Imaginons qu'une affaire soit portée à la Justice en France et que celle-ci classe l’affaire en écartant la notion d’« injure raciale» par l’arrêt ci-joint : « replacée dans son contexte, la phrase ne vise pas la communauté musulmane en tant que communauté humaine, mais la religion musulmane (…) M. X la fustige au même titre que la religion juive et la religion catholique, tout en faisant peser sur la religion musulmane une responsabilité particulière en tant que dernière religion monothéiste».
Il va de soi qu’un tel arrêté, surtout dans le contexte actuel, et en particulier à partir de l’énoncé suivant (« la phrase ne vise pas la communauté musulmane en tant que communauté humaine, mais la religion musulmane ») aurait déclenché des réactions véhémentes puisque traiter les musulmans, en général de surcroît, d’escrocs, est diffamatoire.
Or, la Justice française s’est permise avec beaucoup d’aplomb, beaucoup, de rendre ce même jugement, mais, cette fois, à propos des…Juifs :
Ainsi selon une dépêche de l’ AFP (09.02.06 | 17h35) :
« La cour d'appel de Paris, appelée à statuer de nouveau sur des propos présumés antisémites de Dieudonné, après la décision de la Cour de cassation d'annuler la relaxe de l'humoriste, l'a une nouvelle fois mis hors de cause dans un arrêt rendu jeudi.
Le 30 juin 2004, la 11e chambre de la cour d'appel de Paris avait relaxé l'humoriste qui avait affirmé dans une interview au magazine Lyon Capitale: "Les juifs, c'est une secte, une escroquerie, c'est une des plus graves parce que c'est la première".
La cour avait estimé que ces propos ne constituaient pas une injure raciale, car ils ne visaient pas la communauté mais la religion juive. La chambre criminelle de la Cour de cassation, sur un pourvoi formé par le Consistoire central (Union des communautés juives de France), avait cependant cassé cette décision, le 15 mars 2005.
De nouveau saisie, mais dans une autre composition, la 11e chambre de la cour d'appel de Paris a confirmé jeudi sa première décision.
"Replacée dans son contexte, la phrase ne vise pas la communauté juive en tant que communauté humaine, mais la religion juive (…) Dieudonné M'Bala M'Bala la fustige au même titre que la religion musulmane et la religion catholique, tout en faisant peser sur la religion juive une responsabilité particulière en tant que première religion monothéiste", a expliqué l'arrêt. La phrase poursuivie relève d'un débat d'ordre théorique sur l'influence des religions et ne constitue pas une attaque dirigée vers un groupe de personnes en tant que tel", a-t-il ajouté » .
On le voit, il suffit de remplacer juif par musulman et première par dernière pour mesurer la similitude des cas et parier que la Cour n’aurait certainement pas rendu le même jugement si les musulmans en tant membres d’une religion avaient été si bassement attaqué par un humoriste. Et la tendance aounitienne du MRAP aurait hurlé avec les loups.
Deux poids deux mesures donc.
Il en est de même pour la dérive pasdaranienne du Mrap aounitien lorsque celui-ci se permet de comparer (sur son site) des chansons contestataires et des chansons racistes en argumentant (à la façon des pasdarans iraniens lorsque ceux-ci se mettent à comparer Shoah et critique de l’islam radical) en écrivant ceci : « Ceux qui veulent interdire les groupes de Rap aujourd'hui , sont les copies conformes de ceux qui hier interdisaient Boris Vian ou Brassens ». Or, il existe une marge entre contester le service militaire, s’en prendre à la bigoterie, aux bourgeois, etc, et traiter la France de salope qu’il faut violer jusqu’à l’épuiser…On ne voit guère de poésie là-dedans, d’une part, d’autre part, le fait de l’interdire ou pas est un autre débat qu’il ne s’agit pas d’amalgamer avec la critique nécessaire d’un tel contenu évidemment insultant, quasi-raciste, méprisant, diffamatoire…
Plus profondément, il semble bien que d’un côté la Justice en France glisse progressivement vers une compréhension politique du fait infâmant en jugeant qu’il vaut mieux laisser tranquille ceux ayant le rapport de forces en leur faveur. On l’a vu également avec diverses relaxes de mafieux portant la casquette syndicale. D’un autre côté, il semble bien que le clan aounitien (largement) majoritaire au MRAP aggrave les tensions au lieu de les apaiser puisqu’il juge que toute critique visant la manière dont l’islam radical utilise la croyance musulmane doit être assimilée à une attaque en règle vis-à-vis de celle-ci en général.
On aurait aimé plutôt qu’il s’en prenne enfin à l’islam radical, le poursuivant en justice puisqu’il excelle dans ce genre de procédure (jusqu’à parler de justice « apaisante » à propos de sa plainte contre France-Soir, à l’instar d’un calife rendant sentence dans sa miséricorde…). Il pourraît également s’interroger sur la façon dont certains musulmans divinisent Mahomet jusqu’à non seulement interdire sa représentation (alors qu’il n’est qu’un homme) mais vont jusqu’à l’imiter y compris dans sa façon de faire la guerre, tuer ses prisonniers en les égorgeant et les décapitant si l’on suit sa biographie établie par Ibn Hitchâm (Fayard, 2004, traduction Wahib Atallah) lorsqu'il est écrit comme Mahomet tua, de ses mains, des centaines de Juifs. On peut y lire ceci (p. 232):
«Exécution des Banû Quraydha (Sîra, II, 58-60). Le Prophète recommanda à ses compagnons: «Tout juif qui vous tombe sous la main, tuez-le » Ainsi, lorsque le Prophète l’emporta sur les juifs des Banû Quraydha, il prit près de quatre cents prisonniers et donna l’ordre de leur trancher la gorge».
Page 277, ( Sîra, II, 240-241) il est question de la même tribu, six cents à neuf cents hommes, qui cette fois fut égorgé par Mahomet lui-même :«(…) Il alla (…) sur la place du marché de Médine (…) et y fit creuser des fossés. Puis il fit venir les Banû Quraydha par petits groupes et leur coupa la gorge sur le bord des fossés. (…) Ils étaient six cents à sept cents hommes. On dit huit cents et même neuf cents. (…) Le Prophète ne cessa de les égorger jusqu’à leur extermination totale».
Comment peuvent réagir de jeunes musulmans attirés par l’islam radical qui récite à longueur de journée ce genre de récits ? C’est ce comportement là qu’un supposé mouvement censé promouvoir l’amitié entre les peuples devrait penser. Nous sommes bien loin du compte.
Plus encore, nous glissons progressivement vers une impossibilité pratique (mentale et juridique) de le faire, parce qu’il est présupposé par de médiocres théoriciens qui ont médiatiquement et politiquement pignon sur rue que l’islam radical n’est « que » le produit d’un certain état du monde dominé par le Nord capitaliste etc…
Ce qui est là évidemment mépriser ces musulmans qui ont décidé d’appliquer littéralement le texte, c’est du néoracisme, un anthropocentrisme similaire à l’ancien puisqu’au lieu d’inférioriser il victimise mais le résultat reste le même : l’autchtotone est dans tous les cas perçu comme passif, il subit, alors qu’en réalité il se trouve dôté d’un cerveau et peut fort bien juger qu’il préfère lutter à mort contre la société démocratique, plutôt que de la prendre en compte comme solution universelle (à adapter selon les histoires spécifiques évidemment) à la complexité de nos trajectoires individuelles et collectives, parce qu’il désire préserver le lien qu’il croît ressentir encore au plus profond de lui avec cette époque de conquête et de gloire qui marquait encore un peu une sorte d’égalité des chances entre les forces en présence.
Nous sommes aujourd’hui à des années-lumières de cette situation. Et plutôt que de regarder encore ce lointain passé comme lumière à venir il conviendrait mieux de se tourner résolument vers l’innovation, l’inédit, afin de naviguer entre l’excès et le manque, en se nourrisant du passé non pas pour le ressasser, mais avancer vers l’affinement au lieu de régresser vers la destruction ou la guerre vécue comme état politique et psychique permanent.
A l’évidence, l’islamisme, l’intégrisme en général, l’aounitisme en particulier, s’évanouissent à l’idée de débattre sur ces hauteurs : manque de Souffle (pneuma) sans doute.
10 février 2006