2 avril 2023

Climat:mythes,légendes et pipeaux s’accentuent

08 Janvier 2016cloc13

En bref :

La COP21 achevée, on aurait pu raisonnablement espérer que le déchaînement médiatico-politique qui a littéralement saturé le PAF pendant les mois écoulés, marquerait une pause, ne serait-ce que pour reprendre son souffle.

Il n'en est rien. Les médias persistent à propager des nouvelles aussi alarmantes qu'infondées voire en opposition flagrante avec les connaissances les plus récentes acquises par la recherche scientifique.

Parmi ces dernières, et à titre d'exemple, j'ai choisi, ce mois-ci, d'évoquer 4 mythes ou légendes que certaines agences de presse et certains politiques continuent de colporter, urbi et orbi, et que les médias reprennent sans discernement ni analyse.

1) On nous a affirmé, en cette fin d'année 2015, que le "Pôle Nord n'est plus ce qu'il était". Il n'en est rien. Le Pôle Nord n'a rien fait d'autre, à la Saint Sylvestre, que ce qu'il a fait fréquemment au cours des décennies écoulées. Encore faut-il connaître les spécificités du climat hivernal en arctique pour le savoir.

2) De même, on entend dire et on lit partout que la pluviométrie a beaucoup changé sur le globe et que les déserts sont plus secs et progressent sur la planète du fait de la diminution des pluies.
Les observations démontrent qu'il n'en est rien et, de surcroît, nous apprennent que les sécheresses étaient bien pires au cours des siècles passés.

3) Tout aussi fréquemment, on nous affirme que l'Antarctique fond, ce qui contribuerait à la hausse du niveau des océans.
Une étude exhaustive récente montre que ce n'est pas le cas et qu'au contraire, le continent antarctique, pris dans sa totalité, renforce sa réserve de glace et contribue plutôt à la baisse du niveau des mers et ceci, depuis fort longtemps.

4) Enfin, les mesures et les observations montrent, qu'entre autre, les îles coralliennes du Pacifique qui sont censées s'engloutir dans les océans (ce qui a servi de prétexte à l'alourdissement des exigences de certains lors de la COP21) ne le font pas et ne feront probablement pas. Les lecteurs(trices) de PU savent déjà (comme Charles Darwin) comment et pourquoi, mais visiblement, les participants à la COP21 de Paris l'ignoraient.
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Pour commencer, voici une analyse des événements qui se sont déroulés au pôle Nord durant la transition 2015-2016 et qui ont provoqué une floraison d'articles alarmistes de la part d'organes d'information bien mal informés.

1) Le 31 Décembre 2015, c'est la panique : Le pôle Nord est au dessus de 0°C…nous affirment les médias !

Partant d'un communiqué de presse (inepte) de l'AFP, nos médias s'en sont donné à coeur joie :

-My TF1 News (avec AFP) ((31/12) : "La douceur est partout : il fait plus de 0°C au Pôle Nord" (dans le texte : "Le mercure est passé de -37°C à -8°C en deux jours sur une balise située à 300 km du Pôle Nord").
-L'express (31/12) : "Plus de 0 degré: il fait anormalement chaud au Pôle Nord".
-Maxisciences (gentside) (31/12) : "Des températures jamais constatées à cette période de l'année au Pôle Nord".
-Le Figaro (31/: "Au Pôle Nord, le thermomètre affiche 20 degrés de plus que les normales de saison".
-20 Minutes(31/12) : "Pôle nord trop chaud"ces températures vont devenir de plus en fréquentes"", sauf que ce n'est pas ce que nous dit le scientifique interrogé. Ce dernier a dit (selon le texte) : "Si ces températures en hiver devenaient plus fréquentes, alors oui on pourrait pointer du doigt le changement climatique".
Les Echos.fr (31/12) (J-M Gradt d'après l'AFP) : "
Climat : Le pôle Nord n'est plus ce qu'il était".
Le Monde (31/12/) (avec l'AFP): "Douceur anormale sur l'Arctique : Plus de 0°C au pôle Nord".
Etc.

La réalité : Que s'est-il passé à la Saint Sylvestre 2015 ? Le film des événements :

Le Mercredi 30 Décembre, une très forte dépression située au environ de l'Islande a propulsé une masse d'air "chaud" (c'est à dire avec des températures peu négatives ou proches du zéro celsius) vers le pôle Nord.

On a pu suivre, en direct, le déroulement des événements, notamment à l'aide de l'excellent site interactif earth.null qui donne, pour l'ensemble de la planète, des indications assez précises pour les vents, les températures etc. en temps réel. Les températures sont indiquées avec un code de couleur mais il est possible de sélectionner un point précis sur la carte pour connaître les données locales (le petit rond jaune).
Voici une séquence des images qui concernent le pôle Nord et l'Arctique, extraites des cartes de ce site.

Sur les images ci-dessous, la couleur bleue indique des températures négatives mais proche du zéro (typiquement de -10°C à 0°C).
La couleur violette indique des températures plus basses, proches de -27°C.
cloc12a

Comme on le voit sur ces images, reconstruites en temps réel à partir des (rares) données thermométriques et des données satellitaires disponibles, le 30/12 à minuit, une sorte de coin d'air plus chaud (de couleur bleue), remontant du Sud-Est est venu réchauffer une fraction du pôle Nord. La plus grande partie de l'Arctique (de couleur violette, à près de -27°C en cette saison) n'a pas été affectée par cette rentrée d'air plus chaud. Il s'agit d'un réchauffement localisé.

11 heures plus tard, au matin du 31/12, le triangle bleu (température entre -10°C et 0°) s'était déjà bien résorbé et à minuit du même jour, la quasi totalité de la glace du pôle Nord avait retrouvé une température proche de la normale. Comme on le voit sur la photo de droite, la température normale de -27° était rétablie sur le pôle le 02 Janvier.
Cet événement aussi bref que localisé n'a, en fait duré qu'une seule journée. Il n'est, en effet, pas impossible qu'un thermomètre isolé ait pu enregistrer, très brièvement, une température positive mais cela n'a évidemment aucune conséquence du point de vue climatologique et c'est bien trop bref pour induire une fonte de l'épaisse banquise (épaisseur moyenne 1,3 m) qui prévaut à cette période de l'année. En bref, il ne s'agit que d'un phénomène superficiel, local et de très courte durée. C'est de la météorologie et c'est très courant au pôle Nord en cette période de l'année, comme nous allons le voir.

– Un événements sans précédent, affirment les médias ?
Que nous disent les archives pour les périodes de fin d'année lors des 58 années précédentes ?

On trouve toutes les archives concernant les températures moyennes relevées (et reconstruites selon la norme ERA40) en Arctique, depuis 1958, jour après jour, jusqu'à aujourd'hui, au Nord du 80e parallèle, sur le site danois du DMI. Elles concernent donc la plus grande partie de l'Arctique située autour du pôle Nord.

Sur ces graphiques les températures (en ordonnée) sont indiquées en Kelvin (K). Le 0°C correspondant à 273K et 1K=1°C, il est aisé de calculer la température en degré Celsius par une simple soustraction.
C'est ainsi que l'on voit que la température moyenne en Arctique (au Nord du 80e parallèle) à la fin de l'année est "normalement" (le trait continu noir) d'environ 245-273= -28°C.

Les dates sont indiquées (en abscisse) par le numéro du jour de l'année. cloc11

Ces graphiques sur lesquels le trait horizontal bleu indique la position du 0°C (273K) montrent deux choses importantes concernant les spécificités de la météorologie hivernale en zone arctique :

Comme on le voit, durant l'été boréal, (entre le 150e jour et le 230e jour de l'année, soit entre début Juin et la mi-Août) ) la température de l'air au dessus de l'Arctique est remarquablement stable et évolue entre 0°C et +2°C. A cette époque, une partie de l'océan arctique reste libre de glace. La température de l'air est stabilisée par la transition de phase eau/glace, ce qui peut s'expliquer aisément de la manière suivante : Si la température de l'air a tendance à augmenter, la chaleur supplémentaire est absorbée parce qu'un peu de glace fond et la température reste constante. Dans le cas inverse, c'est à dire si l'air devient plus froid, une partie de l'eau disponible gèle et la température reste encore constante.

Par contre, en période hivernale, la quasi totalité de la banquise est gelée et l'effet stabilisant de l'équilibre eau/glace ne joue pratiquement plus aucun rôle. L'épaisse couche de glace constitue plutôt un véritable isolant. Dès lors, la température de l'air située au dessus de la banquise est principalement déterminée par les vents dominants. Il est bien connu que l'Arctique est sujet à de violentes tempêtes ou à des rentrée d'air plus chaud au cours de l'hiver boréal. Dès lors, la température de l'air arctique fluctue énormément au gré de la météorologie, des dépressions environnantes et des rentrées d'air plus "chaud".
C'est ce que montrent ces graphiques dans lesquels,on voit clairement que la température moyenne de l'air arctique peut varier fréquemment et temporairement de plusieurs dizaines de degrés en période hivernale.
Le graphique de gauche représente les données de température pour l'année 2015. Il apparaît que "l'événement exceptionnel" qui a fait les gros titres des médias n'a guère fait varier la température moyenne de l'arctique que de 12°C pendant une seule journée (elle a atteint environ -16°C) avec un retour complet à l'équilibre normal (-27°C environ) après moins de deux jours comme on le voit sur les images précédentes et sur les graphiques du DMI.

Contrairement à ce qu'affirment les médias, cet événement n'a rien d'exceptionnel. Il est même très fréquent et il a été surpassé plusieurs fois dans le passé. Par exemple, en 1964, autour de la Noël, la température moyenne de l'air autour du pôle a brusquement augmenté de 21° et a atteint environ -10°C. Des événement du même type, toujours en fin d'année se sont également produits en 1990 et en 2002 comme on le voit sur ces graphiques.
Toujours d'après la même source danoise, on constate qu'il en a été de même en 1959, (variation de 24°C en quelques jours en fin d'année). De même, les années 1984, 1985, 2000 et 2002 ont toutes connues des pics de température plus élevée que 2015 durant les mois de décembre, sans aucun doute, du fait de tempêtes ou de rentrées d'air "chaud" localisées dans l'espace comme dans le temps.

Ainsi, contrairement aux affirmations des médias
qui visiblement n'ont pas pris la peine de se renseigner plus avant sur les spécificités du climat, ou plutôt de la météorologie, en Arctique et ont pris pour argent comptant le contenu d'une dépêche inepte de l'AFP, l'événement de la St Sylvestre 2015, n'a strictement rien d'exceptionnel ni d'alarmant. Il est même très fréquent dans les régions arctiques, en automne et en hiver.

Ceci nous rappelle la panique, tout aussi injustifiée, qui s'était emparée des médias pendant l'été 2012 à propos d'un réchauffement très bref (de deux ou trois jours) de l'air au dessus du Groenland provoquant une fonte de la couche superficielle de la neige/glace comme cela se produit fréquemment en hiver en montagne ce qui verglace les pistes et les paysages enneigés et les rend plus brillants vus sous un soleil rasant.
Cette fonte aussi superficielle que brève résultait, elle aussi d'un phénomène météorologique limité qui a provoqué la remontée brutale d'une pulsation d'air plus chaud dans la zone groenlandaise. Comme le montrent les carottages glaciaires et comme le rappelle (vox clamans in deserto) la scientifique spécialiste interrogée à ce sujet,
ces événements se reproduisent à intervalles plus ou moins réguliers séparés par quelques décennies depuis, au moins… le Ve siècle.

Toujours à propos de la fonte du Groenland (h/t WUWT), et dans le même ordre d'idée, un article vient de paraître dans Nature qui estime la perte cumulée en glace du Groenland depuis 115 ans (depuis 1900).
Cet article a été aussitôt repris par des médias avec un titre accrocheur susceptible d'alarmer les lecteurs, du style : "Le Groenland a perdu 9000 milliards de tonnes de glace en un siècle" ce qui paraît énorme mais ne l'est pas du tout. Comme c'est très souvent le cas, les médias ne prennent pas la peine de rappeler les ordres de grandeur qui permettent de mettre les chiffres indiqués en perspective.

Le problème est que le Groenland stocke une masse de glace absolument gigantesque d'environ 2.600.000 km3 selon l'USGS (US Géological Survey, page A113). Or 9000 milliards de tonnes (métriques) de glace représentent un volume d'environ 9000 km3 (en assimilant la densité de l'eau avec celle de la glace ce qui donne une précision suffisante dans le cas présent).
Ainsi voit-on que la perte totale en glace du Groenland en 115 ans ne représente qu'environ 0,3% de la masse totale de glace.

C'est évidemment infime, sans doute situé à l'intérieur des marges d'erreur des mesures et un titre du genre "Le Groenland a conservé 99,7% de sa masse de glace depuis 115 ans" serait évidemment beaucoup moins accrocheur que le titre choisi par les médias sans doute dans la perspective de la COP21. Ajoutons que même si on prend en compte les plus récentes estimations des pertes annuelles (186Gt/an) et en supposant que ces pertes vont perdurer dans l'avenir, il faudrait quand même environ 16000 ans pour que la glace du Groenland disparaisse complètement, ce qui est d'ailleurs impossible parce que la glace groenlandaise repose, en réalité, sur une sorte de cuvette solide ce qui interdirait, à terme, les fuites des glaciers dans l'océan. D'autre part, comme je l'ai montré dans un billet précédent, les apports en neige/glace de l'inlandsis groenlandais sont plutôt en période de croissance qu'en déclin.

Mais là encore, les médias n'ont pas pris la peine d'aller chercher un peu plus loin que le bout des dépêches de presse avant de (dés)informer leurs lecteurs…

Dans la même veine des mythes récurrents, propagés par les médias et souvent régurgités sans hésitation par les décideurs comme nous l'avons constaté à maintes reprises, voici deux mises au point concernant la question lancinante des déficits de pluies et autres inondations qui s'aggraveraient, nous dit-on. Comme vous allez le voir, il n'en est absolument rien comme nous l'apprennent les recherches les plus récentes qui montrent également que c'était bien pire au cours des siècles passés.

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2) Il pleut plus, il pleut moins, les déserts avancent, les déserts reculent (etc.), et c'est tout de la faute au CO2, nous dit-on.

C'est ce que nous avons pu lire, voir ou entendre, au cours des années passées, dans une multitude de médias.
Une étude éloquente et remarquablement exhaustive par rapport aux études précédentes (à l'échelle locale comme à l'échelle globale), fait le point sur ce sujet. Elle vient de paraître, en Décembre dernier, dans une revue spécialisée de bon aloi sur l'hydrologie. Elle dément carrément les affirmations de l'intitulé. En voici l'en-tête originale et une traduction en français (à droite) :cloc6


Journal d'hydrologie
(531,3, Déc. 2015, pages 1020-1027) (source)
Variations des précipitations annuelles sur les continents terrestres à l'exception de l'Antarctique du XVIIIe siècle à 2013.

Point clefs :

-Nous avons analysé plus d'un million et demi de totaux de précipitation observés dans 1000 stations et dans 114 pays.

Les données couvrent une période beaucoup plus longue que des études contradictoires récentes qui n'ont analysé que quelques décennies de données.

Nous ne trouvons aucune différence substantielle pour des stations situées au Nord, sous les tropiques et dans les latitudes australes.

Nous ne trouvons aucun différence substantielle pour des stations qui ses trouvent dans des climats secs, modérés et humides.

Il n'y a pas de changement significatif dans les précipitations sur le globe de 1850 jusqu'à présent..

Les motivations des auteurs qui ont décidé d'entreprendre cette étude remarquablement exhaustive sont clairement explicitées dans l'introduction :

Il est couramment admis que le température du globe a augmenté de près de 1°C durant le siècle dernier (IPPC 2001, 2007, 2013; van Wijngaarden, 2014). La formule de Clausius–Clapeyron montre que la pression de vapeur d'eau à saturation augmente exponentiellement avec la température. Il en découle qu'on peut raisonnablement s'attendre à ce que la pression de la vapeur d'eau atmosphérique augmente en faisant l'hypothèse que l'humidité relative reste inchangée.


Visiblement, les auteurs s'attendaient à trouver que la pluviosité avaient augmenté au cours du siècle dernier comme beaucoup le pensaient.
Il n'en est rien et les résultats de leur étude montrent que le raisonnement (très courant mais exagérément simpliste) énoncé ci-dessus, est démenti par les observations En dépit de "la relation de Clausius-Clapeyron", leurs études montrent au contraire qu' "
Il n'y a pas de changement significatif dans les précipitations sur le globe de 1850 à maintenant" et qu'il y a pas de "différence substantielle pour des stations qui se trouvent dans des climats secs, modérés et humides".

Voici une traduction du résumé de cet article :

Résumé : Nous avons étudié les mesures des précipitations effectuées dans près de 1000 stations réparties dans 114 pays. Chaque station dispose d'au moins 100 ans d'observations ce qui fournit une base de données de plus de un million et demi de quantité de précipitations mensuelles. Les données de certaines stations remontent aux années 1700 mais la plupart des données existent depuis les années postérieures à 1850.
Le total des précipitations annuelles n'a été pris en compte que si toutes les données mensuelles, durant une année donnée, sont disponibles. Le pourcentage de la variation de la précipitation annuelle a été tracé par rapport à la période 1961-1990, pour 6 continents, aussi bien pour les stations à différentes latitudes et pour celles qui son sujettes à des totaux annuels de précipitations faibles, modérés ou forts. Nous en avons déduit les tendances des variations des précipitations avec une intervalle de confiance de 95% pour différentes séquences temporelles. La plupart des tendances ne montraient aucune changement clairement établi. Les variations globales dans les précipitations sur les terres continentales, en excluant l'Antarctique, par rapport à la période 1961-1990 ont été estimées
à 1.2 ± 1.7, 2.6 ± 2.5 and 5.4 ± 8.1% par siècle, respectivement pour les périodes 1850–2000, 1900–2000 et 1950–2000.
Une variation de 1% par siècle correspond à une variation de précipitation de 0.09 mm/an.

Conformément aux "Points clefs" mentionnés par les auteurs, on observe que les variations sont bien inférieures à un mm d'eau/an, ce qui est infime et à la limite des marges d'erreurs. En effet – et c'est le moins que l'on puisse dire – les précipitations sur le globe (et par régions) sont d'une remarquable stabilité et ceci depuis 1850.

En conclusion, les auteurs lancent cet avertissement :

Les stations qui enregistrent des précipitations annuelles faibles, modérées et fortes n'ont pas montré de tendances très différentes des précipitations. Ceci montre que ni les déserts ni les jungles ne sont en voie d'expansion ou de rétrécissement du fait de la variation des quantités de précipitation. Il est, dès lors, raisonnable de conclure qu'il faut rester circonspect quand aux affirmations selon lesquelles de grands changements dans les précipitations globales se sont produites au cours de derniers 150 ans.

Ce qui est parfaitement cohérent avec l'absence de tendances des sécheresses enregistrées sur le globe depuis 1982 révélée dans le graphique déjà montré à plusieurs reprises et notamment dans un billet récent sur les événements extrêmes.

Mais que s'est-il passé auparavant ? Que savons nous des sécheresses d'antan ?

Un article, fruit de la collaboration d'un grand nombre d'auteurs bien connus, qui vient d'être publié, le 6 Novembre dernier, par l'AAAS (American Association for the Advancement of Science qui publie également la revue Science) dans la revue "Science Advances" dont voici l'en-tête et le résumé, répond à cette question :

cloc9

Voici une traduction en Français du résumé de cet article dont le titre est :

"Les méga-sécheresses et les pluviosités du Monde Ancien durant notre époque chrétienne " (NdT : "Common era"~ Anno Domini. Ici, en réalité, depuis l'an 1000)

Résumé :
Les projections des modèles climatiques suggèrent un dessèchement largement répandu dans le bassin méditerranéen et une humidification dans la zone fenno-scandinave durant les décennies à venir, ceci étant dû en grande partie au forçage du climat par les gaz à effet de serre. [
NdT : c'est ce que prévoient les modèles mais l'article précédent montre que, pour l'instant, au moins, ce n'est pas le cas]
De manière à situer ces projections ainsi que d'autres sur le Monde Ancien dans une perspective historique basée sur des estimations plus complètes de la variabilité hydroclimatique naturelle, nous avons mis en place l'"Atlas des sécheresses du Monde Ancien" (OWDA)[ NdT = Old World Drougth Atlas] qui est un jeu de cartes, année après année, reconstruites d'après les données des cernes des arbres concernant l'humidité et la sécheresse estivale pour l'Europe et le bassin méditerranéen durant notre ère.
L'OWDA est en accord avec les données historiques au sujet des sécheresses sévères et des périodes humides avec une cohérence spatiale qui n'étaient pas disponibles jusqu'à présent.

 

 

 

De plus, les méga-sécheresses reconstruites pour l'Europe du Nord et du Centre au cours du XIe siècle et de la moitié du XVe siècle vient renforcer d'autres éléments de preuve provenant d'Amérique du Nord et d'Asie que les sécheresses étaient plus sévères, de plus vastes extension et plus prolongées sur les terres de l'hémisphère Nord avant le XXe siècle, ceci avec une compréhension inadéquate sur les causes. L'OWDA procure de nouvelles données pour la détermination des causes des sécheresses et de l'humidité et attribue la variabilité des climats du passé à la variabilité naturelle interne ou forcée.

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Voici la figure maîtresse de cet article qui regroupe les différents atlas des sécheresses précédemment disponibles (le NADA (Amérique du Nord) et le MADA (Asie) ) avec l'OWDA (Europe) du présent article, le tout rassemblé sous le sigle de NHDA.

La figure B (en bas) regroupe les évolutions des indices Z (caractérisant les intensité et les extensions) des méga-sécheresses dans les trois zones considérées de l'hémisphère Nord et ceci de l'an mil à l'an 2000.

Comme on peut le constater, les indices Z présentent des évolutions marquées et sensiblement concomitantes pour les trois zones considérées, ce qui signifie que les épisodes de méga-sécheresses du millénaire passé ne sont pas indépendants ou localisés mais qu'ils ont affecté pratiquement en même temps tout l'hémisphère Nord, durant les mêmes périodes. Ce sont donc de vastes événements climatiques dont on ignore les causes, même si les auteurs les attribuent (assez benoîtement) à la"variabilité naturelle" qui se révèle ainsi particulièrement efficace.

 

 

A noter que cette étude rapporte que la période autour des années 1600 fut notamment le siège de fortes sécheresses en Europe (carte OWDA, tiretés rouges) que l'on retrouve, mais dans une moindre mesure, dans les deux autres sous-continents des cartes NADA et MADA. Ceci corrobore les travaux de l'historien Emmanuel Garnier qui écrit dans la présentation de son livre "Plus tard, au beau milieu du fameux Petit âge glaciaire, l'Europe fut même confrontée à de véritables … vagues de chaleurs doublées de sécheresses mettant en péril la survie des populations."

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Les médias unanimes et aussi, quelques scientifiques, nous ont assuré que l'Antarctique perdait de la glace et que cela contribuait à la hausse du niveau des océans. Cela fait maintenant partie de la croyance populaire et se retrouve dans une multitude de forums de discussion.
Mais est-ce bien vrai ?
C'est ce que nous allons voir maintenant.

3) Contrairement aux affirmations des médias et à la croyance populaire, non seulement l'Antarctique ne fond pas mais sa masse totale de glace augmente… ce qui fait baisser le niveau des océans.

Tout les lecteurs de PU se souviennent que la glace de mer antarctique (la banquise) loin de diminuer est, au contraire, en pleine croissance. Et ceci, au moins, depuis le début de l'êre des observations satellites. Ceci ,n'est guère contesté. Pourtant, certains (dont le GIEC) ont affirmé que les masses de glace continentale, elles, diminuaient, ce qui contribuait à la hausse du niveau des océans, disait-on.

C'est ainsi que l'on pouvait lire à la page 4 du récent "Résumé Pour les Politiques" (SPM AR5) du GIEC (2013) la phrase suivante :

"Durant la période 1991 à 2011, le Groenland et le calotte de glace antarctique ont perdu de leur masse (indice de confiance élevé), probablement avec un taux accru de 2002 à 2011."

qui est répétée à plusieurs reprises dans la synthèse du rapport complet publié en 2013.

Les mesures plus approfondies publiées tout récemment contredisent ces affirmations du rapport SPM du GIEC. Elles démontrent qu'il n'en est rien pour ce qui concerne l'Antarctique et que c'est même exactement le contraire qui se produit, comme vient de le montrer un article publié au mois de Décembre dernier par des glaciologues réputés de la NASA dans le "Journal of Glaciology" dont voici le fac-simile de l'en-tête intitulée :

"Les gains en masse de la calotte glacière antarctique excèdent les pertes".

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La NASA a publié un communiqué de presse le 30 Oct. 2015 à ce sujet qui a été repris au mois de Novembre.
la carte de l'Antarctique ci-contre accompagnée de son code des couleurs, met en évidence la complexité du comportement de ce continent pour ce qui concerne le comportement des masses de glaces vis à vis de la fonte ou de l'accroissement.
Il était indispensable d'étudier en détail cette cartographie pour réaliser un bilan complet des pertes et des gains localisés et c'est tout le mérite des glaciologues de la NASA que de l'avoir réalisé.


cloc7

Légende :

"Carte montrant les taux de variation de la masse (NdT : de glace) donné par ICESat 2003-2008 pour l'Antarctique. Les sommes sont valables pour tout l'Antarctique : Antarctique Est (EA, 2-17); intérieur de l'Antarctique Ouest (WA2, 1, 18, 19, et 23); zone côtière de l'Antarctique Ouest (WA1, 20-21); et péninsule antarctique (24-27). Une gigatonne (GT) correspond à un milliard de tonnes métriques ou à 1,1 milliard de tons US.. Crédit: Jay Zwally/Journal of Glaciology."

 

On pourrait penser que le bilan positif de la glace résulte du fait que les chutes de neige sont devenues de plus en plus abondantes. Il n'en est rien. Les chutes de neige n'ont pas augmenté. Elles ont plutôt diminué. En réalité, la neige stockée sur l'énorme continent antarctique s'accumule plus rapidement que les pertes observées dans les glaciers de l'Ouest et de la péninsule, dont le sous-sol est réputé volcanique.

Voici ce que dit le rapport de la NASA à ce sujet :

"Zwally a déclaré qu'alors que les autres scientifiques avaient postulé que les gains en élévation de la zone Est Antarctique étaient dus au récent accroissement de l'accumulation de neige, son équipe avait pris en compte les données météorologiques remontant jusqu'en 1979, pour montrer que les chutes de neige dans la zone Est Antarctique ont, en réalité, diminué de quelques 11 milliards de tonnes par an durant la période ERS comme durant la période ICESat. Ils ont aussi pris en compte les informations sur l'accumulation de neige durant des dizaines de milliers d'année calculées par d'autres scientifiques à partir de carottages glaciaires. Ceci les amené à conclure que la zone Est Antarctique s'épaissit depuis très longtemps."[…]

L'Antarctique gagne en glace et ce n'est pas d'aujourd'hui. Ainsi, toujours tiré du communiqué de presse de la NASA :

"Le supplément de chute de neige qui a commencé il y a 10000 ans, s'est lentement accumulé sur la calotte glaciaire et s'est compacté en glace durant des millénaires, ce qui a épaissi la glace de la zone Est Antarctique et de l'intérieur de la zone Ouest Antarctique d'une moyenne d'environ 0.7 pouces (1.7 centimètres) par an. Ce faible épaississement, soutenu pendant des milliers d'années et répandu sur les vastes espaces de ces zones de l'Antarctique, correspondent à un gain de glace très important – suffisant pour surpasser les pertes dues au glaciers à écoulement rapide dans d'autres parties du continent et ainsi réduire la hausse du niveau marin du globe.

L'équipe de Zwally a calculé que le gain en masse résultant de l'épaississement de la zone Est Antarctique est resté constant de 1992 à 2008 avec +200 milliards de tonnes par an tandis que les pertes en glace dues aux régions côtières de la zone de l'Ouest Antarctique et de la péninsule Antarctique ont augmenté de 65 milliards de tonnes par an.

La bonne nouvelle c'est que l'Antarctique ne contribue pas actuellement à la hausse du niveau des océans. Au contraire, il prélève 0,23mm par an", a dit Zwally."

Ce qui n'empêche pas la plupart des médias francophones de continuer à propager le mythe de la fonte inquiétante de l'Antarctique telle la journaliste qui tient la rubrique environnementale "ma planète" du journal Sud-Ouest, qui nous affirmait doctement, en Juin 2015, que " la fonte de l'Antarctique s'accélère" (et, sans doute pour faire bonne mesure) "elle devient irréversible" ajoutait-t-elle.

De fait, ce qui semble irréversible c'est plutôt l'augmentation de la masse glaciaire de l'Antarctique, laquelle se poursuit depuis près de 10000 ans.

Les lecteurs(trices) avisé(e)es auront probablement remarqué que la baisse du niveau de -23mm/siècle résultant de l'épaississement de l'Antarctique annule presque exactement la hausse des océans due aux pertes du Groenland mentionnées précédemment (environ +25mm/siècle) . En bref, selon les deux article cités ci-dessus, les deux se compensent et le bilan pour la hausse des océans est nul.

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4) Les îles du Pacifique englouties ?

Durant la COP21, on a beaucoup entendu les interventions insistantes, parfois tonitruantes, du ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, Tony de Brum. cloc14
(photo ci-contre) qui a joué un rôle primordial lors des dernières négociations de Paris. Ce dernier qui a fédéré les exigences d'une quantité de responsables de pays situés sur des îles, a été qualifié, entre autres, d'"improbable héros de la COP21" par le journal "l'Opinion".

Les îles Marshall
sont situées dans le Pacifique, au Nord Est de l'Australie et au Nord Est de la zone représentée sur la carte ci-dessous. Il s'agit d'un ensemble d'environ un millier d'îles réparties sur une trentaine d'atolls coralliens hébergeant près de 70000 habitants. Ces îles sont, en moyenne, situées à 2m au dessus du niveau de l'océan.
Tony de Brum
a constamment exigé que le seuil de hausse de température (espéré) soit abaissé jusqu'à 1,5°C pour sauver son territoire d'un engloutissement dont il perçoit, dit-il, les prémisses dès à présent et qu'il juge imminent. Ceci lui fut concédé, sans trop de difficultés, dans la rédaction de l'accord final.

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Il existe un organisme officiel basé en Australie qui surveille le niveau des mers notamment autour des principales îles environnantes.Cet organisme, dépendant du BOM (Bureau of Meteorology australien) qui est appelé "Pacific Sea Level Monitoring Project" donne les "Monthly Sea Level and Meteorological Statistics" c'est à dire les relevés mensuels du niveau des mers et des statistiques météorologiques", en particulier autour des îles Marshall et de ses voisines dans l'océan Pacifique.

 

 


Voici les graphiques officielles au sujet de la "hausse" du niveau des mers aux Îles Marshall :

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Ils montrent les variations du niveau des mers autour des zones indiqués.
Ci-contre, le graphique concernant la zone de Majuro où se trouve la capitale des îles Marshall : Delap-Uliga-Darrit qui héberge quelques 28000 habitants.

La courbe en rouge montre l'évolution du niveau de l'océan pendant les maximas de 1992 à nos jours. La courbe donne cette évolution pendant les minimas et la courbe verte représente les variations de la moyenne.

Comme on le voit, depuis 1992, c'est à dire depuis 24 ans, le niveau des mers est pratiquement constant à quelques centimètres près. La variation totale est nettement inférieure aux fluctuations observées. Ce graphique montre même une baisse de niveau vers la fin de la période qui est peut-être due à un effet collatéral du puissant El Niño actuel. En effet, celui de 1997-1998 semble avoir provoqué une baisse visible dans ces graphiques.

Bref, on ne voit rien d'alarmant dans tout cela.

 

 

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La situation est sensiblement la même (à l'exception de la baisse de ces deux dernières années) à Funafuti (Tuvalu) souvent revendiquée comme l'archétype des archipels menacés par la montée des eaux.


Tuvalu se trouve au centre de la carte présentée ci-dessus.

 

 

 

 

 

 

 

Tony de Brum a argumenté et obtenu satisfaction pour ses exigences auprès des participants à la COP21 en arguant des projections informatiques des rapports du GIEC sur de la hausse des océans.
Il ne doit sans doute pas consacrer beaucoup de temps à la lecture des graphiques et des articles scientifiques qui concernent spécifiquement les pays situés sur des atolls coralliens dont il est un des ministres. S'il l'avait fait (lui ou ses conseillers), il aurait appris que, du fait de leur nature particulière, les atolls coralliens ne sont pas menacés de submersion comme le montrent de nombreux travaux tels ceux des spécialistes de la question, Paul Kench et ses collègues, que j'ai cités dans des billets précédents.

Leurs travaux, très documentés, ont été repris récemment par la revue Science sous le titre " Le réchauffement pourrait ne pas submerger les îles".
Science rappelle que : "Kench note que les récifs coralliens peuvent croître de 10 à 15mm par an – c'est à dire plus rapidement que la hausse des océans qui est attendue à la fin de ce siècle. […] Aussi longtemps que les coraux sont en bonne santé et gênèrent un approvisionnement abondant en sable, il n'y a pas de raison qu'une île corallienne ne puisse pas croître et continuer à le faire".

En bref, il est démontré (et, en partie, connu depuis Charles Darwin) que la croissance des coraux et l'accrétion des débris coralliens apportés par les vagues sur les atolls contribuent, en permanence, au rehaussement de leur surface et que cet effet est plus rapide que la hausse (prévue) du niveau marin.

Mais comme à la COP21, à l'évidence, il s'agissait,plus de politique que de science, peut-être doit-on plutôt se souvenir de la maxime plaisante de Mark Twain qui disait : "Never let the truth get in the way of a good story." Soit "Ne laissez jamais la vérité se mettre en travers du chemin d'une bonne histoire"…

5) Conclusion :

Tous les articles que je vous ai présentés ci-dessus sont très récents et comme on peut le constater, la science progresse sans désemparer. Le socle des connaissances issues des observations rendues disponibles aux chercheurs s'enrichit en permanence et, comme on le voit, il est fréquent que les analyse plus complètes viennent réfuter les "certitudes" précédentes (comme c'est le cas pour les sécheresses qui devaient "rendre les déserts plus secs" et l'emblématique "fonte" de l'Antarctique… qui, en réalité, ne fond pas mais se renforce).

Malheureusement, il apparaît que les agences de presse officielles (notamment l'AFP), les médias normalement chargés d'informer le public, les cabinets ministériels chargés d'informer les politiques, ne disposent ni des bases ni de l'expérience nécessaires pour prendre en compte le caractère fondamental de la démarche scientifique. Celle-ci procède, en réalité, par une suite d'erreurs et de corrections. Richard Feynman, le prix Nobel de Physique dont la pertinence est unanimement reconnue, ne disait il pas que "Faire de la science, c'est ne pas faire confiance aux experts" ?
Concernant les certitudes en matière de science,
Feynman disait aussi

"Nous avons observé qu'il est d'une importance cruciale que, de manière à progresser, nous devons accepter de reconnaûitre notre ignorance et laisser la place au doute. Le corpus de la connaissance scientifique est constitué d'un ensemble de propositions présentant différents niveaux de certitudes – il y en a qui sont plutôt incertaines, d'autres qui sont plutôt certaines mais aucune n'est absolument certaine."


Ainsi, le jour où le microcosme médiatico-politique aura enfin compris que les scientifiques, aussi nombreux et unanimes soient-ils – ils se sont souvent trompés collectivement dans le passé – ne sont pas des gourous infaillibles, que rien n'est inscrit dans le marbre et que tout peut-être remis en question du jour au lendemain, aurons-nous fait un grand pas en avant. Peut-être alors assisterons-nous à des COPXX qui ne seront pas des désastres scientifiques comme l'a été la COP21 et ne verrons-nous plus nos agences de presse et nos médias faire de la science une véritable caricature.

En complément de mes meilleurs voeux pour 2106 adressés à vous toutes et tous, mes cher(e)s lecteurs(trices), c'est le souhait que je formule pour les années à venir.

Stay tuned !


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