Ces “blocs” se sont naturellement formés par l’histoire du pays, à l’image du nord qui est kurde, le centre qui est sunnite et le sud qui est chiite. Cela ne veut évidemment pas dire que ces trois régions ethniques soient des entités à part entière : l’Irak est toujours divisée en 18 provinces sous l’autorité de Bagdad et va le rester. Nous parlons ici de zones d’influence.
Sfeir explique qu’il y a peu de chances que l’Irak sombre dans la guerre civile avec une pareille disposition, et les violences inter-ethniques sont le fait d’extrémistes, et non pas de masses importantes de la population. En effet, le fédéralisme permet aux Sunnites d’être représentés au Parlement et de rivaliser avec les Chiites en joute politique, et non en arme, chose qui n’a jamais été vue au Moyen Orient.
Logée au milieu du Moyen Orient, avec une composition multiethnique inédite qui fonctionne, l’Irak démontre à tous ses voisins que chiites, kurdes et sunnites sont égaux. C’est un changement majeur dans l’histoire du Moyen Orient, où le sunnisme a toujours dominé le chiisme et bloqué la région. Le contre-pouvoir irakien, par sa composante kurde, permet également à la Turquie de se libérer du terrorisme du PKK, puisqu’une grande majorité de Kurdes migre vers le nord irakien pour y vivre. En résumé, l’apparition des chiites libres dans un pays anciennement dominé par les sunnites, c’est un pied de nez à toute l’histoire du Moyen Orient et l’annonce de profonds démantèlements idéologiques et politiques dans la région. Or l’islam radical ne sera eradiqué qu’aux prix de ces mutations. Nous sommes donc sur la bonne voie.
Paroles d’Antoine Sfeir :
“Les six derniers mois ont été particulièrement meurtriers en Irak pour l’armée américaine. Les Etats-Unis sont en train de gagner cette guerre. Pour preuve, le Parlement irakien a décrété que l’Irak était désormais un pays fédéral. Le premier pas est franchi. Par ailleurs, le démantèlement sur place est en cours.”