La date choisie par le Pasteur Jones pour brûler des Corans n'est pas anodine puisqu'elle est celle du terrible anniversaire des attentats du 11 septembre au cours desquels quelque 3000 Américains ont été assassinés au nom, justement, du Coran. On ne connaîtra jamais le bilan exact de ces attentats étant donné que nombre de victimes ont été littéralement vaporisées et que, de ce fait, leur famille n'ont jamais pu faire leur deuil. Tragédies sur la durée, s'ajoutant aux tragédies initiales et suivies par le public américain pendant des années.
Pour ce Pasteur, brûler des Corans – Coran qu'il voit comme la source de ces attentats, ce qui, d'ailleurs a été revendiqué par les terroristes eux-mêmes, ce que l'on voit clairement, par exemple, dans le film « Vol 93 », réalisé avec le concours de responsables religieux musulmans – ne veut en aucun cas dire rejeter les musulmans en tant que tels.
On a vu, en effet, le pasteur Terry Jones serrer la main de l'imam Mohamed Musri, Président de la Société Islamique du centre de la Floride. C'était alors, que semble-t-il, il pensait avoir conclu un accord avec lui et que cet accord lui garantissait que l'imam Rauf, par qui, de fait, tout est arrivé, avait accepté de déplacer le centre culturel et cultuel, donc mosquée, qu'il veut construire à deux pas du lieu où les Tours ont été détruites au sud de Manhattan. Un tel accord aurait calmé le jeu.
Un geste symbolique contre ce qui peut paraître comme la glorification d'une destruction symbolique des Tours du World Trade Center
Cette construction d'une mosquée en ce lieu, « plus de 70 % des Américains » la rejettent, ce que rappelait d'ailleurs l'imam Mohamed Musri lui-même, à l'issue de sa rencontre avec le pasteur Jones. L'imam déclarait lui-même que cela peut être considéré comme une provocation inutile. Car nombre d'Américains y voient comme le symbole d'un Islam-isme triomphant qui a détruit ce qui était un autre symbole, américain, cette fois, celui de la réussite et de la puissance américaines.
Un sondage Washington Post – ABC News du 9 septembre confirme que « la majorité des Américains sont contre la construction d'une mosquée à cet endroit. » Les Républicains sont 83 % à s'y opposer, contre 65 % d'indépendants et 53 % de Démocrates…. une grande majorité de protestants et de catholiques sont contre… »
Il est clair que, dans un premier temps, le 8 septembre, le Pasteur a pensé que son interlocuteur avait reçu des assurances de l'imam Rauf. D'où son renoncement public. Mais, lorsque cela a été démenti par l'entourage de ce dernier, le Pasteur est revenu sur sa décision d'annuler cet autodafé. L'affaire en est là pour l'heure, à la veille de cette commémoration du 11 septembre.
La majorité des Américains sont contre cette édification en ce lieu précis
Nombreux sont ceux qui protesteront sur place le 9 septembre contre l'édification d'une mosquée à deux pas du lieu où ont été assassinés des centaines de civils au nom de l'Islam. Parmi eux de nombreux élus américains, Républicains comme Démocrates, ou des personnalités comme Bat Y'eor ou Geert Wilders – cet élu néerlandais qui vit sous protection policière depuis la sortie de son film « Fitna » dans lequel il relie attentats terroristes et versets du Coran incitant à la violence -.
On sait que le Président Obama s'est prononcé en quelque sorte en faveur de cette construction lorsque, au cours d'un dîner à la Maison Blanche, marquant le Ramadan, il a rappelé que la liberté de culte et d'expression sont des principes de base aux États-Unis. Le Président a démenti ensuite avoir exprimé un quelconque soutien mais dit avoir uniquement rappelé des principes de base.
Les opposants à cette construction en cet endroit répondent que s'ils respectent ces principes, le choix du lieu est inacceptable.
Le Président est intervenu dans une conférence de presse le 10 septembre pour affirmer que les États-Unis ne sont pas en guerre avec l'islam mais une très petite minorité qui, selon lui, détourne cette religion. « Les musulmans sont comme nous, ce sont nos voisins, » a-t-il déclaré, ajoutant que des musulmans américains se battent aussi en Afghanistan. Le Département d’État ou le général Petraeus sont intervenus également pour évoquer les possibles retombées très négatives, notamment en Afghanistan.
Les liens ou prises de position troubles de l'Imam Rauf
Il faut souligner, par ailleurs, que cet imam si peu soucieux des sensibilités de la grande majorité des Américains, semble-t-il, est considéré comme radical par un certain nombre d'analystes qui étayent leurs propos, à l'instar de Steve Emerson ou Daniel Pipes http://fr.danielpipes.org/blog/2010/08/centre-islamique-manhattan . Ils soulignent, par exemple, que dans un discours l'imam Rauf affirmait que « les États-Unis ont plus de sang musulman sur les mains qu'Al Quaida a de sang non musulman sur les siennes » ou qu'il a justifié les attentats suicide. Quant aux attentats du 11 septembre, il en a rendu les USA ou « les Juifs » responsables… http://www.investigativeproject.org/search.php?cx=007811315508120065319%3Avf7yhgtccei&cof=FORID%3A9&ie=UTF-8&sa=Search&q=Rauf#922 Robert Spencer, directeur de Jihad Watch souligne également que l'imam Rauf a refusé de condamner les assassinats de civils israéliens perpétrés par le Hamas il y a quelques jours.
De plus le financement de cette éventuelle mosquée est peu clair…Des données rarement évoquées dans les médias de ce côté de l'Atlantique.
Un geste qui n'est pas souhaitable mais le blocage vient de l'imam Rauf
La nature et l'ampleur des réactions contre ce pasteur est significative. Ce qu'il prévoit risque, en effet, de mettre le feu aux poudres islamistes. Ce qui n'est bien évidemment guère souhaitable. Il a sans doute d'ores et déjà atteint partiellement son but car la violence de certaines réactions démontrent la virulence de certains diktats islamistes et la manière dont se comportent parfois les démocraties face à elle. On peut évoquer, à cet égard, les conditions de vie faites au professeur français Robert Redeker qui est toujours sous le coup d'une fatwa et vit caché.
Dans une récente interview Terry Jones relatait avoir été contacté par un membre de forces spéciales américaines qui lui avait rapporté un terrible incident qui s'était passé en Bosnie où il servait. Un immeuble de trois étages servant d'hôpital était en flammes. Mais leur commandement avait interdit à ses forces de tenter de sauver les personnes qui s'y trouvaient – des chrétiens – pour ne pas avoir à combattre les musulmans qui avaient incendié cet hôpital. Un incident dont quasiment personne n'avait entendu parler. Ce qui en dit long sur ce qui a les honneurs de la plupart des médias…
Pour bien comprendre ce qui se joue on peut retrouver les interviews du pasteur Jones ou de l'imam Musri, entre autres, sur le site de Sky News.
Mais le but de Thierry Jones n'a été atteint qu'en partie puisque ce qu'il rejette spécifiquement aujourd'hui, comme la plupart des Américains, c'est la construction d'une mosquée à Ground Zero. Le fait qu'il ait déclaré publiquement vouloir renoncer à brûler des Corans dès lors qu'il pensait avoir eu l'assurance que la mosquée ne serait pas construite à Ground Zero, montre clairement ce qu'il veut : pas de mosquée à Ground Zero. Et il est soutenu en cela par des musulmans, on l'a vu.
Au dernières nouvelles il dit avoir renoncé mais veut rencontrer l'imam Rauf à New York et se rend à New York dans ce but. L'imam a fait savoir qu'il n'a aucune intention de le rencontrer.
L'imam Rauf, s'il est l'homme de dialogue et de paix qu'il affirme être, devrait au moins rencontrer le pasteur puisqu'il a renoncé à bruler des Corans. Et mieux encore, il devrait renoncer clairement et publiquement à cette construction à cet endroit étant donné que cela est ressenti par une majorité d'Américains comme une insulte à la mémoire des victimes du 11 Septembre.