4 juin 2023

GIECgate ?

Le Glaciergate décrit ci-dessous est loin d'être un cas isolé dans le rapport 2007 du GIEC.
Une relecture attentive de ce "monument" rédigé par les auteurs principaux et contributeurs du GIEC, montre que plusieurs
affirmations ultra-alarmistes publiées dans ce rapport officiel, ne sont basées que sur des articles non-publiés (voire, démentis peu après) ou des brochures non revues par les pairs, rédigées par des organisations partisanes et parfois pire encore.

Les rédacteurs du rapport GIEC AR4 (2007) ont fait vraiment très fort. Et ceci, en totale contradiction avec les statuts de l'organisation et les affirmations de son directeur (R. Pachauri) qui répétait sans cesse que les rapports du GIEC ne reposaient que sur des articles scientifiques revus par les pairs (peer-reviewed) ou des articles "rigoureusement sélectionnés" rédigés, bien entendu, par les meilleurs des 2500 "top-scientists" de la planète. La crème, quelque sorte….

Comme on pouvait s'en douter et alors que la suspicion s'est installée dans les esprits à la suite du Glaciergate et du Climategate décrits dans les billets précédents (ci-dessous), un certain nombre de scientifiques, de journalistes ou d'experts avertis se sont lancés dans l'examen scrupuleux du volumineux document officiel que représente l'AR4 du GIEC.Et notamment, la partie rédigée par le groupe II, le WG2 qui s'intéresse aux conséquences prévisibles du réchauffement climatique. Etudier scrupuleusement ce document implique non seulement une lecture attentive du texte mais, aussi et surtout, la recherche et la vérification des sources, la cohérence du texte avec les sources, les qualifications des auteurs etc..

Il est d'ailleurs étonnant de constater qu'il a fallu attendre plus de deux ans pour qu'un examen attentif de ce document soit enfin entrepris. Sans doute, les multiples et subtils processus d'élaboration, de relecture.et de correction constamment mentionnés par le Chairman du GIEC, R. Pachauri, avaient-ils fini par persuader qu'un tel monument ne pouvait être que parfait et, donc, ne pouvait souffrir la moindre critique…

ipccprocess

D'ailleurs le diagramme ci-contre qui figure sur le site du GIEC et qui explique succinctement la longue marche qui conduit aux rapports finaux, est très impressionnant…

Ce processus long, patient et rigoureux (?) a été utilisé pour la publication pluriannuelle (tous les 6 ans environ) des rapports appelés successivement FAR (First assessment report), SAR (Second AR), TAR (Third AR) et finalement l'AR4 (fourth AR) qui est le plus récent. l'AR4 est sorti en 2007 plusieurs mois après la parution du résumé appelé SPM (Résumé pour les Décideurs) ce qui a paru plutôt inhabituel à quelques esprits enclins à la critique qui s'étonnaient perfidement qu'on puisse publier un "résumé pour les politiques" plusieurs mois avant de disposer du document scientifique complet.

De fait, cela semble être une pratique naturelle pour ceux qui ont conçu le diagramme ci-contre. L'idée -on l'a compris- est "d'adapter" le volumineux rapport scientifique, avant sa publication, afin qu'il soit rendu cohérent avec le "Résumé pour les Décideurs" qui a été, préalablement, examiné et approuvé par les représentants des gouvernements pour lesquels le volumineux rapport scientifique est parfaitement indigeste.
C'est aussi une reconnaissance du fait que les assertions des scientifiques sont, en général, beaucoup plus mesurées et prudentes que celles que l'on peut lire dans le "Résumé pour les Décideurs". Il convenait donc que la différence ne soit pas trop visible…
Tout ceci est évidemment profondément choquant pour les esprits naïfs qui, comme moi, pensent que le constat scientifique doit précéder la prise de décision, non l'inverse, et que la politique n'a pas à "dicter la science"…

Ainsi et au fil des 19 années (le FAR date de 1991) écoulées, et à l'exception notable des querelles scientifiques de spécialistes qui ont cours autour du rapport du WGI (Groupe I : les bases scientifiques du Réchauffement Climatique) mais qui n'ont que très rarement débordé la sphère des milieux scientifiques (sauf lors du Climategate) les rapports successifs du GIEC n'ont guère fait l'objet de critiques connues du grand public. En tout cas, et jusqu'à ces dernières semaines, aucune n'était parvenue à percer l'armure de la sphère médiatique.
Pourtant, l'alarme avait été déjà tirée il y a quelques années et répétée à de nombreuses reprises depuis lors. Mais c'était "vox clamans in deserto", semble-t-il. Cette affaire, si elle avait été connue des médias (anglophones) et du grand public, aurait, sans aucun doute, été baptisée :

Le Malariagate :

reiter2


En effet, un membre éminent du GIEC, le Professeur Paul Reiter (ci-contre), scientifique mondialement connu et estimé, avait tiré le signal d'alarme sur les dysfonctionnements inacceptables du GIEC, lors de la rédaction du TAR (en 2000).

Reiter dirige l' "Unité Insectes et Maladies Infectieuses" de l'Institut Pasteur de Paris. Son désaccord profond avec le comité de rédaction du WGII (celui-là même du glaciergate, mais dans la section "Impacts sur la Santé") et les instances du GIEC ont motivé sa démission. Depuis lors, Le professeur Paul Reiter s'évertue à lutter contre ce qu'il appelle, par exemple et entre autres, "Les mythes sur les liens entre paludisme et changements climatiques" (9 sept 2009).
Reiter, visiblement outré par ce qu'il avait aperçu du fonctionnement du GIEC pour la partie qui le concerne, a rédigé un mémorandum pour la Chambre de Lords anglaise. Ce mémorandum qui date de mars 2005, mérite d'être lu et médité. Il dévoilait, quelques années à l'avance, les graves défectuosités d'une instance qui fait encore l'admiration des autorités et de la presse françaises mais que les presses anglophone et germanophone n'hésitent plus à dénoncer.

Voici des extraits du témoignage de Paul Reiter adressé aux Lords Anglais, en 2005, au sujet des rapports SAR, TAR et AR4 (en préparation à l'époque). Le texte suivant exclut les références bibliographiques que vous retrouverez dans l'original :
C'est, sans doute, un peu long à lire mais ce témoignage est révélateur du fonctionnement interne du GIEC. Il permet de mieux comprendre les véritables fondements des erreurs qui sont actuellement reprochées au rapport AR4 du GIEC.
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Du paragraphe 1 à 10, Paul Reiter se présente et donne quelques détails sur ses qualifications. Il explique que le développement de la malaria n'est pas corrélé avec la température et que celle-ci a causé des ravages très importants dans les régions froides (en Sibérie et dans le cercle arctique, par exemple) comme dans les régions chaudes et humides. Il rappelle que le House of Parliament anglais est bâti sur les lieux même d'un ancien marécage qui était connu pour être un foyer de propagation de la malaria pendant la période froide du petit âge glaciaire (XVIème-XVIIIème siècle)…En bref, la malaria comme d'autres maladies transportées par les insectes, est loin d'être une maladie exclusivement tropicale. Reiter poursuit :

"GIEC SAR Groupe de travail II . Chapitre 18. Santé humaine.

  11.  Ce chapitre est sorti à un moment critique du débat sur le changement climatique. Un bon tiers était consacré aux maladies propagées par les moustiques, principalement la malaria. Ce chapitre eut un impact très important dans le débat public et il est même encore cité de nos jours, malgré le chapitre mieux informé sur ce sujet du TAR (voir ci-dessous).

  12.  La littérature scientifique sur les maladies propagées par les moustiques est volumineuse, mais les références du texte du chapitre étaient limitées à une poignée d'articles, dont beaucoup sont relativement obscurs [NDT : c'est à dire peu connus] et dont pratiquement la totalité suggérait une augmentation de la maladie dans un climat plus chaud. La pauvreté de l'information n'est pas vraiment surprenante : Pas un seul des auteurs principaux n'avait jamais rédigé un article scientifique sur ce sujet ! En outre, deux des auteurs, tous les deux médecins, avaient passé toute leur carrière en tant qu'activistes environnementalistes. Un de ces militants avait publié des articles "professionnels" en tant qu'expert sur 32 sujets différents qui allaient de l'empoisonnement par le mercure aux mines anti-personnel, de la globalisation et du virus de l'Ouest du Nil au Sida.

  13. Parmi les auteurs contributeurs il y avait un entomologiste professionnel et une personne qui avait écrit un article peu connu sur la dengue et El Niño, mais sa préoccupation principale concernait l'efficacité des casques anti-crash de moto (plus un article sur les effets des téléphones cellulaires sur la santé).

  14.  L'amateurisme du texte de ce chapitre reflète les connaissances limités des 22 auteurs …

  15.  Parmi les indicateurs éclatants de l'ignorance des auteurs on trouvait l'affirmation que " Bien que le moustique anophèle qui transmet la malaria ne survive pas habituellement quand la température moyenne en hiver descend en dessous de 16-18°C, certaines espèces des hautes latitudes sont capables d'hiberner dans des endroits protégés."
En réalité, beaucoup d'espèces tropicales peuvent survivre à des températures au dessous de ces limites et beaucoup des espèces des régions tempérées peuvent survivre à des températures de -25°C, même dans des endroits "relativement exposés".

  16.  De plus, les auteurs affirmaient que le changement climatique provoquait déjà une remontée de la malaria vers les hautes altitudes (par exemple au Rwanda). Ils citaient des informations publiées par des non-spécialistes qui avaient été vivement démenties dans la littérature scientifique. Dans les années qui ont suivi, ces affirmations ont été répétées à de nombreuses reprises par les activistes environnementalistes, en dépit des recherches rigoureuses et des preuves contraires avancées par quelques uns des meilleurs spécialistes mondiaux de la malaria.[….] Les auteurs du GIEC allaient jusqu'à affirmer qu'"une hausse relativement faible de la température hivernale au Kenya" pourrait étendre l'habitat des moustiques et permettre que la malaria dépasse l'altitude limite habituelle qui est d'environ 2500m pour atteindre les populations des grandes villes non atteintes par la malaria, situées en haute altitude, telles que Nairobi." Et ceci en dépit du fait qu'en 1960 les moustiques étaient présents au dessus de 3000m et que Nairobi n'est qu'à 1600m !
 
GIEC TAR Groupe de travail II . Chapitre 18. Santé humaine.

  24.  Le troisième rapport impliquait plus de 65 auteurs, dont un seul -un des mes collègues- était une autorité reconnue sur les maladies propagées par les insectes…

25.  Mon collègue et moi-même, nous sommes constamment retrouvés en conflit avec des personnes qui insistaient pour faire des déclarations péremptoires, bien qu'elles n'aient que peu ou pas du tout de connaissance de notre spécialité….

  30.  Les organisations militantes telles que Word Wildlife Funds (WWF) continuent de citer l'affirmation du GIEC selon laquelle la malaria ne peut être transmise que dans les régions ou la température hivernale est au dessus de 16°C. Plusieurs des organisations de ce type affirment même que des cas isolés de malaria aux USA et au Canada pendant "des périodes particulièrement chaudes et humides" sont compatibles avec les projections du GIEC..

GIEC AR4 Groupe de travail II . Chapitre 18. Santé humaine. (NDT : l'AR4 n'est paru qu'en 2007. Reiter n'évoque donc que la préparation)

 31. Il sera intéressant de voir comment le chapitre sur la santé sera rédigé. Seul l'un des auteurs principaux a déjà été auteur principal et il n'a jamais rien publié sur les maladies propagées par les moustiques. Seul, l'un des auteurs contributeurs dispose d'une liste de publications importante dans le domaine de la santé humaine. Il est un spécialiste de la santé en milieu industriel et toutes ses publications sont en Russe. Plusieurs parmi les autres n'ont jamais publié aucun article.

  34.  …J'ai répondu par une question à propos des deux auteurs principaux sélectionnés : " Il est souvent affirmé que le GIEC représente les meilleurs scientifiques du monde. Je vous copie les listes de publications de ces deux auteurs principaux sélectionnés. Vous pourrez constater que le premier n'a jamais écrit aucun article et que le second est l'auteur de seulement 5 articles. Est-il possible de considérer ces "auteurs principaux" comme étant expérimentés et représentatifs des meilleurs scientifiques du monde et des spécialistes de ces questions de santé humaine ?

  35.  J'ai aussi fait remarquer que l'un des auteurs principaux était un "hygiéniste" et l'autre spécialiste des déjections fossiles et que tous les deux avaient été co-auteurs de publications d'activistes environnementalistes..

NDT : Réponse du GIEC : En accord avec les statuts, ils ont été proposés par les gouvernements…

Résumé :

  41.  … A mon avis, le GIEC a rendu un mauvais service à la société en se reposant sur des "experts" qui n'ont qu'une connaissance faible ou inexistante sur le sujet et en leur permettant de proférer des affirmations péremptoires qui ne sont pas basées sur une science avérée. En vérité, les déterminants principaux de la transmission de la malaria et des autres maladies propagées par les moustiques sont la politique, l'économie et les activités humaines…."
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Bref et en résumé, Paul Reiter témoignait, dès 2005 et, au moins pour la partie qui le concerne, de l'incompétence avérée de nombreux auteurs principaux et contributeurs aux rapports du GIEC, de leurs liens évidents avec des associations "activistes environnementalistes" comme le WWF ainsi que leur propension à insérer dans les rapports des affirmations aussi péremptoires que non avérées du point de vue scientifique.

Dès lors, il ne faut pas s'étonner que des affaires comme le Glaciergate (de l'Himalaya) puissent éclater de nos jours. Les symptômes sont d'ailleurs les mêmes : Auteurs peu compétents sur le sujet, affirmations péremptoires infondées et citations de sources telles que des brochures de groupes activistes tels que le WWF, Greenpeace etc.
En voici un autre exemple récent qui a défrayé, et défraye encore, la chronique (anglophone et germanophone) :

L'Amazongate : Toujours dans le rapport du WGII de l'AR4 du GIEC (Chapitre 13), des affirmations alarmistes sur la forêt

amazongate2

amazonienne, fondées sur une publication incontrôlée du WWF et de l'IUCN, elle-même fondée sur un article de la revue Nature qui, en réalité, … traite d'un tout autre sujet.


La forêt naturelle amazonienne est en danger. Sans aucun doute, le bucheronnage et le défrichement pour l'agriculture, emputent le territoire naturel au détriment de ce qu'on appelait autrefois (à tort) le poumon de la planète, comme l'ont démontré de nombreuses publications scientifiques de bon aloi.
Concernant le réchauffement climatique et l'influence supposée dramatique des sécheresses, il semble que les idées devaient être un peu trop primaires puisque, comme je vous l'ai expliqué dans cette page, selon un article paru dans Science, la forêt amazonienne avait considérablement reverdi pendant la grande sécheresse Brésilienne de 2005, contrairement aux prévisions des ordinateurs.

Mais cela ne devait pas paraître intéressant aux auteurs principaux et aux contributeurs chargés de la rédaction du chapitre 13 de la section du groupe II du dernier rapport du GIEC. Voici ce qu'ils écrivaient à ce sujet, à la page 596 : (caractères engraissés de PU)

"Up to 40%of the Amazonian forests could react drastically to even a slight reduction in precipitation; this means that the tropical vegetation, hydrology and climate system in South America could change very rapidly to another steady state, not necessarily producing gradual changes between the current and the future situation (Rowell and Moore, 2000). It is more probable that forests will be replaced by ecosystems that have more resistance to multiple stresses caused by temperature increase, droughts and fires, such as tropical savannas."

Soit Jusqu'à 40% des forêts Amazoniennes pourraient réagir dramatiquement à une réduction, même faible, du taux de précipitation. Ceci signifie que la végétation tropicale, l'hydrologie et le système climatique de l'Amérique du Sud pourrait changer très rapidement pour se retrouver dans un nouvel état stable et ceci en n'induisant pas nécessairement un changement progressif entre la situation actuelle et la situation future (Rowel and Moore, 2000). Il est plus probable que les forêts seront remplacées par des écosystèmes qui ont une meilleure résistance à des stress multiples causés par l'augmentation de la température, les sécheresses et les feux, telles que les savanes tropicales. "

Les examinateurs attentifs ont recherché la référence (Rowell and Moore, 2000) qui est indiquée dans ce texte et qui justifie, paraît-il, l'affirmation précédente (en gras) et notamment le chiffre de 40% qui paraît considérable..La voici :

amazongate4


Il s'agit encore une fois, d'un document publié lors d'une collaboration entre le WWF (déjà impliqué dans le cas du Glaciergate) et l'IUCN (International union for conservation of Nature) qui sont toutes deux des organisations militantes écologistes bien connues dont les publications ne bénéficient d'aucune certification scientifique avérée. Le lien indiqué ne fonctionne pas mais le rapport auquel il est fait allusion se trouve sur le site de l'UICN.

Quant aux deux auteurs, Rowell et Moore dont les écrits servent de source primaire pour les affirmations de l'AR4 du GIEC, il est rapidement découvert qu'aucun d'entre eux n'est scientifique ni spécialiste, de près ou de loin, de l'Amazonie non plus que des problèmes de sécheresse et de précipitation.

P. Moore est, de son propre aveu, un analyste décisionnel et un spécialiste des questions administratives (CV ici).. Il n'a aucun lien avec la forêt amazonienne.. Andy Rowel est un journaliste "freelance" (pour le Guardian) et un activiste vert. La lecture de son CV se passe de commentaires quand à sa capacité à prévoir le devenir de la forêt amazonienne en cas de faible pluviosité.
" Andy Rowel est un écrivain indépendant et journaliste d'investigation avec plus de 12 années d'expérience sur les sujets environnementaux, la nourriture, la santé et les questions de globalisation. Rowell a entrepris des recherches pointues pour, entre autres, Action sur le fait de Fumer et la Santé, La Campagne pour Libérer les Enfants du Tabac, Les Amis de la Terre, Greenpeace, IFAW, l'Organisation Panaméricaine de la Santé, le Projet Underground, l'Organisation Mondiale de la Santé, Le Monde en Action et le World Wildlife Fund"

Si on est indulgent (mais il est difficile de l'être quand il s'agit du rapport du GIEC qui est censé servir de base à la prise de décisions fondamentales au niveau mondial), on peut se dire que même si les deux auteurs en question sont incompétents, ils ont pu emprunter leurs affirmations à des sources scientifiquement avérées.
Et de fait, nos deux amateurs éco-scientifiques, citent à l'appui de leurs affirmations une lettre (peer-reviewée) parue dans la revue Nature en 1999 qui, elle, bénéficie de l'aval des scientifiques.
Dès lors, puisqu'une source avérée existe, et bien qu'elle soit plutôt ancienne, on se demande pourquoi les auteurs du texte de WGII du GIEC en question n'ont pas utilisé cette référence comme source primaire plutôt que la brochure du WWF-IUCN dont la crédibilité en matière scientifique est plus que douteuse. La réponse apparaît évidente quand on lit le titre de la Lettre de Nature en question. Le voici :

"Large-scale impoverishment of Amazonian forests by logging and fire" soit " Appauvrissement à grande échelle des forêts Amazoniennes par bucheronnage et feux". Cet article est signé par plusieurs chercheurs brésiliens et par deux chercheurs du Wood Hole Research Center et du NASA Ames Center en Californie.

Si on recherche, dans cet article pris comme référence par le WWF-IUCN, le chiffre de 40%, on le trouve mentionné comme mesurant la perte de biomasse provoqué par la déforestation ou les feux et non pas comme celui indiquant une quelconque hyper sensibilité "à une variation même faible des précipitations " dont il n'est jamais fait mention dans l'article. Il n'y pas non plus d'indication de possibilité de transformation de forêt en savane tropicale qui semble donc être une pure invention des auteurs du rapport GIEC.
Si on cherche maintenant, toujours dans cette même lettre à Nature, quelle est la proportion de la surface de la forêt amazonienne qui pourrait souffrir du manque d'eau lors d'une sécheresse prononcée et en prenant les chiffres les plus pessimistes, on trouve que seulement 10% (et non pas 40%) serait vulnérable.

En bref, il s'agit purement et simplement d'une invention à partir de l'article de Nature par le WWF-IUCN, lui même encore amplifié par le texte du GIEC, comme nous allons le voir. Voici l'avis d'un spécialiste de la question :

Simon Lewis, membre élu de la Royal Society à l'Université de Leeds, qui est un spécialiste de l'écologie des forêts tropicales a déclaré que la section de Rowell et Moore qui prédisait la possibilité de la destruction d'une large fraction de la forêt amazonienne, était "du n'importe quoi".

"L'article de Nature traite des interactions entre les dommages causés par la déforestation, le feux et les sécheresses périodiques, qui sont tous extrêmement importants pour comprendre la vulnérabilité de la forêt Amazonienne, mais cet article ne concerne pas la vulnérabilité de ces forêts à cause de réduction de pluviométrie. " a-t-il déclaré.
"A mon avis, le rapport de
Rowell et Moore n'aurait pas dû être cité. Il ne contient aucun résultat de recherche de source fondée."

Il est instructif de suivre la chaîne des distorsions et des exagérations successives apportées au rapport de Rowel et Moore qui constitue lui-même une exagération et une distorsion intolérable de l'article de Nature :

Le rapport WWF-IUCN (Rowel and Moore, 2000) déclare :
"Jusqu'à 40% de la forêt Brésilienne est extrêmement sensible à de faibles réduction de pluviométrie. Pendant la saison sèche de 1998, quelques 270.000 km2 sont devenus vulnérables au feu à cause de la disparition complète de l'eau stockée dans les 5 premiers mètres du sol et disponibles pour les plantes. 360.000 km2 de forêt supplémentaire n'avaient que 250 mm de sol humide disponible pour les plantes.

Le rapport GIEC 2007 fait une interprétation, une dramatisation et une extrapolation outrancières du rapport WWF-IUCN, lequel a lui-même détourné le sens de l'article de Nature.
" Jusqu'à 40% des forêts Amazoniennes pourraient réagir dramatiquement à une réduction, même faible, du taux de précipitation; Ceci signifie que la végétation tropicale, l'hydrologie et le système climatique de l'Amérique du Sud pourrait changer très rapidement pour se retrouver dans un nouvel état stable et ceci en n'induisant pas nécessairement un changement progressif entre la situation actuelle et la situation future. (Rowel and Moore, 2000) Il est plus probable que les forêts seront remplacées par des écosystèmes qui ont une meilleure résistance à des stress multiples causés par l'augmentation de la température, les sécheresses et les feux, telles que les savanes tropicales."

Bref, du délire verbal, infondé d'un bout à l'autre, soi-disant supporté, au second degré, par une référence scientifique qui n'a jamais déclaré cela. Sans compter que l'auteur du rapport du GIEC a soigneusement évité de signaler l'article de Science de fin 2005-2006 qui lui apportait un démenti formel en rapportant sur le reverdissement massif de la forêt Amazonienne après la forte sécheresse de 2005. A la surprise générale, d'ailleurs.
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Addendum du 4 février : Voici encore un autre exemple d'erreur manifeste qui saute aux yeux et qui n'aurait jamais dû parvenir jusqu'au rapport final

Le Nederlandgate : Les Pays-Bas sont vraiment très très bas, d'après le GIEC ! (Sources : Vrij Nederland, et Steve Mc Intyre)

Voici ce qu'affirme le chapitre 12 du rapport WGII (encore lui !), à propos des Pays-Bas :

"Les Pays Bas sont un exemple d'un pays hautement prédisposé à souffrir aussi bien de la hausse du niveau marin que des débordements de rivières parce que 55% de son territoire se trouve en dessous du niveau de la mer. C'est là que vit 60% de la population et où 65% de son PNB est produit."

Une recherche rapide dans les documents officiels Hollandais (le Bureau Central de Statistique) montre que les chiffres précédants sont grossièrement éxagérés. Et ce n'est pas un détail..
En réalité, seulement 20% (et pas 55%) du territoire est en dessous du niveau de la mer et seulement 19% (et pas 65%) du PNB y est produit.

Outre le constat que les nombreux rédacteurs/relecteurs du rapport "scientifique" pourraient quand même se donner la peine de vérifier ces données élémentaires avant de donner l'imprimatur, on ne peut que remarquer que, quand erreurs il y a, celles-ci vont toujours dans le même sens : celui de l'alarmisme.
S'il s'agissait vraiment d'erreurs, celles-ci seraient aléatoires, allant dans un sens comme dans l'autre. Ce n'est pas le cas.
J'ai bien peur qu'il ne s'agisse d'une volonté délibérée des la part des nombreux auteurs/relecteurs, d'en rajouter sur l'alarmisme.
A l'évidence, ce rapport
AR4 du GIEC n'a rien d'un rapport scientifique….

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Remarques et conclusion :

Si on fait le rapprochement entre l'Amazongate, le Glaciergate et le mémorandum rédigé par le Professeur Paul Reiter en 2005, on relève un certain nombre de points communs révélateurs des graves dysfonctionnements du GIEC :

Les rapports sont rédigés par un certain nombre d'intervenants dont la qualification académique est faible ou inexistante mais dont les liens avec les ONG écologistes tels que WWF et Greenpeace sont évidents. On se demande où sont passés les 2500+ Top-scientists revendiqués par le GIEC s'il faut faire appel à des rédacteurs qui n'ont jamais publié aucun article scientifique…comme l'a stigmatisé Paul Reiter.

Les textes des rapports se réfèrent à de nombreuses sources issues de documents diffusés par les ONG telles que WWF ou Greenpeace dont les qualités scientifiques sont loin d'être garanties, mais les objectifs bien connus.. Sans compter des références à des travaux d'étudiants, à des observations de montagnards, ou encore à des articles de grands quotidiens comme le New York Times.
Aucun article scientifique sérieux se permettrait de citer ce genre de références dans sa bibliographie.
Comment se fait-il que les rapports du GIEC se l'autorisent ?

La lecture attentive de ces documents montre que certains chapitres ou paragraphes, parmi les plus alarmistes, semblent bâclés, écrits à la va-vite et dépourvus de sources crédibles. Ce n'est pas le cas de tous. On peut penser que les articles les plus alarmistes et les moins fondés ont été rajoutés au dernier moment, sous la pression des relecteurs politiques du Résumé pour les Décideurs désignés par les gouvernements et qui siègent au bureau du GIEC. Certains représentants doivent trouver que le rapport scientifique n'est pas assez alarmiste, pour la partie qui les concernent… Cela n'a évidemment rien à voir avec la science, mais tout avec la politique. Le résultat désastreux que nous constatons n'est pas étonnant. Je suis convaincu que les chercheurs qui contribuent honnêtement aux travaux du GIEC, en sont, eux-mêmes, désolés.

L'organigramme de la rédaction des rapports du GIEC (montré plus haut) ainsi que les aberrations du contenu de ces derniers sont révélateurs d'une organisation qui a voulu, dès le début, mettre la recherche scientifique sous la coupe de certains objectifs politiques auxquels l'ONU, l'UNEP, WWF, Greenpeace et beaucoup d'autres ne sont pas étrangers. Cette mise sous tutelle de la science par la politique n'est certes pas une nouveauté mais elle est de sinistre mémoire et elle a toujours conduit à des échecs. A mon humble avis, une organisation du type GIEC est, sans doute, l'un des systèmes les plus efficaces que l'on puisse inventer pour dévoyer la recherche scientifique et la mettre sous tutelle.
La science doit être ouverte et libre de toute contrainte. Ce n'est pas la politique qui détermine nos connaissances. C'est la Nature.
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La presse :

Le presse, essentiellement anglophone (et germanophone dans une moindre mesure) s'est faite l'écho des multiples xxxx-gates qui ont été mis à jour après une relecture attentive du rapport AR4 du GIEC. Le Chairman du GIEC, R. Pachauri a fait l'objet d'attaques personnelles particulièrement sévères. Il est notamment formellement accusé par le Times (UK) d'avoir menti au sujet de Glaciergate dont il avait déclaré qu'il n'en avait eu connaissance que récemment. D'autre part, la presse Indienne et UK reproche à Pachauri d'avoir bénéficié de contributions substantielles en provenance, entre autres, d'Europe et des USA, en relation avec le rapport du GIEC proclamant que les glaciers Himalayens auraient disparu en 2035 (Pachaurigate). Plusieurs scientifiques (par ex. Andrew Weaver) et organes de presse ont demandé la démission de Pachauri. D'autres ont aussi réclamé la dissolution ou la refonte du GIEC. Le gouvernement Britannique vient de "laisser tomber" Pachauri. …
Tout ceci est superbement ignoré par les médias français ou considéré comme bénin et infondé, comme d'habitude.

Voici quelques exemples de coupures de journaux on-line, sur ces affaires, parmi bien d'autres. Sans parler de la blogosphère, toujours très active.

The Times (UK) du 24/1 "Le chef du climat de l'ONU, Rajendra Pachari, a obtenu des dotations grâce à des affirmations bidon"
The Telegraph (UK) (20/12/09)
: " Questions sur les affaires financières du gourou du changement climatique, Dr. R..Pachauri.
The Economic Times (Inde) (21/1): " Les glaciers font fondre la crédibilité de la science climatique."
The Telegraph (UK) du 23/1 : " La vraie histoire derrière le scandale du Glaciergate"
The Dekkan Herald (Inde)(24/1) :" Le comité de l'ONU sur le climat face à une controverse."
The Daily Mail (UK) science tech du 25/1 : "ENCORE une bourde sur le changement climatique : D'abord les glaciers qui fondent, maintenant les affirmations sur les désastres naturels, sont discréditées. "
The Telegraph (UK) (25/1): "Après le Climategate, le Pachaurigate, le Glaciergate : l'Amazongate."
The Times (UK) (28/1) : "Scandale des emails volés : des scientifiques ont dissimulé des données sur le climat. "
Quelques médias indiens sur le Pachaurigate
La revue Science (29/1): " Le chef de la science climatique Rajendra Pachauri confronté à ses critiques (interview)"
The Telegraph (UK)(30/1) :" Le rapport Stern a été changé après sa publication."
The National Post (Canada)( 27/1) : "L'agence du climat dans les flammes."
Express.co.uk : (29/1) : "Comment le chef du climategate a violé les règles en cachant les données cruciales."
The Times (UK) (30/1) : "Le chef du climat avait été averti des affirmations fausses sur les glaciers avant Copenhague."
The Times (UK) (31/1) : "La honte retombe sur le comité de l'ONU pour le climat pour une affirmation bidon sur les forêts naturelles."
The Telegraph (UK) (30/1) : "Le Comité sur le climat de l'ONU basait ses affirmations sur un devoir d'étudiant et un article de magazine."
The telegraph (UK) (30/1): "De nouvelles preuves des défaillances du GIEC."
Le soir (Belgique) (31/1) : "Le GIEC a basé son rapport sur un travail d'étudiant."
The Mail online (UK) (28/1) : "Un des meilleurs scientifiques du climat fait un appel à l'honnêteté de la part des scientifiques dans le débat sur le réchauffement climatique."
Irish Examiner (Ireland) (30/1) : "Il est temps de cesser d'adorer les faux dieux derrière le réchauffement global".
Canwest news service (Canada) (26/1) : "Un scientifique Canadien dit que le Comité de l'ONU sur le climat a franchi la ligne jaune."
The Guardian (UK (1/2) : "Pachauri ne bénéficie pas du soutien du Royaume Uni à propos des affirmations infondées du rapport du GIEC."

The Guardian (UK) (1/2) : "Etrange affaire de déplacement de station de mesure et un scientifique accusé". Dans cette première partie d'une grande enquête des emails "climategate" un des meilleurs écrivains scientifiques Britanniques révèle comment les chercheurs essayaient de cacher les défauts d'une étude cruciale."
The Guardian (UK) (1/2) : Les emails sur le changement climatique : un scientifique cachait les défauts des données. Exclusif: une étude cruciale du Prof Phil Jones de East Anglia reposait sur des chiffres suspects.
The Financial Time (UK) (2/2) : "La gaffe Himalayenne"
The Guardian (UK) (2/2) : "Le scandale des emails du changement climatique fait honte à l'Université et exige des démissions." Les mails piratés montrent que Phil Jones, après vingt ans sans apporter de corrections, n'est pas le seul qui devrait démissionner."

The Guardian (UK) (2/2) : "Pas d'excuses de la part du chef du GIEC Rajendra Pachauri pour les erreurs sur les glaciers."
The Guardian (UK) (2/2) : "Controverses derrière le "graphique en crosse de hockey" de la science climatique.
The Guardian (UK) (2/2) : " L'échange des emails entre scientifiques de la science climatique révèle les défauts du peer-review."
The Guardian (UK) (3/2) : "Les scientifiques du climat ont renié l'esprit d'ouverture en refusant les requêtes du Free Information Act."
The Telegraph (UK) (4/2) : "L'Inde envisage de se retirer du GIEC"

Quant à la presse française.. le silence est de rigueur. Le Figaro avait mollement évoqué le Climategate, les autres l'avait évacué en quelques mots, mais il semble que le Pachaurigate, l'Amazongate, la remise en cause du leader du GIEC etc… qui ont fait les choux gras de la presse anglophone n'ont guère été jugés crédibles par nos médias. Lesquels avaient aussi et entre autres, complètement passé sous silence la mise en place et la progression de l'expérience CLOUD au CERN de Genève, sans doute parce que la France est le seul grand pays développé qui n'y participe pas…

Le Monde du 28/01 nous livre le fond de sa pensée au sujet de ces affaires. Voici ce qu'il écrit :
" Dans un entretien accordé lundi 25 janvier à la BBC, Rajendra Pachauri, président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), a exclu toute démission. La déclaration n'est pas inutile, tant le groupe de scientifiques – mandaté par les Nations unies pour synthétiser les connaissances sur le changement climatique – se trouve, depuis fin 2009, au centre de plusieurs polémiques ouvertes

singesc

par la presse conservatrice britannique et la blogosphère."
Et tout ceci sans aucune explication sur les polémiques en question, qui d'ailleurs sont, en réalité, de graves accusations d'incompétence et de détournement de données scientifiques, basées sur des faits parfaitement vérifiables.

Ainsi, The Guardian qui ne prend pas de gants, notamment au sujet du Climategate, ferait partie de la presse conservatrice ? C'est un vrai scoop !
Autrement dit et selon le journaliste Monde, il ne s'agirait que d'une simple cabale montée par "les conservateurs britanniques et la blogosphère"
Sous-entendu, ces accusations reposent sur des critiques sans aucun fondement, uniquement motivées par des arrières pensées-politiques….voire par des intérêts pétroliers ? Exxon- Mobil ?
Dans cette hypothèse, les rapports du GIEC ont fait vraiment très fort pour donner des arguments aux pétroliers…

Nous verrons bien comment cette affaire va tourner et jusqu'où elle va aller. Mais il n'est pas contestable que la crédibilité du GIEC et de son président sont très sérieusement entamées..

nobel2007a

Quant au bonnet d'âne du mois de Janvier, je ne sais plus où donner de la tête, tant les candidatures sont nombreuses.

Il me semble cependant que le jury Norvégien qui a attribué le Prix Nobel ( de la paix) à une organisation et à son président, capables de rédiger des rapports "scientifiques" dignes du Malariagate, du Glaciergate, de l'Amazongate et de biens d'autres encore, est un excellent candidat.

N'est-ce pas ?

 

4 réflexions sur « GIECgate ? »

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