateur honnête et attentif dirait plutôt que " La banquise fond moins vite que prévu. Et de fait, elle se reconstitue." C’est à dire très exactement le contraire de ce que nous affirme le journaliste de Libération qui n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai dans ce domaine (voir le bonnet d’âne de Nov. 2008 sur le Kilimandjaro et cette lettre cosignée par ce journaliste).
S’agissant de glaces polaires et de banquises, un journaliste scientifiques se serait également fait un devoir d’informer ses lecteurs sur l’état de l’autre pôle, le Pôle Sud, c’est à dire l’Antarctique.
Il ne l’a pas fait.
Je le fais pour lui :
Ce graphe officiel du NSIDC, mis à jour, montre l’augmentation de la surface glacée antarctique au cours de cet hiver austral. On voit que le maximum d’englacement est atteint vers la mi-septembre où nous nous trouvons en ce moment.
L’échelle verticale est toujours en millions de km2.
L’année 2009 est relative à la courbe bleue dont on voit immédiatement qu’elle se trouve bien au dessus de la moyenne 1979-2000 (courbe en noir) prise comme référence et aussi au dessus de celle de l’année dernière (courbe en pointillé).
Conclusion évidente : comme pour l’Arctique, la couverture de glace antarctique s’est étendue. Elle ne fond pas plus vite que prévu : Bien au contraire, elle s’étend.
Il est matériellement impossible de reprendre une à une toutes les allégations alarmistes du même tonneau qui sont assénées avec force épithètes catastrophistes dans le long article de Libération. Le journaliste en question s’appuie sur les déclarations d’un expert du LODYC de Paris 6 qui ne semble pas avoir lu les derniers articles parus dans la littérature scientifique sur ces sujets, non plus que les déclarations de quelques membres du gratin scientifique du GIEC qui ont été exprimées lors des derniers congrès internationaux sur le climat. Rappelons quelques exemples :
1) Au sujet de la fonte de l’arctique qui résulterait du réchauffement climatique anthropique, (selon Libération et son expert) plusieurs des plus éminents experts, se sont prononcés lors de la toute récente Troisième Conférence Mondiale sur le Climat WCC3 (patronnée par l’OMM et l’ONU, du 30 août au 4 septembre 09). Il aurait été pertinent et honnête d’évoquer cette conférence dans l’article de "fond" (ainsi fond, fond, fond…) de Libération. En particulier :
- Vicky Pope, responsable des prévisions climatiques du Hadley Center, (UK), très influent au GIEC, a affirmé que " les pertes dramatiques de la glace Arctique résultaient, en partie, des cycles naturels plutôt que du réchauffement climatique du globe. Les rapports préliminaires suggèrent qu’il y a eu beaucoup moins de fonte cette année qu’au cours des années 2007 et 2008." selon le rapport d’un expert présent lors de la conférence qu’on ne peut guère soupçonner de scepticisme climatique. Bien au contraire.
- Un des top modélisateurs du climat et des océans, Mojib Latif, éminent participant au GIEC, a déclaré que nous pourrions être proches d’entrer dans" "Une ou deux décennies de refroidissement climatique" et ceci à cause de la NAO (North Atlantic Oscillation) qui est rentrée en phase froide.
- James Murphy, le responsable des prévisions climatiques au Met Office ( l’agence météo anglaise) a établi un lien entre la NAO (North Atlantic Oscillation) et la mousson en Indes, ainsi qu’avec les ouragans dans l’Atlantique et la mer glacée de l’Arctique. " Les océans sont un facteur décisif de la variabilité décennale" a-t-il déclaré."
2) Dans le corps de son oeuvre mémorable, le journaliste évoque l’accélération de la hausse du niveau des mers (qui, en réalité, a ralenti selon les indicateurs officiels ) et attribue ce dernier "a l’accélération de la marche des glaciers côtiers du Groenland".
Cette affirmation est carrément fausse ! La fonte des glaciers du Groenland s’est considérablement ralentie depuis quelques années. Le journaliste et son expert devraient le savoir.
Ainsi, la récente réunion de l’AGU (American Geophysical Union) qui s’est tenue à San Francisco du 15 au 19 décembre 2008 a longuement disserté sur toutes les observations relatives à cette question et conclu en ces termes, exprimés par le glaciologue Tavi Murray de l’Université de Swansea (UK) :
"C’en est fini avec cette Apocalypse (Armaggedon) due aux glaciers du Groenland. C’est terminé."
Pour sa part, Richard Kerr de la revue Nature, a rappelé que "Quelques climatologues ont spéculé sur le fait que le réchauffement climatique pouvait avoir poussé le Groenland au delà du point de non-retour dans un régime effrayant de pertes de glace démesurées qui devaient conduire à une montée des eaux encore plus rapide ".. faisant allusion aux prédictions catastrophistes de hausse des mers de Rahmstorf et d’autres…
Lesquels devront trouver autre chose pour faire peur au grand public, tout comme d’ailleurs le journaliste de Libération et son expert du LODYC.
3) Un peu plus loin, en page 3 del’article de Libération, s’étale ce titre, écrit en gros caractères :
" Le changement climatique s’opère plus vite que prévu".
Tiens donc ! Voilà qui est bizarre puisque nous venons justement de voir sur les indicateurs officiels et selon les déclarations de spécialistes du GIEC eux-mêmes, que la situation de l’arctique tout comme celle de l’antarctique, incitaient à l’optimisme.
Mais peut-être, n’avons nous pas considéré les bons indicateurs?
Alors, foin de la glace des deux pôles et regardons ce qu’il en est de l’évolution de la température moyenne du globe qui doit, sans aucun doute, s’emballer vers des sommets, puisque Libération et son expert l’affirment .
Voici donc le graphique officiel (à jour) de l’évolution des températures données par les quatre institutions chargées de ces mesures. A noter que sur ce graphique, les données HADCRUT et GISS ont été translatées en bloc pour tenir compte de l’année prise comme origine par rapport aux relevés satellites (UAH et RSS), ce qui, évidemment, ne change en rien les variations temporelles.
Comme on le voit, la température du globe a connu son maximum en 1998, lors du grand El Niño, c’est à dire il y a onze ans. Depuis, elle ne monte plus.
Discerner une hausse des températures de 2002 à nos jours, relève d’une indispensable visite chez l’ophtalmologue.
De fait, tous les observateurs et même ceux du GIEC, reconnaissent que non seulement les températures n’ont pas monté depuis lors mais qu’elles sont plutôt à la baisse.
Bien entendu, vous ne trouverez pas dans les publications officielles du GIEC et de ses affidés, une superposition de ces courbes de température avec les prévisions des ordinateurs du GIEC. Ce serait plutôt gênant. Alors, d’autres l’ont fait à leur place.
Comme celui-ci, parmi beaucoup d’autres qui obtiennent le même résultat.
Cette courbe s’arrête en Déc 2008 date à laquelle l’article a été publié.
Comme on peut l’observer les prévisions du GIEC, même réinitialisées à la mi-2002 (Evidemment, ils réinitialisent en permanence), s’écartent très sensiblement et se trouvent très au dessus des courbes de températures réellement observées.
Dès lors, comment peut-on affirmer hardiment que le "changement climatique s’opère plus vite que prévu " ? Ce ne serait pas plutôt l’inverse ?
En résumé :
- Les glaces arctique et antarctique sont en expansion. L’arctique se reconstitue depuis 2 ans contrairement aux prévisions. l’Antarctique se trouve bien au dessus de la "normale".
- La température du globe a atteint son maximum en 1998. Depuis, elle diminue.
- La température de la couche superficielle des océans (allant de quelques centimètre à -700m) est en baisse depuis 2003. Le pseudo réchauffement des océans évoqué par Libération résulte d’une seule mesure satellitaire optique de la température de surface des océans. Il ne prend pas en compte la mesure des 3325 balises Argo qui constituent la seule mesure fiable du contenu thermique et de la température des océans (voit les travaux de Josh Willis, responsable des balises ARGO, ici et ici), lesquelles montrent clairement que les mers ne se réchauffent plus ou, même, se refroidissent.
- La hausse du niveau des océans s’est ralentie, sinon arrêtée depuis 4 ans.. Voir le graphe officiel de mesures TOPEX et JASON.
- Nous sommes entré en phase négative pour la PDO (Pacific decadal oscillation) et pour la NAO, comme l’a dit Mojib Latif au WCC3, ce qui laisse a prévoir un refroidissement de la planète pour les années à venir (toujours comme l’a dit Latif du GIEC).
- Le soleil est étrangement inerte depuis une longue période, ce qui s’est produit lors de minima froids de Maunders et de Dalton. Brr…
Bref, il n’y a certainement pas de quoi alarmer le grand public avec les tendances actuelles. Bien au contraire, il y a de quoi le rassurer.
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Bien sûr, à Pensee-unique, nous ne sommes pas naïfs. Nous savons très bien que ce genre d’article catastrophiste basé sur des affirmations douteuses, procède d’une mise en condition généralisée de la population en vue des prochains (dés)accords de Copenhague qui devraient, en décembre, prolonger Kyoto avec des mesures réellement contraignantes de réduction des gaz à effets de serre. On observe aussi un redoublement de la campagne menée, dans le même sens, par WWF et Greenpeace, au point de devenir assourdissante. Il faut s’attendre à un déchaînement de cette propagande, sinon intox, jusqu’en décembre prochain.
Il n’est pas certain (et on peut même penser le contraire) que le résultat obtenu soit celui qui est attendu par ces prêcheurs de l’apocalypse. En effet, si on se réfère à deux pays de cultures proches de la notre qui sont eux-mêmes soumis à une propagande intense de la part de leur gouvernants, de leurs médias, des associations écologistes et du GIEC de l’ONU, on observe que le scepticisme climatique est en hausse.
Et ceci, aussi bien aux Etats-Unis qu’au Royaume-Uni. Quelques chiffres pour illustrer ce propos, tirés de sondages très récents :
Au Royaume Uni, un reportage de la BBC (très étonnant de sa part) et un rapport du Tyndall Center for Climate Research (page 132) selon ce site (billet du 10 sept). Voici les pourcentages des réponses positives faites en réponse aux affirmations mentionnées ci-dessous.
- 40.2% – "Le changement climatique est trop complexe et incertain pour que les scientifiques parviennent à produire des prévisions utiles."
- 32% – "Les affirmation que l’activité humaine modifie le climat sont exagérées".
- 57% – "Les médias sont souvent trop alarmistes sur la question du changement climatique".
- 43.9% (la proportion a doublé par rapport à il y a cinq ans) "De nombreux et éminents experts se posent encore la question de savoir si l’activité humaine contribue au changement climatique".
Aux Etats Unis, selon un sondage Rasmussen du 31 août (confirmé par Gallup)
"Alors que la plupart des sondés considèrent que le réchauffement climatique est un problème sérieux, 47% d’entre eux, disent maintenant que ce sont les tendances à long terme du système planétaire qui en sont la cause tandis que 36% disent que c’est l’activité humaine qui en est responsable. Sauf pour le mois de Juin où les deux opinions faisaient jeu égal, les sondés se sont éloignés de la responsabilité humaine depuis Janvier. "
Visiblement, il reste du pain sur la planche pour les médias alarmistes… Cependant, je me permettrai de donner un conseil amical au journaliste de Libération, heureux récipiendaire du bonnet d’âne (tant convoité) de ce mois de septembre : Celui de suivre, à la lettre, l’avertissement donné par l’éminent scientifique du GIEC, Mojib Latif lors de la récente Conférence Mondiale sur le Climat (WCC3), aux 1500 participants de ce colloque :
" ..Nous devons nous poser les questions dérangeantes nous-mêmes, sinon d’autres le feront."
En effet !
2 réflexions sur « La mer arctique n’a pas fait ce que beaucoup attendaient d’elle »