19 janvier 2025
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Eurabia : L’axe Euro-Arabe

L‘historienne et islamologue Bat Ye’or, spécialiste de la dhimmitude (la subordination des infidèles au dominateur musulman) apporte des réponses documentées à ces interrogations. Le titre de son dernier livre, Eurabia : l’Axe euro-arabe résume un dossier passionnant et inquiétant (1).

La France a été le plus ancien et le plus actif promoteur de cet axe, dont les racines historiques remontent à sa nostalgie de “grande puissance musulmane”, et au dessein de Bonaparte et de Napoléon III d’un empire arabe s’étendant du Magreb à la Syrie. Bat Yé’or évoque même “l’alliance de François Ier avec les Ottomans contre l’empire germano-espagnol de Charles Quint”. Plus récemment, la France a aspiré et travaillé à réaliser une alliance franco-arabe et euro-arabe, capable de rivaliser avec l’URSS et surtout avec la puissance américaine.

Après la fin de l’Algérie française, après les défaites arabes de 1967 (la guerre des Six jours) et de 1973 ( la guerre de Kippour) et les menaces contre l’approvision-nement en pétrole, il en a résulté un “Dialogue méditerranéen” ou “Nord-Sud” et progressivement, un alignement de l’Europe sur le partenaire arabe. Le ciment de cette collusion sera la mise au pilori d’Israël et des Etats-Unis.

Cette évolution était regardée, dans l’optique arabe, comme conforme à la nature des choses.

A partir de son surgissement, et pendant mille trois cents ans, le monde arabe a été, grosso modo, en guerre sainte pour la conquête du dar al-harb, les pays des infidèles. Les peuples conquis ont été soumis au régime de la dhimma, qui accordait survie et protection provisoire et révocable, moyennant tribut, humiliations collectives et individuelles et reconnaissance de la supériorité du conquérant. Le djihad s’est réveillé après l’ère coloniale, et généralisé à mesure qu’émergeaient des Etats arabes capables de le mener grâce à la manne pétrolière, et propulsés vers une nouvelle stratégie d’expansion à la fois par leur démographie et par une idéologie impérialiste qui ne craint pas d’afficher ses objectifs de reconquête : “L’extension de la ‘maison de l’Islam’ aux pays des incroyants”, selon un islamiste européen notoire.

Cette symbiose en cours se traduit par d’innombrables projets politiques, culturels, idéologiques et économiques ; par des symposiums, manifestations et études organisés dans le cadre des assemblées parlementaires europé-ennes, au sommet de la direction de l’Union européenne, dans les ONG spécialisées, les groupes de pression, les Nations unies et ses institutions, dans les médias qui répercutent les thèses, les aversions, les exigences des partenaires de l’Europe.

Une véritable politique étrangère commune euro-arabe se dessine. “Trois secteurs théoriquement indépendants – échanges économiques et commerciaux, immigration arabe (en Europe), politiques et culture européens – s’entretissent pour produire des politiques liant l’Europe au monde arabe, faites d’hostilité anti-israélienne et antisémite et anti-américaine”. Cet alignement s’est traduit notamment par l’opposition récente de plusieurs paya européens, principalement la France et l’Allemagne, à la guerre américaine contre l’Irak de Sadam Hussein. “L’idéologie, la stratégie, la propagande et la phraséologie de l’OLP (…) ont été imposé à une opinion européenne réticente, par une alliance politique et idéologique puissante euro-arabe, renforcée par les courants tiers-mondistes, gauchiste, communiste, et extrême-droite”. La démoni-sation systématique d’Israël à tous les nivaux des sociétés europé-ennes résultera de ce transfert de haine venu du Sud, opérant sous la menace du terrorisme et du chantage au pétrole.

D’ailleurs, les partenaires arabes de Européens ne cachent pas leurs objectifs ni les moyens mis en œuvre pour obtenir ce qu’ils exigent. Parmi les nombreux aveux cyniques, celui du Cheih Mohammed Jabir Hasdsan, ministre irakien du Pétrole, est explicite : “L’Europe doit jouer son rôle pour mettre fin à l’injustice et au rétablissement des droits du peuple palestinien. Si elle n’adhère pas à ces objectifs, il sera difficile de garantir son approvisionnement en pétrole”. Les Européens, eux, traves-tissaient leur soumission aux exigences anti-israéliennes et aux menaces, en “soucis humanitaires pour les souffrances des Palestiniens”. Cependant, la menace et la soumission percent parfois sous la langue de bois euro-arabe. Le rapport de la Conférence annuelle du Dialogue Parlementaire Euro-Arabe tenue à Damas en 1998, note que “les participants ont souligné l’étroite relation entre l’obtention de la pais au Moyen-Orient et la sécurité et la stabilité en Europe”. Cette phrase significative, commente Bat Ye’or, “réèle que l’Europe pourrait s’être trouvée contrainte à voir en Israël, comme dans les Etats-Unis, une menace pour l’Europe, sous peine de déclencher les représailles islamistes, si elle résiste à la stratégie du djihad”.

Aussi, l’Europe pratique une véritable palestinolâtrie, un palestinisme, quasi-religion au rite permanent où communient des hommes politiques, des journalistes, des universitaires. Rite fait aussi de silence qui en disent autant que les mots. Dans une assemblée internationale, un délégué palestinien accuse Israël d’inoculer volontairement le virus du sida aux enfants arabes, et les représentant des puissances européennes écoutent et ne réagissent pas. Le secrétaire général de la Conférence islamique, Mohammed al-Tohami, décrit la conquête de Jérusalem au septième siècle comme sa libération “par les armées musulmanes” qui l’ont “purgée des vestiges des Romains (les Byzantins) et des sionistes”. Nul ne s’en offusque. “La démonisation obsessionnelle d’Israël, écrit Bat Yé’or, la victimisation des Palestiniens “éclipsent tout, “deviennent l’objet central, constamment rappelés et commentés par les médias de masse (…) plusieurs fois par jour, la télévision, le radio et les journaux focalisent l’esprit de l’Europe ur une vénération rituelle des Palestiniens (…) Israël n’est mentionné qu’en termes négatifs : occupation, injustice, apartheid, nazisme”. C’est “un culte de la haine”. Le palestinisme est un retour au nazisme des années 1930-1940.

Bien entendu, on ne doit recourir à ce vocabulaire comparatif – palestinisme, nazisme, qu’avec une extrême prudence. Mais le jugement du cardinal Tucci, directeur de Radio Vatican, le 6 novembre 2003, utilise précisé-ment la comparaison pour souligner la gravité du problème : “Dans l’ensemble du monde musulman, dans les médias, la radio, la télévision, les écoles, fonctionne un système incitant à l’antisémitisme. C’est le pire antisémitisme imaginable, après l’antisémitisme nazi, sinon son égal”.

Cette néo-judéophobie produit non seulement l’hostilité envers Israël et les Juifs. Elle s’attaque à l’histoire de leur passé et engendre une réécriture orwelienne de la chronique du présent. Ont met en doute la réalité de la shoah, on nie les liens d’Israël avec Israël et la Judée biblique. Par contre, sur les deux rives de la Méditerranée, on occulte la pratique plus que millénaire du djihad, on bagatellise les crimes des terroristes, on les travestit en résistance légitime. Le non-respect des droits de l’homme, les discriminations contre les femmes, les pratiques barbares de plusieurs régimes arabes sont pudiquement tus. Et l’Europe s’auto flagelle. Elle tend la joue et dénonce ses torts passés et présents envers les Musulmans : “les croisades, l’Inquisition, l’impé-rialisme et le colonialisme européens” ainsi que “sa collaboration à la création d’Israël. Par compensation, l’Europe serait “en dette morale envers les Arabes palestiniens”.

On assiste ainsi à la transformation progressive de l’Europe en appendice politique du monde arabe, qui va jusqu’à la manipulation, ma mutation, l’automutilation théologique. Poussés par un mimétisme servile, des hommes d’Eglise, catholique et protestants, vont jusqu’à invalider leur propre foi, mettent en doute l’enracinement du christianisme dans le judaïsme, historiquement prouvé, affirmé et décrit dans les Evangiles, et font de Jésus, à l’instar de leurs vis-à-vis, un “Palestinien” arabe et un prophète de l’islam. Bat Yé’or a “l’impression d’un continent en train de sombrer, d’un Titanic gigantesque (…), un état des choses dont les autorités politiques européennes sont responsables pour l’avoir créé sciemment, qu’elles refusent d’affronter. Au lieu de l’affronter, elles cherchent refuge dans un monde virtuel de rhétorique qui remplace la réalité”.

Dans ces conditions, que nous réserve l’avenir ?

En Europe, la résistance à l’évolution qui se dessine est timide et dispersée. Elle ne peut tenir tête, écrit Bat Yé’or, à “l’influence arabe fortement implantée dans les syndicats, les médias, les économies, les universités de l’Union euro-péenne”. Cette résistance est “regardée avec mépris par les Eurabiens. Des Juifs et des Chrétiens se sentent pris au piège et paralysés par une emprise politique préméditée et inflexible, qui s’est soudain manifestée au plus haut niveau de sa force, dans toute l’Union européenne. On peut avoir l’impression que les années de totalitarisme nazi et fasciste sont de retour, avec toute leur vulgarité, leur brutalité, leur mépris cynique de la vérité et de l’humanité, leur perversion du langage, permettant d’absoudre les crimes des terroristes et de mépriser et stigmatiser leurs victimes osant se défendre”.

L’Europe est en voie de dhimmisation, comme l’ont été dans le passé de nombreuses contrées conquises. On lui fait la guerre et elle ne le sait pas ou ne veut pas le savoir. Les institutions européennes pratiquent “un partenariat euro-arabe préparant un totalitarisme culturel et politique kafkaïen où les valeurs du djihadisme islamiste subver-tissant toutes les conceptions européennes du savoir, des droits de l’homme et des libertés fonda-mentales de l’individu”.

L‘Europe peut-elle sortir de l’impasse ?
En dépit des inerties qu’elle décrit et stigmatise, l’auteur croit déceler “dans les sociétés européennes une prise de conscience et une résistance à la politique de la dhimmitude. On peut espérer que l’attitude résolue de l’Amérique ouvrira de nouvelles perspectives et de nouvelles chances pour que le monde se dégage de sa connivence avec la haine et le crime. Mais rien n’est sûr, car ce sont les hommes qui sont les initiateurs et les acteurs de l’histoire”.

Cette phrase dubitative qui termine le livre de Bat Yé’or exprime-t-elle son espoir réel, est-elle le constat d’une prise de conscience effective ou n’est-elle qu’une formule optimiste obligée, comme il sied à la fin d’une analyse pessimiste ?Paul Giniewski

(1) Bat Yé’or, Eurabia : The Euro-Arab Axix, fairtleigh Dickinson University Press, Associated University Presses, 2010 Eastpark boulevard, Cranbury, NJ 08512, 2005, 384pp.

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