13 janvier 2025

Se vêtir non pas ” à l’occidental” mais selon la disputatio permanente entre Anciens et Modernes

Certes la Modernité s’est accomplie en Europe avant de se répandre partout tout en étant née en terre juive puis chrétienne avec d’une part le verset 19 du livre II de la Genèse qui fait qu’Adam nomme, librement, les animaux au lieu juste d’en réciter les noms comme dans le livre musulman, puis Moïse résiste à Dieu qui après l’affaire du Veau d’Or lui demande s’il veut punir le peuple ce que Moise refuse, tandis que du côté chrétien d’autre part le fait d’apporter la disputatio au sein même des familles ( “je ne  suis pas venu apporter la paix mais l’épée“) et d’agir même lorsque c’est le sabbat désigne aussi que la liberté de choix est première et permet ainsi de créer de nouvelles traditions comme le font Adam, Moïse et Jésus ou la Modernité émergente…

Il ne s’agit donc pas d’opposer comme dans la Querelle des Anciens et des Modernes (un peu trop mise en scène par Boileau)  La Tradition qui serait nécessairement immobile et la Modernité toujours tourné vers le “bougisme” (comme le nomme Pierre-André Taguieff) ou cette vision plutôt antimoderne qu’hyper-moderne en ce sens ou le mouvement pour lui-même s’apparente à un “progrès” alors qu’il s’agit souvent de surplace ou de régression puisque dans le terme Modernité s’inscrit l’idée de liberté d’être et non pas seulement d’exister valable pour tous ceux qui le méritent (méritocratie républicaine au sens de Platon et de Bodin) et non pas seulement quelques-uns (jansénisme, élitisme…).

D’où l’idée que s’habiller se nourrir se comporter in fine sont vivifiés en permanence par les débats conflictuels entre  suivre “la” Tradition (alors que celle-ci évolue aussi en intégrant de nouvelles habitudes qui deviennent à la longue aussi des traditions) et suivre la nouveauté parce qu’elle peut correspondre au mieux à une vision plus circonstanciée des demandes de liberté nouvelle ; par exemple le fait que le regard de l’homme sur une femme en jupe courte en maillot de bain ne voit plus seulement ou en priorité l’aspect désirable mais plutôt le côté seyant, assez proche dans ce cas de l’effet esthétique qu’apporte la beauté plastique d’une statue aux formes parfaitement proportionnées; doublé aussi à propos du seyant d’une certaine façon de porter légèrement ou pas tout cet imaginaire, lorsque par exemple le fait de porter de tels vêtements mettant en valeur le corps ne se fait pas dans une lourdeur faisant signe de façon à provoquer mais plutôt dans une joie de vivre une insouciance qui fait que l’on s’amuse du vent dans ses cheveux à l’air libre que l’on croque la vie à belles dents surtout lorsque l’on est jeune et fière d’être, et que l’on se joue aussi des regards d’autrui qui virevoltent sur son corps ainsi sculptée en liberté ; ce qui n’empêche pas de porter des vêtements plus “traditionnels” lorsqu’il s’agit d’aller à une cérémonie avec code vestimentaire réglementé.

Aussi lorsque tel ou telle se fait agresser du fait de porter des vêtements selon le code moderne et non plus seulement traditionnel, les défenseurs non seulement de la laïcité mais de la liberté tout simplement, doivent se manifester car celle-ci montre bien que l’esprit moderne ne date pas du 18 ème siècle (les Lumières) ni même du 16 ème (Renaissance) mais depuis que l’eschatologie juive, la mythologie et la philosophie grecque, la théologie chrétienne ont fondé notre rapport à ce que signifie “être” et non pas seulement “exister” : la pierre existe, elle n’est pas, être ou ne pas être telle est la question.

L’écarter revient alors à se soumettre…

 

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