Comme vous le savez, une grande partie de l'hémisphère Nord a connu un hiver 2009-2010 particulièrement rude, par ses températures, par sa durée et par son enneigement. De même, l'Europe du Nord et tout particulièrement la France, ont connu des tempêtes remarquables. Les mêmes pseudo-climatologues qui nous affirment sans cesse que la climatologie n'est pas la météorologie et que les vagues de froid ne veulent rien dire, en ont quand même tiré une série d'enseignements qui, selon eux, démontrent la gravité et l'urgence de ce qu'ils appellent maintenant "le dérèglement climatique "ou encore mieux, "le chaos climatique".Voyons cela :
1) Certains nous ont affirmé que cet hiver plutôt frisquet était un indice évident du ralentissement du Gulf-Stream, prévu par les modèles ajoutent-ils, très sûrs d'eux. Ils démontrent ainsi une quadruple ignorance :
– D'une part, les mesures les plus récentes effectuées à l'aide des balise ARGO et publiées en février de cette année, ont montré que le Gulf Stream n'a ni ralenti, ni accéléré. De fait il se porte très bien, tout comme d'ailleurs la totalité de la Circulation Méridionale Atlantique.
– D'autre part, c'est une très grande partie de l'hémisphère Nord qui a été soumise à un hiver particulièrement rude. Ces vagues de froid à répétition, qu'on n'avait plus vues depuis longtemps, ont affecté une très vaste portion de l'hémisphère Nord allant du Nord de la Chine à une grande partie des Etats-Unis, en passant par la Russie et l'Europe du Nord, même s'il y eu aussi des anomalies ponctuelles chaudes comme à l'Ouest du Canada (Les J. O. de Vancouver !) et en Afrique du Nord. Ainsi la Russie semble avoir connu son hiver le plus rude depuis que les enregistrements existent, tandis qu'en Chine du Nord, en Europe et dans la partie centrale et Sud des USA, c'était l'hiver le plus froid depuis les années 1970 ou même le début des années 60.
-On voit mal comment le Gulf Stream qui longe les côtes du Nord de l'Europe, pourrait influer sur le climat Chinois… En outre, l'examen attentif de l'Oscillation Arctique durant cet hiver, montre une corrélation très nette entre les vagues de froid et les parties négatives de cette oscillation (AO- ou NAO-) qui est absolument naturelle et bien connue des météorologistes. C'est un phénomène parfaitement identifié. Il n'y a aucun doute sur le fait qu'un différentiel de pression inversé entre les Açores et le Nord de l'Islande soit à l'origine des vagues de froid qui nous ont accablé cet hiver.
-Enfin, et contrairement à une croyance largement répandue, il n'est même pas scientifiquement prouvé que le Gulf Stream ait l'influence qu'on lui prête sur le climat de l'Europe du Nord. Les discussions entre spécialistes sont en cours sur ce sujet.
2) Les radios, les télés et, aussi quelques journalistes scientifiques, voire quelques scientifiques, nous ont affirmé que cet hiver particulièrement neigeux était parfaitement conforme avec les prédictions (scénarios, prévisions) des modèles climatiques qui, en fait prévoient le contraire. En bref, selon eux : réchauffement climatique => plus d'évaporation des océans donc plus d'humidité et donc plus de neige en hiver…Notons, en passant qu'un raisonnement du même niveau nous affirme, sans complexe, que le réchauffement climatique induit plus de sécheresses. Ce qui est manifestement contredit par les mesures.
Alors qu'en est-il exactement ? Est-il observé que le réchauffement du climat induit "plus de neige en hiver" ? Ce qui, soit dit en passant, est en contradiction directe avec les prédictions (scénarios, prévisions) du rapport 2007 du GIEC qui lui, nous annonce, (AR4-WGII) qu'il faudra fermer les stations de skis chères à nos contemporains… faute de neige.
Steve Goddart invité sur le site de Anthony Watts, le météorologue patenté qui tient le site très connu WUVT, a eu la bonne idée de consulter les bases de données de la Rutgers University qui est une (sinon la) base de référence mondiale des données sur l'enneigement de la planète. Il va de soi que, concernant l'hiver Boréal, nous nous intéressons à ce qui s'est passé dans l'hémisphère Nord.
Voici, ci-contre, les surfaces (de Décembre à Février) enneigées enregistrées pour l'hémisphère Nord moyennées pour les décennies écoulées depuis 1967, tirées de la base de données de l'Université de Rutgers.
Cette base de données nous indique aussi que les quatre hivers les plus enneigés ont été, dans l'ordre d'enneigement décroissant : 1978, 2010, 2008, 2003. La troisième semaine de février 2010 avec sa couverture neigeuse de 52.170.000 km2, est la seconde dans la liste de 2.229 semaines. A noter que les années 1967- 1976 étaient des années particulièrement froides au point qu'elles ont suscité l'inquiétude de certains sur la survenue d'un nouveau petit âge glaciaire (et pas seulement des journalistes ! Il y avait aussi, entre autres, Paul Ehrlich, Stephen Schneider et l'académie des sciences US)
Or, il est actuellement difficile de ne pas entendre les "chroniqueurs" nous rappeler sans cesse que la décennie que nous vivons est la plus chaude depuis (à les en croire) … la nuit des temps !
Comme vous pouvez le constater, les périodes où l'enneigement a été le plus marqué ont été aussi bien les périodes les plus froides (1967-1980) que les plus chaudes (2001-2010). Dans ces conditions, affirmer que le réchauffement climatique nous apporte de la neige, ou nous en prive, relève de l'imagination pure et simple et non de l'observation objective. Et ces observations sont effectuées sur une période de 33 ans, ce qui est, paraît-il, la période qui distingue la climatologie de la météorologie. Nul ne peut prévoir l'avenir mais les prévisions de certains qui nous annoncent que "nos enfants ne connaîtront plus la neige", tout comme celles qui nous annoncent "que nous allons griller comme dans une poêle à frire ", me semblent mal parties en ce début du XXIème siècle.
D'autres, tout aussi mal informés mais qui signent des pétitions contre ceux qui doutent et veulent nous en apprendre sur le réchauffement climatique" anthropique" , nous disent que "Bien d’autres indicateurs que la température globale confirment le réchauffement mondial : …[tels que] la diminution de l’enneigement dans l’hémisphère nord".
Ainsi donc, selon eux, l'enneigement aurait diminué dans l'hémisphère Nord ?
Nous allons voir cela avec les données officielles que tout le monde peut consulter sur le site de l'Université de Rutgers. Voici le graphique intégral, tracé à partir de ces données ni bricolées ni retouchées :
En vert, l'étendue totale de la surface enneigée de l'hémisphère Nord de 1967 à 2010 (Mars inclus).
En bleu, les variations.
Les données sont mensuelles.
On voit l'oscillation de la surface enneigée de l'hémisphère Nord due aux hivers et étés successifs.
Mais où est donc "la diminution de l'enneigement dans l'hémisphère Nord" qui serait, d'après cet article, une des manifestation évidente du réchauffement climatique anthropique ? Franchement, l'enneigement global de l'Hémisphère Nord a l'air bien constant, au moins depuis 1967, n'est-ce pas ? (Note : pour ne pas se faire tromper par un apriori, il vaut mieux suivre des yeux une ligne horizontale du quadrillage et les maxima (en hiver) ou minima (en été). On peut aussi utiliser une règle)
Soit dit en passant, le même article "pédagogique" qui affirme que l'enneigement de l'HN a diminué et que c'est un indicateur du "réchauffement climatique anthropique", nous en apprend d'autres bien bonnes, comme, par exemple, le fait que l'effet de serre du CO2 réchaufferait la planète Vénus (ce qui est un mythe très répandu), alors que le Site National Français de l'opération VT-2004 ( 2004-2012 : les passages de Vénus), placé sous l'égide du CNRS, de l'Observatoire de Paris, de l'ESO et autres institutions reconnues, nous dit très exactement le contraire : "Cette température [NDR: de Vénus]est la conséquence d'un effet de serre résultant non du dioxyde de carbone (CO2) mais de constituants en très faibles quantités relatives tels que SO2 et H2O." et nous explique pourquoi, ce ne peut être l'effet de serre du CO2. On trouve même cela sur Wikipédia qui, cette fois-ci, ne raconte pas de sottises.
3) L'augmentation de la violence et de la fréquence des tempêtes que nous avons subies, notamment en France seraient aussi, selon certains, la manifestation évidente du réchauffement climatique (sous-entendu "anthropique"). Et de citer Klaus ou Xinthia comme preuves… Pour être juste, il faut reconnaître que l'AR4 de 2007 (Résumé Technique) reste très mesuré sur ce sujet. A juste titre.
Comme je l'ai déjà écrit, et contrairement au lien précédent, il convient d'être très prudent quant à ce genre d'affirmations car si la mémoire humaine est assez courte, les mesures, elles, perdurent…. Pour replacer les choses dans un contexte historique, je vous recommande la lecture du livre d'Emmanuel Garnier ( Les Dérangements du Temps : 500 ans de chaud et de froid en Europe) qui vous montrera que de très graves intempéries (tempêtes, inondations etc.) ont fréquemment affecté notre climat, et ceci bien avant l'ère du pétrole.
En résumé, selon les mêmes et en bref, Climat plus chaud = Tempêtes plus fréquentes et plus sévères.
Est-ce bien vrai ?
Comme vous le savez, à Pensee-unique.fr, nous sommes comme St Thomas. Il nous faut des preuves, des mesures, des articles scientifiques, pour y croire.
Alors, nous allons vérifier si climat plus chaud = plus de tempêtes, en nous basant sur des article scientifiques publiés récemment dans la littérature revue par les pairs. Ces articles concernent plus spécifiquement les Européens puisque ce sont nos tempêtes qui sont prises en exemple
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Le premier de ces articles a été publié "online" le 23 février 2008 dans le Quaternary International 195 (2009) 31–41. Il s'agit d'un article de revue, c'est à dire d'un article qui compile et fait un bilan de la littérature scientifique publiée sur un sujet précis. Les auteurs sont Michele L.Clarke, et Helen M.Rendell, respectivement de l'Ecole de Géographie de l'Université de Nottingham et du département de Géographie de l'Université de Loughborough (UK).
Le titre de cet article de revue est : The impact of North Atlantic storminess on western European coasts:
A review
Soit " L'impact de l'activité tempêtueuse de l'Atlantique Nord sur les côtes de l'Europe de l'Ouest. Une revue"
A noter que "storminess" pourrait se traduire par "tempêtuosité".. si ce mot existait dans le dictionnaire français. Je traduis donc par "activité tempêtueuse".
Les auteurs introduisent leur travail de la manière suivante: "La compréhension du comportement de l'activité tempêtueuse du passé est particulièrement importante dans le contexte du futur changement climatique anthropique avec des prédictions d'une augmentation de la fréquence des tempêtes et de la hausse du niveau des mers à fin de ce siècle."
Comme toujours, le résumé nous dit tout. Le voici en anglais (en petit) puis en français :
Abstract
Instrumental and documentary records of storminess along the Atlantic coast of western Europe show that storm activity exhibits
strong spatial and temporal variability at annual and decadal scales.There is evidence of periods of increased storminess during the Little Ice Age (LIA)(AD1570–1900), and archival records show that these periods are also associated with sand movement in coastal areas. Independent evidence of sand movement during the LIA is derived from dating the coastal sand deposits, using luminescence or radiocarbon methods.The Holocene record of sand drift in western Europe includes episodes corresponding to periods of Northern Hemisphere cooling, particularly at 8.2 ka, and provides the additional evidence that these periods, like the LIA, were also stormy.
Ci-contre : la carte, donnée dans l'article, qui indique en traits noir épais, les zones qui ont été étudiées par les 16 articles donnés en référence. Il s'agit d'un article de revue. On voit que l'essentiel des zones côtières est impliquée dans cette analyse.
Résumé :
"Les enregistrements instrumentaux et documentaires des tempêtes le long de la côte Atlantique montrent que l'activité tempêtueuse présente de fortes variabilités spatiale et temporelle sur des échelles de temps annuelles et décennales. On trouve des éléments de preuve d'une augmentation des tempêtes pendant le Petit Age Glaciaire (LIA : Little ice age, de 1570 à 1900) et les enregistrements archivés montrent que ces périodes sont aussi associées au mouvement du sable dans les zones côtières. Des évidences indépendantes de mouvement du sable pendant le Petit Age Glaciaire sont obtenues en datant les dépôts de sable côtiers en utilisant la luminescence et les méthodes au radio-carbone. Les données de déplacement du sable durant l'Holocène, dans l'Europe de l'Ouest, incluent des épisodes correspondant à un refroidissement de l'hémisphère Nord, en particulier il y a 8,2 milliers d'années, et elles apportent une évidence supplémentaire que les périodes telles que le Petit Age Glaciaire était aussi tempêtueuses. "
Notons, en passant, l'astuce (et la patience) des chercheurs qui étudient méticuleusement le déplacement du sable des dunes côtières. C'est un proxy (un indicateur) intéressant. De fait, les dunes de sable de nos côtes ont effectivement conservé la mémoire des tempêtes du passé, jusqu'à des époques très reculées.
Les conclusions de cet article de revue sont très claires : Les périodes froides ont coïncidé avec l'occurrence d'une forte activité tempêtueuse. Le Petit Age Glaciaire aurait même connu un augmentation des tempêtes. C'est à dire que les observations montrent exactement le contraire des affirmations que l'on entend et lit partout…Ce n'est pas nouveau.
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A présent, et toujours au sujet des tempêtes, focalisons notre attention sur des mesures effectuées en Suède où sont conservées les observations météorologiques et les mesures barométriques depuis les temps reculés. Les référence de l'article récent qui nous intéresse sont les suivantes :
Bärring, L. and K. Fortuniak. 2009. Multi-indices analysis of southern Scandinavian storminess 1780–2005 and links to interdecadal variations in the NW Europe–North Sea region. International Journal of Climatology, 29, 373-384.
Le titre en français : "Analyse multi-indicielle de l'activité tempêtueuse en Scandinavie de 1780 à 2005 et ses liens avec les variations inter décennales dans la région du Nord-Ouest de l'Europe et de la mer du Nord."
Les auteurs Bärring et Fortinuak présentent leur recherche de la manière suivante ;" Several studies using reanalysis data covering the second half of the 20th century suggest increasing storm intensity in the northeastern Atlantic and European sector."...Soit :
"Plusieurs études qui utilisent des analyses de données couvrant la seconde moitié du 20ème siècle suggèrent une augmentation de l'intensité des tempêtes dans le secteur du Nord-Est de l'Atlantique."
Plus loin, les auteurs, Bärring et Fortuniak expliquent leur démarche
The question is whether changes to such storminess characteristics are a result of changes in frequency and intensity of deep cyclones in exposed regions. The essential problem is thus if any changes to cyclone activity are within natural variability or not, that is, the classical problem of climate change detection. As intense cyclones and severe windstorms are comparatively rare events, long-term records are required to capture the natural variability.”
Soit, en Français : " La question est de savoir si les variations de ces tempêtes résultent du changement dans la fréquence et l'intensité des cyclones profonds dans les régions exposées. (NDT : C'est à dire des fortes dépressions. Un cyclone est une zone de basse pression comme une anticyclone est une zone de haute pression) Le problème essentiel est ainsi de savoir si des variations de l'activité cyclonique se situent dans le domaine de la variabilité naturelle ou non, ce qui constitue le problème classique de la détection du changement climatique. Comme les cyclones intenses (NDT : c'est à dire les très basses pressions) et les fortes tempêtes sont des événements relativement rares, des enregistrements sur de longues durées sont nécessaires pour capturer la variabilité naturelle."
.. ce qui est la démarche du bon sens malheureusement souvent oubliée. En effet, si on veut pouvoir attribuer des événements climatiques comme les tempêtes (ou les fortes dépressions) au changement climatique, encore faut-il savoir quel est le comportement naturel de ces dernières. Et pour cela, rien ne remplace l'analyse des observations du passé sur de longues durées puisqu'il s'agit d'événements relativement rares. On ne peut se contenter d'enregistrements sur de courtes durées (eg de 1950 à nos jours, comme l'ont fait les auteurs des articles cités et critiqués par l'article de Bärring et Fortuniak)
La figure maîtresse extraite de cet article (l'analyse des données est assez sophistiquée) est reproduite ci-contre. Elle indique la fréquence (ou(et) la force) des tempêtes de 1780 à 2005 selon les archives conservées à Lund (Sud de la Suède, près de Copenhague) et à Stockholm (Est de la Suède)
L'échelle verticale est graduée en unités arbitraires qui représente l'intensité des dépressions. Les valeurs positives indiquent plus de tempêtes et les négatives, moins de tempêtes. Les courbes moins "bruitées" représentent les valeurs moyennées.
Comme vous le voyez, si on remonte dans le temps jusqu'à la fin du XVIIIème siècle, on ne peut prétendre que la période récente est plus tempêtueuse que la normale. De fait et s'il fallait choisir, elle le serait plutôt moins.
Maintenant, supposez que l'on ne considère que la partie du graphe ci-dessus, à partir de 1950, comme l'ont fait les auteurs des articles cités et critiqués par Bärring et Fortuniak, on trouverait que la fréquence/intensité des tempêtes a sérieusement augmenté…Et l'alarme est sonnée et reprise à grand renfort de gros titres dans les journaux…
Bärring et Fortuniak concluent, fort justement, en deux points :
“(1) There is no significant overall long-term trend common to all indices in cyclone activity in the North Atlantic and European region since the Dalton minimum.
(2) The marked positive trend beginning around 1960 ended in the mid-1990s and has since then reversed. This positive trend was more an effect of a 20th century minimum in cyclone activity around 1960, rather than extraordinary high values in 1990s."
"(1) Il n'y a pas de tendance à long-terme commune à tous les indices de l'activité cyclonique dans l'Atlantique Nord et la Région Européenne depuis le minimum de Dalton. (NDT : Le Minimum de Dalton est une période de faible activité solaire qui se produisit de 1790 à 1830 environ)
(2) La tendance positive marquée commençant vers 1960 s'est arrêtée dans le milieu des années 1990 et s'est inversée depuis lors. Cette tendance positive (NDT : signalée par les articles précédents cités dans le présent article) résultait plus d'un effet d'un minimum d'activité cyclonique au XXième siècle, vers 1960, plutôt que de valeurs extraordinairement élevées observées dans les années 1990."
En bref, la période actuelle n'est pas différente, au point de vue des tempêtes, de celle des siècles précédents. L'augmentation qui avait été signalée dans les années 90, a cessé et s'est inversée. Tout cela fait partie des fluctuations naturelles.
Désolé pour les alarmistes mais il faudra trouver un autre argument…
4) Où en sont, aujourd'hui, les étendues de glace des deux pôles ?
Comme vous le savez, très nombreux sont ceux qui nous ont annoncé que le pôle Nord, notamment, serait très prochainement libre de glace. Les institutions, comme la NASA et beaucoup d'autres, ont avancé des délais variant entre quelques années et quelques décennies. Plusieurs gouvernements de la planète, très confiants dans ces prédictions (prévisions, scénarios) ont été jusqu'à nommer des "Ambassadeurs des Pôles", chargés, entre autre, de discuter avec les autres pays de la propriété de différentes portions de l'océan arctique qui, devenu libre de glace, constituerait une énorme réserve, devenue accessible, de pétrole et de gaz… L'Ambassadeur des Pôles français est Mr Michel Rocard.
Les nombreux lecteurs qui fréquentent la page "indicateurs du climat" savent que l'on peut obtenir les courbes (mises à jour) suivantes en cliquant sur les graphes de diverses natures, présentées dans cette longue page. Bien que, par le passé, les courbes fournies par le NSIDC aient connu quelques problèmes, j'ai choisi de vous présenter les données de cet organisme dirigé, à présent, par Marc Serreze qui a déjà été cité (pas à son avantage) dans ce billet.
Ce qui est très remarquable sur le comportement printanier récent de la glace de la mer arctique, c'est sa réticence à fondre, comme elle le fait normalement à partir du tout début du mois de Mars. Il a fallu attendre pratiquement un mois (jusqu'au 31 Mars ) pour qu'elle se décide à le faire et pendant cette période nous avons assisté à une extension de la surface glacée au lieu d'une diminution. Si l'extension de la mer glacée n'a pas atteint la moyenne des années 1979-2000, elle s'en est beaucoup approchée. Voilà qui ne présage pas d'une fonte accélérée pourtant prédite par certains, pour l'été prochain. A noter qu'il s'agit de la fonte la plus en retard depuis le début des mesures en 1979, selon le NSIDC.
Personne n'avait prévu ce comportement plutôt rassurant et inhabituel. Et, comme d'habitude, aucun de nos grands médias, aucun organe de presse, plutôt prompts à annoncer (voire devancer) les mauvaises nouvelles, n'a évoqué cette bonne nouvelle : La surface de la mer glacée arctique a presque rejoint la moyenne 1979-2000 ! Et elle a commencé à fondre avec pratiquement un mois de retard. Jean-Louis Etienne a peut être aperçu, à travers le brouillard, du haut de son ballon, une immense étendue glacée…
Vous trouverez sur le blog d'Antony Watt une comparaison assez pointue entre les données de différents instituts (NANSEN Roos, etc) qui présentaient les 6 et 7 avril des résultats légèrement différents…Mais peut-être ne s'agit-il que d'une affaire de réactualisation des données.
Pourtant, le comportement de la mer glacée de l'année dernière était déjà annonciateur d'une évolution du comportement de la glace Arctique. Voici, ci-contre, le graphique du NSIDC, tracé à peu près à la même époque, il y a presqu'un an, c'est à dire en fin Avril 2009.
Visiblement, la fonte des glaces au printemps 2009 était déjà nettement moins rapide que celle de 2007 et même moins rapide que la moyenne 1979-2000. L'année dernière, l'étendue de la glace Arctique, bien qu'en période de fonte, avait presque rejoint la normale 1979-2000 à la fin du mois d'Avril. Et de fait, la fonte de l'été 2009 de la glace a été moins prononcée que celle de 2008, qui était elle-même moins prononcée que celle de 2007. Ce qui n'a pas empêché un certain organe de presse (Libération) de nous annoncer, en septembre 2009, (sans montrer les courbes nécessaires) que la fonte de l'arctique s'accélérait !
De l'autre côté de la planète, au Pôle Sud, c'était l'été austral.
Voici le graphe du NSIDC pour l'extension de la mer de glace antarctique qui entoure le vaste continent.
Comme on le voit, l'année 2009 avait connu une extension de la glace supérieure à la moyenne. Il en était de même pour les quelques années précédentes. Autrement dit, alors que la mer arctique était à son minimum d'extension en septembre 2007, la mer glacée antarctique était proche à son maximum d'extension, bien supérieure à la moyenne 1979-2000.
Pour ce qui est de l'été-automne austral Janvier-Avril 2010, comme on peut le voir sur ce graphe, la courbe de fonte et de renforcement de la glace a pratiquement oscillé autour de la moyenne. Rien d'alarmant de ce côté-là non plus.
Peut-être assistons nous là au phénomène bien connu des glaciologues-géologues mais encore inexpliqué (sauf peut-être par Svensmark) du "Polar sea-saw" : la bascule polaire qui fait que lorsque l'un des pôles se réchauffe, l'autre se refroidit et ceci de manière périodique…. A condition, bien entendu d'accepter l'idée, très contestée, que la surface de mer glacée est corrélée aux variations de température de l'air et non, comme beaucoup le pensent maintenant, aux oscillations océaniques (tels Vicky Pope). Ainsi, il est fort probable que le renforcement très particulier de la glace Arctique soit lié à l'AMO négative que nous connaissons actuellement….Mais tout cela est
complexe parce qu'on sait que l'étendue de la glace dépend des vents dominants, eux même dépendants des oscillations océaniques, des courants marins etc….
Bref, on n'est encore loin d'avoir encore tout compris… et les modélisateurs ont du pain sur la planche.
Quoiqu'en disent certains.
En attendant, les ours blancs gardent le moral …
2 réflexions sur « Fin de l’hiver 2009-2010 : La réalité objective »