24 janvier 2025
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Michel de Poncins critique Jacques Attali qui critique le Pape Benoît XVI…

1/ Allocution du Pape

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI

VISITE AU CAMP DE CONCENTRATION D’AUSCHWITZ

Auschwitz-Birkenau 28 mai 2006

Prendre la parole dans ce lieu d’horreur, d’accumulation de crimes contre Dieu et contre l’homme, lieu qui est sans égal au cours de l’histoire, est presque impossible – et particulièrement difficile et opprimant pour un chrétien, pour un Pape qui vient d’Allemagne. Dans un lieu comme celui-ci, les paroles manquent; en réalité, il ne peut y avoir qu’un silence effrayé – un silence qui est un cri intérieur vers Dieu: Pourquoi, Seigneur, es-tu resté silencieux? Pourquoi as-tu pu tolérer tout cela? C’est dans cette attitude de silence que nous nous inclinons au plus profond de notre être, face à l’innombrable foule de tous ceux qui ont souffert et qui ont été mis à mort; toutefois, ce silence devient ensuite une demande de pardon et de réconciliation, formulée à haute voix, un cri au Dieu vivant, afin de ne plus jamais permettre une chose semblable.

Il y a vingt-sept ans, le 7 juin 1979, le Pape Jean-Paul II était ici; il disait alors: “Je viens ici aujourd’hui en pèlerin. On sait que je suis venu ici bien des fois… Tant de fois! Et bien des fois, je suis descendu dans la cellule où Maximilien Kolbe est mort, et je me suis arrêté devant le mur de la mort et je suis passé entre les ruines des fours crématoires de Birkenau. Je ne pouvais pas ne pas venir ici comme Pape”. Le Pape Jean-Paul II était ici comme fils du peuple qui, avec le peuple juif, dut souffrir le plus en ce lieu et, en général, au cours de la guerre: “Six millions de Polonais ont perdu la vie au cours de la Seconde Guerre mondiale: le cinquième de la nation”, rappela alors le Pape (cf. ibid.). C’est ici qu’il éleva ensuite l’avertissement solennel au respect des droits de l’homme et des nations qu’avaient élevé avant lui ses prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI, et il ajouta: “Celui qui prononce ces paroles […] est le fils de la nation qui a subi de la part des autres, au cours de son histoire, de multiples vicissitudes. Il ne le dit pas pour accuser, mais pour rappeler. Il parle au nom de toutes les nations dont les droits sont violés et oubliés…” (cf. Ibid.).

Le Pape Jean-Paul II était venu ici comme un fils du peuple polonais. Aujourd’hui, je suis ici comme fils du peuple allemand, et c’est précisément pourquoi je dois et je peux dire comme lui: je ne pouvais pas ne pas venir ici. Je devais venir. C’était et c’est un devoir face à la vérité et au droit de ceux qui ont souffert, un devoir devant Dieu d’être ici, en tant que Successeur de Jean-Paul II et en tant que fils du peuple allemand – fils du peuple dans lequel un groupe de criminels arriva au pouvoir au moyen de promesses mensongères, au nom de perspectives de grandeur, au nom de l’honneur retrouvé de la nation et de son importance, par des perspectives de bien-être, mais également par la force de la terreur et de l’intimidation, de sorte que notre peuple a pu être utilisé et abusé comme instrument de leur soif de destruction et de domination. Non, je ne pouvais pas ne pas venir ici.

Le 7 juin 1979, je me trouvais ici comme Archevêque de Munich-Freising parmi les nombreux Evêques qui accompagnaient le Pape, qui l’écoutaient et qui priaient avec lui. En 1980, je suis ensuite revenu une fois de plus dans ce lieu de l’horreur avec une délégation d’Evêques allemands, bouleversé par tant de mal et plein de reconnaissance parce que sur ces ténèbres avait brillé l’étoile de la réconciliation. Telle est encore la raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui: pour implorer la grâce de la réconciliation – avant tout de Dieu, qui seul peut ouvrir et purifier nos coeurs; puis des hommes qui ont souffert, et enfin la grâce de la réconciliation pour tous ceux qui, en cette heure de notre histoire, souffrent à nouveau à cause du pouvoir de la haine et de la violence fomentée par la haine.

Combien de questions nous envahissent en ce lieu ! La même question revient toujours à nouveau: Où était Dieu en ces jours-là? Pourquoi s’est-il tu? Comment a-t-il pu tolérer cet excès de destruction, ce triomphe du mal? Les paroles du Psaume 44, la lamentation d’Israël qui souffre, nous viennent à l’esprit: “…Tu nous broyas au séjour des chacals, nous couvrant de l’ombre de la mort […] C’est pour toi qu’on nous massacre tout le jour, qu’on nous traite en moutons d’abattoir. Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur? Réveille-toi, ne rejette pas jusqu’à la fin: Pourquoi caches-tu ta face, oublies-tu notre oppression, notre misère? Car notre âme est effondrée en la poussière, notre ventre est collé à la terre. Debout, viens à notre aide, rachète-nous en raison de ton amour!” (Ps 44, 20.23-27). Ce cri d’angoisse que, dans la souffrance, Israël élève à Dieu dans des périodes d’extrême difficulté, est en même temps le cri d’appel à l’aide de tous ceux qui, au cours de l’histoire – hier, aujourd’hui et demain – souffrent pour l’amour de Dieu, pour l’amour de la vérité et du bien; et ils sont nombreux, aujourd’hui encore.

Nous ne sommes pas en mesure de scruter le secret de Dieu – nous ne voyons que des fragments, et ce serait une erreur que de vouloir juger Dieu et l’histoire. Nous ne défendrions pas l’homme dans ce cas, mais nous ne contribuerions qu’à sa destruction. Non – en définitive, nous devons continuer à élever vers Dieu ce cri humble mais persistant: Réveille-toi! N’oublie pas ta créature, l’homme! Et notre cri vers Dieu doit être en même temps un cri qui pénètre notre coeur lui-même, afin que s’éveille en nous la présence cachée de Dieu – afin que la force qu’il a déposée dans nos coeurs ne soit pas recouverte et étouffée en nous par la boue de l’égoïsme, de la peur des hommes, de l’indifférence et de l’opportunisme. Elevons ce cri vers Dieu, adressons-le à notre coeur lui-même, précisément en cette heure sur laquelle pèsent de nouveaux dangers, dans laquelle semblent naître à nouveau du coeur des hommes toutes les forces obscures: d’une part, l’abus du nom de Dieu pour justifier la violence aveugle contre des personnes innocentes; de l’autre, le cynisme qui ne connaît pas Dieu et qui bafoue la foi en Lui.

Nous élevons un cri vers Dieu, afin qu’il pousse les hommes à se repentir, en sorte qu’ils reconnaissent que la violence n’engendre pas la paix, mais ne fait que susciter une autre violence – une spirale de destructions, dans laquelle tous, en fin de compte, ne peuvent être que perdants. Le Dieu auquel nous croyons est un Dieu de la raison – d’une raison, cependant, qui n’est certainement pas une mathématique neutre de l’univers, mais qui ne fait qu’un avec l’amour, avec le bien. Nous prions Dieu et nous élevons un cri vers les hommes afin que cette raison, la raison de l’amour et de la reconnaissance de la force de la réconciliation et de la paix, prévale sur les menaces qui nous entourent de l’irrationalité ou d’une fausse raison, détachée de Dieu.

Le lieu où nous nous trouvons est un lieu de la mémoire, c’est le lieu de la Shoah. Le passé n’est jamais uniquement le passé. Il nous concerne et nous indique les chemins à ne pas suivre et ceux à suivre. Comme Jean-Paul II, j’ai parcouru le chemin le long des stèles qui rappellent, en différentes langues, les victimes de ce lieu: ce sont des stèles en biélorusse, en tchèque, en allemand, en français, en grec, en hébreu, en croate, en italien, en yiddish, en hongrois, en hollandais, en norvégien, en polonais, en russe, en rom, en roumain, en slovaque, en serbe, en ukrainien, en hébreu hispanique et en anglais. Toutes ces stèles commémoratives nous parlent de souffrance humaine, nous laissent entrevoir le cynisme de ce pouvoir qui traitait les hommes comme des objets, ne les reconnaissant pas comme des personnes, dans lesquelles se reflète l’image de Dieu.

Certaines stèles invitent à une commémoration particulière. Celle en hébreu par exemple. Les potentats du Troisième Reich voulaient écraser le peuple juif tout entier; l’éliminer du nombre des peuples de la terre. Alors, les paroles du Psaume: “On nous massacre tout le jour, on nous traite en moutons d’abattoir” se vérifièrent de façon terrible. Au fond, ces criminels violents, au moyen de l’anéantissement de ce peuple, entendaient tuer ce Dieu qui appela Abraham, et qui, parlant sur le Sinaï, établit les critères d’orientation de l’humanité, qui demeurent éternellement valables. Si ce peuple, par le seul fait d’exister, témoigne de ce Dieu qui a parlé à l’homme et qui l’a pris en charge, alors ce Dieu devait finalement mourir et son pouvoir n’appartenir qu’à l’homme – à ceux qui se considéraient comme les puissants et qui avaient su devenir les maîtres du monde.

Avec la destruction d’Israël, avec la Shoah, ils voulaient, en fin de compte, extirper également la racine sur laquelle se fonde la foi chrétienne, en la remplaçant définitivement par la foi fabriquée par soi-même, la foi dans le pouvoir de l’homme, du plus fort. Il y a ensuite la stèle en polonais: on voulait avant tout, dans un premier temps, effacer l’élite culturelle et éliminer ainsi le peuple comme sujet historique autonome, pour le réduire, dans la mesure où il continuait d’exister, à un peuple d’esclaves. Une autre stèle, qui invite particulièrement à réfléchir est celle qui est écrite dans la langue des Sinti et des Roms. Ici aussi, on voulait faire disparaître un peuple entier qui vit en migrant parmi les autres peuples.

Il figurait au nombre des éléments inutiles de l’histoire universelle, dans une idéologie où ne devait compter désormais que ce dont on pouvait mesurer l’utilité; tout le reste, selon leur conception, était catalogué comme lebensunwertes Leben – une vie indigne d’être vécue. Il y a ensuite la stèle en russe, qui évoque le nombre immense de vies sacrifiées parmi les soldats russes dans la lutte contre le régime de la terreur national-socialiste; toutefois, dans le même temps, elle nous fait réfléchir sur la tragique double signification de leur mission: ils ont libéré les peuples d’une dictature mais tout en soumettant ces mêmes peuples à une nouvelle dictature, celle de Staline et de l’idéologie communiste.

Toutes les autres stèles dans les nombreuses langues européennes nous parlent elles aussi de la souffrance des hommes du continent tout entier; elles toucheraient profondément notre coeur, si nous ne faisions pas mémoire des victimes de façon globale, mais si nous pouvions au contraire voir le visage de chacune des personnes qui ont terminé leur vie ici dans les ténèbres de la terreur. J’ai ressenti comme un profond devoir de m’arrêter de façon particulière également devant la stèle en langue allemande.

De là apparaît devant nous le visage d’Edith Stein, Thérèse Bénédicte de la Croix: juive et allemande, disparue, avec sa soeur, dans l’horreur de la nuit du camp de concentration allemand-nazi; comme chrétienne et juive, elle accepta de mourir avec son peuple et pour son peuple. Les Allemands qui furent alors déportés à Auschwitz-Birkenau et qui sont morts ici étaient considérés comme Abschaum der Nation – déchet de la nation. Mais aujourd’hui, nous les reconnaissons en revanche avec gratitude comme les témoins de la vérité et du bien, qui, même au sein de notre peuple, n’avaient pas disparu. Remercions ces personnes, car elles ne se sont pas soumises au pouvoir du mal, et elles apparaissent à présent devant nous comme des lumières dans une nuit de ténèbres. Avec profond respect et gratitude, nous nous inclinons devant tous ceux qui, comme les trois jeunes face à la menace des fournaises de Babylone, surent répondre: “Seul notre Dieu est capable de nous délivrer. Mais s’il ne le fait pas, sache, ô roi, que nous ne servirons pas ton Dieu ni n’adorerons la statue d’or que tu as élevée” (cf. Dn 3, 17 sq.).

Oui, derrière ces stèles se cache le destin d’innombrables êtres humains. Ceux-ci ébranlent notre mémoire, ébranlent notre coeur. Ils ne veulent pas provoquer la haine en nous: ils nous démontrent au contraire combien l’oeuvre de la haine est terrible. Ils veulent conduire la raison à reconnaître le mal comme mal et à le rejeter; ils veulent susciter en nous le courage du bien, de la résistance contre le mal. Ils veulent nous conduire à ces sentiments qui s’expriment dans les paroles que Sophocle fait prononcer à Antigone, face à l’horreur qui l’entoure: “Je ne suis pas ici pour haïr avec toi, mais pour aimer avec toi”.

Grâce à Dieu, avec la purification de la mémoire à laquelle nous pousse ce lieu d’horreur, se développent autour de ce lieu même de multiples initiatives qui veulent mettre un terme au mal et conférer une force au bien. Il y a quelques instants, j’ai pu bénir le Centre pour le Dialogue et la Prière. Tout près d’ici se déroule la vie cachée des soeurs carmélites, qui se savent particulièrement unies au mystère de la croix du Christ et qui nous rappellent la foi des chrétiens, qui affirme que Dieu lui-même est descendu dans l’enfer de la souffrance et souffre avec nous. A Oswiecim se trouve le Centre Saint-Maximilien et le Centre international de Formation sur Auschwitz et l’Holocauste. Il y a également la Maison internationale pour les Rencontres de la Jeunesse. Auprès de l’une des anciennes Maisons de Prière se trouve le Centre juif. Enfin, l’Académie pour les Droits de l’Homme est en cours de réalisation. Nous pouvons ainsi espérer que du lieu de l’horreur naisse et croisse une réflexion constructive et que le souvenir aide à résister au mal et à faire triompher l’amour.

L’humanité a traversé à Auschwitz-Birkenau un “ravin de la mort”. C’est pourquoi je voudrais, précisément en ce lieu, conclure par une prière de confiance – avec un Psaume d’Israël qui est également une prière de tous les chrétiens: “Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre; il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi; ton bâton me guide et me rassure […] J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours” (Ps 23, 1-4. 6).

*

2/ Article de Jacques Attali

Groupe de criminels?

A Auschwitz, le premier pape allemand ne s’est interrogé que sur le silence de Dieu


J‘aurais voulu pouvoir dire le plus grand bien de la visite, dimanche 28 mai, de Benoît XVI au camp d’extermination d’Auschwitz-Bir- kenau. J’aurais voulu pouvoir applaudir à cette première prière d’un pape allemand devant le mémorial du camp, dans laquelle il osa, à la différence de ses prédécesseurs, prononcer le mot «Shoah», en reconnaître la spécificité et vanter le «Dieu de raison».

Mais cela ne m’est pas possible. D’abord, parce que ce pape, comme son prédécesseur, a osé, en violation de tout ce qu’enseigne l’Histoire, affirmer que la moitié des victimes de la Shoah étaient mortes parce qu’elles étaient polonaises et non parce qu’elles étaient juives. Ensuite, parce qu’il a affirmé qu’en «anéantissant» le peuple juif le IIIe Reich voulait arracher «les racines sur lesquelles se fonde le christianisme», comme si le christianisme était la véritable cible de la folie nazie.

Ensuite encore, parce qu’il ne s’est interrogé que sur le silence de Dieu («Pourquoi, Seigneur, êtes-vous resté silencieux? Comment avez-vous pu tolérer tout cela?»). Sans rien dire du silence des démocraties qui refusèrent, en juillet 1938, à la conférence d’Evian, l’offre de Hitler de leur envoyer tous les juifs allemands, qui auraient été ainsi épargnés; ni du silence de l’Eglise, qui ne condamna jamais Hitler, n’envisagea jamais son excommunication et qui, sous prétexte de protéger les catholiques d’Allemagne, laissa mourir des millions de juifs.

Enfin, et surtout, parce que le premier pape allemand a osé affirmer que la Shoah était l’affaire d’ «un groupe de criminels» qui avaient «abusé» le peuple allemand pour s’en servir «comme instrument de leur soif de destruction et de domination». Cette thèse, qui exonère ce peuple de sa responsabilité pour en faire une victime du nazisme, n’est plus défendue par aucun historien. Tous reconnaissent que l’antisémitisme est profondément inscrit dans l’histoire allemande; que les électeurs connaissaient les projets d’extermination de Hitler lorsqu’ils l’ont porté démocratiquement au pouvoir; qu’ils ont ensuite très massivement approuvé les mesures antisémites appliquées de 1933 à 1938; et que l’immense majorité des juifs assassinés l’ont été par les armes individuelles des soldats et des gendarmes allemands, entre 1940 et 1942, et non par les usines de mort nazies, mises en place ensuite.

Combien de temps faudra-t-il encore aux Eglises pour reconnaître que leur plus haute mission est d’aider l’homme à se débarrasser du désir de faire le mal, qui sourd en chacun de nous?

j@attali.com

3/ Réaction de Michel de Poncins

UN NOUVEAU PROFESSEUR DE MORALE


C’est une nouvelle : Monsieur Jacques Attali devient professeur de morale. Bien entendu son devoir et son droit est d’enseigner la morale à ses enfants et à sa famille. Mais l’élève qu’il a choisi n’a pas de rapport familial avec lui et n’est autre que Sa Sainteté Benoit XVI, la plus haute autorité spirituelle de la planète.

En effet, dans un grand hebdomadaire il s’étonne de la visite du Pape au camp d’Auschwitz en Pologne. Le Pape, selon lui, n’a pas dit les paroles qu’il fallait, de la façon qu’il fallait et avec les connotations qu’il fallait.

« Ce Pape, comme son prédécesseur, a osé, en violation de tout ce qu’enseigne l’histoire, affirmer que la moitié des victimes étaient mortes parce qu’elles étaient polonaises et non parce qu’elles étaient juives.

Ensuite, il a affirmé qu’en anéantissant le peuple juif le troisième reich voulait arracher les racines sur lesquelles se fonde le christianisme comme si le christianisme était la véritable cible de la folie nazie.

Ensuite encore il ne s’est interrogé que sur le silence de Dieu, sans rien dire des démocraties qui refusèrent en juillet 1938 à la conférence d’Évian, l’offre de Hitler de leur envoyer tous les juifs allemands, qui aurait été ainsi épargnés.

Enfin et surtout le premier Pape allemand a osé affirmer que le massacre était l’affaire d’un groupe de criminels qui avaient abusé le peuple allemand pour s’en servir comme instrument de leur soif de destruction et de domination. »

On connaîtra tout sur la morale du nouveau professeur lorsqu’on se rappellera un passage de l’un de ses nombreux livres, «l’Avenir de la vie », passage que voici : « Dans la logique même du système industriel dans lequel nous nous trouvons l’allongement de la vie n’est plus un objectif souhaité par la logique du pouvoir… Dès qu’on dépasse 60–65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et coûte alors cher à la société… Il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement, plutôt qu’elle ne se détériore progressivement… On pourrait accepter l’idée d’allongement de l’espérance de vie, à condition de rendre les vieux solvables et de créer un marché… Je suis, pour ma part, en tant que socialiste contre l’allongement de la vie parce que c’est un leurre, un faux problème… L’euthanasie sera un des instruments essentiels de nos sociétés futures… »

Le plus extraordinaire dans tout cela est, qu’en reconnaissant que les démocraties n’ont pas fait le nécessaire, le nouveau professeur accuse clairement les hommes de gauche de l’époque ; ce sont bien ces hommes qui gouvernaient la France et qui ont laissé grandir le nazisme alors qu’ils avaient tous les moyens de l’arrêter quand il le fallait. Ils sont largement responsables des horreurs de la deuxième guerre mondiale qu’ils auraient pu éviter et qu’ils ont perdu.

La repentance pour des fautes que d’autres ont commis est fort à la mode. Attendons sans trop y croire que les gauchistes d’aujourd’hui fassent repentance pour leur ancêtres.

micheldeponcins@easyconnect.fr

4/ Mes observations


Je ne partage pas la critique de Michel de Poncins, d’une part parce que celle d’Attali est, sur ce sujet, recevable puisque le Pape en effet a dans son texte (cité plus haut) réellement circonscrit les Juifs à leur citoyenneté polonaise, or, il n’est pas sûr que l’objectif d’Hitler ait été de les tuer en tant que Polonais…même s’ils considéraient ceux-ci comme des “esclaves”…

D’autre part, les nazis voulaient tout particulièrement détruire le judaïsme (qui était selon eux le vrai concurrent pour la domination mondiale) et ainsi détruire en effet à à la base le christianisme, mais ceci est tout autre chose que d’indiquer qu’il s’agissait “également” (dixit le Pape) d’évincer le premier pour atteindre le second.

Par ailleurs, la conférence d’Evian dont parle Attali, son projet même, fait tout d’abord redoutablement penser aux propos du président iranien actuel sur l’idée de mettre les Juifs quelque part, mais surtout jamais là où ils sont…

On peut se demander ensuite, mais ce à l’encontre d’Attali, si les raisons d’Etat, au-delà de la gauche et de la droite, et aussi, et peut-être surtout, l’impossibilité de penser politiquement la chose, tant celle-ci signifiait l’acceptation d’un fait accompli, à savoir qu’un Etat expulse une partie de sa population, on peut se demander si l’horreur d’une telle proposition (que réitère le président iranien), n’ont pas empêché de prendre au mot Hitler et ses créatures lorsqu’il est rapporté qu’ils auraient laissé faire un vaste exode…

Enfin, il est vrai que l’on peut s’interroger sur la non ex-communication d’Hitler qui aurait été justifiée dans le but de protéger les catholiques d’Allemagne.

Pourtant, c’est exactement le même refrain qui est aujourd’hui proposé au Proche Orient pour justifier le silence du Pape concernant les étapes répétées de l’islam politique contre les chrétiens. Il est vrai que ce n’est pas sa juridiction, l’Eglise d’Orient ne dépendant pas de Rome. Néanmoins il serait bon que l’Eglise catholique fasse quelque chose. Sauf que cette dernière soutient de plus en plus explicitement les revendications démesurées des Palestiniens. Ou, comme en Algérie, interdit quasiment la possibilité à un de ses habitants de redécouvrir la religion de ses ancêtres (ne parlons pas du judaïsme, éradiqué…).

O
n peut aussi conclure (provisoirement…) sur le dit “silence de Dieu” en rappelant ces mots de Malebranche dans De la nature et de la grâce : Dieu a fait les Lois de la Nature puis les a rendues autonomes donc libres de son propre pouvoir, ce qui implique qu’en retour il ne puisse pas interférer dans les affaires humaines, sauf encourager, par des signes et des envoyés, la possibilité de la Lumière (ou Bien) dont la supériorité vis-à-vis de l’Obscur (ou Mal) consiste tout simplement à voir bien mieux les conséquences de nos actes…

A suivre

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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