16 janvier 2025

Les savanteries du docteur Baillardus

 
 
 

(Analyse à la manière de Voltaire (cf. article « genèse », in Encyclopédie philosophique) d’un « point de vue » publié dans le journal Le Monde le 28 novembre 2011, « point de vue » qui a pour titre « être laïque en terre d’islam » et pour auteur l’éminentissime docteur Baillardus de la Faculté de Paris…)

« Etre laïque en terre d’islam ».

Nulle part dans le monde, il n’y a de terre qui appartienne à une religion, que cette religion soit l’islam, le bouddhisme, l’athéisme, la laïcité ou le culte des andouilles… L’expression « terre d’islam » traduit « dar el islam » ou « maison de l’islam », l’expression arabe la plus dévote qui soit et dont la seule raison d’être en français est d’effacer l’ancienne expression de « Terre Sainte » qui désignait la terre du Christ. Ce qu’elle dit, c’est que la terre du Christ n’est plus chrétienne, mais « d’islam ». Un éminent docteur du CNRS devrait s’interdire d’employer ces mots frelatés, mais il y a beau temps qu’au CNRS on confond science et ruine de l’âme et qu’on tient la foi la plus obtuse pour de l’objectivité scientifique.

Si « terre d’islam » est faux, « être laïque » l’est encore plus. On peut être laïc, c’est-à-dire ne pas être religieux, dans un pays musulman, mais on ne peut pas être laïque. Que le docteur Baillardus se rassure : on n’est pas non plus laïque en France. La laïcité n’est pas une identité. On peut juger que, pour garantir la liberté de conscience de chacun, la neutralité laïque est préférable à la loi de Dieu ou, si l’on vit dans un pays musulman, à la charia, mais cela ne suffit pas à faire de soi un « laïque » – sauf à peupler la terre de zombies. 

« Face à l'islam, les Français vivent dans l'illusion d'une équation magique selon laquelle la République équivaut à la démocratie qui équivaut à la laïcité qui équivaut à l'égalité des sexes qui équivaut à la modernité qui équivaut à l'Occident qui équivaut au christianisme. L'équation, mal posée, est insoluble. Aucun de ses termes ne résiste à l'analyse de terrain ».

On aimerait connaître ces Français qui « vivent dans l’illusion d’une équation magique ». Que le savant docteur Baillardus nous indique leur nom, leur adresse, leur numéro de téléphone afin que nous les enfermions dans un compartiment tératologique de zoo et les observions à loisir comme l’on faisait jadis dans les foires des femmes à barbe. On aimerait savoir aussi si leur nombre est égal, inférieur ou supérieur à 1. On aimerait s’assurer que le savant docteur Baillardus a vraiment rencontré ces zombies et qu’ils sont autre chose que la projection sur le papier de ses phobies haineuses. Car pour mettre le signe = entre République, démocratie, laïcité, égalité des sexes, modernité, Occident, christianisme, il faut être, comme disent les humoristes, « vachement costaud » ou plus intelligent qu’Einstein ou encore faire de l’équation un équarrissage. A moins que le savant docteur Baillardus ne connaisse la nouvelle algèbre islamique, inventée par Allah en chair et en os et qui prouve que a = a = a = a = a ou que le semblable est pareil au même.   

Oui, le savant docteur Baillardus a raison : une « analyse de terrain » peut montrer que le terrain contient de l’argile, de la potasse, de l’azote, etc., qu’il est fertile ou non, marécageux ou caillouteux, etc., mais on n’y découvrira pas la moindre trace de république, ni de démocratie, ni de modernité, ni d’égalité des sexes et encore moins d’islam, même si le terrain analysé se trouve en Egypte ou en Algérie, dont le docteur Baillardus fait des terres d’islam. Quoi qu’il en soit, on peut redouter que le savant docteur Baillardus ait beaucoup de mal à creuser davantage le fond qu’il a atteint avec cet exorde. Mais ne désespérons pas de la science savante, elle est capable du pire. 

« Donnons un point à Brice Hortefeux, à l'époque ministre de l'intérieur ».

A ce billard-là, nous ne donnerons aucun point au savant docteur Baillardus.  

« Un musulman, quand il y en a un, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes ». Avec l’exorde, on n’avait pas touché le fond. Les musulmans ont Le Coran comme livre de chevet ; au CNRS, Le Coran est l’Almanach Vermot. La preuve : le savant docteur Baillardus tient pour un fait établi une blague de fin de banquet trop arrosé, répétée partout dans les médias, bien qu’elle ait été dite en « privé », et que d’ailleurs sa déontologie, sans doute trop élastique, lui interdit de citer fidèlement.

« En effet, ils ne sont pas deux à penser la même chose ! »

Comme tous les hommes où qu’ils vivent. C’est enfoncer une porte ouverte que de rappeler cette vérité que les hommes savent d’expérience depuis quatre mille ans (ou plus) qu’ils pensent. On se demande à quoi correspond ce point d’exclamation, dont de savants docteurs en signe de ponctuation affirment qu’il est la marque (au fer rouge évidemment) d’une idéologie d’extrême-extrême-extrême-droite. Le CNRS abriterait-il des fascistes à la puissance 10 qui s’ignorent ? Seul Pantagruel le sait.

« D'un point de vue politique, l'islam n'existe pas. Il est un vocabulaire politique islamique issu de la théologie, de la philosophie, du droit musulmans. Mais chacun de ces mots est polysémique ».

Islam = 0, ah que voilà une belle équation et qui n’a rien de magique. L’islam est un ensemble vide, un non existant ou un étant nul. L’islam est nul, nul et non avenu évidemment. Certes, c’est « d’un point de vue politique ». En se tenant sur ce « point », élevé sans doute, le savant docteur Baillardus a une « vue » perçante : il voit loin et il voit clair. Mais au lieu d’écrire dans Le Monde que « l’islam n’existe pas », ce qu’il peut faire sans risquer la mort ni même le ridicule, qu’il aille expliquer cela à Sa Majesté M6 Commandeur des Croyants ou au Roi d’Arabie Gardien des Lieux Saints de l’islam ou au Roi de Jordanie, qui descendent tous du Prophète, sans doute comme l’homme du singe et le singe de l’arbre, ou aux Frères musulmans, au PJD, à l’AKP, au FIS, aux GIA, aux innombrables partis salafistes qui pullulent en « terre d’islam », comme on dit quand on fait dans la savanterie. S’il revient vivant de ces disputes, il aura appris, à force de coups de bâton sur le postérieur, que l’islam n’est pas une équation.    

La suite de l’article est de la même eau, de boudin évidemment. Ce serait lasser les lecteurs que de continuer à jouer à Voltaire. Faisons comme Pantagruel qui compissait toutes les thèses des Facultés de France et d’Europe. Tout est dans tout et réciproquement, dit-on. Mais pas chez le savant docteur Baillardus : chez lui, pas de fait avéré dans l’erreur, pas de vérité dans le mensonge, pas d’information dans la désinformation, puisque tout est erreur, contre-vérité, grosse blague, désinformation : L’Oumma et L’Huma, c'est la même chose ; l’islam est un mot-valise (ce savant docteur ignore ce qu’est un mot-valise) ; la laïcité est elle-même une catégorie vide de sens politique précis (la laïcité n’est pas une « catégorie » et la loi de 1905 a un sens politique précis) ; la collaboration de Vichy avec les nazis (l’Etat français a collaboré avec l’Allemagne, pas avec le Parti Socialiste National des Travailleurs Allemands) après cinquante ans d'antisémitisme républicain (les républicains étaient alors plutôt philosémites ; les Juifs étaient 10000 en 1810 ; un siècle plus tard, ils étaient 300000 ; en Egypte, ils étaient 100000 en 1950, il n’y en a plus un seul aujourd’hui, pas plus qu’en Algérie, en Libye, en Tunisie, en Irak, en Iran, en Arabie : l’antisémitisme fleurit en « terre d’islam ») ; les Turcs plaident en faveur d'une refondation universaliste de leur République afin qu'elle assure l'égalité réelle des droits à tous les citoyens (au CNRS, c’est la boule de cristal qui sert d’agence de presse), etc.

En 1944, De Gaulle a voulu faire du Monde un journal digne de la France, mais De Gaulle est mort depuis 41 ans et Le Monde s’est rapidement souvenu qu’il continuait le quotidien collabo Le Temps. Il est donc revenu sur ses erres, d’autant plus facilement que depuis qu’il est la propriété de trois requins de la finance, il a pour objectif de discréditer le savoir, la connaissance, la science. Les savanteries du docteur Baillardus en offrent l’occasion. 

© Ponocrates pour LibertyVox

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