4 juin 2023
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L’histoire de Saleh le spontané…

Ainsi, selon le quotidien arabophone londonien Al-Quds Al-Arabi, Ali Abdallah Saleh aurait provoqué des manifestations « spontanées » afin qu’on le supplie de rester à la tête du pays.

Quelques semaines seulement avant les élections, les Yéménites pensaient que leur président allait créer un précédent historique dans le monde arabe, quand il avait annoncé qu’il ne voulait pas se présenter pour un nouveau mandat de sept ans.

Les paroles des chefs d’Etat arabes étant gratuite, Saleh avait affirmé qu’après des années de réformes les conditions politiques étaient réunies pour un fonctionnement démocratique plein et entier avant d’expliquer que son refus n’était pas feint et qu’il ne s’agissait pas pour lui de fausse modestie afin de se faire prier, mais qu’il voulait mettre le peuple yéménite devant sa responsabilité historique !

Dans un entretien au quotidien yéménite Al-Thawra (La Révolution), Saleh a déclaré qu’il ne pouvait pas rester insensible aux larmes de son peuple et qu’il avait entendu l’appel des millions de citoyens descendus dans les rues à travers tout le pays, sentant que l’heure était grave et que les ennemis de la révolution, de la République, de l’unité et de la démocratie fourbissaient leurs armes en attendant la fin de son règne. Oui, avait-il expliqué, il avait entendu les demandes pressantes du peuple et acceptait de se représenter pour un nouveau mandat.

Il va sans dire qu’à l’instar de ses homologues arabes, le président Saleh dispose du parti le mieux organisé et le plus structuré du pays. L’opposition yéménite, qui conteste la victoire du président sortant, « a également activement participé à ces élections, malgré ses divisions et ses faiblesses. Ainsi, l’ancien ministre du Pétrole et principal adversaire de Saleh Fayçal Ben Chamlane (21.8% des voix), a pu mener sa campagne électorale et tenir des conférences de presse sans être inquiété par les autorités », poursuit le quotidien panarabe.

Selon l’éditorialiste d’Al-Quds Al-Arabi, seuls les simplets auraient pu croire que Saleh renoncerait volontairement au pouvoir qu’il détient depuis un coup d’Etat militaire, en 1978. Non seulement il avait organisé une mise en scène comparable lors des élections précédentes, en 1999, mais en plus il avait procédé à une réforme constitutionnelle, en 2003, visant à lui permettre de se faire élire une quatrième fois. Par ailleurs, les manifestations de soutien, toutes « spontanées » qu’elles fussent, avaient tout de même bénéficié de circonstances favorables : jours de congé dans les administrations, les universités et les écoles, appels répétés dans les mosquées et distribution de boissons au cours des rassemblements !

« Après sa victoire électorale, estime l’éditorialiste, le président Saleh devra respecter les promesses et les engagements qu’il a pris lors de sa campagne électorale. Car désormais, les Yéménites attendent beaucoup de leur président, à tous égards. La redistribution des richesses, l’égalité devant la justice, le renforcement des libertés et surtout la lutte contre la corruption, une maladie qui mine le pouvoir, sont les défis qui attendent le président durant son prochain mandat ».

L’urgence de procéder à ces réformes est notamment soulignée par les prises d’otages, fréquentes dans ce pays. La dernière en date concerne quatre Français, kidnappés le 10 septembre par des hommes armés d’une tribu qui réclamaient la libération de cinq de leurs proches détenus par les autorités. Après des négociations longues et difficiles, les otages ont été libérés ce lundi 25 septembre.

En effet, le Yémen connaît une forte influence des tribus sur des régions entières qui échappent au pouvoir central et des mouvements islamistes radicaux. L’exemple le plus spectaculaire du déchirement interne que connaît la société yéménite a été la guerre de sécession entre le Nord et le Sud, en 1994, mais aussi la révolte de la région de Saada sous la conduite du chef religieux Badreddine Al-Houthi, en 2004. Jouissant d’un pouvoir quasiment absolu, qui repose sur la corruption et les allégeances tribales, le président Ali Abdallah Saleh avait fait de la sécurité le thème central de sa campagne, tandis que l’opposition insistait sur les réformes politiques et économiques dont a besoin le Yémen, classé par la Banque mondiale parmi les pays les plus pauvres du monde.

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