1/Les "primaires"PS, lors du 1er raout à la TV, et à part peut-être le radical, ont donc tapé, à coups redoublés, sur les "riches" mis à terre (en attendant (Godot) Mélenchon plus tard à la fête de l'Huma), bouc émissaires rêvés pour programme à la dérive (il est vrai que certains riches en redemandent, comme l'américain Warren Buffet et ses amis français), supposés être en plus les complices objectifs de banques nécessairement spéculatives pour l'essentiel et qui "doivent obéir, non commander" martèle Royal (comme le Crédit Lyonnais qui brûla d'ailleurs sur ordre…) elle fut adoubée par un Mélenchon (soucieux de faire monter doucement la sauce à 1700 euros le SMIC, chef d'orchestre méticuleux qui attend la constitution des soviets : Besancenot aussi).Prenons un exemple.
Ainsi Pierre Rosanvallon énonce dans son dernier livre " La société des égaux", l'antienne "classique" (par exemple Claude Julien) sur l'appropriation indue de richesses, je cite :
" (…) Aux Etats-Unis, les 10% des revenus les plus élevés totalisaient ainsi 50% des revenus en 2010 alors que ce pourcentage n'était que de 35% en 1982. Dans le cas français, le salaire moyen des 1% le mieux rémunérés a augmenté d'environ 14% entre 1998 et 2006, et celui des 0,01% tout au sommet de l'échelle, de près de 100%, alors que la progression sur la même période n'a été que de 4% pour la grande masse des 90% des salariés du bas. Le mouvement ultérieur a vu cet écart continuer à exploser comme l'ont montré des travaux publiés par l'Insee (essentiellement Piketty en réalité : note LSAO). L'accroissement des écarts se vérifie partout sur la planète. (…)"
Qu'en penser ? Le calcul n'est-il pas erroné ? Car ne faut-il pas calculer la ventilation des revenus en tenant compte de l'augmentation du revenu global de référence durant la période concernée 1982 et 2010 pour les USA, 1998 et 2006 pour le cas français, ce qui impliquerait de pondérer la répartition des revenus en fonction précisément de l'augmentation globale ? On ne peut raisonner ainsi, en euros constants, sans faire ces ajustements d'une époque à l'autre. Autrement cela voudrait dire qu'il y aurait une corrélation entre le pourcentage des mieux rémunérés et celui de la "grande masse" au sens où le premier le serait au détriment du second ou la vieille antienne de "l'exploitation", la création de richesses étant uniquement due à cette dernière et non pas à l'accroissement quantitatif et qualitatif des facteurs de production associant mobilité du capital, innovation, réceptivité de la demande aux offres nouvelles etc…On ne voit guère en quoi la création de Facebook, Amazon, I-phone, I-pad, soient le fruit d'une "exploitation", et leurs profits sont répartis au prorata du risque investi et des compétences pondérées par la loi du marché, du moins lorsqu'elle n'est pas tronquée.
C'est pourtant avec ce genre de prose culpabilisatrice sur les "inégalités" perçues de façon abstraite que l'on perpétue la haine du riche…comme si l'on avait oublié que la suppression de la classe des riches effectuée en URSS n'avait strictement rien donné, sinon créer de nouveaux riches, mais bien cachés par le cache sexe communiste des datcha appartenant "au Parti" (de la classe ouvrière)mais dont profitent uniquement les mêmes, par exemple Fidel Castro. Parce qu'il faut avoir une force de caractère inouï pour supporter les souffrances de la corruption capitaliste supposée.
En tout cas, lors de ce débat entre socialistes et radicaux, tous, y compris le radical cette fois, ont continué à taper sur un Sarkozy (bouh Sarko! bouh ! et encore ils ne savaient même pas pour les "mallettes"….) source bien sûr de tous les maux, tous, manques et impairs, la diabolisation est donc bel et bien là, pourquoi pas aussi à cette émission des "primaires", s'il n'y avait pas eu cette seconde de lucidité vallsienne concédant que la présence du Président en Libye faisait tout de même plaisir à voir.
Mais cessons avec ces "primaires". Qui sont dans tous les camps. Ainsi :
"Avec un seuil de 500.000 euros, la taxe sur les très hauts revenus devrait toucher les 10.000 ménages les plus aisés. A 250.000, ce seraient 20.000 foyers qui seraient concernés, selon le JDD, qui estime lui que la taxe nouvelle formule ne rapporterait que 100 millions d'euros supplémentaires, portant le total à 300 millions.
Cette taxe sera limitée dans le temps puisqu'elle sera supprimée si le déficit public de la France est bien ramené à 3% du PIB en 2013" m'écrit un ami…
Soyons-en sûr, ce n'est que le début, comme au temps soviétique. N'est-on pas "riche" à 4000 euros avait lancé François Hollande ?…
Citons plutôt Vilfredo Pareto (longuement, car que dire de plus ? in Introduction à Marx, (Paris, 1893)-Marxisme et Economie pure-, Genève, Librairie Droz, 1987, p. 65 et suivantes) parce que, décidément, il n'y a rien de nouveau sous le soleil, surtout le chaos :
" Beaucoup de personnes abusent des doctrines de l'Ėconomie Politique, et prostituent la science pour excuser et même justifier les méfaits des politiciens. Elles rappellent par leurs sophismes, les casuistes que Pascal a cloués au pilori dans ses Provinciales. Ce sont mêmes procédés, mêmes raisonnements, même absence de sens moral. Les principes de la science, on les reconnaît, on en proclame hautement la vérité, mais par une suite de déductions aussi subtiles qu'inattendues, on en tire des conséquences qui répugnent le plus au sens commun.
Combien de gens commencent par se déclarer favorables au libre-échange, et finissent par approuver des mesures entachées du protectionnisme le plus exagéré !
Combien de juristes et de soi-disant économistes, après avoir doctement établi que l'Ėtat doit veiller à l'intégrité des monnaies, concluent, comme le leur reproche avec raison K. Marx (n°1), par approuver les gouvernements qui les falsifient.
On a vu en Italie des gouvernements peu scrupuleux faire fabriquer du papier monnaie pour le distribuer aux entreprises qu'ils protégeaient. On les a vus, au lieu de veiller à l'exécution de la loi, pousser et même obliger les banques d'émission à la violer. Et ils en sont arrivés au point de fermer complaisamment les yeux sur les malversations de la Banque romaine, parce qu'ils en tiraient des services pour leurs amis, et de l'argent pour les élections.
Des gens se prétendant économistes, ont essayé de justifier ces coupables manoeuvres, en alléguant la direction de l'intention, qui, selon eux, était pure et honnête.
L'Ėconomie Politique n'est pas plus responsable de ces sophismes, que la morale ne l'est de ceux des casuistes.
En rappelant la proposition que la libre concurrence produit un maximum de bien-être pour l'individu et pour l'espèce, nous n'avons pas le moins du monde à absoudre, ni même excuser les abus qui existent dans nos sociétés. Ces abus, que les économistes libéraux ont d'ailleurs toujours réprouvés, nous les abandonnons entièrement à la vindicte des écoles socialistes. Seulement qu'elles observent bien que presque tous ces faits blâmables, ou délictueux, n'ont pu se produire que grâce à l'intervention de l'Ėtat. Il n'est donc guère probable que l'extension des attributions de l'Ėtat guérisse le mal au lieu de l'empirer. Le socialisme bourgeois qui envahit nos sociétés procède des mêmes principes que le socialisme populaire qu'on voudrait lui substituer, et les abus de l'un font prévoir et enseignent ce que seront les abus de l'autre.
C'est l'honneur et la gloire de l'Ėconomie Politique d'avoir de tout temps, depuis Adam Smith jusqu'à nos jours, dévoilé au monde les maux produits par l'intervention arbitraire des gouvernements distribuant à leurs partisans les richesses produites dans le pays. (…)
K.Marx cite un certain Edmond Potter, qui, en 1863, voulait empêcher l'émigration des ouvriers anglais. Ce monsieur écrivait :
" Encouragez ou permettez l'émigration de la force de travail et après ? que deviendra le capitaliste ?" K. Marx blâme avec raison ces mots, mais pourquoi ne pas noter que cette fois au moins les sycophantes de l'économie politique libérale, les "idéologues du capital" ont le bonheur de se trouver d'accord avec lui ? Toute mesure tendant à empêcher l'ouvrier de disposer librement de son travail ou de sa personne est blâmée par l'école du "laisser faire". Et maintenant M. G. de Molinari a même fortement insisté sur les progrès à réaliser dans notre société puisse facilement offrir son travail sur le marché ou ce travail est le plus payé. (2).
(…) Sur bien d'autres points encore les économistes libéraux se trouvent d'accord avec K.Marx. Par exemple, pour blâmer l'exploitation du travail des enfants et des femmes par les individus qui en ont la tutelle. L'accord cesse quand il s'agit de trouver la cause de ces faits; pour K. Marx elle est uniquement dans le système capitaliste ; mais, si cela était vrai, l'effet ne devrait-il pas disparaître avec sa cause ? Or c'est tout le contraire que nous observons, et les femmes et les enfants sont encore plus maltraités dans les sociétés primitives, où le système capitaliste n'existe pas, ou n'est qu'à l'état rudimentaire. (…).
Dans le Napolitain, des pères vendent leurs enfants pour aller jouer des instruments dans les rues et mendier. Le sort de ces pauvres petits misérables n'est guère moins triste que celui que décrit K.Marx, des enfants employés dans les manufactures anglaises.
Peut-être dira-t-on que c'est la misère qui réduit les pères à cette extrémité. La chose est vraie, mais qu'en conclure ? Cette misère n'est pas le fruit exclusif du système capitaliste, puisqu'elle existe dans des sociétés où ce système n'existe pas. En tout cas il est inutile de s'appesantir sur les effets de la misère, car s'il existe un système pour l'éviter, tout homme censé et honnête y sera favorable.
On en revient ainsi au problème que nous avons posé en commençant. Comment le maximum hédonistique sera-t-il atteint ? Par le jeu de la libre concurrence, ou en chargeant des employés du gouvernement de distribuer la richesse entre producteurs ?
Pour résoudre un tel problème il ne suffit pas de noter simplement les maux dont souffre notre société. D'abord parce qu'il faut séparer ceux qui sont le produit du socialisme bourgeois, qui, grâce aux politiciens, envahit de plus en plus notre organisation sociale, de ceux qui sont la conséquence de la libre concurrence ; ensuite parce que pour ceux-là mêmes il faudrait prouver qu'un autre système en aurait des moindres, et c'est ce qui jusqu'à présent n'a pas encore été fait.
Le point de vue auquel dans cette question se place l'Economie Politique libérale a été admirablement exprimé par M.G. de Molinari (1893) et ne nous ne saurions mieux faire que de rapporter ses paroles :
" (…) Partout les classes gouvernantes ont en vue uniquement leurs intérêts actuels et égoïstes, et se servent de leur pouvoir pour les satisfaire sans s'inquiéter de savoir s'ils sont conformes ou non à l'intérêt général et permanent de la société."(3)
Cet intérêt, l'Economie Politique fait voir qu'il ne peut être assuré que par la libre concurrence, que tout obstacle mis à celle-ci est un mal, que protection est synonyme de destruction de richesse, et enfin que la plupart des maux qu'on observe dans notre société proviennent, comme le dit M. le professeur Todde, non d'un excès de liberté mais au contraire de l'absence de quelque liberté nécessaire. Tous les faits que nous connaissons conduisent à cette conclusion, chaque nouveau fait qu'on observe le confirme.
De quelque part qu'elle vienne, toute atteinte à la liberté économique est un mal. Que l'on viole cette liberté au nom du socialisme bourgeois ou au nom du socialisme populaire, l'effet est le même, c'est-à-dire une destruction de richesse, qui, en définitive, retombe sur la partie la plus pauvre, et par conséquent la plus nombreuse de la population, et en aggrave les souffrances."
En fait, pour délier le noeud gordien plutôt que le trancher entre Etat total ou sans Etat, disons que l'Etat doit être seulement un arbitre, tout en faisant en sorte de veiller à la bonne qualité du terrain, du stade, de la sécurité de l'ensemble de la rencontre. Vers un Ėtat (é)veilleur. Peut-être que là ce mot d'ordre pourrait être transversal et regrouper libéraux, républicains, démocrates, bref, partisans du Bien commun ?…
*
2/DSK : juste un mot, pourquoi parler de "faute" vis-à-vis de "sa femme" alors que celle-ci a toujours soutenu son libertinage et même en était fière ?… DSK cherche seulement à se reconstruire une image, qui a déjà disparu des écrans, à l'exception de celui des faits divers et des affaires judiciaires.
3/ Abbas : j'écoutais JFK (Jean-François Kahn) l'autre jour sur Sacrément Brunet qui expliquait évidemment son soutien à l'effort abbassien, tout en ajoutant que "bien sûr, les réfugiés palestiniens iront dans le nouvel Etat palestinien, il n'y aura pas de droit au retour" et tout le monde acquiesçait alors qu'aucun dirigeant palestinien n'a parlé ainsi, cachant intelligemment leur carte maîtresse au vu et au su de tous. Presque personne ne relève cette énorme omission qui s'est toujours avérée l'obstacle premier de toute négociation. C'est effarant.
4/ Climat ambiant : la droite conservatrice est arrivée au bout du rouleau, elle a fait croire aux droites libérales et centristes qu'elle les avait "comprises" alors qu'il s'agissait d'une ruse de plus pour se maintenir au pouvoir étatisé jusqu'à plus soif et qui s'écroule aujourd'hui sous les dettes, les combines, et les inconséquences programmatiques comme maintenir centralisées la santé et l'éducation alors qu'il serait temps de les libérer, de rendre responsables leurs citoyens, tout en maintenant un système de mutualisation en commun pour que des prorata s'effectue en direction des régions et des foyers les plus démunis. Or, au lieu de créer les conditions de la liberté afin de construire enfin cette prospérité pour tous et non pour quelques-uns (hyper privilégiés version niches protégées et hyper assistés version CMU), l'Etat néo-gaulliste s'est fait l'intermédiaire des lobbies et des corporatismes, et en fait organise la misère au lieu de la combattre. Le tout au bénéfice des socialistes et des écologistes totalitaires qui préparent une société d'austérité volontaire avec obligation de contrition par ce que l'on aura de l'ambition d'être autre chose qu'un mouton pour fête obligatoire trimballé dans les musées du nouvel art et de la multi-culture avant d'être parfois battu, violé, dans les trains bondés, égorgé exceptionnellement parce qu'il faut bien sacrifier, ou parce que l'on ne bêlerait pas dans la bonne direction. Le problème, pour les partisans de la liberté, de la justice, de l'égalité démocratique, c'est de trouver le moyen non seulement de créer cet Ėtat (é)veilleur. Mais de le construire. Déjà en se regroupant autour de cette idée. Ce qui semble bien hors de portée tant que la crise ne sera pas approfondie jusqu'à en rendre obligatoire la contrainte d'action.
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Notes
1) K. Marx dit que " longtemps avant les économistes, les juristes avaient mis en vogue cette idée que l'argent n'est qu'un simple signe et que les métaux précieux n'ont qu'une valeur imaginaire ". Cela n'est pas exact en ce qui concerne l'économie politique libérale, qui au contraire a toujours insisté sur le caractère de l'or et de l'argent d'être des marchandises. K.Marx est coutumier de ces sortes de raisonnements. Il trouve une théorie dans un auteur "bourgeois" et l'attribue sans autre forme de procès "aux économistes" !
Sur les erreurs auxquelles la monnaie a donné lieu, voy. Martell, La Moneta, Firenze.
2) " Augmenter la mobilisation du travail, tel est donc le progrès qu'il s'agit d'accomplir pour résoudre la question ouvrière. Ce progrès est subordonné à deux conditions : la première, c'est la multiplication du travail, et l'aplanissement des obstacles naturels et artificiels qui entravent cette mobilisation ; la seconde, c'est le développement du rouage intermédiaire du commerce du travail, à l'égal de celui du commerce des capitaux mobiliers et des produits de tous genres." Notions fond. d'Econ.Polit., p.406. Voyez aussi : Des bourses du travail, par le même auteur.
3) Précis d'Économie politique et de Morale, Paris, 1893, pp. 253-254.
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27 septembre 2011