Revenons à nouveau sur ce débat symptomatique (organisé par le Nouvel Obs.fr) où l'on voit Badiou faire la leçon en ânonnant le Marx des " Luttes de classe en France " tandis que Finkielkraut, hagard, essoufflé, recroquevillé dans un coin du ring attend le gong, arcbouté sur quelques petites critiques, et certitudes basiques ; il reçoit ainsi bien gentiment la leçon du nouveau seigneur léniniste, celle de cette confusion qu'opère Badiou à la suite de Marx entre affairisme et libéralisme, soif d'acquérir et capitalisme.
Pauvre Badiou qui croit en effet que l'injustice vient de là, du capital, et qu'il suffirait de le supprimer pour vivre son "hypothèse communiste", oubliant que la cruauté existe depuis la nuit des temps humains, certes toujours transformables mais pas en son sens, pas dans ce désir de revenir au temps des races métaphysiques où c'est bien pire puisque sans limites bref Lénine, Staline, Mao… Exagéré ? Que dit par exemple à Badiou la journaliste qui anime le débat ? Ceci (4/5) : "Vous avez souvent dit, Alain Badiou, que ce pouvoir devait être abattu par la rue plutôt que par les urnes". Que cherche Badiou en en appelant à la rue sinon le sang, la guerre ou la politique continuée par des moyens décisifs, où l'ennemi de mon ennemi est mon ami. (pas besoin de lire Schmitt…). Il est clair là que Finkielkraut ne peut pas suivre, il n'a pas le jeu pour ça. Il gobe d'ailleurs sans bouger, affalé dans le canapé aux côtés du cannibale, fasciné d'être ainsi avalé comme réactionnaire, vichyste même, mais Finkielkraut, en grenouille plongée dans une telle eau irradiée, ne "veut pas s'énerver "(fin de la page 4), alors que Badiou n'a aucune légitimité, aucune. Même lorsqu'il se réclame de "la résistance communiste" alors que c'est un mensonge éhonté, les cocos luttaient pour empêcher que les nazis n'aillent sur le front russe, je l'ai déjà dit, et même lorsqu'il se réclame de la Commune, en réduisant le drapeau français à celui des Versaillais, ce qui est honteux, préfère en réalité le drapeau rouge qui précisément ne cherche que la lutte à mort, le sang, non tempéré par le bleu (spirituel) et le blanc (la France éternelle), une France que Badiou prétend défendre en la trempant (la trompant) dans sa marmite communiste de faux chrétien (il a écrit sur St Paul) faux Panoramix puisqu'il prétend, seul, connaître la potion magique qui s'y concocte, et même dit-il il a analysé ce qui a échoué dans les recettes précédentes, parlant par exemple d'un vague " communisme étatiste" alors qu'il s'agissait simplement d'un nouvel ordre avec une nouvelle classe celle de la race des révolutionnaires professionnels, nouvelle canaille qui profite de l'aubaine, fait un coup d'Etat en 17, reconstitue une élite encore plus terrible qu'Ivan et ses sbires.
Mais comment est-ce possible d'être fasciné par un tel bagout ? Badiou et son bagout sur l'impérialisme (lequel ? Celui de son ancien amour, la Chine ?) le bagout de Badiou dégouline de partout, salive du cannibale prétendant ne pas penser l'Un mais le Multiple alors que précisément l'un ne va pas sans l'autre soulignait déjà Platon dans son Parmenide : si le multiple ne se réfère plus qu'à lui-même il se saisit de fait comme Un, ce qui concrètement signifie éclatement des différences, chacune une, diff/errances à l'in(dé)fini (apeiron) des matrices se prétendant des stances de l'exi-stance sans aucune autre instance que l'instant, ce qui est pain béni dans ce tournis à la force qui sait agréger ; ainsi, même lorsque Badiou traite les islamistes de fascistes on sent bien qu'il ne comprend rien à ce qui se passe à propos d'agrégation de concrétion (ou physique des fluides symboliques), au fond il sera balayé par "eux "comme Danton l'a été, même s'il sauvera sans doute la tête de Finkielkraut avant de succomber parce qu'il faut bien faire l'ange aussi. Il ne comprend rien parce qu'il ne connaît rien à la politique, rien de rien, d'ailleurs cela se saurait, les communistes ont perdu non ? Et sans Roosevelt et la bêtise du palefrenier nommé Hitler l'URSS serait morte bien avant (le second ) 89. Badiou est le compagnon de route de ce qui dévore toujours en premier ses propres enfants, sauf que Robespierre et St Just ce n'est pas lui, ni Lénine, car il lui faudrait mouiller la chemise, monter non seulement sur des tonneaux, mais aussi des établis, sauf que l'on n'apprend pas cela à Ulm, ce vivier de serpents à sornettes, on ne sait plus qu'un groupe reconnu en tant que tel cherche à s'étendre, par exemple l'alterislamisme. Même s'il est minoritaire. Comme les Bolcheviks.
Certes, le Badiou nouveau prolifère, clones de plus en plus par centaines, parce qu'il profite de la faillite idéologique d'une gauche et d'une droite sociale-nationale qui n'ont de cesse d'empêcher la France de se mettre en mouvement en la lacérant de taxes censées servir les plus démunis alors qu'elles les ligotent, les rend misérables ; même un Clinton avait compris (avec les conseils de John Rawls) que l'Etat Providence avait failli parce qu'il avait créé une classe d'exclus hantant Harlem le Bronx les quartiers chauds de L.A alors qu'en incitant à individualiser les aides en accompagnant chacun à s'extirper de l'échec, aujourd'hui Harlem le Bronx L.A sont des endroits sans aucun autre envers sinon ceux habituels des failles humaines trop humaines.
Finkielkraut au fond vient de la littérature d'après Sartre, nausée du nouveau désordre amoureux, et de sa gueule de bois (racontée par le dernier livre de Pascal Bruckner son compagnon d'écriture bien plus lucide que lui) ; Finkielkraut n'est pas un politique, c'est un rêveur (tout comme Badiou mais lui aimerait réaliser ses fantasmes comme le conseillait Deleuze) il a un peu lu Heidegger, sa critique (réductrice) de la Technique, que Finkielkraut fait sienne (réductrice parce que la Technique ce n'est pas la mise à la raison mais la raison humaine elle-même qui ne se suffit cependant pas comme Descartes l'avait pourtant dit -Principe 8- lui que l'on accuse de tous les maux).
Finkielkraut s'est certes affronté dans les années 90 au sous marxiste Bourdieu, et puis, tout d'un coup, dans les années 2000, il fait comme Debray : cherchant à restaurer plutôt qu'innover, failles qu'utilise évidemment Badiou avide d'avaler tout ce qui ne va pas dans le sens de son illusion, celle de croire que l'univers humain est aussi simple que celui décrit par le…bourgeois Marx qui lui n'a vu qu'un aspect celui du rapport de force alors que la force, même celle du profit, ne se réduit pas au rapport.…
Badiou Besancenot même combat chimérique cherchant à éliminer la division en deux de la troisième Thèse sur Feuerbach ou le cercle carré à la recherche du couteau sans manche qui n'a pas de lame. L'âme. S'agît-il de vivre sans âme ? La vie est combat, mais c'est aussi un combat humain ce qui implique le pire et aussi le meilleur où comment dépasser toujours en permanence la logique par le sens de l'être ensemble qui est à la fois le même et l'autre, tout en sachant que l'autre n'est pas seulement un autre mais aussi mon autre, autrement dit, tout ordre se réorganise en permanence et n'avance qu'en utilisant des pièces distinctes quoique non séparées ; en politique cela se nomme les contre-pouvoirs ou la nécessité de perfectionner le régime démocratique afin que réellement le plus grand nombre en bénéficie malgré le péril, au sein duquel d'ailleurs rien ne croît contrairement à la légende. Et Badiou ? Finkielkraut ? Peut-être est-il temps de tourner la page. 2010.
31 décembre 2009