La première autorité, c’est l’auteur lui-même qui dit en substance : “moi je sais que” que Claude Reichman ne connaît rien au Droit, puisqu’il n’est qu’un “dentiste” : or, ce fait-là ne l’empêche pas de bien mieux comprendre l’économie que la plupart des professeurs d’économie en France. Pourquoi l'”arracheur de dents” n’aurait-il pas pu apprendre aussi le droit ?
Il a été partie prenante à de nombreux procès, où il a bien dû faire appel à des experts en droit européen : avocats spécialisés, et même Professeurs de Droit dont certains cautionnent publiquement son interprétation des textes.
Quant à ce “moi” qui “sait que” Claude Reichman, ses avocats et ses alliés parmi les Professeurs de Droit ne connaissent rien au droit, que savons-nous de lui-même, sinon qu’il n’est encore pour nous qu’un auteur anonyme ? Et derrière une avalanche de qualificatifs qui tous préjugent de la question au lieu d’argumenter sur le fond, quelle bonne raison cet anonyme nous donne-t-il de croire qu’il a, comme eux, spécifiquement étudié la question depuis des lustres ?
Au moins se défend-il d’être partisan du monopole communiste, ce qui donne à penser qu’il est un économiste, voire un philosophe politique acceptable. Mais où a-t-il prouvé qu’il n’est pas d’abord, aujourd’hui, au service d’un règlement de comptes personnel ? Et ne peut-on pas se demander s’il ne laisse pas au monopole le bénéfice du doute là où il n’y a pas lieu de le faire ?
En effet son second argument d’autorité n’entraîne guère la conviction, c’est plutôt l’inquiétude qu’il inspire : se pourrait-il vraiment que le Club de l’Horloge, en reprenant les conclusions, pas davantage argumentées non plus, des plus grands voleurs qui soient en France, n’imagine pas qu’ils puissent abuser de leur compétence présumée, et habilement mentir pour couvrir l’illégalité de leurs actes ? L’affaire du sang contaminé ne nous a-t-elle pas montré que parmi les hommes de l’Etat français, personne ne risque rien pour avoir couvert même des assassins ? Ayant compris cela, on ne saurait ajouter foi à cette “réfutation” que si on ne sait pas que Claude Reichman la connaît, et l’accuse de mensonge dans toutes ses parties.
Une démonstration juridique se doit de citer les textes législatifs, réglementaires et jurisprudentiels, en souligner les passages pertinents, les interpréter de façon plausible, démonter leurs contradictions apparentes, expliquer leurs références obscures pour les non-initiés.
L’argumentaire du Club de l’Horloge n’offre rien de tel, se bornant à aligner des conclusions qu’on est censé croire sur parole.
Son auteur se présente comme le juriste que Claude Reichman n’est pas ; mais comment reprocher à quiconque comprend ce qu’il lit d’en tirer au contraire l’impression inverse ? Nulle part il n’y offre la moindre preuve qu’il sait seulement ce que c’est que raisonner en juriste, alors que Claude Reichman, quoi qu’on puisse penser de ses conclusions, n’a cessé de le faire.